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Le Paysan et la paysane pervertis/Tome 1/9.me Lettre

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9.me) (m.r Parangon, au p. D’Arras.

[On ſe propose de tromper Edmond par le moyén d’un Cordelier, qu’on lui donne pour Confeſſeur.]

1750
17 auguſte.


Je Vous prie, mon Père, de recevoir au nombre de vos Pratiques, un Jeunehomme-de-campagne que j’ai pour Élève depuis ſept à-huit-mois : j’ai des raisons pour le mettre en-d’auſſi-bonnes mains que les vôtres. Cela eſt ſimple ét droit, ſans être ſot : J’ai des vues que je me hâterai de remplir, tandis que Cela conſerve encore ſa naïveté campagnarde. Je connais unpeu ces Eſpèces-là ; vous en-êtes le maître tant qu’ils ne ſont pas au-fait ; mais ſi vous attendez qu’ils ſaient degourdis, c’eſt pis Cent-fois que nos Jeunes-gens des Villes : comme leurs lumières ont-ſuivi les tenèbres, ils connaiſſent le mal ét le bién ; deſorte-qu’ils vous échappent ſans eſpoir de retour. Aureſte, ce que je veus faire pour lui (ſauf le retentum qu’il ne ſaura jamais), eſt un avantage reel, qui, J’en-ſuis ſûr, comblera de joie un bonhomme de Père, ét une trèsbonnefemme de Mère qu’a ce Garſon : ils ſont-ſurchargés d’une Famille nombreuse ; par-conſequent leurs Enfans ne ſeront pas riches ; une bonne dot les flatera. Sans cela, je ſuis trop-honnête, pour abuser de la confiance qu’ont en-moi Ceux qui me donnent leurs Enfans pour Élèves. Je demeure avec l’aſſurance que vous me ſeconderez, chèr Père,

Votre, &c.