Le Poème sans nom/082

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Sache-le, toutefois, non, jamais ta figure,
Même quand je la vis dans sa réalité,
Ta figure jamais n’a pour mes yeux été
Ce soleil d’amour mort, cette planète obscure !

Quand mon illusion, perdant son envergure,
S’abattit sur le sol, comme un aigle amputé,
Ta figure à mes yeux garda cette clarté
Que l’unique désir de plaire lui procure.

Ah ! certes, j’aperçus ce qu’elle a d’imparfait,
Lorsque je ne lus plus sous le magique effet,
Sous l’empire trompeur de l’ivresse première ;

Mais ce visage, alors terrestrement charmant,
S’il ne les prisait plus de l’ancienne lumière,
Baignait encor mes yeux d’un cher rayonnement.