Le Pèlerin passionné (trad. Hugo)/« N’est-ce pas la céleste rhétorique de ton regard »
Œuvres complètes de Shakespeare, Texte établi par François-Victor Hugo, Pagnerre, , XV : Sonnets – Poëmes – Testament (p. 307).
N’est-ce pas la céleste rhétorique de ton regard, à laquelle l’univers ne pourrait opposer d’argument, qui a entraîné mon cœur à ce parjure ? À rompre un vœu pour toi on ne mérite pas de châtiment.
J’ai renoncé à une femme ; mais je prouverai que je n’ai pas renoncé à toi qui es une déesse. Mon vœu était tout terrestre, tu es un céleste amour. Ta grâce obtenue me guérit de toute disgrâce.
Mon vœu n’était qu’un souffle ; le souffle n’est qu’une vapeur. Ainsi, beau soleil qui brilles sur cette terre, aspire à toi mon vœu ; en toi il s’absorbe ; si alors il est rompu, ce n’est pas ma faute.
Et, quand il serait rompu par ma faute, quel fou n’est pas assez sage pour violer un serment afin de gagner un paradis (24) ?
1. Dans Peines d’amour perdues, ce poème est récité par Nathaniel, Acte IV, sc. ii.