Le Pèlerin passionné (trad. Hugo)/« La tendre Cythérée, assise au bord d’un ruisseau »
Œuvres complètes de Shakespeare, Texte établi par François-Victor Hugo, Pagnerre, , XV : Sonnets – Poëmes – Testament (p. 303).
La tendre Cythérée, assise au bord d’un ruisseau, près du jeune Adonis, aimable et frais novice, le tentait par mille gracieuses œillades, de ces œillades que pouvait seule lancer la reine de la beauté.
Elle lui faisait des récits à ravir son oreille ; elle lui montrait des charmes à éblouir ses yeux ; pour gagner son cœur, elle le touchait ça et là ; des attouchements si doux triomphent toujours de la chasteté.
Mais soit que l’adolescent inexpérimenté ne comprît pas, soit qu’il refusât d’accepter ces offres provocantes, le tendre rebelle repoussait l’appât, et répondait par un sourire moqueur à toutes ces gracieuses avances.
Alors elle se renversa sur le dos, la belle reine, et en avant !… Mais il se leva et s’enfuit ; ah ! niais trop farouche !