Le Poème sans nom/207

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Le Poème sans nomBibliothèque-Charpentier (p. 261).
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« Ce qui m’est le plus cher s’écoule à tout moment. »
Je trouve dans Pascal cette ligne de prose.
Or, c’est un vers plus pur que le lys ou la rose ;
Et ce vers de Pascal me va tout parfumant.

Mais d’un parfum qui me parfume amèrement,
Par le mortel penser qu’il suggère et propose !…
Que de fois j’ai frémi, ruminant cette chose,
À l’heure merveilleuse où j’étais ton amant !

« Las ! » me disais-je, « hélas ! la seconde qui passe
Touche, pour la détruire, un peu de cette grâce,
De ce charme vivant, qui me tient enchanté !… »

Et comme je grondais d’une triste colère,
Quand je songeais, voyant se ternir ta beauté :
« Celle qui m’a tant plu va cesser de me plaire ! »