Le Poème sans nom/200
Apparence
CC
Que tel grand nuageux auteur de moi se moque,
Parce qu’à la clarté j’ai voué mon effort ;
L’on m’y verra persévérer jusqu’à la mort,
Dussé-je en devenir la fable de l’époque.
Toute impropriété de termes me suffoque.
J’inscris sur mon drapeau : Le mot propre, d’abord !
C’est mon constant souci. Sans relâche il me mord,
Et je ne puis souffrir sur ce nulle équivoque.
D’avance je n’admets au sein du paradis
Qu’un Dieu qui clamera : « Je dis ce que je dis.
Je ne dis que cela. Que cela te suffise. »
De cet unique dieu je serai le dévot ;
Et mon culte pour lui tiendra dans ma devise :
Que le mot soit la chose et la chose le mot.