Le Nécromancien ou le Prince à Venise/Avertissement
L’OUVRAGE dont j’offre la traduction au Public est du célèbre Schiller ; il n’a pas besoin d’autre recommandation. Mais moi, son faible traducteur, j’ai besoin de m’excuser d’avoir osé m’associerà son travail, et finir ce qu’il avait si bien commencé. Il n’est pas facile de deviner quels avaient été son intention et son but dans cette imparfaite et singulière production ; on a cru dans le temps qu’elle était fondée sur la vérité, et plutôt une anecdote historique qu’un roman ; on a même nommé le prince dont il est question ; mais cette opinion est trop hasardée pour la répéter ; il vaut mieux croire que c’est un fruit de l’imagination assez exaltée de Schiller, et qu’il trouva plus piquant de le laisser incomplet.
Un de mes amis, qui entend très-bien l’allemand, avait traduit ce morceau, et me le lut ; il m’intéressa vivement, et m’inspira un grand désir de débrouiller tous ces fils et de l’achever. Schiller finit au moment du retour du comte d’O*** à Venise ; il laissait entrevoir seulement qu’il s’était passé des événemens terribles en son absence. J’ai essayé de les détailler, de remettre sur la scène l’Arménien et Séraphina, dont il n’était plus question, et de lier ainsi le dénouement avec la première partie. Ce plan m’a obligée à changer quelque chose dans les dernières pages, à en ajouter quelques-unes, et à donner à l’ensemble de l’ouvrage le même ton de style. J’ai fait tout mon possible pour imiter celui de Schiller, et pour qu’il n’y eût pas trop de disparate. C’est à nos lecteurs à décider si j’ai réussi.