Le Petit neveu de l’Arretin/L’aventure du bal

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N. Laurenceau
Chez don B… aux trois Pucelles (p. 104-106).

L’aventure du bal.
ou
La duchesse appaisée.

Air : V’là c’que c’est d’aller au bois.


Retirez-vous masque effronté :
Un peu moins de liberté,
Il vous sied bien, en vérité,
Petit téméraire,
À gens de ma sphère
De tenir un propos galant,
Vous êtes un insolent. —

Un insolent ! ce nom est fait
Pour un petit prestolet,
Ou pour le ventre rondelet
De quelque chanoine ;
Mais je suis un moine,
Qui plus est carme. — Ah ! révérend,
Vous êtes un imprudent.


Vous pouvez vous vanter corbleu
Que vous verriez un beau jeu
Si vous vous chauffiez à mon feu ;
Courez en la chance ;
De ce que j’avance
J’ai la preuve en main. — Révérend,
Vous êtes inconséquent.

Je me nomme père tapeur ;
Ce nom qui n’est point trompeur
Chasse ennui, migraine et vapeur
Du cœur d’une femme,
Prêtez-vous, madame,
Au spécifique. — Ah ! révérend,
Vous êtes extravagant.

Modérez-vous ; on peut nous voir,
Attendez jusqu’à ce soir,
Seule avec vous dans mon boudoir…
Mais où donc butine
Sa main libertine ;
Quoi ! sur mon sein ! Ah ! révérend,
Vous êtes entreprenant.

Mais c’est une horreur que cela.
Père, que faites-vous-là ?

Le bel état où me voilà.
Comme il me tracasse ;
Ôtez donc de grâce
Ce bras… mais c’est… Ah ! révérend,
Vous êtes exhorbitant.

Pourrez-vous… Dieux, en est-ce assez ?
Ah ! comme vous prononcez.
Quoi ! déjà vous recommencez ?
Père, ah ! quelle épreuve !
Êtes-vous un fleuve ?
Eh ! mais encore ! Ah ! révérend,
Que vous êtes étonnant !

Autre
Air : De tous les capucins du monde.

Si tu viens dans certaine vue,
Cher abbé, c’est peine perdue ;
Je puis t’offrir, tout hors ceci ;
Ailleurs, croi-moi, va faire emplette ;
Un moine a passé par ici,
Bon soir, l’abbé, je suis complette.