Le Mahâbhârata (traduction Ballin)/Volume 2/3-LLDA-Ch34

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Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux (2p. 384-388).



CHAPITRE XXXIV


SUITE DU PRÉCÉDENT


Argument : Vyâsa indique les actes coupables, qui rendent l’expiation nécessaire.


1208. Youdhishthira dit : Quels sont les actes dont l'accomplissement nécessite des expiations, et que faut-il que l’homme fasse, pour être absous (de ses péchés). Dis-moi cela, ô grand oncle .

1209. Vyâsa dit : L’homme qui ne se conduit pas comme il doit, celui qui ne fait pas ce qui est prescrit, et qui fait ce qui est défendu, doit expier (de pareilles fautes).

1210. Le brahmane qui est surpris (au lit) par le soleil levant, celui qui y est surpris par le soleil qui se couche, celui qui a les ongles mal entretenus, les dents noires,

1211. Le frère aîné dont le cadet se marie avant lui, le cadet qui se marie avant son aîné, le brahmicide, le médisant, celui qui a épousé la sœur aînée, après avoir contracté mariage avec la cadette, celui qui a épousé la cadette avant que la sœur aînée ne soit mariée,

1212. Celui qui viole son vœu de chasteté, le meurtrier d’un brahmane, le brahmane qui fait part de la science sacrée à une personne qui n’en est pas digne, et celui qui ne la communique pas à la personne qui en est digne.

1213. Celui qui pille un village, celui qui fait commerce de chair, celui qui abandonne les feux (sacrés qu’il était chargé d’entretenir), et cehii qui fait commerce de la science sacrée,

1214. Celui qui a tué un gourou, ou une femme, est coupable, et le premier l’est plus que le second. Celui qui tue inutilement les bestiaux, et celui qui cause l’incendie d’une maison,

1215. Celui qui agit avec fausseté, et celui qui contredit son gourou, ainsi que celui qui viole ses conventions ; (les auteurs de) tous ces actes (commettent) des péchés, qui réclament une expiation.

1216. Je vais t’exposer les choses qu’on ne doit pas faire, et qui sont défendues par les lois civiles, (aussi bien) que par les védas. Apprends ce qu’il en est, en m’écoutant, avec l’esprit fixé sur cette seule question.

1217. L’abandon de son propre devoir, et le fait de suivre une règle étrangère, le sacrifice d’une chose qui ne doit pas être sacrifiée, le fait de manger ce qui ne doit pas être mangé,

1218. L’abandon de celui qui implore notre secours, ne pas nourrir son serviteur, faire le commerce des boissons malfaisantes, tuer les animaux,

1219. Ne pas allumer, quand on le peut, le feu (sacré), et tout ce qui s’en suit, ne pas célébrer les sacrifices, qui doivent être périodiquement offerts,

1220. S’abstenir d’offrir des dakshinâs, manquer, par ses gestes, aux égards qui sont dus à un brahmane, (voilà) des choses que ceux qui connaissent la loi, déclarent interdites.

1221. Le fils qui se querelle avec son père, l’homme qui déshonore le lit de son gourou, celui qui n’engendre pas (d’enfants), ne remplissent pas leurs devoirs, ô tigre des hommes.

1222. Je l’ai dit en détail, et en abrégé, (quels sont) les actes qui, quand l’homme les commet ou les néglige, le rendent sujet (à subir) une expiation.

1223. Écoute maintenant dans quels cas, les hommes qui accomplissent les actions n’en sont pas souillés.

1224. Celui qui se dispose à tuer un (brahmane) très versé dans la science des védas, qui, ayant saisi une arme, s’avance contre lui pour le tuer en combattant, n’est pas pour cela, meurtrier d’un brahmane.

1225. Il y a, à cet égard, ô fils de Kountî, un précepte des védas qui le déclare. Je te cite la loi, telle qu’elle est établie par l’autorité des védas :

1226. « Celui qui tue un brahmane qui, sortant de son caractère, l’a attaqué, n’est pas pour cela brahmicide. Sa colère ne fait que s’élever contre la colère (de son assaillant).

1227. Celui qui fait usage d’une liqueur enivrante, par ignorance, ou quand sa vie est en danger, et sur l’avis de personnes vertueuses (et instruites, n’est pas, non plus, coupable), mais il doit faire pénitence. »

1228. Ô fils de Kountî, on t’a déclaré ce qui concerne le fait de manger ce qui ne doit pas être mangé. Toute (infraction à ce précepte) peut être expiée, (en appliquant) la règle relative à l’expiation.

1229. Certes, le lit du gourou ne souille pas l’homme qui (s’en approche) dans l’intérêt du gourou (lui-même). Ouddâlaka engendra Çvetaketou, par l’intermédiaire d’un de ses disciples.

1230, 1231. Commettre un vol dans l’intérêt du gourou, dans des temps difficiles, n’est pas interdit. Si ce n’est pas pour satisfaire ses propres désirs, celui qui, pour (donner) aux brahmanes, s’attaque à plusieurs reprises à d’autres qu’eux, ne pèche pas, et celui qui n’en profite pas lui-même, n’est pas souillé par le péché.

1232. On peut dissimuler la vérité, pour protéger sa vie ou celle d’un autre, dans l’intérêt du gourou, ou en s’adressant aux femmes, quand il s’agit de mariage.

1233. Le vœu (de chasteté] n’est pas enfreint, par l’écoulement du sperme pendant le sommeil. (En pareil cas), une offrande de beurre âjya sur un feu allumé, est prescrite comme expiation.

1234. Il n’y a pas (faute résultant) du mariage du cadet avant l’aîné, quand (celui-ci) a péri ou a quitté (le pays). L’adultère auquel on a été sollicité, ne transgresse pas le devoir.

1235. Il ne faut ni tuer, ni faire tuer les bestiaux inutilement, car la bienveillance envers les animaux est prescrite par la loi.

1236. Un don fait, par ignorance, à un brahmane indigne n’entraine pas de faute, pas plus que de ne pas agir avec bienveillance, (aussi par ignorance), envers une personne digne (d’être mieux traitée).

1237. On ne pèche pas, en renvoyant (dans sa famille) une femme adultère. (Par là) cette femme est purifiée, et l’époux n’en reçoit pas de souillure.

1238. La vente du soma n’est pas condamnable, quand (celui qui le vend) sait (que c’est) pour son véritable (et légitime) emploi. L’abandon d’un serviteur incapable n’entraîne pas de faute.

1239, 1240. L’incendie d’un bois, effectué dans l’intérêt des bœufs, ne rend pas fautif. Je t’ai indiqué les actions dont l’accomplissement n’entraine pas le péché. Je vais maintenant, ô Bharatide, t’exposer en détail, les expiations (prescrites pour les diverses fautes que l’on peut commettre) .