Le Poème sans nom/093

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 125).
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XCIII


Je ne reçois personne et ne vais voir personne.
Je ne sors plus, malgré le soleil printanier.
Jamais on ne me vit à ce point casanier.
Bêtement, je tressaille, à toute heure qui sonne.

Exacte panetière, attentive échansonne,
La vieille Elvire seule anime mon foyer.
J’ai honte de la voir sur moi s’apitoyer
Et souffrir, dirait-on, du mal qui m’empoisonne.

Elle me plaint comme un enfant. « Pauvre petit ! »
Murmure-t-elle. Et, l’autre soir, elle m’a dit :
« Elle vous reviendra, votre belle entêtée. »

Et, comme je criais : « Pas de mots superflus !
Elle, me revenir ! C’est moi qui l’ai quittée ! »,
Elle me répondit : « Oh ! bien, raison de plus. »