Le Pardon (Desbordes-Valmore)

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Élégies — Romances — Mélanges — Fragments — Poésies posthumesLemerre (p. 149-150).


LE PARDON[1]



Je me meurs, je succombe au destin qui m’accable.
De ce dernier moment veux-tu charmer l’horreur ?
Viens encore une fois presser ta main coupable
                         Sur mon cœur.

Quand il aura cessé de brûler et d’attendre,
Tu ne sentiras pas de remords superflus ;
Mais tu diras : « Ce cœur, qui pour moi fut si tendre,
                         N’aime plus. »


Vois l’amour qui s’enfuit de mon âme blessée,
Contemple ton ouvrage et ne sens nul effroi :
La mort est dans mon sein, pourtant je suis glacée
                         Moins que toi.

Prends ce cœur, prends ton bien ! L’amante qui t’adore
N’eut jamais à t’offrir, hélas ! un autre don ;
Mais en le déchirant, tu peux y lire encore
                         Ton pardon.



  1. Cette Élégie qui se trouve dans l’édition Louis (1819) et dans l’édition Grandin (1822), n’a pas été reproduite dans les éditions postérieures du poète : pourquoi ?