Le Poème sans nom/101

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 133).
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Aujourd’hui, j’ai reçu ta lettre, en me levant.
Je l’appréhende jésuitique et pateline.
( « Laurent, serrez ma haine avec ma discipline… » )
Et, devant elle, sans l’ouvrir, je vais rêvant.

« Une chère écriture est un portrait vivant »,
Écrivit, une fois, la tendre Marceline.
Voici la tienne sur l’enveloppe opaline…
Ce n’est pas là ton vrai portrait : elle te vend !

Non, ce n’est pas ta main nette qui l’a tracée !
Dès le seuil, elle a l’air de cacher ta pensée :
Elle se courbe, elle qui va si bien debout,

À l’ordinaire, et d’une marche noble et dure !…
Non, je ne reconnais, ce matin, rien du tout
De ton portrait vivant dans ta chère écriture.