Le Poème sans nom/051

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 73).
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LI


Je t’ai peint l’humble fille des champs comme elle est.
Ne va pas croire, au moins, que je ne le pressente.
Telle, tu ne l’as pas trouvée intéressante ;
Et, j’en suis bien certain, le portrait t’en déplaît.

Que te dirai-je ? Il est fidèle, il est complet :
Nulle touche indispensable n’en est absente.
Pour te représenter au vrai cette innocente,
J’ai chargé mon pinceau des couleurs qu’il fallait.

D’ailleurs, ton jugement méchamment se décide.
Je sais que, la voyant si douce, si placide,
Tu dis : « Ça ne vit pas, ça, mon cher ! c’est du bois ! »

C’est juger sur la mine, et cette erreur est nôtre.
Mais sois contente, va ! La fille que tu vois
N’en dira rien, mais souffrira tout comme une autre.