Le Poème sans nom/008

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 21).
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VIII


Un jour que tu me vis dans mon suprême émoi,
Te montrant de mon goût toute la violence,
Tu pesas mon plaisir sur ta fausse balance,
Et tu me dis : « On ne se lasse pas de moi ! »

De la sorte, je sus ta magnifique foi
Dans toi-même et comment dehors elle s’élance.
Ce jour-là, que n’as-tu muré dans le silence
Ce mot que je devais retourner contre toi !

« On ne se lasse pas de moi ! » Chaque seconde
Me répétait ce mot, le plus vaste du monde,
Et qui n’en est, pourtant, que le plus ingénu.

À la fin, acceptant d’avance mon martyre,
Je t’ai fuie ; et, si je ne suis pas revenu,
Ce ne fut, mon amour, que pour te contredire.