Le Roi de Rome et les femmes/3

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A. Méricant (p. 111-151).

L’AVENTURE HÉROÏQUE DE « NAPOLÉONE »


Ce qu’est la comtesse Napoléone Camerata. — Ses aventures. — Sa tentative prouve qu’elle est une vraie Napoléonide. — Conditions dans lesquelles elle arrive à Vienne. — Rencontre du duc dans l’escalier du baron d’Obenaus. — Sa lettre à son cousin. — Réponse du duc. — Suite et fin de l’aventure. — Ce qui en a pu paraître suspect. — Fragiles hypothèses de M. Frédéric Masson. — La lettre est-elle apocryphe ? — Raisons qui militent en sa faveur. — Le duc a-t-il trahi sa cousine ? — Comment l’affaire a été solutionnée par des étrangers. — Pourquoi le duc n’a pas répondu à l’appel de Napoléone.


I

Le nom de la comtesse Camerata est le premier qu’on trouve mêlé à la vie du duc étudiée en ses rapports avec les femmes. Il y figure à propos d’une aventure longtemps demeurée obscure, quoique connue du public du vivant même du duc de Reichstadt.

Du mariage d’Élisa-Napoléon, grande duchesse de Toscane, avec Félix Baciocchi, est née, le 3 juin 1806, au château de la Marlia-Capparoni di Luca, Napoléone-Élisa[1]. Son enfance heureuse s’est écoulée au milieu des splendeurs de la cour ducale, sans heurts, sans secousses. « Ma petite est charmante », écrit Élisa à Lucien, de Piombino, le 12 avril 1808[2]. Puis est venue la catastrophe de 1814, la grande débâcle qui a dispersé la famille à travers les terres d’exil. Élisa mourut en 1820, laissant à Félix le soin de compléter une éducation à laquelle elle avait veillé jusque-là avec rigueur. Les soins que Baciocchi apporta à l’achever furent médiocres dans leurs résultats ; toute la vie aventureuse, passionnée et mouvementée de Napoléone en témoigna. En janvier 1825, elle se mariait, à Florence, avec le comte Philippe Camerata Passionei de Mazzolino, à peine âgé d’un an de plus qu’elle[3]. De ce mariage naquit, l’année suivante, le 20 septembre, à Ancône, Napoléon-Charles-Félix-Antoine-Baptiste, qui, maître des requêtes au Conseil d’État, sous le Second Empire, se suicida le 4 mars 1853.

Nature rebelle, fougueuse, indépendante, folle tout simplement, disait Marmont[4], elle ne tarda pas à s’émanciper des liens de l’union conjugale, parce que, explique un de ses historiens, « la fierté de la comtesse Camerata s’est trouvée froissée dans ses plus nobles aspirations ». C’est possible. Et le même auteur continue : « Au fond des démêlés qu’elle a eus avec son mari et sa famille, le monde n’a vu que cette facilité de mœurs dont les sœurs de Napoléon ont trop souvent donné l’exemple. Admettre cette opinion serait lui faire injure. Pour la comtesse Camerata, la galanterie n’était qu’un appât ; elle ne cherchait pas la fidélité dans l’amour, mais le dévouement à sa gloire. À la honte de notre sexe elle n’a rien trouvé[5]. » On doit à la vérité de confesser qu’elle y trouva au moins quelques amants. Cet idéal, elle le menait de front avec l’escrime, la chasse et l’équitation, « exercices dont le monopole semble spécialement dévolu à un autre sexe que le sien[6] ». On avait tenté de le lui faire remarquer. Soin superflu. « Je sais, lui écrivait son père, je sais que tu n’écoutes personne lorsqu’il s’agit de satisfaire une de tes fantaisies[7]. » Parmi ces fantaisies se rangea celle de l’enlèvement du duc de Reichstadt, au lendemain des événements de juillet 1830.

Napoléone n’a point recueilli la gloire de sa tentative. On l’en a raillée et blâmée, alors qu’elle méritait, tout au contraire, une admiration moins marchandée à d’autres équipées. Que son nom de Napoléone (quelle abrège en : Napoléon) l’ait grisée, soit, il en faut convenir. Et c’est tant mieux. Dans toute la famille dispersée à travers l’Europe, réfugiée en Amérique, parmi tous les Napoléonides frères de l’Empereur, tenant tout de Lui, n’ayant existé que par Lui, parmi eux qui disposent de moyens sinon sûrs, du moins puissants, Napoléone est la seule à tenter l’héroïque et folle aventure de la délivrance du prisonnier. Et on l’en raille ! Ce Napoléon, libre, pourra être révélé à lui-même s’il s’ignore ou s’il redoute ses destins, et, tel, se montrera peut-être digne du trône qui lui est promis. Et on l’en blâme, elle, une femme, la seule qui ose ! la seule qui, par ce geste, se révèle Napoléonide et digne de la race de celui qui a couru et osé les aventures de Brumaire et du golfe Juan ! Et cela paraît ridicule et risible ? En effet. Que les hommes soient rappelés à leur devoir et s’en voient infliger la leçon par une femme, c’est une chose dont on ne peut se tirer que par un bon mot ou une pirouette. Le renard du fabuliste sort de son aventure avec un peu plus d’honneur.
II

Voyons maintenant les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’aventure de Napoléone.

Elle était arrivée à Vienne vers la fin octobre 1830, par surprise, à l’insu de son mari et de son père. Dès que celui-ci l’apprit, il lui en témoigna son déplaisir. Le pauvre Baciocchi, éternel ennemi de toute complication, rappelait sa fille au sens réel des choses, au délicat de la situation où se trouvaient placés les Bonaparte. Et quoi qu’il en eût dit, il ajoutait : « Je ne te parle pas des circonstances générales où nous sommes tous. Elles auraient dû te faire sentir combien il est inconvenant de te donner en spectacle lorsque tout impose la loi de la réserve la plus absolue[8]. » Napoléone, sans se vanter de ses projets, répondit par courrier : « Je ne vois pas ce qu’un séjour de quelques semaines dans cette capitale peut avoir de répréhensible. » Le gouvernement autrichien le lui allait bientôt dire. Et elle ajoutait : « Mais depuis longtemps je suis habituée à ne trouver dans ma famille que des détracteurs, au lieu des soutiens que toute personne devrait avoir[9]. » Rêver le soutien de sa famille dans son aventure, c’était évidemment cultiver les illusions. Elle eut, par la suite, le loisir d’y renoncer.

Elle s’était logée à l’hôtel du Cygne, rue de Carinthie. Dans les premiers jours de son arrivée, elle avait vu le duc dans ses promenades au Prater, « mais sans l’approcher », dit Prokesch. On en comprend les raisons : le jeune homme était escorté, soit de ses gouverneurs, soit d’officiers du régiment d’infanterie de Salins, dont il avait été nommé major le 7 juillet précédent. Napoléone attendit donc l’occasion de voir le duc seul. Les circonstances et le hasard la servirent à souhait. Invité à passer la soirée chez son gouverneur, le baron d’Obenaus<ref> Le baron d’Obenaus avait pris la charge de gouverneur du duc en janvier 1825. Il lui enseignait particulièrement l’histoire et le latin. D’Obenaus, né à Tirne, ville libre royale de Hongrie, était, au début de sa carrière, docteur en droit et en politique et membre de la Faculté des Jurisconsultes. Par la suite, il fut chargé de l’éducation des archiducs et des fils des hauts dignitaires de l’Empire. En 1807, il professait les sciences politiques à l’Université de Vienne. Nommé en 1818, conseiller de Régence de la Basse-Autriche, il était depuis 1824 chevalier de l’ordre de Saint-Étienne, quand il fut placé auprès du duc de Reichstadt. Son titre de baron ne datait que de 1828. — Voyez sur lui M. de Montbel, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., p. 358 et suiv.</ref>, le jeune homme s’y rendit, et, au moment de s’engager dans l’escalier, assez mal éclairé, de la maison, il se sentit saisir la main. Des lèvres respectueuses s’y posèrent avec un fiévreux enthousiasme. Dans la pénombre il parvint à distinguer la silhouette d’une femme « enveloppée dans un manteau écossais ». Surpris dans l’instant, et avant qu’il eût pu esquisser un mouvement, le baron d’Obenaus parut au haut de l’escalier. D’un coup d’œil il vit la scène.

— Que faites-vous, madame ? cria-t-il.

Et la femme de lever la tête, cabrée :

— Qui me refusera de baiser la main du fils de mon souverain ?

Le duc, aussitôt, se dégagea, et, « sans mot dire », gagna l’appartement de d’Obenaus où on lui apprit le nom de la femme : Camerata.

Il ne parla point de l’aventure et sans doute eût-il continué à observer la règle de ce prudent silence, quand, quelques jours plus tard, le 24 novembre, dit Prokesch, le domestique du baron d’Obenaus lui remit une lettre arrivée chez son maître à l’adresse du duc. Elle était conçue en ces termes dépourvus d’ambiguïté :

AU DUC DE REICHSTADT
Vienne, le 17 novembre 1830.

Prince, je vous écris pour la troisième fois. Veuillez me faire savoir par un mot si vous avez reçu mes lettres et si vous voulez agir en archiduc autrichien ou en prince français. Dans le premier cas, donnez mes lettres. En me perdant, vous acquerrez probablement une position plus élevée, et cet acte de dévouement vous sera attribué à gloire. Mais si, au contraire, vous voulez profiter de mes avis, si vous agissez en homme, alors, prince, vous verrez combien les obstacles cèdent devant une volonté calme et forte. Vous trouverez mille moyens de me parler, que, seule, je ne puis embrasser. Vous ne pouvez avoir d’espoir qu’en vous. Que l’idée de vous confier à quelqu’un ne se présente pas même à votre esprit. Sachez que si je demandais à vous voir, même devant cent témoins, ma demande serait refusée, — que vous êtes mort pour tout ce qui est français ou de votre famille. Au nom des horribles tourments auxquels les rois de l’Europe ont condamné votre père, en pensant à cette agonie de banni, par laquelle ils lui ont fait expier le crime d’avoir été trop généreux envers eux, songez que vous êtes son fils, que ses regards mourants se sont arrêtés sur votre image ; pénétrez-vous de tant d’horreur et ne leur imposez d’autre supplice que celui de vous voir assis sur le trône de France. Profitez de ce moment, prince. J’ai peut-être trop dit : mon sort est entre vos mains, et je puis vous dire que si vous vous servez de mes lettres pour me perdre, l’idée de votre lâcheté me fera plus souffrir que tout ce qu’on pourrait me faire. L’homme qui vous remettra cette lettre se chargera de votre réponse. Si vous avez de l’honneur, vous ne m’en refuserez pas une.

Napoléone C. Camerata[10].

Cette lettre, au ton si noblement français et napoléonien, plongea le duc dans « une vive surexcitation ». Prokesch, qui le vint voir le soir même, le trouva agité et se vit tendre la lettre à son entrée. Il la lut et demanda quelques explications. Elles portèrent surtout sur le fait que la lettre, datée du 17 novembre, n’était parvenue que le 24. Il y flaira une manœuvre policière. Le duc fut de son avis. Au surplus, le vague des propositions de la comtesse le déconcertait. Par l’absence des deux premières lettres dont elle parlait, et qui ne lui étaient point parvenues, le fil de l’intrigue lui échappait. Avec Prokesch il tint conseil et décida de trois résolutions. La première consistait à répondre à la comtesse ; la deuxième, à mettre l’Empereur au courant de l’aventure, avec prière de ne pas inquiéter Napoléone ; et la troisième à demander conseil au prince de Dietrichstein, frère du gouverneur. La réponse fut rédigée sur-le-champ, et, de la collaboration du duc et de son confident, sortit le billet que voici :


{{taille|Je viens de recevoir ce matin une lettre datée du 17, dont je ne comprends ni le retard ni le contenu, et dont je puis à peine déchiffrer la signature. Je suppose que c’est la main d’une dame ; les lois de la bienséance m’imposent de répondre. Vous concevez que ce n’est ni en archiduc autrichien ni en prince français, pour me servir des termes de cette lettre, que je veux la recevoir ; mais l’honneur me prescrit de vous faire connaître, Madame, que je n’ai pas reçu les deux premières dont vous me parlez, que celle à laquelle je réponds sera immédiatement livrée aux flammes, et que le contenu, autant que je le devine, restera à jamais enseveli dans mon sein. Quoique très touché et reconnaissant des sentiments que vous m’exprimez, je vous prie, Madame, de ne plus m’adresser de vos lignes.|90}}

Vienne, 25 novembre.
Le Duc de Reichtadt.

La mise en demeure était brutale. Elle fut vraisemblablement conseillée et imposée par Prokesch redoutant les suites de l’affaire. L’affligeant, en la circonstance, est de voir le fils de Napoléon y apposer sa signature. Quand ce fut chose faite, les deux hommes se séparèrent, Prokesch décidé à aller conter tout le lendemain à Dietrichstein.

À peine fut-il parti, qu’une nouvelle lettre de la comtesse Camerata fut remise au duc. De cette quatrième missive nous ignorons le contenu. Peut-être Prokesch ne l’a-t-il point connu lui-même. Tout ce qu’il nous livre, c’est le billet que lui adressa le duc pour le prier de ne point faire la démarche convenue auprès du frère de son gouverneur. Il disait :


Hier au soir, à neuf heures, on m’a remis une autre lettre de la même main que celle qui devait former l’objet de votre entretien d’aujourd’hui avec le prince D. [Dietrichstein]. J’ai fait part de ce qui s’était passé au baron Obenaus ; celui-ci est fermement résolu à raconter tout au comte Dietrichstein. Je me propose par conséquent de l’informer moi-même en lui proposant de demander conseil au prince D. Vous, très cher ami, vous devez complètement rester à l’écart ; donc renvoyez-moi la lettre de la dame en question avec ma réponse. N’allez pas chez le prince D., et ne parlez de cela à âme qui vive.


Malgré qu’il en eût promis, le duc ne brûla pas la lettre de Napoléone. Il la montra le lendemain au prince de Dietrichstein, au comte, son frère, venus au conseil qu’il était urgent de tenir. Le récit de Prokesch est assez obscur sur ce point. On ne sait point exactement ce qui fut décidé au cours de cette entrevue. Il ne reparle point du projet de remettre la lettre sous les yeux de l’Empereur, en intercédant pour Napoléone. Nous verrons plus loin, qu’on n’en fit rien. Mais ce qui se dégage de ces explications assez confuses, c’est que tous les personnages crurent à une manœuvre policière ou à une arrière-pensée de Metternich, et que, tout compte fait, ils jugèrent prudent de se taire, ce qu’ils firent, Prokesch excepté. Il n’avoue avoir parlé que peu après la mort du duc. Ce n’était alors que demi-mal.

Ce fut ce même Prokesch qui fut voir la comtesse pour la décider à s’éloigner de Vienne[11]. Il dit qu’elle y consentit aussitôt après cet entretien, qui se place dans les derniers jours de novembre. Ou la mémoire de Prokesch le trompe, ou la comtesse l’a abusé, car il est un fait certain, prouvé par ses lettres, qu’elle était encore à Vienne le 15 décembre suivant[12]. De même Prokesch ne fait aucune allusion aux ennuis qu’elle aurait eu à subir et qui peuvent se rattacher à son aventure.

Loin de là ! Il assure que la police ne fut au courant de rien, et en cite, pour preuve, un entretien qu’il eut avec Metternich, peu après la mort du duc. Le hasard de la conversation lui fit prononcer le nom de la comtesse Camerata et il raconta l’affaire de la lettre, en ajoutant qu’ils avaient tous cru à une manœuvre policière. Metternich lui éclata au nez et fit entrer le comte de Sedlizky, ministre de la police, dans son cabinet. « Racontez-nous de nouveau ce que vous venez de me dire », ordonna-t-il à Prokesch. Et Prokesch de répéter. Sedlizky en tomba de son haut et, confus, avoua : « Je ne savais pas un seul mot de cette aventure. » Si Prokesch[13], témoin digne de foi, doit être cru, que penser de ce qu’écrit Napoléone à sa tante Caroline, la veuve de Joachim Murat, et quel sens attacher aux plaintes que voici :
De Vienne, 15 décembre 1830.

 Ma chère Tante,

Petrini vous remettra cette lettre et pourra plus en détail vous raconter, si cela peut vous intéresser, les désagréables affaires que j’ai eues à Vienne. Je me suis plus d’une fois repentie de n’avoir pas suivi vos prudents conseils ; cependant rien ne m’est encore arrivé et je crois que tout se bornera à rester en Autriche. Par là, personne de ma famille ne sera inquiété ; c’est ce que je désire le plus ardemment. Veuillez, ma chère tante, croire à mon sincère attachement.
Votre très affectionnée nièce.

Napoléon[14].

La « désagréable aventure » est-elle celle de la découverte de son intrigue auprès de son cousin ? On peut le croire, car le fait de voir Napoléone reconnaître que rien ne lui est encore arrivé, écarta la supposition d’une intervention de mouchards et atteste du silence gardé par le duc, Prokesch, Obenaus et les Dietrichstein.

Elle constata donc l’échec de sa tentative et se décida à quitter Vienne. Elle demanda un passeport pour Presbourg, qu’on lui refusa, « car la cour y séjournait et l’on pouvait craindre de son humeur audacieuse quelques frasques nouvelles[15] ». Les « frasques » redoutées n’eurent point lieu, et Camerata fut gîter à Prague, « où je me trouve très bien », écrit-elle à Baciocchi[16].

Là se termine son aventure. Le lecteur en connaît maintenant la physionomie. Il ne nous demeure plus qu’à en étudier quelques détails qui, à la psychologie du Roi de Rome et des femmes gravitant autour de lui, dans l’ombre de sa vie, peuvent apporter quelques lumières, – bien troubles et bien vagues. Mais dans quelle prison le grand jour tient-il compagnie au captif ?

III

Tout ceci, aventure et détails, est contesté, rejeté, nié en bloc par M. Frédéric Masson, du moins à la date d’avril 1900[17]. Camerata n’a pas été à Vienne en 1830, et de ce fait tout ce qu’on peut conter de son aventure appartient au domaine de la légende. Et celle-ci juge des autres.

Pourquoi ? D’abord à cause de Prokesch, ce Prokesch « si romantique, si médiocrement précis[18] ». Prokesch, au contraire, semblait apporter dans cette affaire des détails singulièrement précis, des dates surtout, qui, contrôlées, pouvaient attester de son erreur ou de la vérité de ses assertions. Mais ce n’était point là la première erreur de Prokesch. M. Frédéric Masson en signalait une autre, singulièrement plus importante, sous laquelle le confident du duc demeurait écrasé. En effet, Prokesch rapportant une conversation avec Metternich, relative aux tentatives françaises, faites en 1830, pour ramener le Roi de Rome sur le trône impérial, assurait que l’affaire était conduite par Fouché, duc d’Otrante. Or Fouché était mort depuis près de dix ans, le 25 décembre 1820, exactement, à Trieste. Il est évident qu’une confusion a été créée, soit par Metternich, soit par Prokesch, et ce dernier, s’il n’en est point l’auteur, est tout au moins coupable de l’avoir imprimée. Le personnage qui a joué le rôle indiqué par le chancelier autrichien, fut en effet un Fouché, duc d’Otrante, le fils du conventionnel ministre de Napoléon[19]. Cette confusion suffit-elle pour vicier le récit de Prokesch ? Certes non, et M. Frédéric Masson, par la révélation inattendue de documents inédits, a été implicitement forcé, un mois plus tard, de le reconnaître. Le second argument pour s’inscrire en faux contre l’aventure était tiré du silence même de Napoléone. « Quand, devenue princesse Baciocchi sous le Second Empire, la comtesse vivait soit en Seine-et-Marne, soit en Morbihan[20], ni à ses amis les plus intimes, ni à son chevalier d’honneur, le marquis de Piré, elle n’a conté de telles aventures. Autour d’elle on respectait la légende, mais aux questionneurs on s’arrangeait pour ne la confirmer ni l’infirmer[21]. » Qu’est-ce que cela prouvait ? Pour tous, discrétion de la comtesse. Pour M. Frédéric Masson, la fausseté et l’anodin du conte.

Troisième argument, enfin : l’impossibilité matérielle pour Napoléone de pénétrer en Autriche, à cause des rigoureuses précautions policières, à tous les relais, sur toutes les frontières. Et M. Frédéric Masson en appelait à tous les voyageurs du temps, et du pinceau vif et imagé qu’est le sien, brossait un tableautin de genre. Ce n’étaient que perquisitions, visites dans les malles, fouilles dans les valises, quelque chose comme une attaque de brigands : « Les papiers ou la vie ! » On les voyait, tous ces voyageurs épouvantés, vider leurs portefeuilles, exhiber leurs passe-ports, montrer des certificats, trembler sous l’œil des sbires et en frissonner encore, quand au long de la route brûlée de soleil, la diligence avait repris son trot au clair carillon de ses chevaux fumants.

Tout cela c’était de la littérature, et certes bien de la meilleure. À la vérité, des hypothèses seules soutenaient le fragile édifice de ce raisonnement. Trois semaines plus tard, M. Frédéric Masson soufflait dessus, et le joli château de cartes croulait avec élégance<ref> M. Frédéric Masson en faisait l’aveu dans un article, « L’Aiglon » et la comtesse Camerata ; documents nouveaux, paru dans la Revue de Paris, 1er juin 1900, p. 613 et suiv. Cet article et celui qui le précède, ont été réédités depuis dans Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 25 et suiv., et p. 47 et suiv. « Il m’a convenu dès aujourd’hui de dire mon mea-culpa », avouait M. Frédéric Masson. Nous sommes trop son admirateur pour ne point l’en louer.</ref>.

La comtesse Camerata était à Vienne en octobre 1830. De ce fait Prokesch reprenait toute autorité et la discussion ne pouvait plus porter que sur la lettre de Napoléone au duc et sur la réponse de celui-ci.

Au premier abord la signature la rendait suspecte. En effet, toutes les lettres de la cousine du Roi de Rome sont, jusqu’au mois de septembre 1832, époque de sa séparation avec son mari, signées Napoléon (sic) Baciocchi-Camerata[22]. Par la suite, ainsi qu’en témoigne une lettre révélée par M. Henri Welschinger, elle paraphe ses missives : Napoléone, comtesse Camerata[23]. Or, chez M. de Montbel, la lettre au duc de Reichstadt est signée : Napoléone Camerata. Chez Prokesch, dont nous avons suivi le texte, elle l’est : Napoléone C. Camerata. Telle que, elle est inexplicable. Que signifie ce C ? Est-ce l’initiale de : comtesse ? On le peut croire, mais nous savons, par la réponse du duc à Napoléone, qu’on peut « à peine déchiffrer la signature ». Le reste est plus délicat. Le texte de la lettre paraît suspect à M. Frédéric Masson. Ce l’était déjà en 1842. Un sieur Franc-Lecomte disait nettement, sans en rien savoir, certainement : « La lettre de la comtesse avait été en partie altérée par une main étrangère[24]. » Nul n’en ayant vu l’original, il semble qu’il soit difficile de se prononcer à cet égard. Mais si, simplement, on observe que le style en peut paraître suspect, ne convient-il pas de se demander si ce n’est pas une traduction qui nous est livrée par Prokesch ? En quelle langue a été écrit l’original ? En français ? En italien, que parle le duc et qu’écrit la comtesse ? De l’une des deux langues la traduction a été faite par Prokesch et cette traduction a servi pour une seconde traduction, celle-là qui figure dans l’édition française de la brochure. Dès lors, le style altéré ne compte plus, et le sens seul importe. Et ce sens, qui songerait à nier qu’il n’est digne de celle qui tente pareille aventure et se révèle comme un bel exemplaire de fougue et de vigueur, une vraie Napoléonide ?
IV

« La légende était jolie et c’est dommage qu’elle ne fut pas vraie. » Elle est vraie. Demeure à en examiner un point de prime abord pénible : le duc de Reichstadt a-t-il trahi sa cousine et livré ses lettres à l’Empereur d’Autriche ? Il faut se rappeler que ce dernier conseil lui avait été donné par Prokesch, et que Prokesch est, auprès de ce jeune Français prisonnier, un soldat, quoique ami, un Autrichien, quoique confident.

Le duc a dénoncé la tentative de Napoléone, c’est là un fait acquis, certain, incontestable. Mais dans quelles conditions s’est faite cette dénonciation, et lui mérite-t-elle le blâme, d’autant plus vif, d’autant plus énergique, que, fils de Napoléon, il l’exerce contre une Napoléonide ?

La première fois que la comtesse parvient à joindre son cousin, elle est surprise par le baron d’Obenaus. Le duc cependant n’en parle pas à Prokesch, à Prokesch le seul confident de sa vie prisonnière. Il garde le secret et l’inquiétude de cette rencontre. Arrive la lettre du 17 novembre. Elle le jette dans un désarroi profond. Peut-il demeurer insensible à l’évocation qui lui est faite des tortures et des angoisses de son père cloué par les oligarques sur le roc africain ? À ce cri d’un noble cœur, qui le convoque à l’héroïque aventure qui le sauvera de lui-même et sauvera le fils de l’Empereur, peut-il fermer l’oreille sans qu’il l’entende bourdonner au fond de lui-même dans le tumulte fiévreux de son cerveau ? Non, sans doute, et l’angoisse et le trouble où le trouve Prokesch en témoignent clairement. Cela n’échappe pas au chevalier. Il en demande les raisons, et le jeune homme – il n’a pas vingt ans, qu’on y songe ! – les lui confie. Prokesch n’est-il pas son ami ? À qui peut-il demander conseil ? Le prisonnier sollicite-t-il l’avis de ses geôliers sur la possible évasion ? Donc il montre la lettre à Prokesch, et dès cet instant Prokesch, avec sa raison, l’autorité de son âge, de ses trente-cinq ans, s’empare de lui qui s’abandonne, laisse aller son âme et son esprit à la dérive. Prokesch peut-il faire autrement, puisqu’il est autrichien, puisqu’on peut l’accuser – si le duc s’évade, – d’avoir prêté la main à ce délit contre le gouvernement de son pays ? Non, sans doute. De là les résolutions qu’il inspire et qu’adopte le duc. Ce faisant, il suit la ligne de conduite des Bonaparte, le conseil de Madame Mère, par exemple, laquelle réprimandait Lucien d’avoir fait quelques démarches en Autriche en faveur de son neveu, vers le début de 1827. « Je ne conçois pas ce que vous avez pu écrire en Autriche, lui disait-elle, ce n’était ni le temps ni les circonstances[25]. » Les circonstances, à fin 1830, étaient-elles meilleures ? Ni plus, ni moins. Dès 1821, au lendemain même de la mort de l’Empereur, le devoir n’était-il point tout tracé aux Napoléonides ? Madame Mère blâmait Lucien d’en avoir tenté – et dans quelle piètre mesure ! – l’exécution. Le même reproche a touché Napoléone pour avoir poussé les choses plus loin.

Dans les conseils donnés par Prokesch, figure celui de remettre la lettre à l’Empereur lui-même. Il ne parle aucunement de l’exécution de ce projet. M. de Montbel la reprend à son compte. « Aucune démarche n’était faite auprès de lui [le duc de Reichstadt], aucune dépêche ne lui était adressée, aucune lettre ne lui parvenait, qu’il ne se hâtât de tout confier à son aïeul[26]. » C’est là exactement, ce que le comte de Dietrichstein avait répondu, en 1829, à Barthélemy, lors du voyage du poète. « Avec tout votre pouvoir, demanda Barthélemy, est-il possible à vous d’empêcher qu’on ne lui transmette ouvertement ou clandestinement une lettre, une pétition, un avis, soit à la promenade, soit au théâtre, ou dans tout autre lieu ? » Et le visiteur se proposait en exemple. Ce passage des notes justificatives du Fils de l’Homme est particulièrement curieux à citer dans l’occasion :


Moi, par exemple ; si au lieu de m’adresser franchement à vous, je m’étais posté sur son passage ; si je m’étais hardiment avancé vers lui, et qu’en votre présence même je lui eusse remis un exemplaire de Napoléon en Égypte ? Vous voyez bien que j’aurais trompé toutes vos précautions, et que j’aurais rempli mon but, d’une manière violente, j’en conviens, mais enfin il n’en est pas moins vrai que le prince aurait reçu mon exemplaire, et qu’il l’aurait lu ou du moins qu’il en aurait connu le titre.
M. Dietrichstein me fit une réponse qui me glaça d’étonnement. « Écoutez, Monsieur ; soyez bien persuadé que le prince n’entend, ne voit et ne lit que ce que nous voulons qu’il lise, qu’il voie et qu’il entende : s’il recevait par hasard un pli, un livre qui eut trompé notre surveillance, et fut tombé jusqu’à lui sans passer par nos mains, croyez que son premier soin serait de nous le remettre avant de l’ouvrir ; il ne se déciderait à y porter les yeux qu’autant que nous lui aurions déclaré qu’il pourrait le faire sans danger[27]. »


« Le prince n’entend, ne voit et ne lit que ce que nous voulons... » M. de Dietrichstein exagérait. L’aventure Camerata atteste de sa vantardise. De cette déclaration suivie de la confirmation donnée par le livre de M. de Montbel partit la légende de la déchéance morale du duc. Prokesch, dans ses notes inédites, en donne le démenti, et, par la même occasion tranche définitivement la question du sort de la lettre de Napoléone. « Ce qui est dit pour les lettres secrètes [remises à l’Empereur, suivant M. de Montbel], est faux, proteste le chevalier. En dehors de la lettre de Camerata, qu’il ne montra pas à l’Empereur, il [le duc] n’en a jamais reçu. Le jeune prince vénérait l’Empereur, mais un enfant crédule et naïf, tel que Montbel le dépeint, il ne l’a jamais été[28]. » Si donc il ne fut point l’inconscient qu’on imagine volontiers, qu’on déclare qu’il fut, pourquoi ne souscrivit-il pas à l’appel de sa cousine ?

« Rien ne lui était plus antipathique que le rôle d’un aventurier », dit un zélateur de sa légende[29]. Le mot et la raison sont repris par de plus sérieuses autorités. À deux fois M. Henri Welschinger, par exemple, y revient : « Il se refusait à courir les aventures », admet-il, et encore : « Il ne voulait pas devoir son élévation à des mouvements révolutionnaires[30]. » Mais, quoi ! La journée du 13 vendémiaire, qu’est-ce pour le Père, sinon une aventure révolutionnaire, et la pire de toutes ? N’y ramasse-t-il pas, parmi les éclats de mitraille, au parvis Saint-Roch, ses galons de commandant en second de l’armée de l’intérieur ? Montenotte, Mondovi, Marengo, ce sont des aventures révolutionnaires. Et, quand au son de la Marseillaise, il quitte en 1815, l’exil elbois, n’est-ce pas au nom des principes révolutionnaires qu’il revient en France ? Ce serait donc cela que récuserait et nierait le Fils ? D’ailleurs en peut-il juger ? Il a dix-neuf ans, il est seul, et on voudrait chez lui l’énergie qui, à cet âge, est demeurée sans manifestation chez le jeune Napoléon Bonaparte ? Non, sans doute. Le prisonnier de Schoenbrünn ne mérite point la sévérité de cet accablant jugement. L’aventure Camerata a déterminé chez lui une crise au cours de laquelle, désemparé, défaillant, il a cédé à toutes les influences liguées contre lui, d’abord Prokesch, puis d’Obenaus, puis les deux Dietrichstein. Résister à tout cela, à tous ceux-là surtout, à ces gens à consigne et à surveillance, à son âge, dans les circonstances de la vie qui est la sienne ? Allons donc ! C’est un fils d’empereur, soit ; mieux : le fils de Napoléon, mais il a dix-neuf ans ! dix-neuf ans ! On est héros, à cet âge, sur un champ de bataille, non dans une cage, et, au lendemain de l’aventure de Napoléone, la cage devient serre et se referme, pour longtemps, et, il peut le penser, peut-être pour toujours. Sa nuit recommence. Lui a-t-on dit qu’elle ne serait point éternelle ?

  1. En cette même année, pour près d’un demi-million, Élisa venait d’acquérir cette résidence d’été, sur laquelle on trouvera quelques renseignements dans notre volume : Dessous de princesses et maréchales d’Empire ; Paris, s. d. [1909], in-8°, p. 46.
  2. Catalogue d’une précieuse collection de lettres autographes concernant Napoléon Ier, sa famille, ses maréchaux, ses généraux et ses ministres, vendue le 24 mai 1894 ; Paris, 1894, in-8°, pièce n° 56.
  3. Il était né à Ancône, le 13 août 1805. Ce ne fut que le 18 avril 1882 qu’il mourut à Florence. — Cf. Léonce de Brotonne, Les Bonaparte et leurs alliances ; deuxième édition ; Paris, 1901, in-8°, p. 30.
  4. Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt... ; déjà cit., p. 69.
  5. I.-M. Chopin, Histoire du Roi de Rome (duc de Reichstadt), précédée d’un coup d’œil rétrospectif sur la Révolution, le Consulat et l’Empire ; Paris, 1850, in-8°, tome II, p. 89.
  6. Guy de l’Hérault, Histoire de Napoléon II... ; déjà cit., p. 212.
  7. Lettre du 23 octobre 1830. — Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 49.
  8. Lettre du 23 octobre 1830. — Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 49.
  9. Lettre du 23 octobre 1830. — Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 50.
  10. Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt… ; déjà cit., pp. 53,54,55. — Sur cette aventure de Camerata, voyez le récit détaillé donné par Prokesch, p. 56 à 63. La relation donnée par M. de Montbel, lui a été dictée par Prokesch lui-même.
  11. Voici en quels termes le chevalier raconte l’entrevue qu’il eut avec Napoléone, sur la demande même du duc : « Elle montra vis-à-vis de moi beaucoup de réserve et n’eut aucune confiance ; moi je n’en avais aucune en elle. Je lui représentai que son imprudence devait avoir eu pour résultat d’attirer les regards de la police ; qu’elle pouvait de la sorte créer au duc fort inutilement des embarras et nuire évidemment à la liberté qui lui était accordée. Je parlai avec chaleur de sa personne et de son caractère, de la complète liberté où il était de s’occuper de l’histoire de son père, de la passion qu’il apportait à cette étude, de ses vœux et de ses désirs, des livres que nous lisions ensemble, parmi lesquels je citai O’Meara, Las Cases, Antomarchi, Montholon, et généralement tout ce qui était venu de Sainte-Hélène. Elle écouta ces choses avec étonnement et avec une satisfaction visible. J’émis quelques doutes sur la force du parti qui était disposé à se prononcer pour le fils de l’Empereur. Elle ne sut rien me dire à ce sujet en dehors d’assurances générales qui indiquaient ses aspirations, mais non ses moyens d’action. Au moment de prendre congé l’un de l’autre, elle me parla du duc dans les termes de la plus haute considération, et me pressa vivement la main. Enfin, comme j’allais franchir le seuil de la porte, elle s’avança de nouveau vers moi, et, avec un regard où la confiance l’emportait sur le doute, elle me tendit encore une fois la main. La comtesse quitta Vienne aussitôt après notre entretien. » Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt... ; déjà cit., pp. 62, 63.
  12. Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 51.
  13. Comte de Prokesch-Osten, Mes relations avec le duc de Reichstadt... ; déjà cit., pp. 152, 153.
  14. Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 52.
  15. Henri Welschinger, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., Le Correspondant, n° 1053, 10 août 1906, p. 471.
  16. Lettre du 27 décembre 1830. — Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 53.
  17. Dans un article publié à propos de L’Aiglon de M. Edmond Rostand, dans la Revue de Paris, 1er avril 1900, p. 585 et suiv.
  18. Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 26.
  19. C’était le troisième fils de l’ex-ministre de la Police Générale, Athanase Fouché, aide de camp de Bernadotte, secrétaire à la légation de Suède. Il se maria trois fois : en premières noces, avec Mlle  Palenstgerma, en secondes noces, avec Mlle  Van Stednyk, enfin, en troisièmes noces, avec Mlle  Ironika Mary. Des trois enfants nés de ce mariage, la descendance n’est pas éteinte aujourd’hui. — Cf. P.-J. Proudhon, Commentaires sur les Mémoires de Fouché, suivis du parallèle entre Napoléon et Wellington, manuscrits inédits publiés par Clément Rochel ; Paris, 1900, in-8°, intr. XLIV.
  20. Elle y possédait, dans la commune de Colpo, le château de Korn-er-Houet, où elle mourut le 3 février 1869.
  21. Frédéric Masson, Jadis et aujourd’hui ; deuxième série... ; déjà cit., p. 32.
  22. Elle semble avoir conservé longtemps cette signature : Napoléon. Il existe au moins deux pétitions imprimées, où la comtesse en use. Ce sont : À la Chambre des députés, la princesse Napoléon-Élisa-Baciocchi, comtesse Camerata, nièce de l’Empereur Napoléon, réclame une inscription de rente sur le grand livre de la dette publique de 31.165 francs, acquise à titre onéreux, ainsi que les arrérages échus et non perçus ; question de confiscation sous la charte constitutionnelle ; Paris, 1844, in-4o, et : À la Chambre des députés, la princesse Napoléon-Élisa-Baciocchi, comtesse Camerata, nièce de l’Empereur Napoléon ; question de confiscation sous la charte constitutionnelle ; consultation de M. Dupin aîné ; Paris, 1844, in-4o.
  23. Cf. Une lettre de remerciements à Prokesch ; Henri Welschinger, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., Le Correspondant, n° 1054, 15 août 1906, p. 700.
  24. P. Franc-Lecomte (de la Marne), Histoire de Napoléon II, né roi de Rome, mort duc de Reichstadt, faisant suite à toutes les histoires de Napoléon ; Paris, 1842, in-8°, p. 202.
  25. Madame Mère au prince Lucien ; Rome, 3 février 1827. — Baron Larrey, de l’Institut de France, Madame Mère (Napoléonis Mater) ; Paris, 1892, in-8°, tome II, pp. 324, 325.
  26. M. de Montbel, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., p. 151.
  27. Méry et Barthélemy, Le Fils de l’Homme... ; déjà cit., pp. 38, 39.
  28. Henri Welschinger, Le Duc de Reichstadt... ; déjà cit., Le Correspondant, n° 1053, 10 août 1906, p. 464.
  29. J.-M. Chopin, Histoire du Roi de Rome... ; déjà cit., tome II, p. 93.
  30. Henri Welschinger, Le Roi de Rome... ; déjà cit., intr. IV, p. 412.