Le Poème sans nom/062

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 85).
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Nous ne connaissons rien de la loi qui motive
L’harmonieux aplomb des lignes de nos corps.
Toi, tu tends à la grâce : et tes gestes discords
Ruinent malgré toi ta belle tentative.

C’est en vain que par l’Art ton cerveau se cultive :
De ta grâce apprêtée on voit les faux ressorts.
Bien que rustique, Marianne, sans efforts,
Sans y penser, ravit : car sa grâce est native.

Elle acquit de sa pureté ce don divin.
C’est là tout son secret, ma chère ; et c’est en vain
Que tu le chercheras dans les bibliothèques.

Marianne en ce point te tient toute en échec.
Elle est comme l’enfant qui prit les poses grecques
Sans avoir consulté les flancs d’un vase grec.