Le Sanglot de la Terre/Encore à cet astre

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Le Sanglot de la Terre
Le Sanglot de la TerreMercure de FranceI. Poésies (p. 21).


ENCORE À CET ASTRE


Espèce de soleil ! tu songes : — Voyez-les,
Ces pantins morphinés, buveurs de lait d’ânesse
Et de café ; sans trêve, en vain, je leur caresse
L’échine de mes feux, ils vont étiolés ! —

— Eh ! c’est toi, qui n’as plus que des rayons gelés !
Nous, nous, mais nous crevons de santé, de jeunesse !
C’est vrai, la Terre n’est qu’une vaste kermesse,
Nos hourrahs de gaîté courbent au loin les blés.

Toi seul claques des dents, car tes taches accrues,
Te mangent, ô Soleil, ainsi que des verrues
Un vaste citron d’or, et bientôt, blond moqueur,

Après tant de couchants dans la pourpre et la gloire,
Tu seras en risée aux étoiles sans cœur,
Astre jaune et grêlé, flamboyante écumoire !