Le Poème sans nom/074

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 99).
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De temps en temps, un désespoir réel t’abat.
Tu n’en parles jamais. Non. Mais on le devine
Et tu n’as plus, alors, cette effarante mine
D’élégante sorcière en quête de sabbat.

Alors, il s’en faudrait de peu que ne tombât,
D’un seul coup, ton orgueil et toute sa vermine.
C’est qu’alors, quelque chose en ton cœur s’abomine.
Quelque chose d’horrible et nu. — ton célibat !

Et tu te sens, alors, d’un autre état jalouse ;
Car il t’aura manqué, ma chère, d’être épouse.
Pour vaincre le démon de ton oisiveté.

Et tu fais bien de craindre une vieillesse amère
Et toute d’égoïsme et d’animalité,
Car il l’aura manqué, pauvre âme, d’être mère !