Le Poulailler/Chapitre28

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Librairie agricole de la Maison rustique (p. 252-262).

CHAPITRE XVIII

Les races naines.

Beaucoup de races naines sont originaires des côtes d’Afrique, quelques-unes le sont d’Asie, d’autres, et c’est la majorité, sont de fabrication humaine.

Il est difficile de se débrouiller dans le chaos produit par les noms multiples qu’on leur donne dans les différents pays où on les cultive. Beaucoup ont été perdues ou ont passé de mode ; nous nous bornerons donc à donner un aperçu des espèces bien caractérisées existant aujourd’hui et connues en France.


Race dite de Courte-Patte.

Beaucoup de localités dans la Bretagne, dans la Sarthe, dans l’Orne, possèdent des courtes-pattes ; mais la véritable race, celle autrefois répandue dans l’Orne, et dont on tirait ces délicieux et précoces poulets dits poulets à la reine, est à peu près perdue.

Nous l’avons cependant retrouvée, et elle est sous nos yeux.

Le coq pèse 1 kil. 1/2, la poule 1 kil. ; l’un et l’autre sont si courts et si bas de pattes, qu’ils marchent comme le canard et que les plumes du cul-d’artichaut posent et traînent à terre malgré tous les efforts qu’ils font pour s’élever sur leurs jambes. La crête du coq double (2 crêtes) est accompagnée d’une demi-huppe en arrière ; le plumage est caillouté blanc et noir foncé d’un bout à l’autre, à l’exception de la queue, qui est noir bronzé. Les faucilles sont longues et fournies, la patte est noire.

La poule ressemble beaucoup au coq, et sa queue très-longue forme un étrange contraste avec ses pattes presque invisibles.

La couleur des pattes est noire.

Cette espèce pond très-bien et couve admirablement de très-bonne heure ; elle fournit d’excellents petits poulets extrêmement précoces autrefois très-estimés et destinés aux tables riches dans la saison du printemps, où la plupart des volailles ne sont plus mangeables.

Race dite de Bantam.

On affirme que cette petite race a été complètement fabriquée en Angleterre. Si le fait est vrai, il prouve l’empire de l’homme sur la constitution artificielle d’espèces nouvelles. Rien de plus merveilleusement joli que la forme toute particulière de cet animal, rien de plus riche, de plus soigné, de plus méthodique que son admirable plumage.

C’est l’espèce dans laquelle la différence des sexes est le moins sensible. Le plumage y est le même, et le coq est dépourvu comme la poule des plumes de la queue qu’on nomme faucilles.

Le coq est un peu plus gros que la poule, il a l’air extrêmement fier et laisse pendre ses ailes à terre.

La crête est frisée, oblongue, d’un volume raisonnable, légèrement aplatie, pointue en arrière.

La patte est bleue.

L’œil très-grand, la pupille rouge-brique.

La poule, très-petite et d’une forme ravissante, pond et couve très-bien. Autrefois il y avait peu de coqs qui fussent bons pour la reproduction, mais il paraît qu’ils sont devenus meilleurs.

Les variétés, au nombre de quatre, sont

La bantam argenté,
La bantam doré,
La bantam noir,
La bantam blanc.

Elles doivent toutes quatre être identiques pour la forme

La variété la plus jolie et la plus recherchée est l’argentée, parce que c’est chez elle que la beauté du plumage est le plus apparente.

Les plumes du camail (grav. 107), depuis la plus petite jusqu’à la plus grande, portent toutes le même dessin, avec bord éclairci.
Grav. 107. — Plume du camail.

Celles du cou et du plastron (grav. 108) sont d’une grande régularité, ainsi que celles du dos, des épaules et du recouvrement de la queue (grav. 109).

Celles du recouvrement de l’aile ont le liséré plus étroit (grav. 110), ainsi que les grandes de l’aile et de la queue (grav. 111).

Celles de la cuisse (grav. 112) ont le liseré plus large, et leur ensemble forme une région plus foncée.

Les plumes des flancs et du cul-d’artichaut sont d’un gris mêlé.

On voit que cette ravissante espèce est encore plus régulièrement maillée que la padoue, puisque le pailletage n’apparaît jamais sur sa robe.

La variété argentée est d’autant plus belle que le fond du
Grav. 108. — Plume du cou et du plastron.


Grav. 109. — Plume du dos, des épaules et du recouvrement de la queue.
plumage est plus clair et que les dessins sont plus réguliers.
Grav. 110. — Plume du recouvrement de l’aile.

La variété dorée a le fond du plumage chamois très-vif.

Le fond du plumage de l’une et de l’autre ne doit pas être maculé.


Grav. 111. — Grande plume de l’aile et de la queue.

Grav. 112. — Plume de la cuisse.


Race nègre. — Poule naine de soie à peau noire.

Voici, parmi les espèces naines, la plus nouvelle, la plus curieuse et une des plus jolies qu’on puisse voir.

Extrêmement petits et légers, coq et poule ont la forme exacte et peut-être exagérée des cochinchines les mieux faits. Chaque partie du corps se détache en un lobe distinct, et son plumage de soie, extrêmement fin et blanc, accompagné d’une forte demi-huppe renversée un peu en arrière, forme le plus étrange contraste avec ses joues, ses barbillons, sa crête frisée d’un rouge sombre presque noir et son oreillon d’un bleu de ciel verdâtre et nacré.

La couleur de sa peau, qui est par tout le corps d’un bleu foncé noirâtre, ne s’aperçoit qu’aux pattes, qui sont à cinq doigts, courtes et bordées extérieurement de petites plumes soyeuses.

La poule, aussi douce et aussi familière que la cochinchine, est, parmi les poules naines, la plus féconde, la meilleure couveuse et la meilleure mère. Les petits sont très-rustiques et très-faciles à élever.

La couleur noire de la peau se retrouve dans le bec, dans le gosier, dans l’anus et jusque dans les intestins, et la chair n’est pas très-bonne à manger. Les sujets sont adultes en trois ou quatre mois. Les poules pondent et couvent l’hiver comme les cochinchines, et l’espèce est originaire du même pays.

Race naine coucou dite d’Anvers.

Cette charmante petite race a été, croit-on, nouvellement fabriquée en Hollande. Son plumage, entièrement coucou, est plus sombre que celui des autres espèces coucou (grav. 100), et porte quatre marques très-distinctes, gris foncé sur fond gris clair.

L’espèce est pourvue d’un petit collier de plumes qui entoure les joues.

L’œil est grand, et la pupille jaune ;

La patte est blanche.

Ponte bonne, incubation médiocre.

Race naine pattue, dite anglaise.

Cette petite espèce, extrêmement répandue en France, est très-appréciée pour sa fécondité, sa précocité et son aptitude couver.

Coq et poule sont à crête simple, courts de pattes, à plumage blanc très-collant. Le plumage s’épanouit en gagnant les parties intérieures, les plumes du calcanéum s’allongent énormément en forme de manchettes, et les pattes sont couvertes extérieurement, et jusque sur les doigts, d’un épais matelas de longues plumes, qui donnent à ces petits animaux une tournure toute particulière.
Grav. 113. — Plume de la race naine coucou.

On trouve cette espèce en assez grand nombre dans beaucoup de campagnes où l’on met à profit sa faculté d’incubation hâtive, et où son exiguïté l’a presque partout préservée des croisements.

Croisée par le coq avec des poules françaises de petites dimensions et avec des poules de combat anglaises, cette race donne des couveuses moyennes et légères extrêmement recherchées par les faisandiers.

Il y a, en Angleterre, une variété brune et une variété jaune de cette espèce.



FIN DE LA DEUXIÈME PARTIE