Le Poème sans nom/059

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 81).
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Et toi-même, eh ! oui, toi, qui te crois gangrené,
Oui, toi de qui les mains sont du mal les servantes,
Toi qui cours à l’enfer, pauvre homme, et qui te vantes
D’être par le démon joyeusement mené,

Ne désespère pas d’un retour fortuné ;
Car tu gardes, sous des matières dissolvantes.
De cette pureté des parcelles vivantes.
Sache que pour le vice aucun de nous n’est né,

Que nous pouvons subitement nous reconnaître,
Que cette pureté refoulée en ton être
De te reposséder un jour a le pouvoir :

Que ce pouvoir est grand, que rien ne le resserre,
Et qu’il t’est donc permis, ce radieux espoir,
De devenir, vieux diable, un ermite sincère !