Le Moulin des prés/III

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Le Moulin des prés
Troisième partie
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Cette union n’en eut pas moins de très beaux résultats :

Deux bijoux d’enfants, de vrais chérubins.

A la fin de la première année, un garçon, que la mère nomma Georges.

La seconde année, une ravissante petite fille, baptisée du nom de Berthe.

Le garçon ressemblait, à s’y méprendre, au Georges tant pleuré, le premier mari.

La fillette était créée à l’image de son père, Henri Paulet.

Bien qu’aimant les deux à la fois, la mère adorait le garçon, le père idolâtrait la fille.

Les nouveaux époux vivaient presque toute l’année à Bordeaux, où ils s’étaient définitivement établis, mais pour complaire à Guillaume Desmarennes, dont la santé s’était peu à peu raffermie, tous les ans, dès la belle saison, vers la Saint-Jean d’été, à la récolte des foins, ils venaient passer un mois à Saint-Christophe.

Le beau-père aimait à revoir le cher pays de sa jeunesse et de son âge mûr, où, grâce à l’opulence de son gendre, tout avait repris un air de bien-être et de prospérité.

Le docteur Laborde continuait à soigner sa clientèle, dans sa bonne petite ville et aux environs.

Quant à Me Guérineau, qui n’aimait pas à vivre en désœuvré, il avait rapidement augmenté sa réputation d’avocat et sa fortune, tout en restant garçon.

Un soir il avait travaillé plus tard que d’habitude, en compulsant ses divers Codes, tout en ruminant, dans son for intérieur, le pour et le contre d’une affaire litigieuse, embrouillée comme un écheveau de laine où une chatte aurait passé.

Désireux de n’omettre aucun document de nature à l’éclairer sur le quid juris d’une question aussi grave, il avait pris sa grande échelle pour atteindre une Revue encyclopédique des eaux et forêts, juchée tout en haut de sa bibliothèque.

Il avait mis la main sur le dernier volume, en soufflant la poussière et secouant la reliure, quand d’un feuillet tomba, face contre terre, un petit portrait-carte, oublié là sans doute depuis longtemps.

Curieux de voir qui ce pouvait être, il redescendit vite et le retourna.

C’était son ami Georges Paulet, en costume de marin, qui lui souriait comme autrefois dans sa jeunesse et dans son bonheur.

— Ce pauvre Georges ! pensa-t-il ; assurément je ne l’avais pas oublié ; mais comme le temps passe !… Six ans déjà !…

Après l’avoir quelques instants contemplée, il remit avec un soin religieux, dans un coin de son tiroir, l’image un peu effacée de son vieux camarade ; puis, après avoir lu son article des « Eaux et Forêts », il monta tout songeur dans sa chambre à coucher.

Il avait déjà le cerveau noyé dans les brumes du premier sommeil, où s’entremêlaient vaguement des souvenirs du Code et de son ancienne amitié, quand trois coups frappés à la porte de sa maison le réveillèrent brusquement.

— Qui diantre peut venir à cette heure ? On se trompe, je ne suis pas notaire, ni médecin.. On me prend pour Laborde ou Verdier… Quand il s’agit des testaments ou des morts, on pourrait bien me laisser tranquille… surtout moi qui plaide demain !

Comme on frappait de nouveau :

— Catherine, cria-t-il à sa vieille servante… si tu n’es pas couchée, va donc voir qui ce peut être.

Catherine passa vite sa jupe, descendit en hâte et remonta presque aussitôt :

— Il n’a pas dit son nom, mais il me suit dans l’escalier.— C’est un vieil ami à vous, revenu d’un long voyage, et qui veut absolument vous revoir.

Me Guérineau ralluma sa bougie, se frotta les yeux, mais avant d’avoir pu reconnaître à qui il avait affaire, il fut enveloppé par deux bras convulsifs et étreint comme un frère par quelqu’un qui pleurait à chaudes larmes et n’avait pas la force de parler…

— Georges, dit-il enfin… Tu ne me reconnais pas ?

— Justement, je pensais à toi, ce soir même, répondit-il, mais je suis encore si mal éveillé, mon ami, et si brusquement surpris, que je doute encore si je dors ou si je rêve.

Et, mêlant le geste aux paroles, Me Guérineau se rhabilla vite, se jeta de l’eau froide au visage et vint se rasseoir avec Georges, près de la grande cheminée, en lui prenant les deux mains, tout en songeant aux vieilles légendes où l’on voit des morts qui reviennent.

La première question de l’avocat fut :

— Tu reviens de Saint-Christophe ?

— Non… C’est toi d’abord que j’ai voulu, voir.

— Alors, tu ne sais rien ?

— Rien absolument… Ma femme ?

— Ah ! mon pauvre ami !

— Morte ?

— Non, grâce à Dieu… Mais, depuis ton départ, que d’événements auxquels on ne s’attendait pas !…

— Tu crains de parler… Ne me cache rien, je t’en supplie ! apprends-moi tout, j’aurai la force de tout entendre.

— En vérité, je ne sais comment te dire… C’est qu’il te faudra de la fermeté d’âme.

— Mais parle donc.

— Eh bien ! ton beau-père, comme tant d’autres, ruiné de fond en comble, a failli perdre la raison… et, pour lui sauver l’honneur, ta femme… s’est remariée.

Georges gardait le silence, accablé de cette révélation.

Guérineau ajouta :

— Remariée à quelqu’un de très riche, qui lui donnait sa fortune et son nom.

Et comme il hésitait :

— Mais nomme-le donc ! reprit Georges.

— Quelqu’un de ta famille…

— Qui ?

— Ton jeune frère, qui déjà lui avait sauvé la vie en exposant la sienne.

Georges ne s’attendait pas à un coup si rude… Après de muets et longs serrements de main, l’avocat essaya de lui expliquer, avec des précautions infinies, comment les choses s’étaient passées en son absence… Il lui fit comprendre que tous l’avaient cru mort… que Baptiste l’avait affirmé… que l’extrait mortuaire avait été expédié en bonne et due forme… que tous l’avaient sincèrement pleuré… que, si elle n’avait agi que d’après les conseils de son cœur, Thérèse serait restée veuve… éternellement veuve… mais que, si femme propose, souvent les événements disposent.

Il lui raconta en détail les désastres financiers de Guillaume Desmarennes… la crainte d’un suicide dans sa ruine et le dérangement momentané de sa raison… que c’était simplement pour le sauver que sa fille s’était courageusement sacrifiée… mais qu’elle était réellement restée veuve de cœur… que ses deux enfants la rattachaient à la vie… qu’il y en avait un surtout, le garçon, qui ressemblait à Georges, et qu’elle aimait jusqu’à l’idolâtrie… que, du reste, ils ne vivaient plus à Saint-Christophe, mais à Bordeaux les trois quarts de l’année, loin des chers souvenirs qui parlaient encore trop cruellement au cœur de Thérèse.

Quand Georges eut longtemps pleuré, en essayant d’étouffer ses sanglots, pour faire diversion à sa grande douleur, l’avocat changea de ton brusquement, comme un maître du barreau chez qui l’éloquence du cœur n’est pas morte. A son tour, il pressa de questions son ancien camarade :

— Mais toi, mon ami, d’où viens-tu ? Explique-moi ta résurrection… Comment se fait-il que tu n’aies pas écrit, nous laissant six longues années sans nouvelles de toi ? Pas un mot, pas une simple dépêche pour éclaircir ceux qui t’aiment… C’est invraisemblable, et si je ne t’avais pas en ce moment bien serré dans mes deux bras, je douterais encore…

— L’histoire n’est que trop vraie et n’est pas longue à raconter… Tu sais qu’à l’affaire du Bourget trois cents des nôtres sont restés… J’étais tombé, n’espérant plus me relever…

— Nous l’avions cru, du moins…

— Quand l’ennemi, continua Georges, vint reconnaître les siens, enterrer ses morts et recueillir ses blessés, un major saxon, plus humain que les autres, constata que je respirais encore… Il sonda mes plaies, put extraire la balle, et je fus emmené dans un convoi de prisonniers dirigé par voies rapides sur la frontière ; je faillis rester en route de fatigue et d’épuisement ; je faillis même être fusillé d’abord par quelques acharnés qui me disaient franc-tireur. Je ne savais pas un mot d’allemand… je fus sauvé par un lambeau de mon uniforme, déjà tout en pièces, mais où restaient encore, fort heureusement, quelques boutons aux ancres marines. Mais quelles rudes étapes, mon ami ! tantôt à pied dans la neige, tantôt à ciel ouvert dans les wagons à bétail. En Allemagne, les prisons, les forteresses étaient encombrées. Nous fûmes traînés de Magdebourg à Stettin et de Stettin à Dantzick.

— Mais qui t’empêchait d’écrire ?

— C’est qu’à peine la frontière passée, malgré tout mon sang-froid, que tu connais bien, je ne pus me défendre d’un premier mouvement… Pour nous faire marcher plus vite, un officier prussien m’avait touché d’un revers de sabre… et je l’avais frappé.

— Eh bien ?

— Eh bien ! au lieu d’être passé par les armes, je fus condamné à dix ans de forteresse… et au secret le plus absolu… Ce qui t’explique mon silence.

— Mais alors, comment as-tu fait pour t’échapper ?

— Par la providence du hasard… Le gardien de la citadelle était un ancien troupier que je croyais ne pas connaître ; mais lui m’avait reconnu et n’était pas un ingrat.

— J’ai peine à comprendre.

— Il avait servi en Afrique, au régiment étranger, et c’est à ma prière qu’un jour son capitaine avait levé une punition beaucoup trop sévère, injuste même, que lui avait infligée le sergent… Il n’en fallait pas davantage… le vieux troupier s’en est ressouvenu, et un soir j’ai pu trouver ouvertes les portes de ma citadelle… Sous un faux nom, à bord d’un navire à blé faisant la traversée de Dantzick à la Rochelle, je suis parti… et en mettant le pied sur la terre de France, ne sachant rien encore et n’osant pas écrire… assailli d’ailleurs par de noirs pressentiments après une si longue absence, je suis venu directement chez toi… voilà tout… Et maintenant je pars pour Bordeaux.

— Pour Bordeaux, mon ami… à cette heure de nuit ?… D’abord c’est impossible… et tu n’y trouverais sans doute personne en ce moment… Partir pour Bordeaux, c’est bientôt dit… Mais qu’y feras-tu ?

Ton frère a sauvé Desmarennes de la ruine… il l’a retiré de l’abîme quand il en touchait le fond… tu te présentes… je le veux bien… ta seule identité constatée met à néant le second mariage… soit… mais elle n’en détruit pas les effets… La loi protège l’union contractée de bonne foi… (l’article du Code est formel).

Les deux enfants de ton frère sont à lui, bien à lui, devant hériter de sa fortune et de son nom… il a droit de les garder… Toi, tu reprends la femme ; mais si on lui arrache ses enfants, que deviendra-t-elle ?

Georges se taisait, dans une anxiété profonde.

— Si tu veux m’en croire, mon ami, reprit l’avocat, attends un jour ou deux… Partir pour Bordeaux, ce soir, ne t’avance à rien… Je réfléchis d’ailleurs que tu pourrais croiser la famille en route… car nous sommes au 20 juin… et c’est à cette époque que tous reviennent à Saint-Christophe… Laisse-moi faire… la nuit porte conseil… Demain, nous trouverons quelque chose… je m’entendrai avec Baptiste, ton ancien matelot…

— Ah ! Baptiste ! ce brave Baptiste !… Il est donc toujours là ?…

— Oui, et logé dans le pavillon du parc. Mais j’y songe… n’êtes vous pas de même taille ?…

— A peu près… Pourquoi donc ?

— Cela nous servira peut-être. En attendant, repose-toi, mon ami ; tu dois être bien las. Tu vois, c’est toujours ma chambre à deux lits d’autrefois. Depuis que tu as couché là (voilà six ans passés), personne n’y est venu. Tu seras chez toi ; je suis sûr de Catherine pour la discrétion. Sois donc parfaitement tranquille, ta présence ici restera ignorée de tous.

Et, comme autrefois, les deux amis couchèrent l’un près de l’autre, mais agités bien diversement. L’avocat ne tarda pas à s’endormir en se disant qu’il est des situations bien étranges dans la vie !

Quant à Georges, malgré les grandes fatigues du voyage et son accablement moral, il ne fut vaincu par un lourd et douloureux sommeil que très avant dans la nuit.

Le lendemain, au grand jour, il n’était pas encore éveillé que Guérineau, déjà revenu de Saint-Christophe, ramenait Baptiste, qui montait pieds nus l’escalier pour ne pas faire de bruit.

— Tiens, le voilà qui dort, lui dit-il à voix basse. C’est bien lui… Tu l’as vu… Ne le réveillons pas.

Et quand ils furent redescendus, il donna à Baptiste, qui comprenait à demi-mot, toutes les instructions détaillées pour l’exécution du plan qu’il avait conçu.

— Georges et toi, reprit-il, vous êtes de même taille, ou peu s’en faut… Tu m’apporteras un de tes costumes de matelot pour lui, et dès qu’il fera nuit, il t’accompagnera travesti pour n’éveiller les soupçons de personne. S’il y avait sur la route des curieux ou des indiscrets, tu dirais…

— Je dirais que c’est Étienne, un ancien gabier d’artimon à bord de l’ Hirondelle, qui m’est venu voir en passant.

— Très bien ! Tu comprends, il faut qu’on ne se doute de rien. Georges passera la nuit avec toi dans le pavillon et demain, dans la matinée, la famille… Elle est revenue, m’as-tu dit ?

— Oui, d’avant-hier, excepté M. Henri Paulet, retenu encore à Bordeaux deux ou trois jours pour ses affaires.

— C’est pour le mieux, reprit Guérineau. Demain, dans la matinée, la famille fera sans doute, comme d’habitude, une promenade sur la pelouse du parc.

— C’est probable.

— Alors, sans être vu, Georges pourra la voir… Tout est bien compris, n’est-ce pas ?

— Parfaitement.

Le rôle de l’avocat n’était pas sans difficultés… Il sut pourtant mener à bonne fin l’exécution de son projet et dit à Baptiste en le congédiant :

— C’est entendu, pour ce soir, à la nuit tombante ; tu viendras prendre ici ton commandant.

Quand Georges se réveilla, encore accablé de fatigue et de son lourd sommeil, Me Guérineau lui expliqua que la famille était revenue depuis deux jours à Saint-Christophe… que s’il tenait à la voir sans être vu, il n’avait qu’à prendre le costume apporté par Baptiste, sans danger d’être reconnu, et à coucher le soir même dans le pavillon du parc… que Baptiste était dans la confidence et qu’une discrétion absolue lui était assurée.

Dans ces grandes crises qui sont à la fois comme un naufrage du cœur et du cerveau, Georges se laissa faire comme un enfant dont la raison a besoin d’être guidée. Il partit le soir en compagnie de Baptiste et arriva à Saint-Christophe à nuit close.

Quand il passa comme autrefois sur le pont de la rivière, la fraîcheur de l’eau et le bruit du moulin lui causèrent une impression singulière… et l’odeur des prés en pleine floraison, qui se mêlait au parfum des troènes et des chèvrefeuilles, le grisa de ses effluves capiteux. Quand il aperçut dans l’ombre sa maison, près de laquelle il passait comme un étranger, ce fut une terrible épreuve… il s’arrêta un instant et s’appuya la main au cœur, comme pour en comprimer les battement…

— Allons, commandant, dit Baptiste à voix basse, du courage !

Il en fallait. Ils entrèrent dans le grand parc sans en faire crier les grilles et passèrent la nuit dans le pavillon.

Le lendemain, dans la matinée, entre neuf et dix heures, Baptiste lui fit signe de monter vite à la haute fenêtre du pavillon, d’où il pouvait tout voir sans être aperçu, à travers les minces lamelles d’une petite persienne fermée depuis très longtemps, et lui indiqua du doigt la pelouse verte, pleinement éclairée du soleil.

Il n’y avait encore personne, mais quelques instants après, Georges vit Desmarennes s’acheminer vers un des bancs de la pelouse.

Ses cheveux étaient tout blancs, mais encadraient encore de leurs belles touffes drues sa bonne et grosse figure épanouie, d’un rouge plus foncé.

Il tenait à la main une fille en robe blanche et à grande ceinture bleue, sémillante et vive comme une bergeronnette, qui se trémoussait en le suivant de ses petits pieds.

Desmarennes vint s’asseoir avec elle sur un des premiers bancs et lui passa les doigts dans les boucles de sa fine chevelure ; puis, enlevant par la taille la petite coquette si richement habillée, il la fit retomber sur un de ses genoux, paraissant tout joyeux d’être inondé par le flot de dentelles, de gazes et de rubans qu’elle étalait à grand luxe autour d’elle.

Puis une femme apparut… Thérèse… C’était bien elle… Elle marchait lente et grave, mais ne perdant pas des yeux un fort garçon de quatre ou cinq ans, qui venait d’entrer dans le parc en courant.

Il suivait un grand lévrier fauve qui gambadait autour de lui, parfois lui échappant d’un bond rapide, d’autres fois se laissant prendre et lui léchant les mains, puis filant droit comme un chevreuil.

Tantôt Thérèse se baissait pour prendre la tête de son fils et l’embrassait éperdument.

Tantôt elle l’arrêtait court, lui essuyait le front, et lui glissait inquiète une main entre les deux épaules, pour être assurée qu’il n’avait pas trop chaud, avec toute la sollicitude d’un geste maternel.

C’était bien elle… telle que Georges se la figurait voir… six années plus tard… les joues encore pâles, mais le cou plus fort, des formes plus accusées, plus réellement femme qu’autrefois dans sa robe grise d’été… Mais son regard était grave, et, malgré ses joies sérieuses de mère, on eût dit que ses lèvres étaient déshabituées de sourire.

Il y eut pour Georges un instant terrible… Arrivée au bout de la pelouse, elle fit lentement des yeux le tour de l’horizon, et quand son regard fut en face du pavillon, elle leva la tête et fixa la haute fenêtre où il se trouvait… Illusion poignante, bien qu’elle ne pût rien voir… Une pensée d’autrefois, sans doute, lui était venue en ce moment, rapide comme l’éclair d’un souvenir… Ce fut l’affaire d’un instant… puis elle baissa la tête, et, toute rêveuse, elle continua sa marche en reprenant la main de son fils qui s’était rapproché d’elle et semblait inquiet de son rêve.

Tout le passé de Georges lui revint en mémoire comme un afflux de souvenirs débordants… Tout ce qu’il peut y avoir de tempête dans un cœur gronda sourdement dans le sien, puis s’apaisa par degrés quand disparut cette femme recueillie, belle comme une sainte devenue mère, et qui ne souriait plus.

Georges comprit toute l’étendue de ses graves devoirs et s’inclina devant l’austérité du grand rôle maternel.

— Chère et noble femme ! murmura-t-il dans ses larmes… le cœur débordant d’un immense pardon.

La pensée ne lui vint pas de lui arracher ses enfants, ni de la prendre à son frère.

Il partit le soir même pour une destination inconnue.

Le secret fut rigoureusement gardé. Thérèse ne sut jamais qu’il était revenu.

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