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Le Parnasse contemporain/1866/Le Songe

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Le Parnasse contemporainAlphonse Lemerre [Slatkine Reprints]I. 1866 (p. 236).




LE SONGE




Emporté ce matin par un dernier sommeil,
Je guidais, dans mon rêve, un quadrige en ivoire ;
Ce char resplendissant trouble encore ma mémoire,
Avec ses chevaux blonds, tels que ceux du soleil.

Au Dieu qui fait le jour je me trouvais pareil :
Tous les crins rayonnaient pour m’aider à le croire,
Et, voltigeant vers moi, m’entouraient d’une gloire ;
Mais soudain un baiser m’a conduit au réveil.

Où suis-je ? Entre tes bras, maîtresse blanche et blonde,
Sur l’éclat de ton sein ma tête vagabonde,
Tes cheveux rutilants éblouissent mes yeux.

Amour, n’insultons plus à la vertu des songes ;
L’aimable Vérité se prête à leurs mensonges,
Mon rêve eut bien raison de m’égaler aux dieux.