Le Paysan et la paysane pervertis/Tome 1/51.me Lettre
Le voila tel que vous le desiriez, ce-me-ſemble ;
que voulez-vous davantage ? L’Un
cherche à le tromper ; l’Autre à l’agguerrir,
ou à le tranquiliser ; ét moi, je ſuis la Victime
ſouffrante : ce rôle me deplaît ; il repugne à
mon caractère : que votre Ami ſ’arrange là-deſſus,
ét vous auſſi. Ah-Dieu ! qu’il eſt fâcheus,
qu’il eſt cruel d’avoir-perdu l’eſtime
de ſoi-même, ce frein ſalutaire qui nous retiént
plûſque la religion ét les lois, toujours
impuiſſantes, ſ’il ne leur donne tout leur
nerf !… Si je l’avais-eue, cette eſtime de
moi-même, mon Seducteur aurait-il-obtenu
hièr… Quant à vous, pourquoi
ſerais-je-obligée de vous donner un Fils !
Suis-je-donc-deſtinée à trois Hommes ?… Je
n’en-puis aimer qu’un, je vous en-avertis…
Cependant, ſ’il faut jouer la vertu, je la jouerai ;
mais ſi je ſuis decouverte !…