Le Menteur (Corneille, Marty-Laveaux, 1862)/Notice

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Œuvres de P. Corneille, Texte établi par Ch. Marty-LaveauxHachettetome IV (p. 119-129).
Épître  ►


NOTICE.


Dans l’Épître qui précède cette comédie, Corneille fait bien nettement profession d’imiter les Espagnols, et déclare que l’emprunt qu’il avoue ne sera pas le dernier. Cependant il faudrait se garder de voir en lui un connaisseur curieux de la littérature à laquelle il demande si fréquemment des inspirations. Il s’empare de ce qui est à sa convenance, et ne sait même pas toujours précisément à qui il a affaire. En 1642, il a lu la comédie intitulée la Verdad sospechosa[1], pensant qu’elle était de Lope, et il l’a imitée à sa façon, sans se préoccuper de son origine. En 1660, lorsqu’il écrit ses examens et qu’il quitte ainsi un instant le rôle de poëte pour celui de critique, il nous dit bien qu’il lui est tombé entre les mains « un volume de don Juan d’Alarcon, où il prétend que cette comédie est à lui ; » mais il ne se passionne nullement pour découvrir la solution de ce problème. « Si c’est son bien, je n’empêche pas qu’il ne s’en ressaisisse, » dit-il ; puis il passe outre, et, après avoir marqué la source où il a puisé, il déclare dans l’avis Au lecteur que, bien qu’il ait indiqué pour le Cid les vers espagnols, et pour Pompée les vers latins qu’il a principalement imités, il n’en a pas fait de même ici, à cause du peu de rapport entre l’espagnol et le français. Quant à nous, nous avons pensé que cette imitation, pour être plus libre, n’en serait pas moins curieuse à examiner, et, enhardi par la bienveillance que M. Viguier nous avait déjà témoignée en plus d’une occasion, nous avons réclamé de lui sur ce point une étude qu’on trouvera, sous forme d’appendice, à la suite de la pièce. Nous n’avons donc pas à insister, ni ici ni dans les notes, sur la manière dont Corneille imite son modèle ; nous nous contenterons de donner un seul exemple des procédés qu’il emploie pour accommoder aux usages, aux mœurs, et au langage de son temps le sujet qu’il a emprunté à l’Espagne.

Lorsque Dorante nous dit :

On s’introduit bien mieux à titre de vaillant[2],

c’est un souvenir d’Alarcon ; Corneille nous l’apprend lui-même dans son avis Au lecteur : « Tout ce que je fais conter à notre Menteur des guerres d’Allemagne, où il se vante d’avoir été, l’Espagnol le lui fait dire du Pérou et des Indes, dont il fait le nouveau revenu. » Mais ce changement donne à l’imitation un tour original, et en fait ainsi la peinture fidèle de ce que Corneille voyait et entendait chaque jour. Le chevalier de Charny, un des personnages qui figurent dans la galerie des Divers portraits de Mlle de Montpensier[3], nous avoue en ces termes qu’il lui paraît indispensable d’avoir pris part à quelque expédition lointaine avant d’oser se présenter devant les dames : « Il me semble que devant que de me hasarder à la galanterie, je dois m’être fort hasardé à la guerre, et qu’il faut avoir fait plusieurs campagnes à l’armée, premier que de faire un quartier d’hiver à la Cour. » Ici nous sommes en présence d’un loyal gentilhomme, tout disposé à passer par les épreuves nécessaires, et à mériter par sa vaillance une attention dont il sera vraiment digne ; mais le Dorante de Corneille n’est pas le premier qui s’en soit tiré à meilleur marché. Voici ce que nous lisons dans le Pasquil de la Court pour apprendre à discourir et à s’habiller à la mode, écrit qui date de 1622 :

Avoir son galant,
Qui contrefasse le vaillant,
Encor que jamais son épée
N’ait été dans le sang trempée,
Et qu’il n’ait jamais vu Saint-Jean,
La Rochelle, ni Montauban ;
S’il en discourt, sont ses oreilles

Qui lui ont appris les merveilles :
Voilà, pour le vous faire court,
La vraie mode de la Court.

Les récits ne suffisent pas, il faut encore parsemer son discours de termes militaires, d’expressions techniques. Jodelle nous signale déjà ce procédé dans son Eugène[4].

Premièrement estonné m’ont
Avec leurs mots, comme estocades,
Capo de Dious, estaphilades,
Ou autres bravades de guerre.

Dorante n’a garde d’oublier cette partie de son rôle :

Tout le secret ne gît qu’en un peu de grimace,
À mentir à propos, jurer de bonne grâce,
Étaler force mots qu’elles n’entendent pas,
Faire sonner Lamboy, Jean de Vert, et Galas,
Nommer quelques châteaux de qui les noms barbares
Plus ils blessent l’oreille, et plus leur semblent rares,
Avoir toujours en bouche angles, lignes, fossés,
Vedette, contrescarpe, et travaux avancés[5].

La recette paraissait si bonne à la Fontaine que, dans un passage où il semble se rappeler le discours de Dorante, il nous montre Mars ne dédaignant pas d’employer ce moyen auprès de Vénus[6].

Peut-être conta-t-il ses siéges, ses combats,
Parla de contrescarpe, et cent autres merveilles,
Que les femmes n’entendent pas,
Et dont pourtant les mots sont doux à leurs oreilles.

Enfin les choses en étaient venues à ce point que ces termes avaient passé des récits guerriers aux déclarations d’amour, dont elles formaient le langage technique : « Il y en a plusieurs, dit le Commandeur introduit par Caillières dans son livre des Mots à la mode, qui, voulant exprimer leur attachement pour une dame ou quelques autres desseins particuliers, ne parlent que d’attaquer la place dans les formes, de faire les approches, de ruiner les défenses, de prendre par capitulation, ou d’emporter d’assaut[7]. » On doit même croire que ces termes formaient dans certains cas pour les amants une sorte de chiffre complet et suivi, car, dans la scène du Menteur citée plus haut, Dorante dit à Cliton :

Si jamais un fâcheux nous nuit par sa présence,
Nous pourrons sous ces mots être d’intelligence[8] ;

et dans une des scènes suivantes Cliton, se rappelant ces paroles, s’exprime ainsi à son tour :

… Je suis ce fâcheux qui nuis par ma présence,
Et vous fais sous ces mots être d’intelligence[9].

C’est là peut-être quelque allusion à une mode passagère, que Corneille aura tenu, comme c’est son habitude dans ses comédies[10], à indiquer au passage[11]. Dans cette même comédie il nous donne une autre preuve de son empressement en ce genre, car il nous y parle de la poudre de sympathie[12] dans un temps où aucun médecin n’avait encore, en France, écrit sur ce remède.

Tous les historiens du théâtre s’accordent à placer la première représentation du Menteur en 1642. Corneille nous renseigne beaucoup mieux sur cette pièce que sur les précédentes :

On la joue au Marais, sous le nom du Menteur,

nous dit-il dans un morceau qui termine la première édition de la Suite[13], et qu’il a retranché des autres. Dans une scène qui au contraire a toujours été maintenue, il fait un charmant compte rendu du Menteur ; il constate que

La pièce a réussi, quoique foible de style[14] ;

nous donne de l’acteur qui jouait Dorante, le portrait qu’on va voir, et, chose encore plus importante pour nous, jusqu’au nom même de celui qui représentait Cliton :

On y voit un Dorante avec votre visage :
On le prendroit pour vous ; il a votre air, votre âge,
Vos yeux, votre action, votre maigre embonpoint,
Et paroît, comme vous, adroit au dernier point.
Comme à l’événement j’ai part à la peinture :
Après votre portrait on produit ma figure.
Le héros de la farce, un certain Jodelet,
Fait marcher après vous votre digne valet ;
Il a jusqu’à mon nez et jusqu’à ma parole,
Et nous avons tous deux appris en même école[15].

Déjà, dans une scène précédente de la Suite du Menteur[16], il avait été question de la voix et du nez du Jodelet :

CLITON.

Ce front ?

LYSE.

Ce front ?Est un peu creux.

CLITON.

Ce front ?Est un peu creux.Cette tête ?

LYSE.

Ce front ?Est un peu creux.Cette tête ?Un peu folle.

CLITON.

Ce ton de voix enfin avec cette parole ?

LYSE.

Ah ! c’est là que mes sens demeurent étonnés :
Le ton de voix est rare, aussi bien que le nez.

Ces plaisanteries revenaient du reste presque inévitablement dans toutes les pièces où jouait cet acteur[17].

Jodelet, dont le véritable nom était Julien Geoffrin, entra au Marais en 1610, passa au mois de décembre 1634 à l’hôtel de Bourgogne[18], et revint au Marais à une époque indéterminée jusqu’ici, mais antérieure assurément à 1642, puisque, d’après le propre témoignage de Corneille, Jodelet jouait alors à ce théâtre Cliton dans le Menteur[19].

Il est regrettable que Corneille ne nous ait pas nommé le comédien qui remplissait le rôle de Dorante. Il est vrai qu’à en croire l’auteur de la Lettre sur la vie et les ouvrages de Molière, publiée en 1740, et que nous avons déjà eu occasion de citer[20], c’est Bellerose qui « a joué le rôle du Menteur d’original. Le cardinal de Richelieu lui avoit fait présent d’un habit magnifique pour le jouer, ce qui piqua si fort l’acteur qui jouoit le rôle d’Alcippe, qui étoit fort inférieur au rôle du Menteur, qu’il fit valoir Alcippe autant et plus qu’il ne pouvoit valoir[21]. » Mais ce récit paraît difficile à concilier avec le vers où Corneille nous dit que sa pièce a été jouée au Marais. En effet, à l’époque où le Menteur fut représenté pour la première fois, Pierre le Messier, dit Bellerose, était encore chef de la troupe de l’hôtel de Bourgogne. Chapuzeau nous apprend que ce fut en 1643 que Floridor entra dans la troupe royale et y remplit les fonctions d’orateur, dont jusqu’alors Bellerose s’était chargé[22]. Ce fut sans doute alors que Floridor lui succéda : « Floridor, dit Tallemant, las d’être au Marais avec de méchants comédiens, acheta la place de Bellerose, avec ses habits, moyennant vingt mille livres ; cela ne s’étoit jamais vu. La pension que le Roi donne aux comédiens de l’hôtel de Bourgogne, le chef tenant part et demie, est ce qui faisoit donner cet argent[23]. »

On s’est demandé quel était l’acteur qui remplissait le rôle d’Alcippe, et l’on a cru que c’était Beauchâteau ; mais cette conjecture est évidemment fausse, puisque Beauchâteau, comme Bellerose, appartenait à l’hôtel de Bourgogne[24].

M. Édouard Fournier a dit dans son Corneille à la butte Saint-Roch[25] :

Quand l’ouvrage applaudi courait par le royaume,
On le donnait à Rouen dans quelque jeu de paume :
Molière ainsi lui-même y joua le Menteur ;

mais le spirituel critique serait, je crois, bien embarrassé de prouver ce qu’avance ici le poëte[26].

Ce qui est plus certain, c’est que l’élève de Molière, Baron, jouait encore en mars 1724[27] le rôle de Dorante dans le Menteur, et qu’à cause de son âge avancé il faisait sourire en disant dans la première scène[28] :

Ne vois-tu rien en moi qui sente l’écolier[29] ?

Nous ne terminerons point ces remarques sur la manière dont le Menteur était représenté sans relever ce vers :

Votre feu père même est joué sous le masque[30].

On y voit la persistance jusqu’à cette époque d’un usage qui devait bientôt tomber en désuétude.

Tallemant des Réaux raconte une curieuse historiette qui montre à quel point le récit de la fête que Dorante prétend avoir donnée avait séduit l’imagination des femmes. Latour Roquelaure, « vrai parent de Roquelaure pour l’insolence, » était très-enclin à faire grand bruit de ses bonnes fortunes et même à en supposer d’imaginaires. « On lui proposa, pour se raccommoder avec tout le sexe, de faire la fête du Menteur, et que celles qui s’y trouveroient seroient obligées de le recevoir chez elles ; car les dames lui avoient fermé la porte[31]. » Tallemant ajoute en marge à l’occasion des mots, la fête du Menteur : « cette fête décrite dans la comédie. » Il faut avouer que, malgré la note, ce passage reste encore un peu obscur. Le savant éditeur de Tallemant, M. Paulin Paris, l’explique ainsi : « Cela veut dire, ce me semble, qu’on lui proposa, pour réparer ses anciens mensonges, de lire publiquement le récit de la fameuse fête que le Menteur prétend avoir donnée. Ainsi aurait-il eu l’air d’avouer que ses vanteries précédentes n’étaient que rêveries, et les dames, satisfaites de la réparation, auraient cessé de lui fermer leur porte. » Nous ne pensons pas qu’une simple pénitence de ce genre eût suffi à calmer l’indignation des dames. Elles avaient sans doute exigé une fête semblable à celle du Menteur, bien que moins splendide peut-être, parce que le titre même donné à cette collation aurait été de la part du coupable un aveu tacite de ses torts, en même temps que la magnificence du divertissement en eût été une expiation éclatante.

Les allusions de ce genre continuèrent longtemps après la mort de Corneille. « Beaucoup de vers du Menteur avaient passé en proverbe, dit Voltaire[32] ; et même près de cent ans après, un homme de la cour, contant à table des anecdotes très-fausses, comme il n’arrive que trop souvent, un des convives se tournant vers le laquais de cet homme, lui dit : « Cliton, donnez à boire à votre maître. »

L’illustre commentateur de Corneille, si souvent injuste envers son auteur, reconnaît hautement le mérite de cette pièce : « Ce n’est qu’une traduction, dit-il[33] ; mais c’est probablement à cette traduction que nous devons Molière. Il est impossible en effet que l’inimitable Molière ait vu cette pièce, sans voir tout d’un coup la prodigieuse supériorité que ce genre a sur tous les autres, et sans s’y livrer entièrement. »

Il est permis de croire que cette réflexion toute naturelle de Voltaire est l’origine d’une anecdote qui figure aujourd’hui dans tous les cours de littérature, et que nous avons trouvée pour la première fois dans l’Esprit du grand Corneille de François de Neufchâteau[34] : « Oui, mon cher Despréaux, disait Molière à Boileau, je dois beaucoup au Menteur. Lorsqu’il parut… j’avois bien l’envie d’écrire, mais j’étois incertain de ce que j’écrirois ; mes idées étoient confuses : cet ouvrage vint les fixer. Le dialogue me fit voir comment causoient les honnêtes gens ; la grâce et l’esprit de Dorante m’apprirent qu’il falloit toujours choisir un héros du bon ton ; le sang-froid avec lequel il débite ses faussetés me montra comment il falloit établir un caractère ; la scène où il oublie lui-même le nom supposé qu’il s’est donné m’éclaira sur la bonne plaisanterie ; et celle où il est obligé de se battre par suite de ses mensonges me prouva que toutes les comédies ont besoin d’un but moral. Enfin sans le Menteur, j’aurois sans doute fait quelques pièces d’intrigue, l’Étourdi, le Dépit amoureux, mais peut-être n’aurois-je pas fait le Misanthrope. — Embrassez-moi, dit Despréaux : voilà un aveu qui vaut la meilleure comédie. »

François de Neufchâteau dit qu’il a tiré cette anecdote du Bolæana ; mais M. Taschereau fait observer qu’il ne l’a trouvée ni dans l’ouvrage de Montchesnay, ni dans les commentaires de Brossette sur Boileau, et nous n’avons pas été plus heureux que lui.

L’édition originale a pour titre : Le Menteur, comedie. À Paris, chez A. de Sommaville. M.DC.XLIV. Auec priuilege du Roy. — Le volume, de format in-4o, forme 4 feuillets et 130 pages. L’achevé d’imprimer est du dernier octobre.


  1. La Vérité suspecte.
  2. Acte I, scène vi, vers 332.
  3. Édition de 1659, in-4o, p. 320.
  4. Acte IV, scène iv.
  5. Acte I, scène vi, vers 333-340.
  6. Neuvième fragment du Songe de Vaux.
  7. 3e  édition, 1694, p. 94.
  8. Acte I, scène vi, vers 349 et 350.
  9. Acte III, scène vi, vers 1069 et 1070.
  10. Voyez tome II, p. 3 et 4.
  11. Dans les scènes vi et vii du Ier acte des Folies amoureuses de Regnard, des expressions militaires deviennent des métaphores galantes comme dans les passages cités plus haut, et à la scène vii de l’acte II des termes de musique servent de langage secret.
  12. Voyez ci-après, p. 205, note 1.
  13. Voyez la dernière variante de la Suite du Menteur.
  14. Acte I, scène iii, vers 295.
  15. Acte I, scène iii, vers 275-284.
  16. Acte I, scène ii, vers 215-218.
  17. Dans Jodelet ou le Maître valet*, quand don Juan apprend qu’au lieu de son portrait, Isabelle a reçu celui de Jodelet, il s’écrie :


    Et qu’aura-t-elle dit de ta face cornue ?
    Chien, qu’aura-t-elle dit de ton nez de blaireau ?
    Infâme.

    JODELET.

    Infâme.Elle aura dit que vous n’êtes pas beau,

    Et que si nous étions artisans de nous-mêmes,
    On ne verroit partout que des beautés extrêmes,
    Qu’un chacun se feroit le nez efféminé,
    Et que vous l’avez tel que Dieu vous l’a donné.

    Dans Jodelet duelliste**, Béatris lui dit en manière de compliment :

    Ô mon cher Jodelet, au visage de dogue.

    Gusman, parlant de D. Bertrand de Cigarral, son maître, rôle que remplissait Jodelet dans la pièce de Thomas Corneille qui porte ce titre***, fait la réflexion suivante :

    … Quant à la parole, il a grand agrément,
    Et débite son fait fort nazillardement.

    Enfin, dans l’Amour à la mode****, du même auteur, où nous voyons Jodelet reparaître sous le nom de Cliton, Lisette lui met ainsi sous les yeux les défauts de sa personne :

    Tu m’abandonnerois, toi que met hors de mise
    Ton poil déjà grison et ta nazillardise !

    De si belles qualités ne pouvaient manquer de figurer dans son épitaphe ; aussi Loret n’eut-il garde de les oublier, et mit-il dans sa Gazette du 3 avril 1660, quelques jours après la mort du célèbre comédien :

    Ici gît qui de Jodelet
    Joua cinquante ans le rôlet,
    Et qui fut de même farine
    Que Gros-Guillaume et Jean Farine,
    Hormis qu’il parloit mieux du nez
    Que lesdits deux enfarinés.
    ............

    On voit que, dans l’emploi que tenait Jodelet, son vice de prononciation était considéré comme un agrément. Tel est aussi l’avis d’un autre contemporain, qui se flatte de nous faire connaître la cause de ce défaut : « Jodelet parle du nez pour avoir été mal pansé… (Tallemant nous dit de quel mal), et cela lui donne de la grâce*****. »

    *. Comédie en cinq actes, par Scarron, représentée en 1645. Acte I, scène i.

    **. Comédie en cinq actes, par Scarron, représentée d’abord, en 1646, sous le titre des Trois Dorothées. Acte II,  ii.

    ***. Comédie en cinq actes, représentée en 1650. Acte I, scène ii.

    ****. Comédie en cinq actes, représentée en 1651. Acte IV, scène vii. — Nous connaissons encore trois pièces, outre celles dont nous venons de parler, où Jodelet figure sous son nom : Jodelet astrologue, comédie en cinq actes et en vers, par Douville, représentée en 1646 ; le Déniaisé, comédie en cinq actes et en vers, de Gillet et de Tessonnerie, représentée en 1647 ; enfin le Geôlier de soi-même, comédie en cinq actes et en vers, de Thomas Corneille, jouée en 1655. « Cette pièce, qui a toujours conservé ce titre dans les œuvres de son auteur, se représente cependant depuis très-longtemps, disent les frères Parfait (tome V, p. 120, note a), sous celui de Jodelet prince. »

    *****. Historiettes, tome VII, p. 177.

  18. Cette date est précisée dans un article de la Gazette du 15 décembre 1634, trop curieux pour que nous ne le donnions pas en entier ; il est intitulé : La jonction de six acteurs de la troupe de Mondori à celle de Belle-Roze. « N’en déplaise aux rabat-joie, l’étendue de mes récits n’étant pas limitée dans le détroit d’une gravité toujours sérieuse, comme l’une de leurs utilités est de servir au divertissement, ils ne doivent pas bannir les choses qui y servent ; et par ainsi je ne dois pas taire le soin que Sa Majesté a voulu prendre de joindre à la troupe de Belleroze les six acteurs que vous avez en lettre italique, pour les distinguer des autres en leur liste que voici : Les hommes : Belleroze, Belleville, l’Espy, le Noir, Guillot-Gorju, S. Martin, Jodelet, la France ou Jaquemin Jadot, Alizon. Les femmes : la Belleroze, la Beaupré, la Vaillot, la Noir. Cette vieille troupe, renforcée de sa nouvelle recrue, fit, le 10 courant, trouver l’hôtel de Bourgoigne trop petit à l’affluence du peuple devant lequel elle représenta le Trompeur puni du sieur Scudéri ; tandis que Mondori (ne désespérant point pour cela du salut de sa petite république) tâche à réparer son débris, et ne fait pas moins espérer que par le passé de son industrie. » — À la fin de cet article vient comme transition la phrase suivante : « Et sans sortir de ce sujet, vous serez avertis… » Puis la petite rectification, relative à Mélite, que nous avons donnée tome I, p. 132 et 133. — Suivant Tallemant (tome VII, p. 173), le Roi renforça ainsi la troupe de Bellerose, « peut-être pour faire dépit au cardinal de Richelieu, qui affectionnoit Mondory. »
  19. Les frères Parfait ne font nulle mention de ce retour de Jodelet au Marais ; mais Tallemant, après avoir constaté ainsi le passage de ce comédien à l’hôtel de Bourgogne : « Baron et la Villiers avec son mari, et Jodelet même, allèrent à l’hôtel de Bourgogne » (tome VII, p. 174) » ajoute dans la même Historiette : « Jodelet, pour un fariné naïf, est un bon acteur ; il n’y a plus de farce qu’au Marais, où il est, et c’est à cause de lui qu’il y en a. Il dit une plaisante chose au Timocrate du jeune Corneille » (p. 176 et 177). Or, suivant les frères Parfait, le Timocrate, tragédie de Th. Corneille, a été représenté au Marais en 1656.
  20. Voyez la notice de Cinna, tome III, p. 364
  21. Mercure de France, mai 1740, p. 847 et 848.
  22. Pages 276-278.
  23. Historiettes, tome VII, p. 176.
  24. Voyez Lemazurier, Galerie historique, tome I, p. 129 ; les Œuvres de Corneille, édition de Lefèvre, tome V, p. 10, note 2. — Le Journal du Théâtre françois donne pour le Menteur une liste d’acteurs fort complète, mais des plus invraisemblables, et où il n’est nullement tenu compte des indications fournies par Corneille lui-même : « La troupe royale mit au théâtre… une comédie nouvelle de Corneille intitulée le Menteur… Les acteurs furent : la Grange, la Thuillerie, de Villiers, Hauteroche, Poisson ; les actrices : les demoiselles Raisin, Angélique, Delagrange et Dennebaut. » (Folio 842 recto.)
  25. Scène vi.
  26. Remarquons que la supposition très-légitime faite par l’auteur dramatique est devenue, dans un feuilleton du Moniteur du 11 juin 1862, une anecdote littéraire bien établie : « Quelques années avant, y est-il dit, il avait fait les honneurs de sa ville à Molière, lorsque ce dernier vint y jouer la comédie du Menteur.
  27. Molière et sa troupe, par M. Soleirol, p. 67.
  28. Vers 8.
  29. Lettre à Mylord*** sur Baron…, p. 5.
  30. La Suite du Menteur, acte I, scène iii, vers 291.
  31. Tome V, p. 370.
  32. Note sur le vers 295 de la Suite du Menteur (acte I, scène iii).
  33. Préface du Menteur, édition de 1764.
  34. Tome I, p. 149.