Le Poème sans nom/194

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 243).
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Dans ton petit salon d’œillets tout parfumé,
Parmi tes bibelots d’art et tes copenhagues,
Tu liras ces sonnets pointus comme des dagues
Et dans lesquels notre combat est résumé.

Et je te vois, de ton fin geste accoutumé,
Le long de tes doigts blancs faisant glisser tes bagues,
Pendant que tu diras : « Peuh ! mon cher, tu divagues !
N’écrivis-tu donc pas : Tu parus, je t’aimai ? »

Tu trouveras, j’en jurerais, dans notre histoire,
Ce chapitre de chasse un peu contradictoire…
Ma chère, il est l’un des plus vrais de notre amour ;

Car il est vrai qu’aimable à la fois et princière,
Tu me fis pénétrer chez toi, le premier jour,
Comme un faisan blessé dans une carnassière.