Le Marquis de Villemer/Chapitre XXVI

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Calmann-Lévy (p. 367-379).
XXVI


Pendant que, vers quatre heures, le temps éclairé permettait à Peyraque de faire les préparatifs du retour, de louer un autre char bien garni de paille et de couvertures avec des bœufs et un bouvier habile pour regagner Laussonne avant la nuit, la jeune et belle duchesse d’Aléria, couverte de moire et les bras chargés de camées, entrait dans l’appartement de sa belle-mère, au château de Mauveroche, en Limousin, laissant ensemble son mari et madame d’Arglade causer d’un air de bonne amitié dans un magnifique salon.

Diane avait un air de joie et de triomphe qui frappa la marquise.

— Eh bien ! quoi, ma beauté ? s’écria-t-elle, qu’y-a-t-il ? Est-ce que mon autre fils est revenu ?

— Il reviendra bientôt ! répondit la duchesse, on vous l’a promis, et vous savez bien que nous n’avons pas d’inquiétude sur son compte. Son frère sait où il est, et répond que nous le reverrons à la fin de la semaine. Aussi vous me voyez excessivement gaie… et même excessivement heureuse… Cette petite madame d’Arglade est ravissante ! C’est elle, chère maman, qui fait mon bonheur !

— Oh !… vous raillez, petite masque ! vous ne pouvez pas la souffrir. Pourquoi l’avoir amenée ici ? Je ne vous le demandais pas. Personne ne peut me distraire, si ce n’est vous !

— Je m’en charge plus que jamais, reprit Diane avec un charmant sourire, et justement cette d’Arglade que j’adore va me fournir des armes de bonne guerre contre votre vilain chagrin. Écoutez, bonne mère, nous tenons enfin l’affreux secret ! Ce n’est pas sans peine. Il y a trois jours que nous manœuvrons autour d’elle, le duc et moi, que nous l’accablons de notre confiance, de notre laisser-aller, de toutes nos plus tendres gentillesses. Enfin, la bonne personne, qui n’est pas notre dupe et que nos moqueries ont poussée à bout, vient de me donner à entendre que la grosse faute de Caroline a eu pour complice… Oh ! vous savez qui, elle vous l’a dit ! J’ai fait comme si je n’entendais pas ; j’ai bien reçu un petit coup dans le cœur… Non ! un gros coup, il faut être vraie ! mais j’ai couru trouver mon cher duc, et je lui ai jeté en pleine figure : — Est-ce vrai, ça, affreux homme, que vous avez été l’amant de mademoiselle de Saint-Geneix ? Le duc a bondi comme un chat… non ! comme un léopard à qui l’on marcherait sur la patte. — Ah ! j’en étais sûr, a-t-il dit en rugissant ; c’est la bonne Léonie qui prétend cela ! — Et alors comme il parlait de la tuer, j’ai dû le calmer et lui dire que je n’en croyais rien, ce qui n’était pas bien vrai ; j’y croyais un peu. Et lui, qui n’est pas sot, monsieur votre fils, il s’est aperçu de cela, et il s’est mis à mes genoux, et il a juré, oh ! mais juré par tout ce que je crois et par tout ce que j’aime, par le vrai Dieu d’abord, et puis par vous, que c’était là une infâme calomnie, et j’en suis aussi sûre à présent que d’être venue au monde rien que pour aimer M. le duc.

La duchesse avait un parler enfantin aussi naïf que celui de madame d’Arglade était affecté, et il s’y joignait un accent de franchise et de résolution qui la rendait adorable. La marquise n’avait pas eu le temps de s’étonner de ce qu’elle entendait, que le duc entra aussi triomphant que sa femme.

— Ouf ! s’écria-t-il. Dieu soit loué ! vous ne reverrez plus jamais cette vipère ! elle a demandé sa voiture, elle va partir, furieuse, mais aplatie, je vous en réponds, et privée de tout son venin ! Ma mère, ma pauvre mère ! comme vous avez été trompée, et comme je comprends ce que vous avez souffert ! Et vous ne vouliez rien dire, même à moi, qui d’un mot… Mais enfin je l’ai confessée, cette odieuse femme qui eût mis le désespoir dans mon ménage, si Diane n’était pas un ange du ciel contre lequel les enfers ne prévaudront jamais. Tenez, maman ! soyez donc un peu en colère avec nous, cela vous fera du bien. Madame d’Arglade a vu, n’est-ce pas ? de ses deux yeux vu, mademoiselle de Saint-Geneix, appuyée sur mon bras, traverser au jour naissant le préau de Séval ? Elle m’a vu lui parler d’un air affectueux et lui serrer les mains ? Eh bien ! elle a mal vu, car je les lui ai baisées l’une après l’autre, et ce qu’elle n’a pas entendu, je vais vous le dire, car je m’en souviens comme d’hier, j’étais assez ému pour ça. Je lui ai dit : Mon frère a failli mourir cette nuit, et vous l’avez sauvé ! Plaignez-le, soignez-le encore, aidez-moi à cacher son état à ma mère, et, grâce à vous, il ne mourra pas. — Voilà ce que j’ai dit, je le jure devant Dieu, et voici ce qui s’était passé…

Le duc raconta tout, et même, prenant les choses de plus haut, il confessa ses mauvaises pensées, ses vaines coquetteries auprès de Caroline, qui ne s’en était pas seulement aperçue. Il dit l’accès de jalousie du marquis contre lui, leur brouille d’une heure, leur embrassade passionnée, les aveux de l’un, les serments de l’autre, la découverte qu’il avait faite en ce moment-là de l’état alarmant de son frère, l’imprudence qu’il avait commise de le quitter, le croyant apaisé et le voyant endormi ; la vitre cassée, les cris que Caroline avait entendus, et Caroline s’élançant au secours, ranimant le malade, restant près de lui, et se consacrant depuis ce moment à le soigner, à le distraire, à l’aider dans son travail.

— Et tout cela, ajouta le duc, avec un dévouement, une candeur et un désintéressement personnel dont je vous déclare n’avoir jamais vu d’exemple ! Cette Caroline, tenez, c’est une femme d’un rare mérite, et j’ai beau chercher une personne dont l’âge, le caractère, les goûts et la modestie conviennent mieux à mon frère, je n’en peux pas trouver. Vous savez si j’ai désiré qu’il fît un mariage plus brillant. Eh bien ! à présent qu’il est à l’abri de la gêne, grâce à l’ange que voici, qui nous a rendu à tous notre liberté et notre dignité ; à présent que j’ai vu la persistance et l’exaltation de l’attachement de mon frère pour une personne qui est avant tout son amie sérieuse et nécessaire ; depuis enfin que Diane comprend tout cela mieux que moi-même, et m’exhorte à croire que les mariages d’amour sont les bons, je n’ai plus, ma chère mère, qu’une chose à vous dire c’est qu’il faut retrouver Caroline et la bénir avec joie, comme la meilleure amie que vous ayez jamais eue avant ma femme et la meilleure fille que vous puissiez souhaiter après elle.

— Ah ! mes enfants, s’écria la marquise, vous me rendez le bonheur ! Je ne vivais plus depuis cette calomnie. La douleur d’Urbain, l’absence de cette enfant qui m’était chère,… la crainte de brouiller deux frères parfaits l’un pour l’autre en avouant ce que je croyais être vrai, ce que je suis si joyeuse de savoir faux… Ah ! il faut courir après le marquis, après Caroline… Mais où donc, mon Dieu ?… Vous savez où est votre frère ; mais lui, sait-il donc où elle est ?

— Non, il est parti sans le savoir, répondit la duchesse ; mais madame Heudebert le sait.

— Écrivez-lui, chère maman, dites-lui la vérité, et elle la dira aussi.

— Oui, oui, je vais écrire, dit la duchesse ; mais comment faire savoir cela bien vite à mon pauvre Urbain ?

— Je m’en charge, dit le duc. J’irais moi-même si la duchesse pouvait m’accompagner, car la quitter trois jours,… ma foi, c’est trop tôt !

— Fi ! s’écria la duchesse ; vous comptez que, la lune de miel passée, vous courrez comme cela sans moi, le cœur léger et le pied aussi ? Oh ! comme vous vous trompez, homme charmant, et comme je saurai mettre ordre à votre inconstance !

— Et comment ferez-vous, voyons ? dit le duc en la regardant avec ivresse.

— En vous adorant toujours plus ! Et nous verrons bien si vous vous en lasserez !

Pendant que le duc embrassait les cheveux d’or de sa femme, la marquise écrivait à Camille avec une juvénilité merveilleuse. — Tenez, mes enfants, leur dit-elle, est-ce bien comme ça ? — La duchesse lut : « Ma chère madame Heudebert, ramenez-nous Caroline, et qu’elle accoure avec vous dans mes bras. Elle avait été horriblement calomniée, je sais tout. Je pleure d’avoir cru à la chute d’un ange. Qu’elle me le pardonne ! Qu’elle revienne, qu’elle soit ma fille à jamais, qu’elle ne me quitte plus ! Nous sommes deux qui ne pouvons pas vivre sans elle ! »

— C’est à ravir ! c’est bon comme vous ! dit la duchesse en fermant la lettre, et le duc sonna pendant que sa mère écrivait l’adresse.

La lettre partie, elle leur dit : — Pourquoi n’iriez-vous pas tous les deux chercher le marquis ? Est-il donc bien loin ?

— Douze heures en poste tout au plus, répondit le duc.

— Et je ne peux pas savoir où il est ?

— Je ne dois pas le dire ; mais à présent je suis persuadé qu’il n’aura plus de secrets pour vous. Le bonheur rend expansif.

— Mon fils, reprit la marquise, vous m’effrayez beaucoup. Votre frère est peut-être ici malade, et vous me le cachez, comme vous me l’avez caché à Séval. Il est plus malade encore ; puisqu’on me fait croire à son absence, c’est qu’il ne peut pas se lever !

— Non, non ! s’écria Diane en riant ; il n’est pas ici, il n’est pas malade. Il est absent, il voyage, il est triste peut-être ; mais il va être heureux, et il n’est pas parti sans espoir de vous fléchir.

Le duc jura que sa femme disait la vérité. — Eh bien ! mes enfants, reprit la marquise inquiète, je voudrais vous savoir près de lui. Que voulez-vous que je vous dise ? Il n’a jamais été malade sans que je ne l’aie, sinon deviné, du moins senti à une agitation particulière. J’ai éprouvé cela à Séval précisément à l’époque où il a été si mal à mon insu. Je vois que ce que vous m’avez raconté coïncide avec une nuit affreuse que j’avais passée ! Eh bien ! aujourd’hui, ce matin, j’étais là toute seule, je rêvais tout éveillée. J’ai vu le marquis pâle, enveloppé dans quelque chose de blanc, un linceul peut-être, et j’ai entendu dans mon oreille sa voix, sa véritable voix qui disait : ma mère !

— Mon Dieu ! de quelles chimères vous vous tourmentez  ! dit le duc.

— Je ne me tourmente pas volontairement et je me laisse rassurer par mes instincts, car je veux tout vous dire. Depuis une heure, je sais que mon fils est bien ; mais il a couru un danger aujourd’hui, il a souffert… ou bien un accident… Rappelez-vous le jour et l’heure !

— Voyons, partez, dit la duchesse à son mari. Je ne crois pas un mot de tout cela mais il faut rassurer votre mère.

— Vous irez avec lui, dit la marquise. Je ne veux pas que mes idées noires, qui après tout sont peut-être maladives et rien de plus, vous causent le premier chagrin de votre mariage.

— Mais vous laisser seule avec ces idées-là !…

— Je ne les aurai plus, dès que je vous verrai courir après lui !

La marquise insista. La duchesse commanda une malle légère, et deux heures après, elle courait en poste avec son mari sur la route du Puy par Tulle et Aurillac.

La duchesse connaissait le secret de son beau-frère ; elle ignorait le nom de la mère, mais elle savait l’existence de l’enfant. Le marquis avait permis au duc de n’avoir pas de secrets pour sa femme.

À six heures du matin, ils arrivaient à Polignac. Le premier visage qui frappa les regards de Diane fut celui de Didier. Elle fut saisie, comme l’avait été Caroline, d’une soudaine tendresse pour cet être charmant qui captivait tous les cœurs. Pendant qu’elle l’embrassait et le contemplait, le duc s’informait du prétendu M. Bernyer. — Mon amie, dit-il à sa femme en revenant à elle, ma mère avait raison ; il est arrivé quelque accident à mon frère. Il est sorti hier matin pour faire une promenade de quelques heures dans la montagne, et il n’est pas encore rentré. Les gens d’ici sont inquiets de lui.

— Sait-on où il a été ?

— Oui, c’est au delà du Puy. La poste va nous conduire là, et là je vous laisserai. Je prendrai un cheval et un guide, car il n’y a pas de chemin possible pour la voiture.

— Nous prendrons deux chevaux, dit la duchesse. Je ne suis pas fatiguée du tout ; partons.

Une heure après, l’intrépide Diane, plus légère qu’un oiseau, gravissait au galop la rampe de la Gâgne, sans sourciller, en riant des inquiétudes de son mari pour elle. À neuf heures du matin, ils traversaient rapidement Lantriac, à la grande surprise des habitants et ils descendaient chez Peyraque-Lanion à la grande jalousie de l’aubergiste du village.

La famille était à table dans le petit atelier. On était rentré la veille un peu tard, mais sans accident. Le marquis, fatigué, mais non malade, avait accepté l’hospitalité du fils de Peyraque, qui demeurait dans la maison voisine. Caroline avait dormi délicieusement dans sa petite chambre. Elle aidait Justine à servir les hommes de la maison, c’est-à-dire le marquis et les deux Peyraque. Embellie par le bonheur, elle allait et venait, tantôt servant et tantôt s’asseyant en face de M. de Villemer, qui la laissait se dévouer et la regardait avec ravissement, comme pour lui dire : — Je vous le permets, mais comme je vous rendrai ces soins-là !

Quels cris de joie et de surprise remplirent la maison de Peyraque à l’apparition des voyageurs ! Les deux frères se tinrent longtemps embrassés. Diane embrassa Caroline en l’appelant sa sœur.

Il y en eut pour une heure à raconter à bâtons rompus, follement, sans se comprendre, sans savoir si on ne rêvait pas. Le duc mourait de faim et trouva exquis les mets de Justine, qui refit un déjeuner copieux, et que Caroline aidait toujours, riant et pleurant à la fois. Diane était folle de l’aventure, et voulait, au grand effroi de son mari, se mêler de l’assaisonnement. Enfin on reprit posément les récits et les explications de part et d’autre. Le marquis avait commencé par envoyer un exprès au Puy, avec une lettre pour sa mère, dont on lui avait dit tout d’abord l’inquiétude et l’étrange divination.

On ne pleura pas en quittant les Peyraque, on avait leur parole qu’ils viendraient à la noce. Le jour suivant, on était de retour à Mauveroche avec Didier, que le marquis mit sur les genoux de sa mère. Elle était prévenue par la lettre de son fils. Elle couvrit l’enfant de caresses, et, le remettant dans les bras de Caroline : — Ma fille, lui dit-elle, vous acceptez donc le soin de nous rendre tous heureux ? Soyez mille fois bénie, et si vous voulez me conserver longtemps, ne me quittez plus. Je vous ai fait bien du mal, mon pauvre bon ange ; mais Dieu n’a pas permis que ce fût long, car j’en serais morte avant vous !

Le marquis et sa femme passèrent le reste de la belle saison à Mauveroche et quelques jours d’automne à Séval. Ce lieu leur était cher, et malgré la joie de retrouver leur famille à Paris, ce ne fut pas sans effort qu’ils s’arrachèrent d’une retraite consacrée par leurs souvenirs.

Le mariage du marquis n’étonna personne ; les uns l’approuvèrent, les autres prédirent avec dédain qu’il se repentirait de cette excentricité, qu’il serait délaissé de tous les gens raisonnables, que c’était une existence effacée, manquée. La marquise faillit souffrir un peu de ces propos. Madame d’Arglade poursuivait Diane, Caroline et leurs époux de sa haine ; mais tout tomba à la révolution de février, et on pensa à bien autre chose ! La marquise eut grand’peur et crut devoir se réfugier à Séval, où elle trouva le bonheur quand même. Le marquis, au moment de faire paraître son livre anonyme, remit la publication à des temps plus calmes. Il ne voulut pas frapper sur les vaincus du jour. Heureux par l’amour et la famille, il est peu pressé de connaître la gloire.

Aujourd’hui la vieille marquise n’est plus. Débile de corps et trop active d’esprit, ses jours étaient comptés. Elle s’est éteinte au milieu de ses enfants et petits-enfants les bénissant tous sans croire qu’elle les quittait, se sentant faible, mais ayant dans l’esprit du nerf et de la bonté jusqu’à la dernière heure, et faisant des projets comme la plupart des mourants, pour l’année prochaine !

Le duc a beaucoup grossi dans la prospérité : mais il est toujours aimable, beau et assez ingambe. Il vit dans un grand luxe, mais sans prodigalité, et se remettant de tout à sa femme, qui le gouverne et le maintient sage avec un rare esprit de conduite et une admirable finesse dans les gâteries de la passion proclamée. Nous ne voudrions pas jurer qu’il n’ait jamais pensé à la tromper ; mais elle a su déjouer les fantaisies sans qu’il s’en aperçût, et son triomphe, qui dure encore, prouve une fois de plus qu’il y a quelquefois assez d’art et de force dans le cerveau d’une fillette de seize ans pour régler au mieux la destinée d’un professeur de scélératesse. Le duc, admirablement bon et assez faible, trouve plus de charme qu’on ne croit à ne plus ourdir de savantes perfidies contre le beau sexe et à s’endormir, sans remords nouveaux, sur l’oreiller du bien-être.

Le marquis et la nouvelle marquise de Villemer passent maintenant huit mois de l’année à Séval, toujours occupés, on ne peut dire l’un de l’autre, puisqu’ils se sont identifiés l’un à l’autre au point de penser ensemble et de se répondre avant de s’être questionnés, mais de l’éducation de leurs enfants, tous remarquables d’intelligence et de charme. M. de G… est mort. Madame de G… a été oubliée. Didier a été reconnu par le marquis pour un de ses enfants. Caroline ne se rappelle plus qu’elle n’est pas sa mère.

Madame Heudebert est fixée à Séval. Tous ses enfants sont élevés par les soins du marquis et de Caroline. Les fils du duc, plus gâtés, sont moins intelligents et moins bien portants ; mais ils sont aimables et pleins de grâces précoces. Le duc est excellent père et s’étonne, à tort, d’avoir déjà de si grands enfants.

Les Peyraque ont été comblés. On est retourné les voir l’année dernière, et cette fois on a gravi, par un beau soleil levant, la cime argentée du Mezenc. On a voulu revoir aussi la pauvre cabane où, en dépit des largesses du marquis, rien n’a été changé en mieux ; mais le père a acheté de la terre, et on se croit riche. Caroline s’est assise avec bonheur sous l’âtre misérable où elle a vu à ses pieds pour la première fois l’homme avec qui elle eût partagé sans effroi une grotte dans les Cévennes et l’oubli du monde entier.

Nohant, 30 avril 1860.


fin