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Le Nommé Jeudi/Chapitre VI

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Traduction par Jean Florence.
Éditions de la Nouvelle Revue Française (p. 87-100).

CHAPITRE VI

DÉMASQUÉ !

Tels étaient les six hommes qui avaient juré la destruction du monde.

À plusieurs reprises, Syme fit un grand effort pour reconquérir son sang-froid en leur présence. Par instants, il se rendait compte qu’il n’y avait là que des gens fort ordinaires, dont l’un était vieux, l’autre neurasthénique, l’autre myope… Mais toujours il retombait sous l’empire d’un symbolisme fantastique. Chacun de ces personnages paraissait situé à l’extrême frontière des choses, de même que leur théorie était à l’extrême frontière de la pensée. Il savait que chacun de ces hommes se tenait pour ainsi dire au point extrême de quelque route sauvage de la pensée.

— Un homme, songeait Syme, qui marcherait toujours vers l’ouest jusqu’au bout du monde, finirait sans doute par trouver quelque chose, par exemple un arbre, qui serait à la fois plus et moins qu’un arbre, soit un arbre possédé par des esprits. Et, de même, en allant toujours vers l’est, jusqu’au bout du monde, il rencontrerait une certaine chose qui ne serait pas non plus tout à fait cette chose même, une tour peut-être, dont l’architecture déjà serait un péché.

C’est ainsi que les membres du Conseil, avec leurs silhouettes violentes et incompréhensibles, étaient pour Syme de vivantes visions de l’abîme, et se détachaient sur un horizon ultime. En eux les deux bouts du monde se rejoignaient.

La conversation ne s’était pas interrompue, et le ton aisé et enjoué des causeurs faisait avec le sujet de l’entretien le plus étonnant des contrastes que réunissait cet étonnant déjeuner.

Ils parlaient, à fond, d’un complot à réaliser sans remise. Le garçon ne se trompait pas en disant qu’il s’agissait de bombes et de rois. Dans trois jours, le Tsar devait rencontrer le Président de la République française à Paris, et, sur le balcon ensoleillé, en consommant leur jambon et leurs œufs, ces joyeux conspirateurs décidaient la mort de l’un et de l’autre. On désignait même le camarade qui jetterait la bombe : c’était le marquis à la barbe noire.

Dans des circonstances moins extraordinaires, l’imminence de la réalité objective, positive, du crime aurait calmé Syme et dissipé ses craintes purement mystiques. Il n’aurait plus pensé qu’à la nécessité de sauver les deux hommes des fragments de fer et de la déflagration de la poudre qui menaçait de les déchiqueter. Mais le fait est qu’en ce moment précis, il commençait à ressentir une crainte personnelle, immédiate, où s’évanouissaient ses sentiments de répulsion et même le souci de ses responsabilités sociales. Ce n’était plus pour le Tsar et le Président de la République qu’il tremblait : c’était pour lui-même.

La plupart des anarchistes, passionnément intéressés par la discussion, ne se préoccupaient guère de Syme. Serrés les uns contre les autres, ils étaient tous très graves. À peine le rictus du secrétaire passait-il parfois sur son visage, comme un éclair dans le ciel. Mais Syme fit une remarque qui d’abord le troubla et bientôt le terrifia : le Président ne cessait de le regarder fixement, de le dévisager, avec un intérêt persistant. L’énorme individu restait parfaitement calme ; mais ses yeux bleus lui sortaient de la tête, et ces terribles yeux étaient fixés sur Syme.

Syme éprouva un désir presque irrésistible de sauter dans la rue, par-dessus le balcon. Il se sentait transparent comme le verre pour les prunelles aiguës de Dimanche et ne doutait plus que sa qualité d’espion, de quelque silencieuse et extraordinaire façon, n’eût été éventée par cet homme redoutable. Il jeta un regard par-dessus la balustrade du balcon et vit, juste en bas, un policeman qui considérait distraitement les grilles du square et les arbres ensoleillés.

Il eut alors une intense tentation qui devait plus d’une fois le hanter durant les jours qui suivirent. Dans la compagnie de ces êtres hideux, répugnants et puissants, de ces princes de l’anarchie, il avait jusqu’alors presque oublié ce personnage falot, le poète Gregory, simple esthète de l’anarchie. Il se ressouvenait de lui, maintenant, avec une sorte de sympathie, comme d’un ami avec lequel il aurait joué, jadis, dans son enfance. Mais il se rappelait aussi qu’il restait lié à Gregory par une promesse intransgressible : il lui avait promis de ne pas faire précisément ce qu’il avait été sur le point de faire. Il lui avait promis de ne pas enjamber le balcon, de ne pas appeler ce policeman. Il retira sa main glacée de la froide balustrade de pierre. Son âme roulait dans un vertige d’indécision. Il n’avait qu’à violer un serment inconsidéré, prêté à une société de bandits, et sa vie devenait aussi belle et riante que ce square ensoleillé. D’autre part, s’il restait fidèle aux lois antiques de l’honneur, il se livrait peu à peu sans recours à ce grand ennemi de l’humanité dont l’évidente et immense intelligence était une chambre de torture.

Chaque fois qu’il se tournait vers le square, il voyait le policeman, confortable comme un pilier du sens commun et de l’ordre public. Et, chaque fois que le regard de Syme revenait à la table, il voyait le Président qui continuait à l’épier, de ses gros yeux insupportables.

Il est deux idées, cependant, qui, dans le torrent de ses pensées, ne lui vinrent pas à l’esprit.

D’abord, il ne lui arriva pas un instant de mettre en doute que le Président et son Conseil ne pussent l’anéantir, s’il restait là, seul, parmi ces misérables. Sans doute, sur une place publique une telle exécution eût pu paraître impossible. Mais Dimanche n’était pas homme à montrer tant d’aisance sans avoir, quelque part et de quelque manière, préparé son piège. Poison anonyme ou brusque accident, fortuit en apparence, hypnotisme, feu infernal : peu importait comment, mais certainement Dimanche pouvait le frapper. Que Syme osât défier cet homme, et Syme était condamné — atteint de paralysie sur son siège ou mourant longtemps après de quelque maladie mystérieuse. En appelant sur-le-champ la police, en faisant arrêter tout le monde, en racontant tout, en suscitant contre ces monstres toute l’énergie de l’Angleterre, peut-être eût-il échappé. Mais son salut n’exigeait certainement pas moins. Il y avait là, sur un balcon, au-dessus d’un square passager, quelques gentlemen, parmi lesquels Syme ne se sentait pas plus en sécurité qu’il ne l’eût été, au milieu de la mer déserte, dans une chaloupe pleine de pirates armés.

Et il n’eut pas davantage l’idée qu’il pourrait être gagné à l’ennemi. Beaucoup d’autres, en ce temps, habitués à honorer de toute leur faiblesse l’intelligence et la force, auraient pu hésiter dans leur loyauté, céder au prestige oppressif de la puissante personnalité de Dimanche. Ils auraient salué en lui le Surhomme. Et, en effet, si le Surhomme est concevable, Dimanche lui ressemblait beaucoup, avec son énergie capable d’ébranler la terre dans un moment de distraction. C’était une statue de pierre en mouvement. Oui, cet être aux plans vastes, trop visibles pour être vus, au visage trop ouvert, trop explicite pour qu’on le comprît, pouvait faire penser qu’il y avait là plus qu’un homme. Mais Syme, quelle que fût la dépression dont il souffrît, n’était pas exposé à tomber dans cette faiblesse, si moderne. Comme tout le monde, il était assez lâche pour craindre la force ; il n’était pas tout à fait assez lâche pour l’admirer.

Les anarchistes mangeaient en causant, et jusque dans leur manière de manger se révélait le caractère de chacun. Le docteur Bull et le marquis chipotaient avec négligence les meilleurs morceaux, du faisan froid, du pâté de Strasbourg. Le secrétaire était végétarien, et discutait de bombes et de meurtres tout en absorbant une tomate crue, arrosée d’un verre d’eau tiède. Le vieux professeur avait des hoquets précurseurs d’un prochain gâtisme. Le Président gardait, là comme en tout, la supériorité incontestable de sa masse. Il mangeait comme vingt ! Il mangeait incroyablement ! On eût cru en le regardant dévorer, assister à la manœuvre d’une fabrique de saucisses. Et après avoir enfourné une douzaine de petits pains en quelques bouchées et bu toute une pinte de café, il recommençait, la tête penchée, à surveiller Syme.

— Je me suis demandé souvent, dit le marquis, en mordant dans une tartine de confiture, si je ne ferais pas mieux d’employer le couteau, de préférence à la bombe. Le couteau a servi à couper d’excellentes choses. Quelle exquise sensation ! Enfoncer un couteau dans le dos d’un Président de la République et retourner le fer dans la plaie !

— Vous avez tort, protesta le secrétaire en fronçant les sourcils. Le couteau convenait à l’antique querelle personnelle d’un individu contre un tyran. La dynamite n’est pas seulement notre instrument le meilleur, elle est aussi notre meilleur symbole. Un aussi parfait symbole de l’anarchie que peut l’être l’encens pour les prières des chrétiens. La dynamite se répand et ne tue que parce qu’elle se répand. La pensée aussi ne détruit que parce qu’elle se répand. Le cerveau est une bombe ! s’écria-t-il en s’abandonnant soudain à sa passion et en se frappant le crâne avec violence : mon cerveau est une bombe que je sens sur le point, sans cesse, d’éclater ! Il veut se répandre ! Il faut qu’il se répande ! Il faut que la pensée se répande, l’univers en fût-il réduit en poussière.

— Je ne désire pas que l’univers saute en ce moment, dit le marquis, très bas : je veux faire autant de mal que je pourrai avant de mourir. J’y pensais hier soir, dans mon lit.

— En effet, dit le docteur Bull avec son sourire de sphinx, si le néant est le but unique de tout, cela vaut-il le moindre effort ?

Le vieux professeur regardait au plafond de ses yeux morts.

— Chacun sait, dit-il, chacun sait, au fond de son cœur, que rien ne vaut aucun effort.

Il se fit un étrange silence, puis :

— Nous nous écartons de la question, observa le secrétaire. La question est celle de savoir comment Mercredi frappera son coup. Il me semble que nous devons nous en tenir à l’idée première : la bombe. Quant aux détails, je suis d’avis que, dès demain matin, notre camarade s’embarque pour…

Le secrétaire s’interrompit brusquement : une ombre vaste venait de s’allonger sur la table.

Le Président Dimanche s’était levé, et il n’y avait plus de ciel au-dessus du balcon.

— Avant d’en venir à discuter ce point, dit-il d’une voix étrangement flûtée, je vous prie de m’accompagner dans un cabinet particulier. J’ai une communication très spéciale à vous faire.

Syme fut le premier debout. Le moment de choisir était venu ; le pistolet était sur sa tempe. En bas, le policeman se promenait paresseusement tout en tapant de la semelle, car la matinée était belle, mais froide.

Soudain, dans la rue voisine, un orgue de Barbarie attaqua une ritournelle. Syme se redressa fièrement, comme s’il eût entendu le clairon sonner la bataille. Il sentit affluer en lui, il ne savait d’où, un courage surnaturel. Il y avait pour lui, dans cette humble mélodie, toute la vivacité, toute la vulgarité aussi, et toute l’irrationnelle vertu des pauvres qui, par les rues souillées de Londres, vont au hasard des pas, fermement attachés aux décences et aux charités du Christianisme. Sa juvénile équipée de policier bénévole, il n’y songeait plus ; il ne se concevait plus lui-même comme le représentant d’une association de gentlemen jouant en amateurs le rôle de détectives ; il avait oublié le vieil original qui vivait dans sa chambre pleine de nuit. Non ! Il était l’ambassadeur de tous ces pauvres gens, honnêtes et vulgaires, qui, par les rues, s’en vont à la bataille de la vie, chaque matin, au son de l’orgue de Barbarie. Et cette grande gloire d’être simplement un homme l’exaltait, sans qu’il pût dire pourquoi ni comment, à une hauteur incommensurable au-dessus des monstres qui l’entouraient. Un instant, du moins, il jugea leur bizarrerie ignoble, du haut de ce point de vue céleste : le lieu commun. Il avait sur eux tous cette inconsciente et élémentaire supériorité d’un brave homme sur des bêtes puissantes, d’un sage sur des erreurs puissantes. Il ne possédait, sans doute, et il le savait bien, ni la force intellectuelle ni la force physique du Président Dimanche ; mais il n’était pas plus sensible à cette infériorité qu’il n’eût regretté de ne pas avoir les muscles du tigre ou l’appendice nasal du rhinocéros. Il oubliait tout devant cette certitude suprême : que Dimanche avait tort et que l’orgue de Barbarie avait raison. Dans sa mémoire chantait le truisme sans réplique et terrible de la Chanson de Roland :

Païens ont tort et Chrétiens ont droit !

qui était, en ce vieux français nasillard, pareil au bruit des grandes armes de fer. Le fardeau de sa faiblesse se détachait de lui, et, fermement, il prit la résolution d’affronter la mort. Il songea que les gens de l’orgue de Barbarie tenaient leurs engagements, selon les lois de l’honneur antique ; il ferait comme eux. La fidélité à sa parole serait d’autant plus glorieuse qu’il l’avait donnée, cette parole d’honneur, à des mécréants. Et son dernier triomphe sur ces fous serait de les suivre dans ce cabinet particulier et de mourir pour une cause qu’ils ne pourraient même pas comprendre. L’orgue de Barbarie jouait une marche avec toute l’énergie et toute la parfaite harmonie d’un savant orchestre ; et Syme distinguait, sous les éclats des cuivres qui célébraient la gloire de vivre, le profond roulement de tambour qui affirmait la gloire de mourir.

Déjà, les conspirateurs s’éloignaient par la porte-fenêtre et par les pièces. Syme franchit le dernier le seuil du balcon. Extérieurement calme, il frémissait dans son cerveau et dans tous ses membres d’un rythme romantique.

Le Président les conduisit, par un escalier de service, dans une chambre vide, froide, mal éclairée. Il y avait une table et quelques bancs. On se fût cru dans une chambre de bord abandonnée. Quand tous furent entrés, Dimanche ferma la porte et tourna la clef dans la serrure.

Le premier, Gogol l’irréductible prit la parole. Il paraissait étouffer de fureur.

— Voilà donc, s’écria-t-il — et, inarticulé, son anglais-polonais devenait presque incompréhensible — voilà donc comment vous renoncez à vous cacher ! Vous dites que vous vous montrez ! Vous vous moquez de nous ! Quand il s’agit de parler sérieusement, vous ne manquez pas de vous enfermer dans une boîte obscure !

Le Président subit avec toute sa bonne humeur l’incohérente diatribe de l’étranger.

— Vous ne comprenez pas encore, Gogol, dit-il paternellement. Les gens qui nous ont entendus dire des bêtises sur le balcon ne se soucient plus de savoir où nous allons ensuite. Si nous avions commencé par nous cacher ici, tous les garçons seraient venus écouter à la porte… Vous ne connaissez pas les hommes.

— Je meurs pour eux, s’écria le Polonais ! Je tue leurs oppresseurs ! Mais je n’aime pas le jeu de cache-cache. Je voudrais frapper les tyrans en plein square.

— C’est bien, c’est bien, dit le Président en s’asseyant au bout de la table. Vous commencez par mourir pour l’humanité, et puis vous ressuscitez pour frapper les tyrans. C’est à merveille. Permettez-moi, maintenant, de vous prier de maîtriser vos beaux sentiments et de vous asseoir avec ces messieurs. Pour la première fois, ce matin, vous allez entendre une parole sensée.

Avec la promptitude empressée qu’il avait montrée dès le début, Syme fut le premier à s’asseoir. Gogol s’assit le dernier, maugréant toujours dans sa barbe brune, et à plusieurs reprises on put percevoir le mot « gompromis ».

Nul, excepté Syme, n’avait l’air de se douter du coup qui allait être frappé. Quant à lui, il éprouvait la sensation de l’homme qui monte à l’échafaud, mais qui se promet de ne pas mourir avant d’avoir fait un beau discours.

— Camarades ! dit le Président en se levant soudain, cette farce a assez duré ! Je vous ai réunis ici pour vous apprendre quelque chose de si simple et pourtant de si choquant que les garçons de cet établissement, si habitués qu’ils soient à nos folies, pourraient remarquer dans mes paroles une gravité inaccoutumée. Camarades ! nous discutions tout à l’heure des plans d’action ; nous proposions des lieux… Avant d’aller plus loin, je vous demande de confier entièrement et sans contrôle la décision à l’un de nous, à un seul : le camarade Samedi, le docteur Bull.

Tous les regards étaient fixés sur Dimanche. Brusquement, les membres du Conseil se levèrent, car les paroles qui suivirent, sans être prononcées à haute voix, le furent avec une énergie qui fit sensation.

Dimanche frappa du poing sur la table.

— Pas un mot de plus, aujourd’hui, sur nos plans ! Pas la plus mince révélation de nos projets dans cette société !

Dimanche avait passé sa vie à étonner ses compagnons. On eût pourtant dit, à les voir, qu’ils subissaient pour la première fois cette impression d’étonnement. Ils s’agitaient sur leurs sièges, fébrilement, tous, excepté Syme. Immobile, il serrait, dans sa poche, la crosse de son revolver, s’apprêtant à vendre chèrement sa vie : on saurait enfin si le Président était mortel.

Dimanche reprit, d’une voix égale :

— Vous le devinez sans doute : pour proscrire, de ce festival de la liberté, la liberté de la parole, je ne puis avoir qu’un seul motif. Peu importe que des étrangers nous entendent. Il est entendu pour eux que nous plaisantons. Ce qui importe, ce qui a une importance capitale, c’est qu’il y a parmi nous un homme qui n’est pas des nôtres, un homme qui connaît nos graves desseins et qui n’a pour eux aucune sympathie, un homme…

Le secrétaire poussa un cri perçant, un cri de femme, et se leva d’un bond :

— C’est impossible !… Il est impossible que…

Le Président abattit sur la table sa main, large comme la nageoire d’un poisson énorme.

— Oui, prononça-t-il avec lenteur, il y a dans cette chambre un espion. Il y a un traître à cette table. Je ne perdrai pas un mot de plus. Il se nomme…

Syme se leva à demi, le doigt sur la détente de son revolver.

— Il se nomme Gogol, continua le Président : c’est ce charlatan chevelu qui se prétend Polonais.

Gogol se dressa sur ses pieds, un revolver dans chaque main. Au même instant, trois hommes lui sautaient à la gorge. Le professeur lui-même fit un effort pour se lever.

Mais Syme ne vit pas grand’chose de ce qui se passa ensuite. Il était comme aveuglé par une obscurité bienfaisante. Effondré sur son banc, il tremblait, comme épouvanté de se sentir sauvé.