Le Poème sans nom/031

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 48).
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Te montres-tu, soudain, absorbée, et me plains-je
De te sentir distante au cercle de mes bras,
Tu me dis : « Voyons si tu me déchiffreras ! »
Et tu ris de pitié… Car tu te crois la sphinge !

Quelle présomption ! Comme à travers ton linge,
Ta peau, je lis ton cœur sans le moindre embarras :
Et ton inconsistant et futile fatras
De rêves, j’y vois clair à travers ta méninge.

Tout ce qui veille ou dort en toi, je le connais.
Cesse de te poser en énigme : tu n’es,
Ô très chère, pas plus qu’une autre compliquée

Je déchiffre ton être intime d’un coup d’œil,
Aussi bien que la lampe au fond de la mosquée ;
Et tu tiens toute, toute, en ce seul mot : orgueil !