Le Nid (Dussauze)/09

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Librairie Fischbacher (p. 78-89).

Chapitre IX

Chez Grand’maman.

Il fait tout à fait beau ce matin.

Le ciel est bleu.

Le soleil brille.

Les petits oiseaux chantent gaiement dans les arbres du jardin.

Tous les enfants sont bien contents de revoir le beau temps après la pluie.

« Nous pourrons sortir aujourd’hui, n’est-ce pas, Maman ? » demande Pierrot, au déjeuner.

— « Que pensez-vous d’une promenade en voiture ? » demande Papa.

— « Oh ! Papa, est-ce que tu vas nous emmener dans ta voiture aujourd’hui ? »

— « Et que pensez-vous d’une visite chez Grand’maman ? »

— « Chez Grand’maman ! Est-ce que nous y allons aujourd’hui ? »

— « Oui, si vous le voulez. Grand’maman m’a écrit pour me demander de vous emmener tous passer la journée chez elle. Je ne suis pas très occupé aujourd’hui ; par conséquent, nous allons en profiter. »

Les enfants sautent de joie.

Aller chez Grand’maman ! Quel bonheur !

« Maman viendra aussi ? » demande Jeanne.

— « Oui, bien sûr. »

— « Et Bébé aussi ? » ajoute Louisette qui n’oublie jamais son petit frère.

— « Oui, Bébé aussi. Grand’maman veut que toute la famille aille chez elle, petits et grands. Allez vite vous habiller. Je vais dire à Victor d’atteler le cheval ; et nous partirons tout de suite. »

Tout le monde est bientôt prêt.

Maman monte la première dans la voiture, et Nounou lui passe bébé Paul qu’elle prend sur ses genoux.

Nounou ne pourra pas aller chez Grand’maman, parce qu’il n’y a pas de place pour elle dans la voiture.

Papa enlève Louisette comme une plume, et la met dans la voiture à côté de Maman.

Les autres enfants veulent monter tout seuls.

« Eh ! bien, montez ! » dit Papa. « Seulement, si quelqu’un se casse la jambe, je ne pourrai pas la lui raccommoder à temps pour qu’il aille chez Grand’maman. »

Jean et Jeanne sont déjà dans la voiture et Pierrot veut les suivre, mais il va un peu trop vite : son pied glisse, et il tombe.

Il ne s’est pas fait de mal, et tout le monde rit.

Pierrot rit aussi, mais il est un peu honteux.

Enfin, tout le monde est installé dans la voiture.

Le cocher dit : « Allez ! » et Carabi part au grand trot.

— « Voyez, enfants, » dit Maman, « comme tout est frais et joli, ce matin. La pluie a fait beaucoup de bien. »

— « Les petites fleurs me regardent en souriant, » dit Louisette : « elles sont contentes d’avoir eu de la bonne eau à boire, n’est-ce pas, Maman ? »

Grand’maman est debout sur le perron de sa maison quand la voiture arrive.

« Bonjour, Grand’maman ! » crient tous les enfants, dès qu’ils l’aperçoivent.

— « Bonjour, mes chéris ! bonjour ! » répond Grand’maman, et elle les embrasse tous sur les deux joues.

« Venez vite ôter vos chapeaux et vos manteaux, » dit Grand’maman, « et puis nous allons déjeuner. Vous devez avoir faim après votre longue promenade en voiture. »

— « Moi, j’ai très faim, » dit Jean.

— « Et moi aussi, » disent les autres enfants.

Il y a beaucoup de bonnes choses pour le déjeuner.

Il y a du poisson frais, du poulet, des petits pois, une grande tourte aux prunes, et puis de bons gâteaux, des fraises et de la crème.

Grand’maman est bien contente de voir tout ce petit monde autour de sa table, et elle dit de très drôles de choses pour faire rire les enfants.

Bébé Paul n’est pas à table avec les autres enfants.

Il a pris un petit potage au lait, et maintenant il dort sur le lit de Grand’maman.

Après le déjeuner, Grand’maman dit :

« Venez vous promener dans le jardin. »

Le jardin de Grand’maman est bien joli.

Il y a beaucoup de belles fleurs, et aussi beaucoup de fraisiers.

Grand’maman dit aux enfants :

« Cherchez les fraises. Il doit y en avoir encore. Vous pouvez en manger autant que vous voudrez. »

Les enfants sont très contents de cette permission. C’est si amusant de cueillir les fraises soi-même et de les manger dans le jardin !

« Maintenant, » dit Grand’maman, « suivez-moi, et je vais vous montrer quelque chose qui fera votre bonheur, j’en suis sûre. »

Les enfants sont très étonnés et se demandent ce que Grand’maman va leur montrer.

Tout à coup, en tournant le coin d’une allée, ils aperçoivent, suspendue à la plus grosse branche d’un gros pommier, une jolie balançoire.

« Oh ! que c’est joli ! » s’écrient les enfants : « Grand’maman, est-ce que nous pouvons nous balancer ? »

— « Oui, certainement. J’ai fait faire cette balançoire exprès pour vous. »

— « Oh ! merci, Grand’maman ! Que tu es bonne ! »

Jean saute dans la balançoire.

Mais Grand’maman dit :

« Non, non ! Les frères bien élevés cèdent toujours le premier tour à leurs sœurs. »

Jean saute à terre tout de suite.

« Viens, Jeanne, » dit-il, « je te balancerai. »

Jeanne dit :

« Non, il faut que Louisette commence, parce qu’elle est la plus petite. »

— « Tu as raison, Jeanne, » dit Grand’maman ; « les grandes sœurs doivent toujours donner la préférence aux petites. »

Grand’maman met Louisette dans la balançoire, et Jean la pousse, tout doucement, parce que Louisette a un peu peur.

Maintenant, c’est au tour de Jeanne, puis à celui de Pierrot. Et Jean se balance le dernier, parce qu’il est le plus grand.

Lorsqu’on s’est bien amusé avec la balançoire, Grand’maman dit :

« Venez voir la basse-cour. »

Il y a beaucoup de poules dans la Louisette est assise sur la balançoire. Jean est devant la balançoire et la pousse. Une corde à nœuds est également accrochée au portique, mais attachée sur un poteau pour dégager. Un transat au premier plan à gauche.
Chez grand’maman
basse-cour. Il y a aussi des canards, des oies, des pintades et des dindons.

Louisette a un peu peur des dindons, parce qu’ils font : « Glou, glou, glou, glou ! » si fort, et elle se cache derrière Grand’maman.

Grand’maman les mène ensuite voir les lapins.

« Oh ! les jolis lapins ! » dit Jean ! « Ceux-là sont petits. Ils sont très jeunes, n’est-ce pas ? »

— « Oui » dit Grand’maman. « Est-ce que vous aimeriez avoir chacun le vôtre pour emporter au Nid ? »

— « Oh ! oui, Grand’maman ! Est-ce que tu veux nous en donner ? »

— « Allez demander à Papa et à Maman s’ils veulent bien que vous emportiez chacun un petit lapin. »

Les enfants courent vite vers Papa et Maman qui sont assis sur un banc avec bébé Paul, qui est réveillé depuis longtemps.

Papa et Maman veulent bien que les enfants aient des lapins, et Grand’maman leur dit de choisir ceux qu’ils préfèrent.

Jean choisit un lapin tout noir, avec une tache blanche sur l’œil gauche.

Jeanne en choisit un gris ; Pierrot un noir et blanc, et Louisette un tout blanc avec de jolis yeux roses.

Grand’maman demande à la femme qui s’occupe de la basse-cour, de mettre les quatre petits lapins dans un panier.

Puis on va goûter, avant de remonter dans la voiture pour retourner au Nid.

Il est temps de partir. C’est bien dommage. On s’amuse tant chez la bonne Grand’maman !

Grand’maman embrasse tout le monde et dit :

« Il faudra revenir bientôt. »

— « Quand est-ce que nous pourrons revenir ? » demande Pierrot.

— « La semaine prochaine, si Papa veut bien vous amener. »

— « Oh ! oui, Papa voudra bien ; n’est-ce pas, Papa ? »

Papa dit :

« Oui, si on est bien sage jusque-là. »

— « Où sont les petits lapins ? » demande Jean.

— « Ils sont ici, à côté de moi, Monsieur Jean, » dit Victor.

Les voilà partis.

Grand’maman les regarde aussi longtemps qu’elle peut les voir, et les enfants lui envoient des baisers en lui criant :

« Au revoir. »