Le Poème sans nom/144

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 181).
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Laure fut pour Pétrarque une divinité.
Mais il n’est plus de Laure ; et nos pauvres cervelles
Ne pourraient inventer des images nouvelles
Pour chanter la vertu d’accord et la beauté.

Où trouver, dans ces temps de bestialité,
Des amantes qui soient vertueuses et belles ?
La beauté, la vertu ne sont plus sœurs jumelles ;
Et c’est tant mieux, ma foi ! pour notre infirmité !

Vertu, beauté n’inspirent plus rien à la lyre.
Fusses-tu belle et bonne, eh ! que pourrais-je dire
De toi qu’on n’eût pas dit d’une autre, auparavant ?

Et je bénis l’amour, qui permet qu’on te chante
D’un accent, je l’espère, assez neuf et fervent,
Parce que sur ton front on lit : Belle et méchante.