Le Parfum des prairies (le Jardin parfumé)/15

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CHAPITRE XV

DES HOMMES IMPUISSANTS


Écoutez, Vizir, grand parmi les grands.

Les hommes qui ont la jouissance froide ont la semence froide aussi ; ils sont glacés, cela vient de ce qu’ils ont une maladie de la moelle épinière. Il en est qui ont la mauvaise habitude de se promener tête nue, c’est une imprudence grave. L’humidité agissant sur leur cerveau, amènera peut-être une paralysie qui causera l’impuissance. Quelques-uns ont leur tota tordu, d’autres ont le membre percé de travers ou trop bas ; il est évident que leur sperme, au lieu d’être projeté vers l’Aoualda, se perdra contre les parois du zouque. Ceux-là sont tout à fait mauvais.

Il y a de touts petits zebs qui ne donnent que de l’eau claire ; ils ne feront pas plus d’enfants que deux femmes qui jouissent ensemble. L’homme dont le tota est mahine, c’est-à-dire petit et mou, pourra tout au plus niquer une fente ouverte, mais prendre un pucelage, jamais.

Il faut se garder, pendant les fortes chaleurs, de manger des mets trop échauffants, et, pendant les jours froids, des aliments rafraîchissants. La nourriture a une grande influence sur les forces amoureuses ; il ne faut ni trop irriter ni trop débiliter son corps.

Pour combattre l’impuissance on fera bien de se servir de confiture de piment. Le gingembre, le stigentoche, l’ail, la cannelle, la noix muscade, le poivre ; tout cela mêlé avec le miel, est excellent pour accroître les forces et ralentir le moment critique de la jouissance, qui vient toujours assez tôt.

Mais les malheureux dont le tota est de travers et mal percé ne guériront jamais.

Que Dieu les aide !