Le Poème sans nom/178

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 221).
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Le soir, quand ses travaux au jardin sont finis,
L’arroseur vient chez moi prendre un peu de service,
Et, le soleil étant couché, l’heure propice,
Humecte à petits coups mes parterres jaunis.

Désormais, — c’est son nom, — appelons-le Denis.
Il a vécu ses premiers ans dans un hospice ;
Mais ne crains pas qu’en mes affaires il s’immisce :
Il a, c’est positif, un naturel vernis.

Jamais de questions aux maîtres. Ce principe
Est le sien. Ce garçon, tout en fumant sa pipe.
Trouve en mon jardinet un supplément d’emploi.

Il s’arrête, souvent, pour cracher dans sa paume.
Il me regarde, alors… Et nous pensons à toi,
Sans rien dire, pendant que l’œillet rouge embaume.