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Le Panthéon canadien/B

La bibliothèque libre.
Jos. M. Valois, libraire-éditeur (p. 10-44).
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B


Babineau, ou plutôt Robineau, famille qui joue un grand rôle dans l’histoire du Canada, venait de Pierre Babineau, trésorier général de la cavalerie légère de France et l’un des directeurs de la compagnie des Cent-Associés, à laquelle Louis XIII céda la Nouvelle-France ou France Septentrionale en quasi-souveraineté. — René, fils du directeur et chevalier de l’ordre du roi, grand voyer de la Nouvelle-France et appelé dans l’histoire baron de Bécancour[1]. Il s’acquit de l’influence sur les naturels du pays, qu’il commandait dans la grande expédition du comte de Frontenac contre les cantons iroquois. Il mourut le 12 septembre 1699 et fut inhumé à Québec dans l’église des Récollets. — Un autre René Babineau mourut grand voyer en 1729. — M. de Bécancour eut trois fils : — René, baron de Portneuf en 1681, aussi grand voyer. Il prit Kaskobay sur les Anglais en 1690. Le chevalier de Villebon, d’abord compagnon d’armes du célèbre d’Iberville. Il chassa les Anglais de l’Acadie, dont l’amiral Phipps s’était emparé en 1691, et les repoussa plus tard de Naxoat. On a de lui plusieurs mémoires sur les affaires de l’Acadie. Enfin M. de Menneval, qui fut gouverneur de Port-Royal. La baronnie de Portneuf fut érigée en 1681 en faveur de René Babineau, écuyer, sieur de Bécancour. En 1759, l’abbé de Portneuf, curé de Saint-Joachim, harcela, dit-on, les Anglais à la tête de ses paroissiens. Les Anglais le mirent à mort.

Baby, famille canadienne, issue de Jacques Baby de Ramville, venu au Canada avec le régiment de Carignan, et de Jeanne Dandonneau du Sablé, fille du seigneur de l’île Dupas. Elle devait justifier sa devise : Au camp valeur, au champ labeur ! On rencontre les Baby au combat des Mines, en Acadie, à la bataille de la Monongahéla, à celle de Ste-Foye.

Baby (Jacques Duperron), riche traiteur au Détroit, fut surintendant des sauvages et l’ami de Pontiac. L’abbé Casgrain dit qu’il est mort le 2 août 1789.

Baby (Daniel), fils du précédent, entra au 24e régiment par le crédit de son beau-frère lord Bellingham, fit la guerre de la Péninsule, sous Wellington. La notice nécrologique du dernier Baby de Québec dit qu’il mourut à Londres, officier, général en 1857.

Baby (Jacques Duperron) fils, frère du précédent, mort en 1833, instruit à Québec et en Europe, fut l’un des premiers juges pour le Canada supérieur en 1788, membre du Conseil législatif en 1792 et en même temps surintendant du gouverneur pour le comté de Kent. En 1812, il fut mis à la tête de la milice du district de l’Ouest.

Baby (François), de Québec, de service aux deux sièges (1759-1775), fut le député des Canadiens en Angleterre en 1783. Il était adjudant général de la milice en 1808, et mourut en 1820. Il a été le dernier grand voyer pour tout le Bas-Canada.

Baby (L. J. George), petit-fils du précédent, naquit à Montréal en 1834.

Il pratiqua longtemps comme avocat à Joliette et représenta, aux Communes, les conservateurs de ce comté pendant plusieurs années.

En 1878, sir J. A. Macdonald lui confia le portefeuille du revenu de l’Intérieur, et deux ans après il fut nommé juge.

Homme d’érudition et bibliophile, M. Baby possède une belle collection d’ouvrages canadiens, et est membre honoraire de plusieurs sociétés savantes des États-Unis, ainsi que de l’Institut canadien de Québec. Il fut l’un des fondateurs de la Société historique de Montréal et est président de la Société numismatique de cette ville.

M. Baby possède une figure intelligente, un regard vif, un sourire agréable ; sa politesse exquise s’étend à tous, et ses manières courtoises rappellent au souvenir l’ancienne noblesse canadienne dont il est un des descendants.

Bagg (Chs Stanley), né à Montréal en 1820, a été, vers 1860, l’un des fondateurs de la Société numismatique, à laquelle il a consacré plusieurs écrits et qui, à sa mort en 1873, lui a consacré à son tour, dans le Montreal Antiquarium, une notice biographique ornée d’un portrait.

Bagot (le très honorable sir Charles), allié au duc de Wellington, membre du conseil privé, ambassadeur à La Haye puis à Paris, gouverneur général de l’Amérique Britannique du Nord après la mort de lord Sydenham, arrivé à Kingston en 1841, fut chéri des Canadiens, et il y eut plusieurs pièces de vers écrites en son honneur lors de sa maladie, dans laquelle il eut un mieux trompeur.

Cet homme, dont la belle figure annonçait la bonté et la mansuétude, dut trouver doux de mourir au milieu des regrets manifestes de tout un peuple (1843).

Baillargé (Charles), ingénieur, descend d’une famille québecquoise dans laquelle les talents pour les arts et les mathématiques sont héréditaires.

La Revista Universale d’Italie disait de lui en 1877 : « L’ingénieur C. Baillargé est un des mathématiciens les plus remarquables de notre époque. Né au Canada, il jouit d’une renommée qui est répandue dans l’ancien et le nouveau monde. Ce qui l’a surtout fait connaître en Europe, a été la découverte d’une formule unique au moyen de laquelle on peut trouver le cubage, le volume d’un corps géométrique. » Après avoir été architecte du gouvernement de Québec, qui lui doit les nouvelles chambres du parlement, il fut nommé, en 1879, député-ministre des travaux publics à Ottawa. M. Baillargé est chevalier de la Légion d’honneur et aussi de l’ordre du Sauveur de Monte-Reale.

Baillargeon (Charles François), ancien curé de Québec, éyêque de Tloa in partibus et administrateur de l’archidiocèse de Québec, fut nommé coadjuteur à la suite du premier concile provincial, et sacré à Rome par le cardinal Fransoni, préfet de la Propagande ; il fut plus tard archevêque de Québec. Il mourut en 1870.

Baldwin — Voyez La Fontaine.

Barbier (Marie), deuxième supérieure générale de l’institut enseignant de la Congrégation de Notre-Dame, naquit à Montréal en 1663, et fut supérieure du vivant même de la sœur Bourgeois, dont elle était assistante en 1692. Sarrasin, médecin du roi, la guérit d’un cancer en 1700. Elle mourut en 1739, à 77 ans. Elle correspondait avec le célèbre Tronson. M. de Montgolfier a écrit sa vie.

Barre (François Charron de La), fondateur, en 1701, de l’Hôpital-Général de Ville-Marie et de l’ordre canadien des Frères Hospitaliers, vulgairement appelés Frères Charron. Leur supérieur avait obtenu une seigneurie en 1699, et l’ordre devint enseignant au moyen d’une gratification de 3,000 francs que lui fit avoir l’intendant Raudot en 1722. On retrouve dans les Documents de Paris le projet du sieur Charron pour l’enseignement de l’histoire et des métiers ; il tenta aussi d’établir des manufactures. M. de Pontchartrain, ministre d’État, avait défendu les vœux aux frères en 1705. M. Charron alla en vain à Versailles. L’ordre ainsi contrarié cessa d’exister avant la conquête et l’hôpital passa aux Sœurs de charité ou Dames Grises. M. de La Barre avait amené 60 hommes de France à Montréal ; M. de Belmont l’appelle « un grand hypocrite ». — Il ne faut pas confondre ce fondateur avec le sieur Charron, échevin à Québec lors de l’établissement momentané du système municipal en 1664, puis syndic des habitants, charge dans laquelle le sieur Jean Le Mire lui succéda. — Voyez Lefebvre.

Barthe (J. — G.), littérateur qui nous a donné Souvenirs d’un demi siècle, et Le Canada reconquis par la France, ouvrage qui attira beaucoup de critiques à son auteur, mais qui n’était pas cependant dépourvu de mérite.

Barthe (Ulric), rédacteur de l’Électeur. Il vient de faire paraître un intéressant volume intitulé : W. Laurier à la tribune, recueil des discours prononcés par cet éloquent chef de parti. M. Barthe est un littérateur qui promet pour l’avenir.

Batchelor (George), philologue américain, natif de Québec, et l’un des fondateurs de l’Institut canadien à Montréal, en 1844, depuis professeur à l’école normale de New-York. Il a publié avec Andrews des travaux de grammaire qui ont cours aux États-Unis. Député à la convention canadienne de Chicago en 1872, personne n’a plus contribué à la réunion de Montréal, en 1874, et à la célébration imposante de notre fête nationale.

Beauchène (R. Chevalier dit de), dont Lesage a fait le héros du roman intitulé : Les aventures de M. R. Chevalier dit de Beauchène, capitaine de flibustiers de la Nouvelle-France. On le trouve dans le quatrième volume des œuvres de Lesage, édition d’Amsterdam, 1783.

Beaucours. — Voyez Créqui.

Beaugrand (Honoré), propriétaire de la Patrie de Montréal, ci-devant domicilié aux États Unis, où il rédigeait en 1874 l’Écho du Canada à Fall River. Il a publié chez nos voisins, en 1878, Jeanne la fileuse, roman-nouvelle relatif à l’émigration canadienne aux États-Unis, qui lui a valu l’éloge du Courrier. Cette production a beaucoup des qualités de Jean Rivard le défricheur, de Gérin-Lajoie. Il fut maire de Montréal en 1885 et 1886. M. Beaugrand est officier de la Légion d’honneur.

Beauharnois (François de), chevalier, seigneur de La Chaussay, Beaumont et autres lieux, conseiller du roi en ses conseils, septième intendant de la Nouvelle-France. Louis XIV érigea en baronnie en sa faveur, en 1707, le Port Maltais en Acadie, sous le nom de Beauville. On a confondu mal à propos ce dignitaire avec Charles, marquis de Beauharnois, fils naturel de Louis XIV, gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France.

Beaujeu (de), maison canadienne du sang le plus illustre de France. Le premier membre qui se soit fait connaître en Canada est Daniel Liénard de Beaujeu, chevalier de l’ordre militaire de St-Louis, capitaine des troupes de la marine, né vers 1710, seigneur sur la rivière Chambly en 1733. Il eut, le 9 juillet 1755, la gloire de préserver par une victoire signalée le Canada attaqué par le fameux général Braddock, élève de Marlborough, et recommandé spécialement pour cette entreprise par S. A. R. le duc de Cumberland. Ce vieux général, parti à la tête de 3, 000 hommes, s’avançait hardiment à travers les forêts et les montagnes, quand le chevalier de Beaujeu lui dressa une embuscade avec 350 Français et Canadiens et le double de sauvages sous les chefs Athanase et Pontiac, ce dernier depuis si fameux. Il alla se poster à Mononghahéla, dans un défilé où Braddock devait passer, à trois lieues du fort Duquesne. Ce capitaine, inaccoutumé à la guerre d’Amérique, continua à s’avancer sans méfiance en dépit des prudents avis de Washington et des officiers provinciaux, et vint donner tête baissée dans le piège. Les Canadiens et les sauvages, inaperçus, firent une décharge générale sur l’avant-garde, qui se replia précipitamment sur le corps de bataille. Braddock eut trois chevaux tués sous lui avant que d’avoir pu remédier au désordre, et reçut un coup mortel. Le colonel Washington, destiné à devenir une des principales figures de l’histoire, retraita alors précipitamment, entraînant dans sa fuite le colonel Dunbar et l’artillerie, qui n’avaient pas combattu. Il ne s’arrêta qu’à Albany, où il ramena 1600 hommes. Mais les instructions de Braddock, le bagage et une partie du canon restèrent sur le champ de bataille avec près de la moitié de l’armée expéditionnaire. Les uns disent que le chevalier de Beaujeu fut grièvement blessé ; d’autres, qu’il fut tué en remportant cette impérissable victoire où les siens étaient un contre trois. Le fait est qu’il mourut de ses blessures et fut inhumé le 12, comme le porte un ancien registre du fort Duquesne dont le commandeur Viger possède une copie. Il avait communié avant la bataille.

Daniel Liénard de Beaujeu, fils, lieutenant dans les troupes de la marine, obtint une nouvelle seigneurie et recouvra celle de son père, qui avait été réunie au domaine du roi, faute sans doute d’avoir été mise en valeur ; le vainqueur de Mononghahéla n’avait donc pas été traité aussi favorablement que Regulus. Louis Liénard de Beaujeu, écuyer, capitaine d’infanterie, fut aussi seigneur sur le lac Champlain, avec haute, moyenne et basse justice. — Lors de la conquête du Canada par les Anglais, quelques membres de cette maison passèrent en France et y furent de plus en plus élevés. L’un d’eux, que nous avons peut-être nommé plus haut, car il s’agit encore d’un officier de marine, après s’être distingué dans la colonie, fut le compagnon d’armes de Lapérouse à l’expédition de la Rivière-Rouge en 1782, en qualité d’aide-major des troupes. En 1793, il fut l’un des 80 gentilshommes qui défendirent si héroïquement la redoute de Béthune contre les républicains, et mourut comte de Beaujeu. — En Canada, un des descendants du vainqueur de Mononghahéla s’acquit la réputation d’un grand patriote en 1775 et tant que les Américains eurent un pied dans le pays. Malgré la répugnance que les censitaires montrèrent généralement à prendre les armes sous leurs seigneurs, son influence fut telle, qu’il en réunit près de mille avec lesquels le capitaine général Carleton partit de Montréal pour tenter de descendre sur l’autre rive du fleuve, où était les avant-postes de Montgomery. Il partagea en cette occasion le désappointement du général, mais loin de se décourager de cet insuccès qui eût dû, ce semble, étouffer le mouvement à son principe, il conserva ou rallia 350 hommes sous sa bannière, s’attacha avec eux aux pas des Américains, et les suivit jusqu’à Québec. Il les harcela constamment sans se rebuter du mauvais esprit d’une partie de la population et parvint même à lier ses opérations avec celles du général. C’est un témoignage que lui a rendu Roux de Rochelle, ministre de France aux États-Unis, dans son livre sur l’Amérique : « Un détachement que ce gouverneur fit passer sur la rive droite du St-Laurent, se joignit à quelques compagnies de volontaires canadiens commandés par de Beaujeu, et leur active vigilance surprit en effet plusieurs convois américains. » J. P. Saveuse de Beaujeu fut sommé au Conseil législatif par le roi en 1829, sur recommandation de sir James Kempt. L’honorable George René Saveuse de Beaujeu, son fils, aussi membre du conseil, seigneur de Soulanges et de la Nouvelle-Longueuil, propriétaire de plusieurs townships, succéda au dernier comte de Beaujeu, mort à Paris en 1846.

Bedard, famille canadienne fertile en hommes de talents, a fourni deux juges, un supérieur du séminaire de Québec, et un membre distingué de la communauté de St-Sulpice. Pierre Bedard, célèbre patriote, né à Québec en 1763, s’opposa en 1790 au projet de changement de la tenure des terres. Il entra au barreau quand les Canadiens, d’abord proscrits dans leur propre pays, purent y être admis, et fut élu membre du premier parlement canadien en 1792. Devenu chef de l’opposition sous le gouvernement de Craig, il fut un des fondateurs de la gazette publiée sous le nom de Canadien, et dont l’apparition jeta l’alarme dans le parti anglais. Il y répandit des connaissances constitutionnelles considérables pour l’époque, et donna le premier l’idée d’appliquer à la colonie le principe du gouvernement responsable. D’ailleurs il remplit ou laissa remplir sa gazette d’écrits violents, de sarcasmes et d’épigrammes dirigés contre le peu endurant général et ses créatures. Elle fut saisie illégalement le 17 mars 1810, et Bedard incarcéré en vertu d’un ordre signé par trois membres de l’exécutif. On sait qu’il demanda constamment et sans crainte son procès, et qu’il résista longtemps aux séductions de Craig, qui finit par s’en trouver embarrassé, et qui voulut l’élargir sans passer par les formes de la justice. Ce tyran lui envoya son frère, curé de St-Joachim ; mais Bedard répondit, par écrit, que s’il pouvait être convaincu de faute par homme au monde, il en ferait l’aveu ; mais que n’étant point convaincu, il n’avait qu’à se résigner à son sort. Ce patriote fit preuve en cette occasion d’une grandeur d’âme peu commune ; mais le gouvernement finit néanmoins par le gagner en le nommant juge résident des Trois-Rivières. Devenu dès lors impopulaire, il fut accusé, mais sans succès, de hauts crimes et délits dans l’exercice de la magistrature, par cette même chambre d’assemblée où il avait régné (1818). Toute cette famille a fait preuve de talent pour la philosophie : la politique et la magistrature n’empêchèrent point Pierre Bedard de s’y livrer, et Lebrun, dans le Tableau statistique des deux Canadas, mentionne ses Observations critiques sur les ouvrages de l’abbé de Lammenais et de M. de Bonald, et son Traité du droit naturel démontré par des formules algébriques, à peu près comme Bodin dans sa République prétend démontrer sa politique harmonique. Cet illustre Canadien mourut en 1827. Isidore, son fils, membre du parlement provincial pour le comté de Saguenay, mourut à Paris en 1833. Il décelait un beau talent poétique. — Elzéar, membre du parlement provincial et père putatif des 92 résolutions, premier maire de Québec, juge puîné de la cour du banc de la reine, se déclara avec le juge Panet en faveur des demandes d’habeas corpus en 1838, en substituant le statut de Charles II à l’ordonnance provinciale de 1784. Il fut suspens, puis réhabilité. Il passa alors de Québec à Montréal, où il eut une dispute de préséance avec l’honorable Charles Dewey Day, laquelle fut portée en Angleterre. Le premier ministre La Fontaine lui apporta sur son lit de mort, durant la dernière apparition du choléra, la décision du gouvernement anglais en sa faveur. — Voyez Papineau.

Bedout (Jacques), célèbre marin canadien au service de la république française, était fils du sieur Bedout, conseiller au conseil souverain de Québec et seigneur en 1752. Il naquit en cette ville le 14 janvier 1751, et passa en France à douze ans lors de la cession du Canada à l’Angleterre (1763), en compagnie de plusieurs autres enfants, destinés comme lui à devenir des hommes célèbres. Ses dispositions le portèrent à embrasser la vie de marin, et il se signala tellement dans la guerre d’Amérique (1776 à 1782), qu’il obtint une frégate. Sous la république il devint capitaine de haut bord. L’action malheureuse de l’île Croix, en 1796, lui mérita cet éloge de Fox dans la Chambre des Communes d’Angleterre : — « Le capitaine du Tigre, combattant pour l’honneur de sa patrie, a rivalisé en mépris de la mort avec les héros de la Grèce et de Rome. Il a été fait prisonnier, mais couvert de gloire et de blessures ! » Il combattit contre trois vaisseaux[2]. Délivré à la paix d’Amiens, il s’attira l’estime des Bruix, des Décrès et des Jaucourt, qui occupèrent successivement le ministère de la marine, et mourut contre-amiral en 1816, âgé de 67 ans. Bedout ne fut pas le seul Canadien qui honora la marine française à cette époque. Outre le marquis de Vaudreuil et le vice-amiral Martin, dont on pourra lire les articles, André de l’Échelle, né à Montréal le 2 décembre 1759, mourut en 1818 capitaine de vaisseau, et Michel Péloquin, né à Québec en 1753, mourut la même année et dans le même grade à Brest.

Begon (Michel), chevalier, conseiller au parlement de Metz, huitième intendant de la Nouvelle-France (1712), était parent de Colbert. Le marquis de Seignelay lui procura successivement l’intendance des îles françaises et la nôtre. Il est célèbre par son cabinet de médailles, d’antiques, d’estampes et de coquillages recueillis dans les quatre parties du monde, par sa bibliothèque, et pour avoir fourni à Perrault les matériaux pour l’Histoire des hommes illustres de France. Les plus instruits l’estimèrent et les peuples l’aimèrent comme un des intendants les plus désintéressés, dit la Biographie universelle.

Belestre (Picoté de), maison canadienne dont le premier membre connu vint de France à Ville-Marie en 1659, selon M. de Belmont. Il figura dans deux affaires contre les Iroquois. Un autre quitta Québec pour servir à Terre-Neuve en 1706 avec MM. de Beaucourt, de Linctot, de Villedéné et cent Canadiens. On trouve son éloge dans une lettre de M. de Costebelle contenue dans les Documents de Paris, ce qui n’empêcha pas qu’il fût pris par les Anglais avec son détachement et conduit à St-Jean. Il fut échangé et s’empara de la baie de la Trinité en 1710. — Son fils se signala tellement qu’il devint chevalier de St-Louis et commandant du Détroit et des postes qui forment aujourd’hui l’État du Michigan. Il fit des courses dans le pays ennemi, battit les Anglais dans une sortie en 1756, et conserva ce poste à la France. Mais en 1760, il fut enveloppé dans le malheur général. Le major Rogers, lieutenant d’Amherst, lui ayant envoyé l’officier Brehm pour l’induire à se rendre, il méprisa cette sommation et harangua les sauvages ; mais le capitaine Campbell, deuxième envoyé, lui ayant apporté la capitulation de Montréal avec une lettre du marquis de Vaudreuil, il se rendit le 29 novembre. M. de Vaudreuil lui donnait de bonnes nouvelles de la santé de madame de Belestre, demeurée à Montréal, et lui disait qu’il espérait le revoir en France avec tous ses officiers. Cette lettre se retrouve dans la Saberdache du commandeur Viger. Le chevalier de Belestre ne quitta point son pays. Tant que les Canadiens furent éloignés des charges publiques, il cultiva son champ comme Cincinnatus, et dans les jours meilleurs, il fut sénateur et surintendant des voies publiques. On le trouve à la pose de la première pierre de N.-D. de Bonsecours, avec deux autres chevaliers de St-Louis, en 1773. En 1775, lors de l’invasion américaine, c’en était fait du Canada, si l’ennemi eût pu se saisir du poste frontière de St-Jean, où il n’y avait point de garnison. Il offrit ses services à Carleton et la noblesse voulut marcher sous les ordres de ce vétéran. Picoté de Belestre reprit St-Jean, qui était tombé aux mains de l’avant-garde américaine, et reçut les remerciements publics de Carleton. Il remit alors le poste au major Preston, envoyé avec des troupes ; mais il resta au poste du danger avec ses compagnons d’armes, repoussa dans un combat le général Schuyler, qui abandonna son armée, et défendit pendant 45 jours contre Montgomery, maître du fort Chambly, cette bicoque qui avait fait éprouver cinq mois de retard à l’armée envahissante : St-Jean était un fort en bois ! Le chevalier de Belestre vit la constitution et fut du nouveau conseil législatif. Sa demoiselle épousa le major McDoell, de l’armée régulière.

Belleau (sir Narcisse Fortunat), premier lieutenant-gouverneur de la province de Québec en 1867, après la confédération des colonies britanniques de l’Amérique du Nord. Le chevalier Belleau est encore notre contemporain et celui de son cinquième successeur.

Bellenger (Joseph Marie), amateur assez distingué de connaissances bien diverses : poésie, agronomie, mathématiques. Né à Québec en 1788, instruit au séminaire, où il versifiait, il fut l’un des premiers membres de la Société littéraire et historique. Collaborateur actif de la Bibliothèque canadienne de Bibaud de 1825 à 1830, il a été de 1845 à 1848 rédacteur des Mélanges religieux. Mort près de Montréal en 1856.

Bellerive (le sieur St-Onge de), gentilhomme canadien, guide du P. Charlevoix, qui parle de lui avec éloge, demeura commandant du fort Chartres et du pays des Illinois après la conquête, par le départ de Noyon de Villiers pour la Louisiane. Sa position était difficile, puisque, avant que de pouvoir remettre son poste aux Anglais, il eut à amuser par de feintes négociations le farouche Pontiac, qui voulait l’engager dans la lutte contre la Grande-Bretagne. Il se tira habilement d’affaire et mérita les remerciements du général Gage pour les efforts qu’il fit pour sauver le major Loftus, vaincu par les Indiens. Après la cession de la Louisiane à l’Espagne, il offrit ses services aux Espagnols, succéda à M. de Laclède dans le commandement de St-Louis et donna une sépulture à Pontiac assassiné. On a de lui : Harangue faite à la nation illinoise et au chef Pontiak par M. de St-Onge, capitaine, commandant au pays des Illinois pour S. M. T. C, au sujet de la guerre que les Indiens font aux Anglais, le 18 avril 1765, dans les Documents de Londres. M. Francis Parkman, auteur de la Conspiration de Pontiac, a eu sous les yeux la correspondance de cet officier avec MM. d’Abbadie et Aubry, et en a tiré plusieurs éclaircissements sur les motifs de cette guerre.

Belmont (François Vachon de), bachelier de Sorbonne, vicaire général, quatrième supérieur et seigneur de Montréal après messire François Lefebvre, n’était pas encore prêtre quand il vint dans le pays, et fut le premier instituteur des sauvages de la montagne. Ce fut lui qui en 1683 ou 1684 fit construire le fort en pierres dont on voit les restes et dont une des courtines était attenante à une enceinte en pieux qui renfermait une chapelle et une maison des sœurs de la Congrégation. Cette enceinte avait été faite par M. Galinier pour la sûreté des néophytes. En 1710, M. de Belmont bénit solennellement le drapeau avec lequel le baron de Longueuil marcha aux Anglais. Il écrivit 1o Éloges de quelques personnes mortes en odeur de sainteté à Montréal en Canada, 1722, dédiés à M. Le Pelletier, abbé de St-Aubin, et depuis supérieur général de St-Sulpice ; 2o une petite Histoire du Canada, qu’on retrouve à la Bibliothèque Royale ; 3o La guerre des Iroquois. Il mourut en 1732.

Berrey (Félix de), dernier supérieur et commissaire général des Franciscains réformés en Canada, était d’extraction noble et fils de François de Berrey, sieur des Essarts, officier dans les troupes de la colonie. Il naquit à Montréal en 1720 et fut baptisé le 10 juin, non sous le nom de Félix, comme le remarque le commandeur Viger, mais sous ceux de Claude Charles. Ordonné prêtre en 1743, il desservit St-François du Lac, puis Chambly avant que d’être élevé à la première place, réclama contre la proposition de M. de Lacorne St-Luc d’exclure les communautés religieuses du bénéfice de l’habeas corpus, et mourut à Québec le 18 mai 1800, âgé de près de 80 ans et après 56 années de prêtrise. C’était un homme de grands talents et doué d’une vaste érudition.

Berthelot, ancienne famille canadienne. — François Berthelot, conseiller du roi, secrétaire général de l’artillerie, poudres et salpêtres de France, fut comte d’Orléans ou de St-Laurent en Canada, île qu’il avait achetée de l’évêque de Pétrée, et qui fut érigée en sa faveur en fief de dignité vers l’an 1700 sous le nom de comté de St-Laurent. Il eut pour vassaux, à l’île Jésus, les Jésuites qui lui doivent prestation d’écu d’or tous les dix ans. — Berthelot de Beaucourt, qui commanda souvent les milices canadiennes, fut gouverneur de Montréal en 1733 et l’était encore en 1744. — Les Berthelot d’Artigny se signalèrent aussi à la guerre. Amable, bibliophile et érudit, membre de la Société littéraire et historique de Québec, avait fait en Canada et en France l’acquisition d’une magnifique bibliothèque, précieuse surtout pour les ouvrages concernant l’Amérique. Excellent parleur au parlement provincial, dont il était membre, s’il ne sut pas plus que d’autres prévoir les suites inévitables d’une politique outrée, il les déplora à temps et mourut retiré en 1848. Il recueillit les matériaux d’une histoire du Canada, et on a de lui : 1o Dissertation sur le canon de bronze que l’on voit dans le musée Chasseur, Québec, 1830 ; 2o Dissertation sur la découverte des restes de la Petite-Hermine, avec une carte de Québec, 1844 ; 3o Essais d’analyses grammaticales suivant les principes de l’abbé Girard, Québec, 1847. C’est une savante grammaire. Dans son bon morceau de critique de 1830, il prouve que Jacques Cartier n’a pas fait naufrage sur un rocher auquel la tradition a conservé le nom de roche de Jacques Cartier.

Biart (P.), premier supérieur des missions de la Compagnie de Jésus dans la Nouvelle-France, ne vint toutefois que dans l’Acadie (1611). Son mémoire, écrit à la prière de Louis XIII, ouvre la série des relations des Jésuites.

Bibaud. — Ce nom remonte à la concession que Louis le Grand fit en 1664 à la Compagnie des Indes Occidentales des pays de la terre ferme de l’Amérique depuis la rivière des Amazones jusqu’à l’Orénoque, — les Antilles, l’Acadie, le Canada, Terre-Neuve, en seigneurie, propriété et justice, avec pour armes « un écusson en champ d’azur semé de fleurs de lis d’or sans nombre, deux sauvages pour support, et une couronne tréflée ». Un Bibaud se trouvait parmi les directeurs de cette compagnie suzeraine, et sa signature se lit sous deux actes imprimés dans les Édits et ordonnances royaux publiés en Canada en 1803 et en 1854. — Michel Bibaud, premier historien canadien-français du Canada et restaurateur de la presse à Montréal, où il est mort le 3 août 1857, était né à la Côte-des-Neiges, près de cette ville, le 20 janvier 1782. Il entra au collège de St-Raphaël, ancien château Vaudreuil, aussi tard que 1800, M. Chicoisneau étant principal, et poursuivit ses études après l’incendie de cet établissement jusqu’à l’ouverture du nouveau collège sous M. Roque. Le grand juge O’Sullivan, le commandeur Viger, l’honorable Hughes Heney, les grands vicaires Viau, Demers, Cadieux, Mignault et St-Germain furent ses condisciples. Michel O’Sullivan lui disputait seul la première place. À peine eut-il terminé ses classes qu’il se livra à l’enseignement et aux lettres. Parmi ses élèves se trouvent les juges La Fontaine, Morin et Bruneau et les demoiselles de lord Selkirk. Après avoir contribué à la rédaction du Spectateur, établi en 1813, il fonda en 1815 ou 1816 l’Aurore des Canadas (un volume in-folio et deux volumes in-8o). Vint ensuite le Spectateur canadien, au milieu de nos luttes politiques. La politique en fut modérée, comme il s’en vante lui-même dans sa poésie intitulée : Étrennes du Spectateur canadien pour le 1er janvier 1829.

“The editor of the Spectateur canadien, disait le célèbre Jocelyn Waller, éditeur du Canadian Spectator, is not only a learned and able man, but a good natured and a complaisant man also.” Il avait cependant combattu l’union très fortement dans ses vers, et on lui donna un dîner public. Il publia ses poésies, qui sont le premier volume canadien du genre. Isidore Lebrun le mentionne honorablement dans le Tableau statistique des deux Canadas et le critique assez sévèrement dans la Revue encyclopédique de Paris, tout en reconnaissant que des poètes de province, en France, publient des recueils bien inférieurs à celui du poète canadien. L’auteur répondit dans le Magasin du Bas-Canada (2 tomes in-8vo), journal qui suivit la Bibliothèque canadienne ou Miscellanées historiques, scientifiques et littéraires, en plusieurs volumes, belle collection nationale commencée en 1825, et qui est malheureusement devenue très rare. Après le Magasin, qui diffère peu de la Bibliothèque, si ce n’est en ce qu’il est plus européen, vint l’Observateur canadien, en trois volumes, œuvre moins littéraire. Michel Bibaud travailla depuis à la Minerve, puis à l’Ami du peuple ; mais il ne fut plus propriétaire d’aucune feuille jusqu’à l’année 1842, qu’il publia l’Encyclopédie canadienne, en un volume. L’Abeille, qui lui est souvent attribuée, est de Mézière. Le premier jet de son Histoire du Canada avait paru dans la Bibliothèque. La domination française parut en volume en 1837, puis une seconde édition en 1844, suivie du premier volume de la domination anglaise. Il fut nommé magistrat durant les troubles politiques. MM. Vattemare et de Puibusque le visitèrent. La traduction du Journal d’agriculture et des rapports de la commission géologique occupèrent ses dernières années. Il avait conçu, au collège, du goût pour les sciences exactes, comme on peut en juger par sa poésie consacrée aux Savants de la Grèce et son Arithmétique vulgaire, marchande, scientifique et curieuse, publiée en 1816. La traduction des rapports géologiques, qui lui fait le plus grand honneur, l’obligea de devenir l’élève de sir W. Logan, et il s’enthousiasma de l’étude de la géologie et de la minéralogie. Celle de la langue grecque ne lui plaisait pas moins, quoiqu’il en eût vu très peu de chose au collège. Le plus agréable de ses ouvrages littéraires est le Voyage de Franchère, dont la rédaction lui est due. Il a été dernièrement traduit en anglais. Ses fils ont fondé, l’un, l’École de médecine, et l’autre l’École de droit et l’Institut polytechnique, dont il fut aussi un des premiers membres honoraires dans les classes des sciences et des lettres. Il avait eu la douleur de perdre, en 1839, Charles Edmond, son dernier fils, qui, à 13 ans, possédait l’histoire, était plein d’Homère, de Fénelon, de La Fontaine et de Fenimore Cooper, et commençait à versifier avec une facilité remarquable. On trouve de courtes notices de cet auteur dans le Journal de l’Instruction publique de Paris et dans le Dictionnaire bibliographique et critique d’Alibone, de Philadelphie, et sa famille conserve un bon portrait de lui.

Bibaud (Jean Gaspard), médecin, membre de la Société d’histoire naturelle et docteur ad eumdum des facultés Laval et Victoria, né à Montréal le 23 mai 1820. Instruit au collège urbain, il fut des derniers qui eurent l’avantage de suivre les cours des savants professeurs Sery et Larkin. Entre ses condisciples, il distingua en particulier C. de Boucherville, depuis premier ministre de la province, et Paul Denis, depuis principal à Montréal, puis à St-Charles de Baltimore, à qui il soumettait ses poésies de jeune homme. Adonné ensuite à l’étude de la médecine sous le docteur Curtius Trestler, son oncle, et sous le plus habile anatomiste de l’époque, le Dr Stephenson, dont il fut le clerc favori, il fut l’un des quatre élèves qui figurèrent en robes écarlates à l’inauguration du collège McGill, vers 1840. Le Dr Dick, démonstrateur d’anatomie, étant mort, il le remplaça momentanément avant que de faire partie de l’École canadienne nouvellement fondée, et dont il allait être deux fois président. Il fut l’un des premiers directeurs (governors) du Collège des médecins et chirurgiens et depuis, en 1861, président de l’Institut polytechnique, aussi en 1871 premier président de la Société médicale. En juillet 1873, l’abbé Provencher le signala comme adonné aux sciences naturelles dans la feuille périodique de Québec qui y est consacrée. En anatomie il a découvert une fossette derrière le ligament que Ginchuna a fait connaître, et sa découverte, nous dit le Dr O. H. Richer, est même connue en Europe sous le nom de fossa Bibaldi. Aussi après sa mort arrivée le 18 octobre 1881, lisait-on dans l’Union nationale de Manchester, New-Hampshire : « La mort du fameux anatomiste le Dr Bibaud a produit un profond regret chez tous les Canadiens qui ont connu le célèbre professeur. C’est une perte considérable pour la science, car le docteur passait à juste titre pour un des plus savants médecins de ce continent. » Quatre facultés de médecine suivaient le corbillard, les élèves portaient sur leurs poitrines un ruban portant l’effigie du défunt et fournirent une garde d’honneur. Le Dr Bibaud publiait en 1878 un volume posthume de l’Histoire de Bibaud, et il préparait une deuxième édition du premier volume canadien de poésies, auxquelles il aurait ajouté les siennes propres. Biographie dans l’Abeille médicale.

Bibaud (Maximilien), LL. D. — Voir les articles du dictionnaire d’Alibone, de Philadelphie, 1855, et celui des Celebrated Canadians de Henry Morgan, Québec, 1860, aussi la Bibliotheca Canadensis du même, 1867, Ottawa. En Europe, la Langue et la littérature française au Canada, par Eugène Réveillaud, Lausanne, 1885.

Biencourt (Jean de), baron de Poutrincourt, fondateur de Port-Royal, en Acadie, 1604, était fils de Florimond de Biencourt. Il était concessionnaire du sire de Monts. Il retourna momentanément en France en 1605, et l’on retrouve dans les archives des Biencourt les adieux en vers que Lescarbot lui adresse de Port-Royal. M. Rameau de St-Père le qualifie baron de St-Just : c’est plutôt Charles de Biencourt son fils qui arriva au Port-Royal et qui y mourut en 1623, empoisonné, dit-on. Il avait fait cession de ses titres à la seigneurie de Port-Royal à Charles Turgis de St-Étienne, sire de La Tour. La maison de Biencourt, encore subsistante, occupe à Paris l’hôtel Montmorency, par succession de la dernière des Montmorency. Le marquis de Biencourt a épousé une Fitz-James.

Bienville, branche de la fameuse maison des Le Moine. — François Le Moine, premier sieur de Bienville, fils de Charles Le Moine, sieur de Longueuil et de Châteauguay, né à Montréal le 10 mars 1666, fit captifs 80 Iroquois en 1691, et fut tué à Repentigny dans un combat contre ces peuples le 7 juin de la même année, à l’âge de 25 ans. — Jean-Baptiste, deuxième du nom, fondateur de la Nouvelle-Orléans, né le 23 février 1680, fut d’abord garde-marine et fit sept voyages de long cours sous d’Iberville, aux ordres duquel il combattit bravement sur terre et sur mer. Il passa en France, puis à la Louisiane (1699), et y servit durant vingt-sept ans. Gouverneur général de ce pays et directeur de la compagnie d’Occident, il fonda la Nouvelle-Orléans en 1717, cette ville destinée à devenir une des grandes cités du monde, et fit avec bonheur la guerre aux sauvages et aux Espagnols. Il défit l’escadre d’Alonzo Carascosa et reprit Pensacola. La guerre avec l’Espagne se termina en 1722, et il mit fin en 1730 à celle contre les Natchez, qu’il dompta ainsi que les Alibamons et d’autres tribus. On sait que le chef suprême des premiers, le Soleil, se prétendait, comme les Incas et l’empereur de la Chine, descendu de cet astre. M. de Bienville le força de construire pour les Français, au cœur de son pays, un fort auquel il donna le nom de Rosalie, en l’honneur de l’épouse du comte de Pontchartrain, qui protégeait les Lemoine. On trouve le portrait de cet illustre Canadien dans l’album du commandeur Viger : il est revêtu d’une cuirasse et décoré de la croix de St-Louis.

Black (Henry), C. B., né en 1797, mort en villégiature à Cacouna en 1873, était juge de la vice-amirauté à Québec et légiste profond, ce qui le fit distinguer par nos voisins et créer en Angleterre compagnon de l’ordre du Bain. Il avait été député et l’on connaît sous le nom de Black Act des améliorations à notre droit criminel.

Blair (A. G.), procureur général et premier ministre du Nouveau-Brunswick. Il est né à Fredericton, N.-B., en 1844, d’une famille originaire d’Écosse. Élu représentant à l’assemblée législative du Nouveau-Brunswick, pour la première fois, en 1878, il fut réélu quatre ans plus tard et appelé à former un cabinet en mars 1883.

Blaiserie (J. B. Curateau de La), prêtre sulpicien qui en 1765 ou 1766 donna suite, près de Montréal, à l’enseignement classique commencé à Montréal, en 1759, par les abbés Pressard et Gravé, réfugiés ici avec leurs meilleurs élèves à l’occasion du siège de Québec par les Anglais. En 1773, grâce à la Fabrique, il achetait de M. de Lotbinière le château Vaudreuil, et y établit le collège, qui s’était ouvert dans le presbytère de la Longue-Pointe. L’abbé de La Blaiserie mourut en 1790.

Blake (Edward) naquit au mois d’octobre 1833, dans le comté ontarien de Middlesex. C’est un homme de haute taille, à la solide charpente surmontée d’une tête massive, qui donne à première vue une idée de la vaste science qu’elle renferme.

On a reproché à M. Blake un peu de hauteur dans son caractère, mais ses amis savent que sous cette apparence qui repousse la familiarité se cache un grand fond de timidité, de cette timidité que les plus braves militaires éprouvent parfois dans la société des femmes du monde.

Un autre reproche que les adversaires de cet homme éminent lui ont adressé, c’est de manier une ironie impitoyable, qui parfois est poussée si loin que de nouveaux membres de la chambre en ont été comme accablés. Et pourtant rien de touchant comme de voir ce colosse — colosse au physique et sous le rapport de l’intelligence — adresser d’humbles et sincères excuses à ses collègues qui se plaignent qu’il a frappé trop fort.

La vérité est qu’il n’y a pas le moindre mélange de méchanceté dans la nature de M. Blake : mais son intelligence est si lucide, sa science si vaste, qu’avec la meilleure volonté, il est impossible à cet homme de descendre jusqu’au niveau moyen de l’intelligence des foules et que dans son impatience, il gronde ceux qui ne peuvent pas le suivre.

Avec ce mélange de rares qualités et des défauts de caractère qu’entraîne leur possession, M. Blake trouvera toujours des admirateurs dans tous les partis politiques ; mais peut-être éprouvera-t-il de la difficulté à s’entourer d’un grand nombre de partisans. Sa carrière politique donne d’ailleurs la clef de cette nature singulière, qui mérite à tant de titres d’être étudiée.

M. Blake fut d’abord à la tête de l’opposition libérale dans l’assemblée législative d’Ontario. Au mois de décembre 1871, il fut appelé à former le cabinet de cette province, et se réserva la présidence du conseil exécutif sans traitement. Huit mois plus tard, il envoyait sa démission de premier ministre et refusait la position de chancelier dans sa province ainsi que celle de juge en chef de la cour suprême de la Puissance. Vers la fin de 1873, il entra dans le cabinet fédéral de M. MacKenzie où il n’avait ni portefeuille ni traitement, et où il ne consentit d’ailleurs à rester que quatre ou cinq mois ; mais ce fut pour y rentrer en 1875, avec le portefeuille de la justice, qu’il rendit au bout de deux ans pour devenir président du conseil. Peu de temps après, sa santé l’obligea de se démettre de nouveau de cette position, et depuis lors, il n’a plus fait partie d’aucune administration. Mais il a commandé d’une manière brillante l’opposition à la chambre des communes.

D’après les opinions émises sur divers sujets par M. Blake dans les discours qu’il a prononcés à la chambre, on peut dire qu’il est en faveur du suffrage universel et de la plus entière liberté de la parole. Il voudrait qu’on privât pour quelque temps du droit de vote les électeurs qui négligent de l’exercer. Il préférerait que les sénateurs fussent élus par les provinces pour un nombre d’années ; mais tout en croyant que les relations actuelles entre le Canada et la Grande-Bretagne ne sauraient durer longtemps, il n’a pas trouvé encore la nouvelle formule sous laquelle les colonies pourraient continuer à graviter autour du Royaume-Uni.

Blanchet (François), mort en 1830, connu dans sa profession et dans la politique, étudia la médecine et fut gradué à New-York, où il publia un livre sur l’application de la chimie à la médecine. Membre du parlement, il fut de l’opposition, eut part à la rédaction du Canadien et fut arrêté par Craig, avec P. Bedard, Papineau, le fameux major Laforce et MM. Taschereau et Corbeil. Sir George Prevost, qui se guidait sur d’autres principes que Craig, le crut propre à remplir le haut emploi de surintendant des hôpitaux de la milice. On a de lui, outre son ouvrage sur la médecine : Appel au Parlement Impérial et aux habitants des colonies anglaises de l’Amérique du Nord sur les prétentions exorbitantes du gouvernement exécutif et du conseil législatif du Bas-Canada, par un membre de l’Assemblée législative, Québec, 1824. Tranquille sous les administrations populaires de Prevost et de Sherbrooke, il recommença la lutte sous Dalhousie. — J. B. Blanchet, né le 17 mars 1785 à St-Pierre de la Rivière-du-Sud, passa en Europe après avoir terminé ses études au séminaire de Québec. Depuis 1818, il étudia à Paris sous Dupuytren et Laney, et sous sir Astley Cooper à Londres, où il obtint le diplôme du collège des chirurgiens. De retour en Canada, il fut élu au parlement pour le comté de Québec en 1834, et fut successivement médecin visiteur à l’hôpital des émigrants et à l’hôpital de marine (1847). Après avoir été professeur de chirurgie à l’École de médecine, il devint doyen de la faculté de médecine de l’université Laval, lors de son organisation, et professeur de pathologie générale et d’institutes de médecine. La ville de Québec le députa au parlement en 1855. Il est mort le 22 avril 1857. Le Journal de l’Instruction Publique a reproduit son portrait. — Dans l’état ecclésiastique, les frères Blanchet ont fondé l’église de l’Orégon aux États-Unis. L’archevêque François Norbert est le véritable apôtre de ces régions, et s’est associé Augustin Magloire, son frère, chanoine, grand chantre de Montréal avant son élévation à l’épiscopat, et qui a pris d’abord le titre d’évêque de Walla-Walla, puis de Nesqualy.

Boiret (Urbain), supérieur du séminaire des Missions étrangères à Québec avant Mgr Hubert, était de Senlis, et vint en Canada en 1754, malgré les instances que fit pour le retenir Mgr de Roquelaure, son évêque, membre de l’Académie française. Il professa avec distinction la théologie au séminaire durant 25 ans, et mourut à Québec, au mois de décembre 1774.

Bois (L. E.), prêtre, curé de Maskinongé et de St-Justin au diocèse des Trois-Rivières, né à Québec le 12 septembre 1813, ordonné en 1837, archéologue distingué et compilateur ou éditeur de plusieurs publications, a étudié aux collèges de Québec et de Ste-Anne où il a été professeur. Les notices biographiques des évêques de Québec, Laval et St-Vallier, du commandeur de Sillery et du docteur Sarrasin, et l'Éloge de Montcalm, avec l’État de l’Église et la collection complète des Relations des Jésuites, à laquelle il a eu une grande part, forment déjà, en dépit de quelques erreurs, une collection plus variée, plus large et autrement importante que les fragments archéologiques mis au jour en Canada avant lui. Il aura encore le mérite d’avoir fourni beaucoup de données pour le Panthéon canadien.

Boisbriand (Dugué de Boisbriand et Boisbriand de la Durantaye), illustres familles canadiennes. — M. de Belmont parle beaucoup d’un Dugué qui commanda les milices canadiennes dans maintes expéditions, mais spécialement dans celle du marquis de Denonville contre les Iroquois ; il rallia le bataillon de Berthier dans l’embuscade et rétablit le combat (1687). On ne doit probablement pas le confondre avec Dugué de Boisbriand, compagnon d’armes du fameux d’Iberville, qui le laissa commandant au fort Bourbon. Celui-ci se signala encore dans les guerres de la Louisiane, particulièrement en 1722, et fut gouverneur du pays des Illinois. — Le premier Boisbriand de La Durantaye connu était commandant de Michillimakinac en 1686, quand le marquis de Denonville l’appela à lui avec les Outaouais pour prendre part à sa fatale expédition. En 1687, il fit captif le chef Grégoire et ses guerriers et 60 Flamands qui faisaient la traite au détriment des Français et qui auraient nullifié leur système d’alliance avec les nations, incités par La Fontaine Marion[3], que Denonville fit fusiller, et d’autres traîtres. Il mourut du scorbut à Niagara en 1688. Un autre Boisbriand de La Durantaye fut aussi commandant de Michillimakinac et des Outaouais et chevalier de St-Louis. L’intendant de Champigny faisait son éloge dans une lettre de 1691 reproduite dans les Documents de Paris. Cette famille est aujourd’hui bien déchue.

Bonne (Pierre Amable de), célèbre magistrat canadien au commencement de ce siècle, seigneur de Saint-François, Choisy et autres lieux, descendait du sieur de Bonne de Mizèle, capitaine au régiment de Condé et seigneur canadien, neveu du marquis de La Jonquière. Il fut aussi seigneur, juge, colonel de la milice de Beauport durant la dernière guerre, membre du conseil exécutif en 1794, et aussi de l’assemblée législative, où il s’opposa à la motion de M. Cuthbert pour l’abolition de l’esclavage. Il fut plusieurs fois réélu. La majorité vit en lui le chef du parti canadien du château en chambre, et agita la question de l’expulsion des juges, comme créatures du gouvernement. Elle rédigea un bill à cet effet. Le conseil législatif l’amenda. L’assemblée, piquée, l’abandonna et se permit de déclarer vacant, par un simple vote, le siège du juge de Bonne, qu’on avait attaqué personnellement par le bill, car il était le seul magistrat qui fût membre. Craig n’hésita point à dissoudre une chambre à prétentions aussi exorbitantes, mais M. de Bonne ne se fit pas réélire et tira ainsi sir George Prevost d’un grand embarras. Il eut avec le grand juge Osgood un autre démêlé dans lequel sir R. S. Milnes lui donna gain de cause. Quoiqu’il eût été à la tête du comité nommé pour présenter une adresse à S. A. R. le prince Édouard, et qu’il votât avec le gouvernement, M. Ryland ne l’aimait pas et lui fait un crime d’avoir envoyé son fils servir sous Bonaparte. Un boulet de canon pourvut sans doute à tous ses besoins, puisque le père mourut sans enfants et que sa grande fortune a été l’objet d’un long litige en Canada et en Angleterre. Le juge de Bonne était un bon orateur dans son temps et il eut du mérite dans la rédaction des lois, qui était plus passable alors que de nos jours. On connaît encore le Dr de Bonne, qui après avoir été gradué en Europe, fut médecin de l’Hôtel-Dieu et engagé par le gouvernement pour traiter les patients attaqués du mal dit de la Malbaie.

Borgel (Rosalie), ou sœur Marie St-Maurice, fondatrice de la maison des sœurs de la Présentation de Marie au diocèse de St-Hyacinthe en 1843. Cet institut fut fondé au milieu même de la révolution française par Marie-Anne Rivier.

Borgia (Joseph Levasseur), patriote canadien, d’origine italienne, avocat de profession, élu membre de plusieurs parlements provinciaux, fut un des membres les plus modérés de l’opposition, bien que Craig le destituât de son grade dans la milice en 1810. C’était un sage. Plus taciturne que Bourdages, il sut s’abstenir de tout excès. Il ne vota point pour l’expulsion des juges, mais il fut pour celle de M. Christie. Il fut membre du comité du budget en 1818.

Boucher (Pierre), sieur de Grosbois, gouverneur des Trois-Rivières, lieutenant général du grand sénéchal de la Nouvelle-France en la sénéchaussée de cette ville, puis juge royal, ancêtre des Boucherville, signe ainsi lui-même dans la concession d’une seigneurie par lui faite. Ce fut la défense de cette ville naissante contre les Iroquois, qui lui valut des lettres de noblesse. « L’aïeul de tant d’honorables familles du Canada, le capitaine Pierre Boucher, s’y est couvert des lauriers de la gloire humaine par sa valeureuse défense de la citadelle trifluvienne, au mois d’août 1653 », dit M. de La Roche-Héron. Le baron d’Avaugour l’ayant choisi en 1661 pour porter ses dépêches à la cour et supplier Louis XIV de prendre la colonie sous sa protection, il obtint de ce prince un secours de quatre cents soldats. C’est ce que portent ses propres mémoires, quoiqu’on ait dit que ce furent les habitants du pays qui le députèrent en France. Il profita de ce voyage pour publier l'Histoire naturelle et véritable de la Nouvelle-France dite Canada, Paris, chez Florentin Lambert, petit in-12. Elle est précédée d’une Epître à Monseigneur Colbert, datée aux Trois-Rivières le 8 octobre 1663. « C’est une notice assez superficielle mais fidèle du Canada », dit Charlevoix. Ce qui en fait le principal mérite est la simplicité naïve du style. Ce patriarche canadien mourut en 1717 à un âge fort avancé, mais sur lequel ceux qui ont écrit sont peu d’accord, laissant quinze enfants. Sa postérité devint un grand arbre. La branche aînée conserva le nom de Boucherville ; les autres furent les Boucher de Montarville, de Niverville, de Verchères, de LaBruère, de La Périère, de La Broquerie, de Montizambert, etc. Le Père Lelong et l’abbé Langlet ont confondu mal à propos Pierre Boucher avec le P. Boucher, jésuite. — François Pierre de Boucherville, son petit-fils, né à Boucherville le 9 juin 1687, épousa à Montréal, le 14 septembre 1731, demoiselle Marguerite Raimbault, et mourut à Boucherville le 10 septembre 1767. Ses services militaires lui méritèrent le gouvernement du Détroit et l’ordre de St-Louis. On a de lui dans la Bibliothèque canadienne de Bibaud : Relation des aventures de M. de Boucherville à son retour des Sioux en 1728 et 1729, suivie d’observations sur les mœurs des sauvages. M. de Boucherville, sans être puriste, écrit avec cette facilité et cette aisance ordinaires aux gentilshommes. On trouve dans sa relation quelques faits remarquables, et il fut témoin de l’assassinat de Pemoussa, chef qui s’était fait un grand renom. — René Antoine, son fils, né à Cataracouy le 12 février 1735, épousa à Montréal, le 6 juin 1770, demoiselle Madeleine Raimbault St-Blain, se signala contre les Américains dans la première guerre américaine et fut chargé par la noblesse de faire valoir ses réclamations auprès du Courrier de Londres. Il fit partie de l’ancien conseil législatif puis de la chambre haute, sous l’empire de l’acte constitutionnel, remplit la charge de grand voyer, et mourut à Boucherville le 2 septembre 1812. — Pierre A. B., son fils, mort le 30 novembre 1857, était né à Boucherville le 23 octobre 1780, et avait épousé, le 4 octobre 1812, demoiselle Marguerite Amélie Sabrevois de Bleury. Il fut aide de camp provincial sous sir George Prévost et était un des membres les plus influents du conseil législatif. Thomas René Boucher Verchères de Boucherville, seigneur de Verchères, par alliance sans doute avec l’illustre famille de ce nom, était son frère et est mort quelques jours seulement après lui. Il fut employé à la compagnie du Nord-Ouest et fut blessé en 1812 à côté du fameux Técumseh, qui était son ami. — Boucher de La Périère, qui se signala fort contre les Anglais en 1708, est peut-être le même qui fut gouverneur de Montréal. — Boucher de La Broquerie appuya par mer les opérations du marquis de Montcalm. — Le chevalier de Niverville partagea tous les dangers de Carleton dans sa fuite merveilleuse de Montréal à Québec en 1775. Cette branche fut ruinée par les procédés frauduleux et partiaux de l’arpenteur général Collins, comme on le voit par une consultation de Cugnet. — La cathédrale anglicane de Québec contient un obélisque en marbre d’Italie érigé à la mémoire de George E. Montizambert, major au centième régiment d’infanterie de S. M., tué en encourageant ses soldats à l’assaut glorieux de Moultan sous lord Gough. Il était entré au service en 1831 et avait fait la guerre de l’Afghanistan. — La postérité de Pierre Boucher ne se répandit pas seulement sur toute la surface du Canada, mais aussi à la Louisiane, par alliance avec la famille de Muy, originairement canadienne.

Boucher-Belleville (Jean-Baptiste), né à Québec en 1761, étudia au séminaire de cette ville et fut ordonné en 1787. Il a été durant 47 ans curé de Laprairie, où il est mort le 6 septembre 1839, dans sa 78e année. On lui doit : 1o le Cantique à l’usage des Missions, qui a eu onze éditions, dont la première fut dédiée à Mgr D’Esglis, puis la seconde à Mgr Denaut. Dans ce recueil, « Nous vous invoquons tous » et quelques autres cantiques sont de lui ; 2o Manuel abrégé de controverse, traduit de l’anglais de J. Mannock, Québec, 1806, imprimé aux frais de Mgr Plessis ; 3o un volumineux recueil d’homélies et d’instructions familières, manuscrites. Il eut aussi part au catéchisme de Mgr Plessis.

Bouchette (C. L.), père de l’arpenteur général, étant capitaine du brigantin Le Gaspé, eut une heureuse part à la conservation du Canada en 1775, en sauvant le général Carleton des mains de Montgomery, qui lui avait coupé la retraite sur Québec. Il lui fit prendre le costume d’un habitant de la campagne, ou d’un pêcheur, selon M. Adolphus, et le fit embarquer dans un esquif ou bateau léger dont il avait eu la précaution de faire couvrir les bords de même qu’une partie des rames avec de la flanelle, et en voguant ainsi sans bruit au milieu de l’obscurité, on put traverser la flottille américaine et parvenir sans accident aux Trois-Rivières, tandis que le général Prescott était fait prisonnier avec les troupes. L’hôtellerie où le gouverneur descendit se trouva remplie d’Américains, mais grâce au ton familier que sut prendre avec lui l’ingénieux et loyal Bouchette, il ne fut pas reconnu et put partir pour Québec. Le gouvernement ayant établi un dépôt de marine dans le Haut-Canada en 1784, le capitaine Bouchette commanda sur les lacs avec le rang local de commodore. — Joseph, son fils, lieutenant-colonel de la milice, arpenteur général, membre correspondant de la Société des arts de Londres, qui lui présenta une médaille d’or, président de la Société pour l’encouragement des arts et des sciences, vice-président de la Société littéraire et historique, naquit à Québec le 14 mai 1774. Son père le destinait à la marine et l’emmena sur les lacs, où il employait ses loisirs à lever des plans, ayant été employé comme dessinateur au bureau de l’arp. gén. en 1790. En 1796, il commanda un navire de 30 hommes d’équipage entre Québec et Montréal. Il entra la même année dans le régiment des Volontaires Canadiens Royaux, où il devint lieutenant. On l’envoya à Halifax avec un détachement en 1799. Il passa de ce régiment dans le septième des Fusilliers, où il fut nommé adjudant. Ayant quitté l’armée en 1802, il fut nommé député-arpenteur, puis arpenteur général l’année suivante en 1804, qu’il reçut sa commission sous la signature du roi. Il travaillait dès lors à ses cartes. S. A. R. le duc de Kent l’honora de son amitié et de sa protection et le mit à même de faire les plus vastes recherches sur la géographie et la topographie de son pays. Le 26 avril 1816, il fut présenté au prince régent par le vicomte Sidmouth, et en eut une audience privée à Carlton House. C’est à tort que la notice biographique du commandeur de Sillery le fait chevalier du Bain. Il fut un des fondateurs, en 1827, de la Société pour l’encouragement des arts et des sciences, qui s’est réunie depuis à la Société littéraire et historique. Lord Dalhousie, qui était membre de la Société royale d’Édimbourg, en fut le patron, et lui, président. Il mourut subitement à Montréal au mois d’avril 1841, à l’âge de 67 ans. On a de lui 1o Plan of the Water communication from Montréal to Kingston and Sackett’s Harbour on each side of the river St. Lawrence, compiled from actual surveys in 1813, dedicated to Sir George Prevost (manuscrit) ; 2o Plan of the exploring survey of a line running true North from the momunent at the source of the river Ste. Croix, by the surveyors employed on the part of the British Government and the United States of America, under instructions of the commissioners appointed for determining the boundary between the British colonies and the territory of the United States of America, under the 4th, 5th, 6th and 7th articles of the treaty of Ghent, surveyed by Lieut.-Col. Bouchette, His Majesty’s Surveyor General, appointed for that purpose by the British Government, Quebec, 1817 (manuscrit) ; 3o Topographical Map of the Province of Lower Canada, dedicated to H. R. H. the Prince Regent of the United Kingdom, engraved by J. Walker and Sons, Published by W. Faden, London, 1815 ; 4o Map of the Provinces of Lower and Upper Canada, with the adjacent parts of the United States of America, compiled from the latest surveys, and adjusted from the most recent and approved astronomical observations, 1815, publié par le même ; 5o Description topographique de la province du Bas-Canada, avec des remarques sur le Haut-Canada et sur les relations des deux provinces avec les États-Unis d’Amérique, enrichie de plusieurs vues, plans de ports, de batailles, etc., Londres, Davidson, Lembard Street 185, in-8. On y trouve le portrait de l’auteur ; 6o Topographical Map of the Districts of Quebec, Three Rivers, St. Francis and Gaspé, Lower Canada, dedicated to His Majesty William IV, engraved by J. and C. Walker and published by J. Wyld, Geographer to the King, London, 1831 ; 7o Topographical Map of the District of Montreal, Lower Canada, also a large section of Upper Canada, London, 1831 ; 8o The British Dominions in North America, or a topographical and statistical description of the provinces of Upper and Lower Canada, the Islands of Newfoundland, Prince Edward, Cape Breton, etc. ; and a topographical Dictionary of Lower Canada. To which are annexed the statistical table and tables of distances published with the author’s topographical maps of Lower Canada in consequence of a vote of the Provincial Legislature ; embellished with Vignettes, Views, Landscapes, Plans of towns, harbours, battles, etc., London, Longman, 1831, 3 vol. 4to. — Joseph Bouchette, fils, digne élève de son père et héritier de sa réputation, a continué ses travaux. Un de ses frères a été employé aux Indes en qualité d’ingénieur.

Bougainville (Louis Antoine de), célèbre navigateur, né à Paris en 1729, fut destiné au barreau. Pendant son cours de droit, il s’appliqua aux mathématiques et publia même un ouvrage sur le calcul intégral. En 1753, il entra dans l’armée et en 1754 il fut attaché à l’ambassade de Londres. Nommé en 1756 aide de camp de Montcalm, il partit pour le Canada avec le grade de capitaine de Dragons. Plus tard, il commanda en chef à l’île aux Noix et brûla une flottille anglaise. À Québec, il commandait un camp volant de 1500 hommes, qui parut sur les plaines d’Abraham trop tard pour changer le sort de la journée. Il avait été envoyé en France pour en obtenir des secours pour la défense du Canada et en était revenu chevalier de St-Louis. Pendant qu’il était encore en Canada, il fut parrain du vassal de Montviel, depuis adjudant général de la milice canadienne. Après la conquête, il repassa en France et fut employé à l’armée d’Allemagne. La paix de 1763 le jeta dans une autre carrière, celle pour laquelle il avait de véritables dispositions : il entra dans la marine avec le rang de capitaine de vaisseau, et s’engagea dans une suite de voyages et d’excursions maritimes qui ont illustré son nom. Son voyage autour du monde le retint sept ans hors de sa patrie : on en a la relation. L’Académie des sciences se l’agrégea. Il prit part en qualité de chef d’escadre à plusieurs batailles navales de la guerre de l’indépendance américaine, particulièrement à celles de la Chesapeake et de la Dominique contre les amiraux Graves et Rodney. La première fut une victoire et la seconde une défaite. Bougainville fut accusé de faiblesse et impliqué dans le procès des officiers généraux de l’armée vaincue ; mais il en sortit sans tache et reçut même les compliments de Louis XVI, comme on le voit dans le livre de Guérin. On le retrouve gouverneur de Brest en 1790. Il mourut le 31 août 1811 à 82 ans.

Bourassa (Napoléon), artiste et littérateur contemporain, de Montréal, mais natif de l’Acadie ou Petite-Cadie, où est une épave de notre vieille Acadie. On lui doit les peintures murales de Notre-Dame de Lourdes, dont il est aussi l’architecte ; quelques morceaux de sculpture, tel que le buste de Jacques Cartier ; des critiques artistiques ; Jacques et Marie, souvenir d’un peuple dispersé, roman. M. Bourassa est vice-président de l’Académie des arts.

Bourdages (Louis), notaire de profession, fameux patriote canadien et le plus redoutable adversaire de l’administration sous Craig[4] et Dalhousie, décédé en 1833, se fit connaître tout à coup, le 7 mars 1806, lorsqu’il appuya la motion de Bedard contre la Gazette de Montréal. Ce fut lui qui, dans la session suivante, proposa l’exclusion des juges par une loi : on sait que cette proposition était dirigée contre M. de Bonne, qui était le seul juge qu’on rencontrât dans l’enceinte de la chambre. Il perdit sa motion, mais il se montra tenace et parvint à mener à fin son bill en 1810, dans l’assemblée, à la grande indignation d’abord du général Craig. Bourdages n’aurait peut-être pas eu gain de cause, mais l’Angleterre s’attendant à la guerre avec les États-Unis, rappela Craig. Prevost le caressa et le fit colonel de la milice. Il surpassa en zèle ses soldats, qui l’empêchèrent d’être réélu dans son comté de Richelieu. (His great zeal for the defense of the country at the head of his battalion, and the unavoidable sufferings of his militians, diminished his consideration with them, dit le Canadian Spectator.) Il eut recours au comté d’Yamaska. Il fit peu de bruit sous Prevost, Sherbrooke et le duc de Richmond, mais reparut sous Dalhousie, et tonna contre le projet d’union des deux Canadas. Il fut proposé pour orateur ou président au parlement de 1823, mit en regard l’administration de lord Dalhousie avec celle de Prevost, prépara une série de résolutions réprobatrices contre le premier et fit proposer l’érection d’une statue équestre au second ; mais il est digne de remarque qu’il vota pour l’octroi des subsides, ce qui prouve que l’esprit de parti ne l’aveuglait point.

Bourdon (Jean), sieur de St-Jean et de St-François, ingénieur et homme de loi, un des premiers colons de la Nouvelle-France, obtint plusieurs seigneuries pour avoir mis la ville naissante de Québec à couvert des attaques des Iroquois par de nouvelles fortifications. Le vicomte d’Argenson érigea en manoir sa maison de St-Jean en 1661. Il eut plusieurs vassaux. La compagnie des Cent-Associés le fit son procureur fiscal, et il occupa la charge de procureur général sous le gouvernement royal. Ce pionnier avait pour hôte, ami et précepteur de ses enfants, l’abbé Lesueur de St-Sauveur, prêtre normand, dont il parle en termes fort élogieux dans ses ordonnances de dernières volontés.

Bourgeois (Marguerite), de Troyes en Champagne, fondatrice et première supérieure de l’institut enseignant de la Congrégation de Notre-Dame à Ville-Marie. Ses premières demoiselles pensionnaires furent, en 1681, Madeleine de Varennes, Louise Migeon de Braussat, Christine de Hautmesnil, Jeanne Dufresnoy de Carion, qui épousa depuis Jacques Le Moine, sieur de Ste-Hélène, et deux autres. Elle eut pour assistante, en 1692, la sœur Barbier, renonça même à la supériorité, et mourut le 12 janvier 1700, en odeur de sainteté, quoique la France ne l’ait guère connue. Deux oraisons funèbres furent prononcées en son honneur par MM. Dollier de Casson et de Belmont. Le chevalier de Callières, gouverneur général, et M. de Vaudreuil, gouverneur de Montréal, assistèrent à ses obsèques. La mère Marie Paul de Blaigny, supérieure de la Congrégation de Troyes, MM. de Laval et de St-Vallier, le R. P. Bouvard, supérieur des Jésuites, madame de Champigny, épouse de l’intendant, et la Mère de l’Incarnation écrivirent des lettres de condoléance aux religieuses qui l’avaient perdue. En 1728, M. Ransonnet donna une vie de la sœur Bourgeois dédiée à Mgr Dosquet ; M. de Montgoltier en écrivit une autre, publiée par M. Roux en 1815, et enfin l’abbé Faillon en a donné une troisième, beaucoup plus étendue que les deux autres.

Bourget (Ignace), deuxième évêque de Montréal, né à la Pointe-Lévi, près Québec, le 30 octobre 1799, ancien régent au collège de Nicolet, puis secrétaire de Mgr Lartigue, évêque de Telmesse et coadjuteur de Montréal en 1837, a fait ériger un chapitre, introduit les ordres religieux dans son diocèse, érigé lui-même plusieurs communautés de religieuses, fondé une institution pour les sourds-muets, fait plusieurs voyages à Rome et entrepris d’ériger une cathédrale sur le modèle de St-Pierre de Rome. Dans son troisième voyage, où il représentait la province ecclésiastique de Québec au concile général convoqué pour définir le dogme de l’Immaculée Conception, il baptisa Rascid Bey, officier de l’armée ottomane, assista à ses derniers moments le théologien Bouvier, évêque de Mans, et prononça une allocution dans une réunion imposante. Pie IX le nomma assistant au trône pontifical, honneur qui avait été fait jadis à Mgr de St-Vallier et à Mgr Dosquet. Outre des mandements remarquables sur l’incendie de Québec, les sociétés secrètes, la fondation du collège des Jésuites, N.-D. de Bonsecours, le magnétisme animal, etc., on a de cet illustre prélat : Le Cérémonial des Évêques commenté et expliqué par les usages et les traditions de l’Église romaine, ouvrage sur lequel on peut voir une notice critique et la réponse de l’auteur dans la Revue théologique de Paris. Mgr Bourget mourut en 1885, au Sault-au-Récollet, où il vivait retiré depuis quelques années. Il fut inhumé dans la nouvelle cathédrale de St-Pierre, à Montréal.

Bourlamaque (le brigadier général), mort gouverneur de la Guadeloupe, fut un des meilleurs lieutenants de Montcalm et vint en Amérique en qualité de colonel du génie. Il commandait l’aile gauche à Carillon, où il fut blessé, ainsi qu’à Montmorency, Ste-Foye et partout où il se trouva. Ce fut lui qui érigea les retranchements de l’île aux Noix, où il commanda avant M. de Bougainville, et qui firent perdre une campagne à Amherst. Le chevalier de Lévis le chargea des travaux du siège de Québec.

Boyer (Arthur), fils de Louis Boyer, né à Montréal en 1851, représente le comté Jacques-Cartier à l’Assemblée législative de Québec et est ministre sans portefeuille dans l’administration Mercier.

Brassard-Deschenaux, famille distinguée du district des Trois-Rivières, dont le premier membre connu est le sieur Brassard, secrétaire de l’intendant Hocquart. Son fils est mort juge aux Trois-Rivières le 30 décembre 1802, et deux ans avant, l’abbé Louis Marie Brassard, ordonné en 1749, d’abord missionnaire au Cap-Breton, puis curé de Nicolet durant de longues années, mort en 1800, préparait par son testament et ses actes la fondation du collège le plus ancien du Canada après ceux de Montréal et de Québec. Il date de 1804. On a aussi connu le grand vicaire Brassard-Deschenaux, curé de l’Ancienne-Lorette, qui avait réuni une bibliothèque de plusieurs mille volumes dès le commencement de ce siècle.

Brébeuf (le P. Jean de), de la Compagnie de Jésus, le plus illustre des martyrs de cet ordre dans les régions de la Nouvelle-France, était oncle du traducteur de la Pharsale de Lucain, et naquit à Bayeux en 1593. Il entra dans la compagnie en 1617, et reprit en 1625 l’œuvre des Franciscains réformés, qui avaient tenté d’attirer les Hurons à la foi. Après bien des travaux inutiles en apparence, la conversion d’Atironta, prélude de celle d’Ahasistari, promit de meilleurs fruits. Il reprit en 1640 les voyages d’exploration de Champlain et compléta la reconnaissance de la grande vallée du St-Laurent. Cet apôtre des Hurons tomba entre les mains des Iroquois, acharnés à la ruine de cette nation, et souffrit un martyre dont les circonstances furent bien cruelles (1649). Sa famille fit faire un magnifique reliquaire, qu’elle envoya au collège de Québec, et qui a été conservé à l’Hôtel-Dieu. La tête du martyr se trouve sur un piédestal en ébène richement orné, qui supporte un buste en argent de grandeur naturelle. Champlain fit imprimer son Catéchisme huron à la suite de ses Voyages de la Nouvelle France Occidentale, dite Canada, 1632.

Bressani (le P. François Joseph), de la Compagnie de Jésus, né à Rome, passa en Canada en 1642, fut employé par le P. Vimont à Québec, puis aux Trois-Rivières, et fut un des missionnaires des Hurons en 1644. Il fut horriblement mutilé par les Iroquois et recueilli par Wilhelm Kieft, directeur général de la Nouvelle-Belgique, qui lui donna les moyens de repasser en Europe, et des recommandations pour tous les gouverneurs et commandants. Il reparut une seconde fois en Canada, fut témoin de la ruine des Hurons, et repassa finalement en Europe. Il mourut à Florence en 1672, laissant une relation dédiée au fameux cardinal de Lugo et qui fut publiée avec l’approbation de Goswin Nickel, général de la compagnie. Elle a été traduite de l’italien en français en 1852, par le R. P. F. Martin, de la même compagnie.

Briand (Jean Olivier), huitième évêque de Québec, né à Plérin au diocèse de St-Brieuc en Bretagne, suivit M. de Pontbriand, son compatriote, en qualité de secrétaire. Il fut aussi professeur au séminaire, puis théologal et doyen du chapitre. M. de Pontbriand ayant suivi les gouvernants et l’armée à Montréal, après la prise de Québec, nomma Olivier Briand vicaire général pour cette ville. La religieuse dont nous avons une relation du siège de Québec, dit : « Le choix qu’on fait de lui dans un temps aussi critique en dit assez. Je dirai seulement qu’ayant été choisi par feu M. de Pontbriand, qui le connaissait parfaitement, l’ayant toujours eu auprès de lui, il le chargea de la conduite de son diocèse pendant sa maladie. Il s’en acquitta si dignement, qu’à la mort de ce saint évêque, le chapitre le nomma vicaire général (capitulaire) à la satisfaction des Français et des Anglais, qui l’ont fait passer l’année dernière à Londres, pour le faire sacrer dans quelque province et revenir prendre possession de son diocèse. » Premier évêque élu sous la domination anglaise, il passa en Angleterre à la fin de 1764, et après avoir reçu l’agrément du roi par l’entremise du marquis de Rockingham, il reçut ses bulles de Clément XIII, le 21 janvier 1766, et fut sacré le 16 mars dans la chapelle de Ste-Marie de Méry, par Demay de Termont, évêque de Blois, à ce autorisé par Christophe de Beaumont, archevêque de Paris. Il repassa de nouveau en Angleterre et débarqua à Québec le 28 juin, au milieu des honneurs que son humilité lui permit d’accepter. Pierre de La Rue, abbé de l’Île-Dieu, un des grands vicaires du Canada, résidant à Paris, avait déjà annoncé l’heureuse issue de cette grande affaire. Mgr Briand prit possession de son siège le 19 juillet. Ce prélat eut à soutenir une lutte périlleuse avec le gouvernement anglais, auquel sir James Marriot avait conseillé de changer peu à peu notre liturgie. Quand ce gouvernement en vint à charger le général Murray de le sommer de pourvoir le ministre Montmollin de la cure de Québec, il fit réponse que le général pouvait bien avoir la tête de Briand, mais non lui faire faire une lâcheté ; et le pape lui faisait écrire par le cardinal secrétaire d’État Antonelli, que le Saint-Siège manquait d’expressions assez fortes pour reconnaître suivant leur mérite les signalés services qu’il avait rendus à l’Église par sa fermeté dans son administration. Il se démit de son évêché en 1784, et se retira au séminaire, où il vécut jusqu’en 1794.

Brock (sir Isaac), chevalier de l’ordre du Bain, major général et président du Canada supérieur lors de la dernière guerre américaine, était de l’île Jersey, et avait servi en Amérique, à Copenhague et dans plusieurs autres expéditions. Principal héros de cette dernière lutte, il repoussa le général Hull, qui avait commencé la première invasion, sauva Amherstburgh et entra dans l’État du Michigan avec une poignée de braves. Tout cet État tomba en son pouvoir avec le Détroit et l’armée américaine. Il mourut au sein de la victoire à Queenstown, en repoussant une seconde invasion. Un monument lui a été érigé sur les hauteurs où il tomba. Son fils a écrit sa vie. Il était brave, franc, affable, un vrai chevalier sans peur et sans reproche. Le modèle de son monument, restauré depuis peu, a figuré à l’exposition de Paris et a été donné à la famille du général à Jersey.

Bruyère, honorable famille canadienne. — R. H. Bruyère, lieutenant-colonel du génie, était commandant en chef de cette armée dans la dernière guerre américaine. L’album du commandeur Viger contient de lui un dessin de fortification. L’abbé Bruyère, du diocèse de Toronto, est connu par sa polémique avec le surintendant Ryerson.

Buies (Arthur), habile chroniqueur, écrivain plein de verve et de finesse, a donné plusieurs ouvrages intéressants, entre autres Humeurs et caprices, le Saguenay et la vallée du lac St-Jean, Anglicismes et Canadianismes, petite brochure que l’on devrait souvent consulter afin d’éviter les erreurs qui, dans notre pays, se glissent trop facilement dans les écrits et surtout dans le langage.

Bullion (Angélique Faure, duchesse de), épouse de Claude de Bullion, intendant des finances dans le Mâconnais, mort en 1640, était membre de la Compagnie de Montréal et devint la bienfaitrice de l’Hôtel-Dieu, pour lequel on calcule qu’elle dépensa 180, 000 livres.

Burke (Edmond), un des plus grands écrivains et des plus grands hommes d’État de l’Angleterre, favorable aux Américains dans leur lutte avec l’Angleterre, conseilla la division du Canada en deux provinces, jugeant absurde d’unir ensemble des peuples de mœurs, de nationalité et de religion si différentes !

Burke (Edmond), premier évêque de la Nouvelle-Écosse, était né à Kildare (Irlande) en janvier 1753, étudia dans les universités de l’Europe où il se rendit habile dans les langues latine, grecque, hébraïque et syriaque, et devint curé dans sa patrie. Mais le zèle des missions l’attira en Canada en 1727. L’évêque de Québec l’employa cependant au séminaire comme professeur de philosophie et de théologie. Il fut ensuite sept ans missionnaire chez les sauvages, puis grand vicaire de l’évêque à Québec pour la Nouvelle-Écosse. Le gouvernement demanda lui-même son élévation à l’épiscopat, et, sur le témoignage que le pape reçut de Mgr Plessis du zèle et de la capacité du sujet, il le nomma en 1817 évêque de Sion et vicaire apostolique. Mgr Plessis le sacra le 5 juillet 1818. Il mourut à Halifax le 1er décembre 1820, et eut pour successeur Mgr William Fraser, sous lequel Halifax fut érigé en siège épiscopal. Mgr Burke a laissé trois volumes sur la controverse et la doctrine. Une femme payenne le renversa un jour de l’autel, et le traîna par les cheveux tandis qu’il célébrait le saint sacrifice : il attendit, au lieu de repousser cette mégère, que les assistants vinssent le dégager.

  1. On the river Bécancour dwelt a baron bearing the title of that river, and holding the office of Inspector of Highways though he lived almost in a desert. Jennet Roy.
  2. The Tigre was brought to action by the Sans-Pareil, and the London and Queen also taking part, the French ship surrendered. — Allen’s Battles of the British Navy.
  3. Jeune Canadien qui possédait toutes les langues sauvages.
  4. “Bourdages, Borgia and that set were as violent as ever”, écrit Craig à Ryland, en janvier 1811.