Le Panthéon canadien/A

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Jos. M. Valois, libraire-éditeur (p. 1-10).
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A

Abbott (J. J. C.), un des plus savants jurisconsultes de Montréal. Il est doyen de la faculté de Droit de l’université McGill. Il a longtemps représenté aux Communes le comté d’Argenteuil et fut nommé membre du Sénat en 1887. Maire de Montréal de 1887 à 1889, il est un de ceux qui ont rempli cette charge avec le plus de capacité et il a rendu d’utiles services à la ville.

M. Abbott a été président du Conseil exécutif fédéral.

Adhasatah, dit le grand Agnier, chef des Caughnaouagas, ou Iroquois Puants, au Sault St-Louis, près de Ville-Marie, fut à la fois guerrier et orateur. Dans l’expédition contre Corlar en 1690, on le vit haranguer avant le combat les Canadiens des sieurs d’Ailleboust, de Ste-Hélène et d’Iberville. Il fut tué peu après dans une expédition.

Agona, chef subalterne de Stadacona du temps de Jacques Cartier, fut laissé dans le commandement par Donacona, emmené en France. Au retour de Cartier, en 1540, et devenu Agohanna ou chef suprême, il prit des mesures prudentes, harassa incessamment le camp de Charlebourg-Royal et força les Français d’abandonner le pays. Son intéressante nation ne disparut pas moins de la terre, puisque Champlain ne la retrouva plus.

Ahasistari, un des plus grands chefs de la nation huronne, fut gagné au christianisme par les jésuites et fut suivi par la plus grande partie de la nation. Le P. Bressani l’appelle « l’illustre chef. » Il défendit bravement son pays et fut fait captif avec le P. Jogues, auquel il dit : « Je te l’avais bien juré, mon Père, que je devais vivre ou mourir avec toi. » Il subit un martyre affreux. Ses ennemis lui coupèrent les deux pouces, et, par la plaie de la main gauche, ils lui enfoncèrent jusqu’au coude un bâton très aigu. Ils le brûlèrent ensuite à petit feu dans le village de Teonontogen. Il exhorta en mourant les Hurons à ne pas faire la paix avec les Iroquois, et montra jusqu’au bout une constance héroïque [1642]. Ce que le poète Adam Kidd dit de ce chef est fabuleux.

Albanel (Charles), missionnaire jésuite, parvint à la baie d’Hudson par la voie du Saguenay en 1672. Ce religieux fut à la tête de la célèbre mission de Sillery.

Albani (Emma Lajeunesse, dite l’), très célèbre cantatrice de ce siècle, née à Chambly en 1848, élevée à Plattsburgh, puis au Sacré-Cœur, près de Montréal ; a résidé ensuite à Albany, avant de passer en Europe, encouragée à cette démarche par le célèbre Brignoli. Elle y étudia sous Duprez, à Paris, puis sous Lambertie, à Milan, pour ensuite briller sur les scènes de Naples, Florence, Londres, Paris, New-York, etc. Elle revint dans sa patrie au commencement de 1883, et reçut à Montréal les honneurs civiques à l’hôtel de ville, puis revint de nouveau en Amérique en 1890. L’Albani possède des cadeaux princiers du shah de Perse, des empereurs de Russie et d’Autriche, et l’empereur d’Allemagne l’a nommée cantatrice de la cour impériale ; mais elle chante d’ordinaire à Londres où elle a épousé M. Ernest Gye, le propriétaire de Covent Garden. Poésie en son honneur par Fréchette.

Alexander (sir William), propriétaire de la Nouvelle-Calédonie sous Charles et Jacques Ier, fit instituer par ce dernier l’ordre de chevalerie des Baronnets de la Nouvelle-Écosse, qui constituait une noblesse foncière. Il fut depuis comte de Stirling et est compté parmi les meilleurs littérateurs de la Grande-Bretagne. — Voyez Selkirk.

Allouez (Claude), de la Compagnie de Jésus et missionnaire en Canada. Il fut, vers 1665, l’un des premiers explorateurs de la région du lac Supérieur.

Amérique, ainsi nommée d’Amerigo Vespucci, qui traça le premier une carte de cette partie du monde. On la peint comme une femme au teint olivâtre, coiffée de plumes, et armée d’arcs et de flèches. La pêche et la chasse, principale occupation des Américains, sont désignées par deux enfants chargés, l’un de gibier, l’autre de poisson. Lebrun l’a exprimée par une femme de carnation olivâtre qui a quelque chose de barbare. Elle est assise sur une tortue et tient d’une main une javeline, et de l’autre un arc. Sa coiffure est composée de plumes de diverses couleurs ; elle est revêtue d’une espèce de jupe qui ne la couvre que de la ceinture aux genoux.

Amherst (Jeffrey, lord), chevalier du Bain, baron de Montréal, maréchal et commandant des forces, né dans le comté de Kent en 1717, se dévoua de bonne heure à la profession des armes et fut enseigne à 14 ans, en 1731. À 25 ans, il servit en qualité d’aide de camp de lord Ligonier à la bataille glorieuse de Dettingue, ainsi qu’à Fontenois et à Rocoux. Il entra alors dans l’état major de S. A. R. le duc de Cumberland et fut son principal aide de camp dans les journées de Lawfeldt, Carlisle, Culloden et Hastenbeck. Il fut fait général major et quitta l’armée continentale en 1748. On lui confia en 1758 la grande expédition de Louisbourg. Il partit de Portsmouth le 18 mars avec 16,000 hommes de débarquement, et arriva le 2 juin, dit Raynal, à la vue de ce boulevard de l’Amérique, pourvu d’une garnison de 4,000 hommes. Amherst masqua habilement ses desseins et opéra sa descente à l’anse de Cormoran, échappant à une embuscade de 2,000 soldats et sauvages ; il s’empara d’un rocher par où il dominait la place. En vain M. de l’Étenduère Desherbiers parvint à jeter du secours dans la ville ; en vain madame de Drucourt, continuellement sur les remparts, voulut disputer à son mari la gloire de la défense : Louisbourg dut se rendre. Le Cap-Breton et St-Jean, le grenier de la Nouvelle-France, eurent le même sort. Les drapeaux pris à cette expédition furent portés en triomphe du palais de Hampton Court à St-Paul, où il y eut un jour d’actions de grâces.

Commandant des forces en Amérique le 22 juillet 1759, Amherst commença habilement son généralat en domptant les Chérokis et les Apalaches, et marcha ensuite aux Français. Quoique ceux-ci eussent envoyé Bourlamaque à Carillon, et que le chevalier de Lévis eût visité les places, Niagara tomba après un combat. Carillon qui avait résisté à 20,000 hommes, fut évacué ainsi que La Présentation. St-Frédéric se rendit après quelques coups de canons, après quoi Amherst alla prendre ses quartiers d’hiver à Albany, et les Français passèrent cette saison à élever des retranchements dans l’île aux Noix et à fortifier les Rapides. Il se remit en campagne au printemps, franchit les Rapides avec toute son armée et enleva le fort Oraconenton, défendu par M. de Lacorne et M. Pouchot. Il perdit 60 bateaux dans le passage des Rapides, une des opérations les plus périlleuses qui aient jamais été tentées, et qui prouve qu’Amherst possédait cette force d’âme qui fait les grands capitaines. Les retranchements de l’île aux Noix cédèrent à une de ses colonnes, qui s’empara aussi de St-Jean et de Chambly et poussa M. de Bougainville jusque dans la baronnie de Longueuil. Amherst arriva en personne aux environs de Ville-Marie et vint asseoir son camp sur les versants du Mont-Royal d’où il dominait la place ; Murray arrivait de Québec, et avec la colonne de l’autre côté du fleuve, il y avait 32, 000 hommes. « Jamais en Amérique, dit un auteur moderne, on n’avait vu de plus belles combinaisons militaires, ni tant de forces réunies sur un même point et dans un même instant. » L’armée française capitula le 7 septembre 1760, et le conquérant exigea que les troupes livrassent leurs drapeaux. Le Détroit et tout le Nord-Ouest furent compris dans la capitulation, et le fameux partisan Rogers fut envoyé pour en prendre possession : ce fut ce qui donna lieu à la guerre de Pontiac. Amherst reçut le titre de capitaine général des pays conquis et peut ainsi être regardé comme le premier gouverneur du Canada, où il conserva la division du pays en trois gouvernements ou lieutenances et les lois et toutes les institutions établies. Il laissa l’Amérique en 1763, fut gouverneur de Guernesey en 1771, pair en 1776 sous le titre de baron de Holmesdale en Kent, puis de Montréal en 1787. Pour soutenir son titre, il devait avoir en apanage les biens des Jésuites du Canada, mais la couronne finit par l’indemniser et par se réserver cette proie. Il fut élevé au grade suprême de commandant des forces en 1782. S. A. R. le duc d’York le remplaça plus tard ; mais il fut réinstallé le 22 janvier 1793, lors de la guerre contre la République française. Remplacé finalement par le duc d’York le 10 janvier 1795, il fut créé field-marshal en 1796, et mourut à son château de Kent le 3 août 1797, à 80 ans. Ce guerrier avait une fort belle tête, comme on le voit par ses portraits. On retrouve aussi de lui un portrait en pied peint sur verre dans la collection du commandeur Viger.

Angers (F. Réal), écrivain canadien de mérite, né en 1813, décédé en 1860 à Québec, était avocat et co-rédacteur de la Revue légale qu’avait fondée à Montréal M. Octave Letourneux. Il plaida pour les censitaires, avec M. Loranger, devant la cour seigneuriale… On a de lui Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices, chroniques canadiennes de 1834, ainsi que quelques poésies.

Angers (Auguste Réal), orateur éloquent et spirituel, l’un des hommes marquants du parti conservateur, fils du précédent. Il était procureur général dans le cabinet de Boucherville, lorsque en mars 1878 ce ministère fut dissous par le lieutenant-gouverneur Letellier de St-Just. L’honorable Angers a été juge de la cour supérieure ; en 1887 il donna sa démission et fut nommé lieutenant-gouverneur de la province de Québec.

Angers (demoiselle), sous le nom de Laure Conan, a publié dans la Revue canadienne un roman intitulé Angéline de Montbrun. Elle a malheureusement essayé le roman par lettres, genre très difficile et peu goûté par les lecteurs en général, dit Honoré de Balzac. Nous devons à Mlle  Angers plusieurs autres écrits.

Areskoué, dieu de la guerre chez les Hurons et les Iroquois, avait sans doute été un de leurs héros. On peut lire dans nos Sagamos illustres la mâle prière que les guerriers de ces nations lui adressaient avant de se mettre en campagne.

Achambault (Paul Loup), prêtre canadien, fondateur des Filles de Sainte-Anne, après avoir été principal à Nicolet. Son institut dont le berceau est à Vaudreuil, a établi plusieurs missions, dont l’une dans l’île Vancouver dès l’année de son propre établissement. — Né en 1787 à la Rivière-des-Prairies, mort en 1838.

Archambault (Horace), fils de feu l’hon. L. Archambault, ancien ministre et conseiller législatif. Il naquit à L’Assomption en 1857, et est l’un des plus jeunes membres du Conseil législatif de Québec. En 1881, il fut nommé professeur de Droit commercial à l’université Laval de Montréal.

Argenson (Voyer d’), illustre race parlementaire française, qui commence à figurer en Pierre de Voyer, chevalier, seigneur d’Argenson, gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. René de Voyer, son fils, né en 1596, chevalier, seigneur d’Argenson, conseiller au parlement de Paris, eut plusieurs intendances et ambassades, et mourut ecclésiastique. René de Voyer, son fils, chevalier, seigneur d’Argenson, et comte de Rouffiac, conseiller au parlement de Rouen, mourut ambassadeur à Venise en 1651. Il y eut Marc René, depuis marquis d’Argenson et vicomte de Mouzé, successivement lieutenant général de police, garde des sceaux et ministre d’État ; il était écrivain illustre et membre de l’Académie française et de celle des Sciences. Marc Pierre, fils de ce dernier, comte d’Argenson, collaborateur de d’Aguesseau dans la rédaction de plusieurs ordonnances, surintendant des postes, puis ministre de la guerre, fut chef du conseil de régence sous le duc d’Orléans et fonda l’école militaire. — Pierre de Voyer, chevalier, vicomte d’Argenson, conseiller d’État, fils de René de Voyer de Paulmi, comte d’Argenson, né en 1626, avait été destiné à l’état ecclésiastique et fut tonsuré à l’âge de dix ans, en 1636 ; mais il fut ensuite homme d’épée et se signala au siège de Bordeaux et à la bataille de Lens. Après avoir été bailli du pays de Touraine, il fut nommé gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France, et prêta serment en cette qualité le 27 janvier 1657. On a en mémoire de son gouvernement un drame intitulé La Réception de Monseigneur le vicomte d’Argenson par toutes les nations du pays de Canada à son entrée au gouvernement de la Nouvelle-France, représenté à Québec au collège de la Compagnie de Jésus le 28 juillet 1658. Malgré cet accueil, les Iroquois furent sous lui la terreur de la colonie. Les cantons s’étaient cependant prêtés à des négociations pour la paix, quand il fut remplacé par le baron d’Avaugour. Il mourut vers 1709. Sa maison paraît avoir subsisté jusqu’à nos jours. En 1815, M. d’Argenson fut envoyé au quartier général des souverains à Haguenau, pour tenter des négociations de paix.

Armstrong (sir Richard), général major, chevalier du Bain, de la Tour et de l’Épée, et de San Benito de Asiz, quelque temps commandant des forces en Canada, avait servi dans l’armée anglo-portugaise sous lord Wellington, et commanda depuis le contingent anglais dans les guerres civiles du Portugal.

Arnaud (Marguerite), de Montréal, membre de l’Institut de Marguerite Bourgeois sous le nom de sœur St-Arsène, fonda une maison de cet ordre à Louisbourg. Dépossédée par les Anglais, elle dut se réfugier en France, où elle vécut à La Rochelle des libéralités du duc d’Orléans et des secours de Pierre de La Rue, abbé de l’Île-Dieu, grand vicaire pour le Canada. Elle exerçait les fonctions de supérieure de sa communauté, qui ne contenait que deux autres sœurs, mademoiselle Robichaux, dite sœur St-Vincent, et la sœur converse Ste-Geneviève. La sœur St-Arsène mourut en 1764, la sœur St-Vincent succéda, et après sa mort, la sœur Ste-Geneviève, rappelée au Canada par madame de Langloiserie, n’y put passer et fut placée dans une communauté française. Ainsi s’éteignait en France, vers 1766, une communauté canadienne.

Arthur (sir George), né à Plymouth en 1784, major général et dernier lieutenant-gouverneur au Canada supérieur avant l’union, gouverneur de la présidence de Bombay en 1841, est mort en 1854. Il était de l’état major de Wellington à Waterloo.

Athaentsick, nom de la première femme chez les Hurons et les Iroquois. Le Grand Esprit la précipita du haut du ciel pour avoir péché ; mais une tortue la reçut sur son dos, et le limon de la mer s’étant amassé autour, forma la terre.

Atahuata, nom du créateur du monde dans les mythes de certaines peuplades autrefois riveraines du St-Laurent.

Atotarho, le premier grand chef des Iroquois selon le livre de Kussick, le Tuscarora, publié dans le Canada supérieur en 1829.

Auberivière (François Louis de Pouroy de l’), cinquième évêque de Québec, docteur de Sorbonne, fut agréé par le pape Clément XII en 1739. Il arriva en Canada en 1740, et mourut huit jours après son arrivée, d’une maladie contractée en exerçant son zèle apostolique sur un navire infecté de la peste. Il n’était âgé que de 29 ans, et il était fils d’un président à mortier au parlement de Grenoble.

Aubert, maison canadienne dont on connaît deux branches, — Aubert de Gaspé et Aubert de Lachenay[1].

Aubert de Dieppe, qui mena le premier en France, l’an 1508, des naturels de l’Amérique Septentrionale, était engagé dans la pêche près des atterrages de Terre-Neuve, et visita la baie de Gachepé, depuis Gaspé, où il les prit. — Aubert, secrétaire du roi, fut un des Cent-Associés et directeur de la compagnie.

L’an 1706, « Aubert et Compagnie » concluaient avec les habitants du Canada, par l’entremise du sieur Riverin, leur député, un accord par lequel ils s’obligeaient à acquitter les dettes de la colonie, montant à un million huit cent douze mille neuf cent quarante livres, à condition qu’ils auraient le commerce exclusif des castors jusqu’à l’année 1707. — Un sieur de Gaspé se signala à la tête des milices canadiennes qui eurent la gloire de décider les Anglais à la retraite à l’impérissable victoire de Carillon ; il fut depuis commandant du fort St-Frédéric. — Ignace de Gaspé, seigneur de St-Jean Port-Joly, sous les Anglais, encouragea la navigation et posséda un grand nombre de navires. Il commanda plusieurs bataillons de milice dans la dernière guerre et fut appelé par le roi au Conseil législatif.

Entre les fils de l’honorable Philippe Ignace de Gaspé, ex-shérif de Québec, Philippe Aubert, mort à Halifax, se distinguait par ses talents littéraires précoces et publia en 1837 : L’Influence d’un livre, roman historique, dédié à Thos C. Aylwin, depuis juge de la cour du banc de la reine. Thomas Aubert, frère cadet, a embrassé l’état ecclésiastique, et Atala, sœur de ces messieurs, a pris le voile. Comme on le lit dans le Voyage en Orient de l’abbé Gingras, cette maison canadienne est liée par les femmes à celle de Villiers de l’Île-Adam, qui a fourni un grand maître de Malte. Madame Saveuse de Beaujeu est née demoiselle de Gaspé.

Aubigny (Charles Lennox, duc de Richmond et d’), de race royale, pair de France et d’Angleterre, gouverneur et capitaine général de l’Amérique Britannique du Nord en 1818, avait été lord lieutenant d’Irlande et grand maître de l’ordre de St-Patrice. Il n’eut que le temps de donner aux Canadiens un avant-goût de ses dispositions peu libérales à leur égard, car l’année suivante, il mourut dans le township de Richmond sur l’Ottawa, de la morsure d’un petit chien favori atteint de la rage, au milieu de la visite qu’il faisait des points stratégiques du pays, en compagnie de lord Dalhousie, sir Peregrine Maitland et sir Charles Carmichaël Smith. Ses obsèques se firent à Québec avec une pompe extraordinaire. Le duc de Wellington succéda à sa charge de gouverneur de Plymouth.

Aubin (A. N.), un de nos écrivains, versificateur et prosateur, né à Paris en 1812, mais domicilié en Canada depuis 1834. Il fut consul pour l’Helvétie à Montréal. L’esprit, la verve distinguent ses écrits, et personne n’a oublié la feuille intitulée le Fantasque. Décédé le 12 juin 1890.

Aubry, nom illustre dans nos annales. — On connaît, outre Jacques Charles, digne émule de Cochin au barreau français, et son fils, qui défendit, avec Gerbier, les officiers et employés accusés d’avoir administré infidèlement le Canada, un frère de ce dernier, chevalier de St-Louis, qui servit avec distinction au Canada et à la Louisiane. Il retarda la prise du fort Duquesne par une victoire signalée remportée sur le colonel Grant, lieutenant du général Forbes. Ce colonel tomba en son pouvoir avec 20 officiers. Moins heureux dans son entreprise pour secourir Niagara, il fut fait prisonnier par le général Johnson. Commandant dans la partie de la Louisiane que la France se réserva en cédant la Nouvelle-Orléans à l’Espagne, il eut à remplir un rôle délicat. Les habitants, excités par le conseil souverain, refusèrent de se soumettre aux Espagnols et insultèrent le gouverneur Ulloa. Aubry dut prêter ses bons offices aux envoyés du roi Catholique. Il périt en mer, en se rendant en France, le 24 février 1770. — Le R. P. Aubry, Jésuite, immortalisé par le génie de Châteaubriand et le pinceau de Girodet, rendit des services en Acadie et à la Louisiane. Si le gouvernement de la France eût écouté ses sages conseils quant aux limites de la première province, il eût évité peut-être la guerre qui lui enleva la Nouvelle-France. Ce religieux prévit les réclamations du cabinet de Londres trente ans avant qu’elles n’arrivassent. On a de lui dans les Documents de Paris une carte de l’Acadie, une lettre à M. de Vaudreuil quand il était missionnaire à St-François, et ce Mémoire sur les limites de la Nouvelle-France et de la Nouvelle-Angleterre, 1720. — Messire J. Aubry, ancien professeur de théologie au séminaire de Québec, un des premiers Canadiens qui aient reçu le bonnet de docteur lors de la création de l’université Laval, et professeur de théologie à Sainte-Thérèse de Blainville, après avoir visité les Chartreux du Kentucky et exercé quelque temps le ministère dans le diocèse des Trois-Rivières, dont les fidèles lui ont présenté une flatteuse adresse. Il publia en trois volumes un dictionnaire dogmatique, abrégé d’un ouvrage européen et un résumé des conférences ecclésiastiques du diocèse des Trois-Rivières. Il mourut en 1875. — F. X. Aubry, le colonel Ménard et Salomon Juneau ont surtout soutenu à l’étranger, dans ces derniers temps, l’honneur du nom canadien. Aubry, né à Maskinongé le 4 décembre 1824, célèbre par ses voyages d’exploration dans les deux Amériques, s’est livré, après avoir acquis une immense fortune, à de vastes entreprises. Celle d’un chemin de fer a occasionné sa mort dans une rixe avec un major américain en 1854. Un journal de St-Louis remarque qu’on a élevé des monuments à des hommes moins marquants. On rapporte que, dans le cours de ses voyages dans le Sud, il a combattu au milieu d’une sierra des sauvages qui tiraient avec des balles d’or.

Avaugour (Dubois, baron d’), gouverneur et lieutenant général de la Nouvelle-France en 1661 après le vicomte d’Argenson, fit le tour de tout son gouvernement, adressa au ministère un rapport remarquable sur la beauté du St-Laurent et les ressources du pays, et fit une paix honorable avec les Iroquois. Mais son différend avec l’évêque de Pétrée au sujet de la traite de l’eau-de-vie, occasionna son rappel en 1662. Ce fut un événement regrettable, car ce gouverneur possédait la vigueur nécessaire pour faire respecter la colonie par les barbares, et M. de Mésy, son successeur, s’accorda encore moins avec les autorités ecclésiastiques. Il fut tué en 1664, en défendant le fort de Sérin contre le grand vizir Koprogli.

Aylwin (Thomas Cushing), magistrat brillant, né à Québec en 1805, fut solliciteur général dans le cabinet La Fontaine-Baldwin, en 1843. Juge puîné de la cour du banc de la reine ; il fut après la mort de Vallières de St-Réal le magistrat qui mérita le mieux la réputation de bel esprit. Il fut un des hommes les plus habiles de l’Amérique du Nord. Kaye, dans la Vie de lord Metcalfe, donne la plus haute idée de ses talents. Il accepta le titre de professeur en droit constitutionnel et criminel au collège McGill. Le juge Aylwin mourut en 1871.

  1. Cette branche fournit un conseiller au Conseil souverain de Québec.