Le Poulailler/Chapitre17

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 162-170).

CHAPITRE VII

Race de Dorking.

COQ.
PROPORTIONS ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX.

D’une magnifique prestance, quoique d’une forme un peu arrondie ; gros et grand, couvert d’un plumage abondant, qui rappelle, par la couleur, celui de nos coqs de ferme ; camail épais, queue de longueur moyenne, crête simple ; barbillons et oreillons très-longs, cinq doigts à chaque patte, os fins et légers (grav. 71).


Grav. 11. — Coq de Dorking


POIDS, PROPORTIONS ET CARACTÈRES PARTICULIERS.

Poids. — À l’âge adulte, de 3 kilogrammes 1/2 à 4 kilogrammes 1/2.

Chair. — Abondante ; très-blanche, très-fine et disposée à prendre facilement la graisse.
Grav. 72. — Tête de coq de Dorking.

Taille. — Il est difficile de spécifier la taille du coq dorking, dont l’espèce peuple une partie des basses-cours de l’Angleterre ; mais on en trouve, dans ceux dont l’éducation est soignée, qui acquièrent un très-beau volume. Eu tout cas, il ne doit pas être élancé, et la largeur de son corps doit toujours être proportionnelle à son élévation.

Tête (grav. 72). — Forte, surmontant un cou épaissi par un énorme camail

Crête. — Simple, haute et large, prolongée en arrière, droite autant que possible et régulièrement dentelée avec de grandes pointes. La crête est quelquefois épaisse et frisée, surtout dans la variété blanche.

Barbillons. — Longs, larges et pendants.

Joues. — Couvertes de petites plumes blanches, courtes et es.

Oreillons. — Assez longs, rouges aux extrémités, d’un bleu azuré et nacré près du conduit auditif.

Bouquets. — Blanchâtres.

Bec. — Fort et courbé par-dessus, noir et jaune.

Iris. — Aurore foncé.

Pupille. — Noire.

Patte, canon de la patte. — De longueur médiocre, forte et charnue, d’un beau blanc rosé.

Le dorking est une des espèces dont on peut le mieux apprécier les qualités, rien qu’à l’inspection de la patte, qui est potelée, douce et d’un tissu admirablement fin.

Doigts. — Forts, bien articulés, au nombre de cinq, et de la même nature que la patte (grav. 73).

La patte du dorking a, comme on peut le voir, beaucoup d’analogie avec celle du houdan ; cependant la structure en est particulière quand on l’observe par-dessous (grav. 74).

DESCRIPTION DU PLUMAGE.

Le dorking argenté, qui est la variété la plus répandue et la plus caractéristique, a le camail et les lancettes d’un beau jaune-paille semé de petites taches noires.
Grav. 73. — Patte du dorking.

Les épaules sont d’un jaune roux très-vif ;
Grav. 14. — Patte du dorking, vue en dessous.


les plumes de recouvrement des ailes d’un beau noir à reflets bleus pourprés, très-brillants ; les grandes plumes du vol, blanches ; le plastron, noir brillant ; les flancs, les cuisses et l’abdomen, d’un noir mat ; les grandes plumes de la queue, noires ; les plumes de recouvrement de la queue et les faucilles noires, à reflets verts et bronzés.

Le coq est d’une grande beauté et d’un aspect grave ; sa coiffure, ses barbillons et son épais camail lui donnent un air patriarcal.

Chez le coq comme chez la poule, les variétés du plumage sont si multipliées, qu’il deviendrait puéril de chercher à les décrire ; la plus tranchée est la variété blanche, plus petite que les autres, et dont la chair est, dit-on, encore plus délicate.


POULE.
PROPORTIONS ET CARACTÈRES GÉNÉRAUX.

La poule de Dorking a pour principaux caractères une crête ployée, simple et dentelée, de proportion moyenne et quelquefois double et dentelée, mais alors assez petite ; elle a le corps arrondi, une queue un peu effilée, des pattes courtes et cinq doigts à chaque patte. Son œil, la nature de sa patte, sont les mêmes que chez le coq ; elle a dans son poids, sa taille, sa démarche, de nombreux rapports avec la crèvecœur ; elle pond bien et de bonne heure ; elle couve bien, et ses œufs sont de taille moyenne.


DESCRIPTION DU PLUMAGE.

Les plumes de la tête et du camail sont blanchâtres au bord, noires au milieu, et forment une région tranchée qui se distingue bien du corps (grav. 75). Le bord des joues et le tour du cou, au-dessous du bec, sont couverts de petites plumes noires, courtes, dont l’ensemble forme une espèce de collier, qui cependant ne se rejoint pas par derrière, mais qui imite le hausse-col d’un officier. Le bouquet est d’un gris pâle clair ; le dessus du dos, d’un gris brun marron qui tourne au roux sur les épaules et sur le recouvrement des ailes ; les grandes plumes du bras sont tigrées ; les grandes du vol, d’un brun noir ; le plastron est roux marron clair ; les cuisses, gris roux foncé ; le cul-d’artichaut gris, ; les grandes de la queue, brun noir.
Grav. 75. — Plume du camail.

Tout cela est de couleur tantôt vive, tantôt rompue, passant, en se fondant, d’une région à une autre.

Les plumes sont souvent entourées d’une bordure qui donne un aspect maillé à tout le plumage ; mais ce qui est le plus caractéristique, c’est une ligne d’un blanc presque pur qui suit, dans toute la longueur de la partie visible, le tuyau de chaque plume (grav. 76).

Cette ligne vive, très-apparente sur le dos, les épaules et le recouvrement de l’aile, perd de son intensité en gagnant les parties inférieures et les extrémités.

On pourrait compter beaucoup de variétés dans cette espèce si l’on s’en rapportait au plumage, dans lequel on trouve, comme chez nos poules communes, toutes les couleurs, depuis le blanc pur presque jusqu’au noir, en passant par tous les tons, ainsi que les robes maillées, pailletées, cailloutées, mouchetées, etc., etc.


Grav. 76. — Plume caractéristique de la poule de Dorking argentée.


CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR L’ESPÈCE.

En Angleterre, cette volaille est mise au-dessus de toutes les autres, aussi acquiert-elle des prix exorbitants sur les marchés où viennent se fournir les tables les plus somptueuses.

Les éleveurs entretiennent la race avec un grand soin, et les grands seigneurs possèdent et cultivent les variétés les plus belles comme taille et plumage. Ils ne dédaignent pas de concourir aux expositions publiques, et font même partie de sociétés particulières qui ont des expositions destinées uniquement aux animaux de basse-cour.

Le dorking est d’une grande précocité et d’un goût exquis ; sa chair est blanche, juteuse, et retient bien la graisse en cuisant. Troussé, il est de la plus belle apparence ; sa nourriture, en Angleterre, consiste en pâtée dure de farines d’orge et d’avoine mêlées, en maïs cuit et en orge cuit ; mais il faut ménager le maïs, qui engraisse trop.

Il est bon de continuer ces pâtées ou de les remplacer par d’analogues quand des sujets de cette race arrivent en France, et de ne les habituer que petit à petit à leur nouveau régime, auquel ils se font du reste parfaitement.

M. Baker, de qui je tiens une partie des renseignements qui ont servi à ce chapitre, m’a affirmé qu’un grand nombre d’éleveurs français achetaient de ces belles volailles pour mêler à leur troupeau ou pour croiser avec une autre race, ce dont je les félicite, car elle paraît ne le céder en rien même au crèvecœur et au la flèche.

L’espèce est délicate et exige certaines précautions contre les grandes gelées et l’humidité. Il faut surtout que, lorsqu’ils sont parqués, ces animaux soient toujours sur un terrain bien sec.