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Le Poulailler/Chapitre06

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CHAPITRE VI

Incubation. — Couvoir. — Paniers à couveuses. — Mues pour les repas des couveuses.


INCUBATION.

Les couvées de printemps, celles qui ont lieu dans le temps et dans l’ordre fixés par la nature, doivent se faire dans les mois de mars, avril, mai et juin. Les couvées plus précoces ou plus tardives exigent des dispositions particulières. Nous ne nous occupons maintenant que des couvées ordinaires.


COUVOIR.

Il faut, avant de mettre les poules à couver, avoir tout en ordre, afin que rien ne cloche au beau moment. Je dis : au beau moment, car rien n’est plus divertissant, plus intéressant, que de suivre les progrès des couvées et d’assister aux éclosions.

Si l’on doit élever un certain nombre de poulets, il est nécessaire de s’assurer d’une chambre de dimension convenable, c’est-à-dire à peu près en rapport avec le nombre d’élèves qu’on veut faire (grav. 27).

Un cabinet suffit pour quelques couvées, mais il faut, pour faire éclore trois à quatre cents poulets, une petite chambre d’au moins 4 mètres de côtés, dans une situation saine et à l’abri de toute exagération de température.

On a soin d’écarter, autant que possible, de cet endroit les causes de bruits effrayants pour les couveuses, et l’on clôt presque tout, afin de n’y laisser pénétrer que peu de jour. On ne doit y entrer qu’avec une certaine précaution et ne pas crier ; les domestiques qui y auraient affaire ne doivent pas y pénétrer en sabots.


Grav. 27. — Intérieur d’un couvoir.

On dispose autour de la chambre des planches, grossières si l’on veut, mais plates, de la largeur de 0m.45, que l’on fixe sur des tréteaux solides, de 0m.30 de hauteur. Ces planches, destinées à recevoir les paniers à couveuses, peuvent être doublées, c’est-à-dire qu’on peut en mettre de supérieures pour recevoir une seconde rangée de paniers, afin de ménager l’espace ; mais je désapprouve ce moyen, car, outre qu’il faut une personne très-grande pour saisir facilement les poules dans les paniers les plus élevés et les y remettre, on a encore l’inconvénient d’être fort gêné dans les soins à apporter aux couveuses des planches inférieures, et de nombreux accidents peuvent en résulter.

On range sur ces planches, à quelques centimètres les uns des autres, les paniers à couver, dont nous donnerons plus loin les proportions et la forme.

Au milieu de la chambre est placée une table assez basse, autour de laquelle on peut circuler, et qui sert à mettre les boîtes à œufs, etc.

On a soin de placer, dans un tiroir de la table, un encrier, des plumes et des fragments de papier un peu fort, de forme oblongue, troués par une extrémité, et de 10 à 12 centimètres de long, ainsi que des bouts de ficelle ou de fil fort, une paire de petits ciseaux, un couteau et quelques chiffons.

Dans un panier sous la table sont des torchons très-communs pour essuyer les pattes des poules dans quelques circonstances. Un autre panier assez grand contient toujours de la paille de nature flexible, bien brisée à l’avance, pour remplacer, dans de nombreuses occasions, la paille des paniers occupés par les couveuses.


PANIER À COUVEUSES.

Il y a plusieurs moyens de livrer les œufs à une poule. On les met quelquefois dans un panier bas dont elle peut sortir et où elle peut rentrer à volonté, et l’on a soin de placer près d’elle de quoi manger et boire. Cette méthode présente beaucoup d’inconvénients. Les principaux sont que beaucoup de poules se laisseraient périr de faim plutôt que de quitter leurs œufs, et que, si l’on mettait dans un même couvoir beaucoup de poules qui ne se connussent pas ou ne se reconnussent plus, ce qui arrive au bout de très-peu de jours, il y aurait infailliblement des batailles, et les espérances de l’éleveur se changeraient souvent en omelettes. On est donc forcé de se servir de paniers fermés, où les poules peuvent d’ailleurs bien plus facilement être mises à l’essai, et d’où elles ne peuvent s’apercevoir les unes les autres.

On a essayé de différents paniers ; le meilleur, sans contredit, est celui dont nous donnons le dessin (grav. 28) ; c’est le panier qui tient le moins de place, oblige la poule à rester dans un même sens et occasionne le moins d’accidents. Sa longueur est de 0m.38 sur 0m.30 de large, par en haut de 0m.30 sur 0m.24 au fond ; sa profondeur est de 0m.26. Toutes ces dimensions sont prises intérieurement. Il peut être fait en osier grossier, et les poules de presque toutes grandeurs peuvent y être mises.


Grav 28. — Panier à couveuses.

On couvre le fond intérieur d’une couche de paille un peu rompue et tassée de 0m.04 environ d’épaisseur. Par-dessus cette première couche, on en place une autre bien brisée, bien amollie, qu’on tourne un peu en rond, afin de lui donner la forme d’un nid ovale légèrement creusé. Chaque panier est accompagné d’un morceau de vieille étoffe de laine de la largeur du couvercle. Cette étoffe sert à couvrir ce panier quand la couveuse y est, et, quand elle prend ses repas, à couvrir les œufs.

Il faut avoir à l’avance une douzaine de ces paniers tout préparés.

Si l’on n’a pas absolument besoin de ménager la place, il est préférable d’employer des paniers ronds fabriqués comme les paniers carrés, profonds de 0m.33, plus larges en haut qu’en bas, et d’un diamètre assez grand à leur partie moyenne pour qu’une poule puisse y être couchée à l’aise. Les paniers ronds tiennent beaucoup plus de place, mais la couveuse peut s’y retourner plus facilement, ce qui occasionne bien moins d’accidents.


MUE POUR LES REPAS DES COUVEUSES.

Comme on donne régulièrement à manger aux poules, il est nécessaire de préparer un endroit convenable pour leurs repas.

Près du couvoir, dans une cour close, près d’un mur exposé au levant, sur une surface plate, un peu élevée afin d’être saine, on place la mue pour les repas (fig. 29) : c’est une longue cage coupée d’autant de séparations qu’on veut y mettre de poules à la fois.


Grav. 29. — Mue pour les repas des couveuses.

Plus il y a de cases, plus l’opération est rapide, comme on le verra lorsque nous parlerons des soins à apporter aux couveuses. Pour que le repas ne se prolonge pas indéfiniment, il faut, si l’on doit faire beaucoup de couvées, avoir une mue composée de douze compartiments. Il est très-utile de placer au-dessus un petit toit ou hangar avec une gouttière en bois qui conduise à distance les eaux de pluie.

Le derrière de la mue, les côtés et les séparations sont en bois plein ; les portes supérieures sont pleines aussi, attachées par des charnières, et s’ouvrent sur le mur. Il n’y a pas de fond, afin que les pattes des poules portent à terre ; le devant est clos par des barreaux distancés de 0m.06, afin que les poules puissent passer le cou. Les séparations sont prolongées en dehors, en avant, par une planchette de 0m.06 de large, qui empêche les couveuses de se voir quand elles sortent la tête ; en face de chaque case sont placés deux vases plats en fer-blanc, zinc ou terre cuite, pour recevoir le boire et le manger. Chaque case occupe intérieurement une place de 0m.40 en tout sens.

Il est très-utile d’avoir dans une caisse, placée non loin de la mue, du sable sec pour renouveler de temps en temps le sol, et donner aux couveuses la facilité de se poudrer, ce qu’elles ne manquent pas de faire.


Grav. 30. — Pelle pour nettoyer la mue pour les repas des couveuses.

Une pelle à main pour prendre le sable, une petite pelle recourbée à manche très-court (grav. 30) pour ramasser les fientes, un panier pour les mettre, et un balai de bouleau pour nettoyer après les repas, doivent être placés à proximité.

Un enfant intelligent et vif doit servir d’aide.