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Le Parnasse contemporain/1866/La Couronne d’épines

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Pour les autres utilisations de ce mot ou de ce titre, voir La Couronne d’épines.
Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]I. 1866 (p. 154-155).


LA COURONNE D’ÉPINES


Quand le poëte passe en l’avril de sa vie,
Il cueille avec amour les fleurs de son chemin,
La grappe du lilas, l’étoile du jasmin,
Le doux myosotis dont son âme est ravie.

Tantôt c’est pour Ninon, tantôt c’est pour Sylvie ;
Pour orner le corsage ou pour fleurir la main ;
— Souvenirs de la veille — espoir du lendemain,
O poëtes, cueillez ! le ciel vous y convie.


Cueillez, car ces fleurs-là sont les illusions !
Poëtes, suivez-les, vos blanches visions,
Dans le monde idéal, sous les splendeurs divines.

Mais, quand vous n’aurez plus la couronne de fleurs,
Ne vous étonnez pas de répandre des pleurs,
Car vous aurez alors la couronne d’épines
Au front.