Le Mirage perpétuel/LES PAYSAGES/Quartier Juif

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Librairie Paul Ollendorff (p. 55-56).


QUARTIER JUIF



Je n’ai jamais aimé ton orgueil solitaire,
Ô fils de Sem, je sais que du pays natal
Tes pères ont gardé l’amour vil du métal
Pour lequel je me sens un mépris salutaire.

Nous n’avons de commun ni le même idéal
Ni de nos morts sacrés le culte héréditaire,
Ni la tradition des aïeux, ni la terre,
Et tu m’es étranger comme un Oriental.


Mais j’ai vu contre toi se liguer tant de haine
Que mon cœur s’est ému d’une pitié humaine
Contre tous ces bourreaux t’insultant sans pudeur ;

J’ignore désormais tes prêtres et ta race,
J’abhorre ces chacals te suivant à la trace,
Et tu m’es devenu frère par la Douleur.