Le Mari passeport/I

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Éditions Jean Froissard (p. 9-10).
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INTRODUCTION


Pourquoi écrire, quand on ne sait pas écrire ?

Pourquoi parler de soi pendant trois cents pages alors que le moi est haïssable ?

Parce que toute la presse française et étrangère, après avoir annoncé ma mort par pendaison, a raconté sur moi des choses invraisemblables.

Parce que, à la suite de certaines coïncidences et dans une incompréhension totale de mes actes, la Sûreté générale et le Service de Renseignements de Syrie ont édifié sur mon compte un dossier abominable qui m’a ruinée moralement et financièrement et dont je ne puis obtenir la communication, mais que beaucoup de mes relations de Paris, et même le député basque des Basses-Pyrénées, se vantent d’avoir vu aux Affaires étrangères, colportant ainsi les bruits les plus calomnieux sur moi.

Le seul intérêt de ce récit, à mon avis, est que tout ce que je dis est absolument vrai, tous les gens cités dans ce bouquin vivent (sauf le mari-passeport), sont en place et je les nomme.

Je les mets tous au défi de pouvoir relever une inexactitude.

Ce récit n’a aucune prétention, il ne sacrifie à aucun préjugé, à aucune arrière-pensée, à nulle précaution d’ordre diplomatique ou intéressé. Il dit ce que j’ai vu avec la précision maxima qui me soit possible.

Et je voudrais enfin — c’est un simple vœu — que l’on oublie un peu, après m’avoir lue, les calomnies et les sottises amoncelées, comme par passion, autour de mes actes et de mon nom.

Serai-je comprise, telle que j’étais enfant, telle que j’ai vécu les événements que je relate, telle que je demeure à cette heure ?

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