Le Sopha (Crébillon)/Chapitre 18

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Le Sopha (1742)
Librairie Alphonse Lemerre (p. 227-240).


CHAPITRE XVIII

Rempli d’allusions fort difficiles à trouver.


— « Vous saurez donc, continua Zulica, que quand j’entrai dans le monde, je ne laissai pas (sans être pourtant plus belle qu’une autre) de trouver plus d’amants que je n’en désirais, toute sotte que j’étais alors sur ce que l’on appelle l’empire de la beauté. Quand je dis des amants, j’entends cette foule de gens désœuvrés qui disent qu’ils aiment, plus par habitude que par sentiment ; qu’on écoute parce qu’il le faut, et qui parviennent plus aisément à nous faire croire que nous sommes aimables qu’à se le faire trouver eux-mêmes. Ils amusèrent longtemps ma vanité, et ne m’en rendirent pas plus sensible. Née délicate, je craignais l’amour ; je sentais que je trouverais difficilement un cœur aussi tendre, aussi vrai que le mien ; et que le plus grand malheur qui puisse arriver à une femme raisonnable est d’avoir une passion, quelque heureuse même qu’elle puisse être. Tant que je dus être indifférente, ces considérations prirent tout sur moi ; mais je connus enfin qu’elles n’avaient retenu mon cœur que parce qu’on n’avait pas encore su le toucher, et que ce calme dont nous nous applaudissons est moins en nous l’ouvrage de la raison que l’effet du hasard. Un moment, un seul moment suffit pour troubler mon cœur ! Voir, aimer, adorer même ; sentir à la fois, et avec une extrême violence, ce que l’amour a de plus doux et de plus cruels mouvements ; être livrée au plus flatteur espoir ; retomber de là dans les plus cruelles incertitudes : tout cela fut l’ouvrage d’un regard et d’une minute. Étonnée, confuse même d’un état si nouveau pour mon âme ; dévorée de désirs qui jusqu’alors m’avaient été inconnus, sentant la nécessité d’en démêler la cause, craignant de la connaître ; absorbée dans cette douce émotion, cette divine langueur qui avait surpris tous mes sens, je n’osais m’aider de ma raison pour détruire des mouvements qui, tout confus, tout inexplicables qu’ils étaient pour moi, me faisaient déjà jouir de ce bonheur qu’on ne peut définir, et quand on le sent, et quand on ne le sent plus. Je vis enfin que j’aimais. Quelque empire que ce mouvement eût déjà pris sur moi, j’essayai de le combattre. Les leçons du devoir, la crainte de me perdre dans le monde, soupirs, larmes, remords, tout fut inutile, ou, pour mieux dire, tout augmentait encore ce sentiment cruel dont j’étais tyrannisée. Ah ! Nassès ! quel ne fut pas mon plaisir, quand dans les soins respectueux, quoique empressés, de ce que j’adorais, je connus que j’étais aimée ! Quel trouble ! Quels transports ! Avec quel ménagement, quels égards, ne m’apprenait-il pas sa passion ! Quelle douleur d’être obligée de contraindre la mienne ! Que vous êtes heureux, Nassès ! de pouvoir, au premier mouvement dont votre âme est agitée, l’apprendre à l’objet qui le cause ; de ne pas connaître cette dissimulation si nécessaire pour nous conserver votre estime, mais si pénible pour un cœur tendre ! Combien de fois, en l’entendant soupirer auprès de moi, soupirai-je de douleur de ne l’oser faire pour lui. Quand ses yeux s’attachaient tendrement sur les miens, que j’y trouvais cette expression douce et langoureuse, que j’y trouvais enfin l’amour même ! Ah ! comment, dans ces instants qui me mettaient si loin de moi, avais-je la force de me dérober à cette volupté qui m’entraînait ! Enfin, il parla. Nassès ! vous ignorez le plaisir que donne ce tendre, ce charmant aveu. On ne vous dit qu’on vous aime qu’après vous l’avoir fait désirer, et quelquefois trop longtemps ; qu’après vous avoir fait redire mille fois que vous aimez : mais voir un amant timide, un amant adoré, mais qui ne sait pas son bonheur, pénétré de sentiment, de crainte, de respect, venir à vos pieds, vous déclarer tout ce qu’il sent pour vous ; manquer même d’expressions en voulant vous l’apprendre ; tremblant autant de l’émotion que son amour lui donne que de la crainte qu’il ne soit pas agréé ; voler au-devant de ses paroles, se les répéter tout bas, se les graver dans le cœur, en lui répondant qu’on ne le croit pas, se faire intérieurement un crime de son mensonge ; s’exagérer même ce qu’il vous dit ; ajouter à tout l’amour qu’il vous montre, celui que vous sentez pour lui ; Nassès ! croyez-moi, de tous les spectacles, de tous les plaisirs, ceux dont je vous parle sont assurément les plus doux.

— « Si la vanité suffit pour vous rendre agréable le spectacle que vous me peignez si vivement, répondit Nassès, je conçois que quand l’amour y mêle l’intérêt du cœur, il n’en est pas pour vous de plus satisfaisant. Mais enfin il parla, cet amant si tendrement aimé ; répondîtes-vous ?

— « Peignez-vous mon embarras, répliqua-t-elle ; combattue par l’amour et par la vertu, si la dernière ne l’emporta pas, du moins elle me servit à masquer l’autre, mais ce ne fut point autant que je le désirais. Livrée trop longtemps à ses discours, mon émotion découvrit le secret de mon cœur, et en croyant ne lui répondre que froidement, ma bouche et mes yeux lui dirent mille fois que ma tendresse égalait la sienne.

— « C’est un malheur qui est arrivé à d’autres, répondit froidement Nassès ; eh bien ! qui était cet homme si dangereux, que le voir et l’aimer ne furent, malgré votre fierté naturelle, qu’une même chose ?

— « Que vous importe son nom ? demanda-t-elle : ne vous dis-je pas ce que vous vouliez savoir ?

— « Pas encore, répliqua-t-il, et vous sentez bien vous-même que la confidence n’est pas complète.

— « Eh bien ! répondit-elle, c’était le rajah Amagi.

— « Amagi ! s’écria-t-il ; quel temps avez-vous donc pris pour l’avoir ? Il est mon ami, il ne me cache rien, et je sais que, depuis qu’il est dans le monde, il n’a véritablement aimé que Canzade. Amagi ! répéta-t-il, mais ne vous tromperiez-vous point ?

— « Assurément, s’écria-t-elle à son tour, voilà une singulière question ; elle est unique !

— « Point du tout, reprit-il, vous allez voir qu’elle est fort simple. Amagi m’a dit que, malgré son extrême tendresse pour Canzade et le peu d’envie qu’il avait de lui manquer, il s’était quelquefois amusé ailleurs, parce qu’il y a des femmes qui font des avances si peu ménagées, et que nous sommes si fats, que le mépris qu’elles nous inspirent ne nous empêche pas de leur savoir gré, pour le moment du moins, de ce qu’elles font pour nous. En me parlant des infidélités qu’il avait faites à Canzade, il m’a avoué qu’il se les reprochait d’autant plus que parmi les femmes qui l’avaient quelquefois arraché à elle, il n’en avait pas trouvé une qui méritât de l’estime et de l’attachement, et qui ne fît pour lui, par dérèglement de tête seulement, ce qu’il avait été assez ridicule pour attribuer quelquefois à un sentiment si vif qu’il leur avait fait oublier toutes bienséances. Vous n’êtes pas de ces femmes-là, vous ? Par conséquent, je dois croire qu’il ne vous a pas aimée.

— « Vous voyez bien qu’il ne vous dit pas tout, répondit-elle, car il m’a aimée plus de trois ans, avec toute l’ardeur possible.

— « S’il ne me l’a pas dit, repartit-il, ce n’était pas qu’il voulût m’en faire un mystère ; mais c’est qu’apparemment il ne s’est pas souvenu de me le dire. Fut-ce vous qui lui fîtes une infidélité ?

— « Me ferez-vous longtemps de pareilles questions ? lui demanda-t-elle.

— « Je vous en demande pardon, reprit-il ; mais vous êtes si peu faite pour être quittée, qu’elle ne doit pas vous surprendre. Il vous quitta donc ? Après lui, qui est-ce qui vous occupa ?

— « Personne, répondit-elle d’un air simple. Longtemps livrée à la douleur de l’avoir perdu, je me flattais que je ne pouvais plus être sensible ; mais Mazulhim parut, et je ne me tins point parole.

— « Parbleu, s’écria-t-il, les femmes sont bien malheureuses, et bien cruellement exposées à la calomnie !

— « Cela n’est que trop vrai, dit-elle : mais à propos de quoi vous en souvenez-vous à présent ?

— « À propos de vous, repartit-il, à qui, puisqu’il faut vous le dire, on a l’injustice de donner un peu plus d’aventures que je vois que vous n’en avez eu.

— « Oh ! répondit-elle, cela ne me fâche ni ne m’étonne. Pour peu qu’une femme ne fasse pas peur, on n’imagine point qu’elle ne soit pas plus sensible qu’il ne le faudrait : et ce sont souvent les hommes qu’elle a voulu écouter le moins que le public lui donne le plus ; mais, quoi qu’il en soit, cela ne me fait rien. Ne serait-il donc pas possible de vous obliger à parler d’autres choses ?

— « Il n’est donc pas vrai que vous ayez eu tous les amants qu’on vous a donnés ? » lui demanda-t-il encore.

« Zulica ne répondit à cette nouvelle impertinence qu’en haussant les épaules.

— « Ne vous fâchez point de ce que je vous dis, continua-t-il ; si vous étiez moins aimable, je croirais plus aisément que vous ne diminuez rien de votre histoire.

— « Pardonnez-moi, répondit-elle aigrement ; j’ai eu toute la terre.

— « Enfin, reprit-il, voici ce qu’on m’a dit. Vos commencements sont douteux ; on sait pourtant que, dans votre très grande jeunesse, passionnée pour les talents, et persuadée que le meilleur moyen pour en acquérir et les perfectionner est d’intéresser vivement à nous ceux qui les possèdent, vous ne dédaignâtes pas vos maîtres, et que c’est ce qui fait que vous chantez avec tant de goût, et que vous dansez avec tant de grâce.

— « Ah ! grand Dieu ! Quelle horreur ! s’écria Zulica.

— « Vous avez raison de vous récrier là-dessus, Madame, répondit-il froidement : car, en effet, cela est horrible. Pour moi, je ne vous condamne pas, et je ne saurais même assez vous estimer de ce que dans un âge où les femmes qui un jour doivent être le moins réservées, ont tous les préjugés imaginables, vous avez eu assez de force d’esprit pour sacrifier ceux que votre naissance et l’éducation devaient vous avoir donnés. À votre entrée dans le monde, convaincue qu’on ne saurait y être trop fausse, vous cachâtes sous un air prude et froid le penchant qui vous porte aux plaisirs. Née peu tendre, mais excessivement curieuse, tous les hommes que vous vîtes alors piquèrent votre curiosité, et autant que vous le pûtes, vous les connûtes à fond. Quand on a autant d’esprit et de pénétration que vous, l’étude d’un homme n’est pas une chose bien difficile, et j’ai ouï dire que celui que vous vous attachâtes le plus à observer, ne vous occupa pas huit jours. Ces amusements philosophiques éclatèrent ; on donna un mauvais tour à vos intentions : sans renoncer à votre curiosité, vous la modérâtes ; cependant ce ne fut pas pour longtemps. Vos occupations particulières n’ayant pas l’aveu de ceux qui en étaient les témoins, vous crûtes devoir vous soustraire à leurs yeux, vous renonçâtes à la solitude, et vous allâtes porter dans le monde ce penchant naturel qui vous portait à tout connaître. La princesse Saheb avait alors Iskender pour amant : vous voulûtes juger par vous-même si l’on pouvait se fier à son goût, et vous le lui enlevâtes. Elle ne vous l’a jamais pardonné, et s’en plaint même encore tous les jours.

— « Ah ! juste Ciel ! s’écria Zulica outrée de fureur ; est-il au monde de plus abominables calomnies ?

— « On m’a assuré, continua-t-il avec le même sang-froid qu’il avait commencé, que vous quittâtes bientôt Iskender pour prendre Akébar-Mirza à qui (parce que, tout prince qu’il était, il vous ennuyait) vous associâtes le vizir Atamulk et l’émir Noureddin : que le prince ne vous entretenant jamais que du mauvais état de sa santé (que vous connaissiez pour être plus déplorable encore qu’il ne disait), le vizir étant trop occupé des affaires de l’État pour l’être de vos charmes autant qu’il l’aurait dû, et ne vous amusant jamais que des détails de sa profonde politique, et l’émir des grandes actions qu’il avait faites à la guerre, vous vous étiez dégoûtée de trois personnages plus importants qu’aimables. On ose ajouter que, sachant combien il est dangereux à la cour de se faire des ennemis, vous leur aviez laissé ignorer vos dispositions à leur égard ; et que, forcée de les ménager, vous vous étiez, avec tout le mystère possible, jetée entre les bras du jeune Vélid, qui, moins grand, moins profond, moins guerrier, mais plus agréable que ses rivaux, vous avait lui seul, pendant quelque temps, dédommagée de l’ennui qu’ils vous causaient. On dit encore que, voyant Vélid moins amoureux, et ayant besoin pour réveiller son ardeur de lui donner de l’inquiétude, vous aviez pris Jemla ; que Vélid, fâché de se voir un rival, et vous épiant avec soin, avait enfin découvert les trois autres, et que toute cette affaire, jusque-là si judicieusement conduite, avait fini pour vous par l’éclat le plus injurieux, et vous avait donné les plus cruelles et les plus publiques mortifications.

— « Ah ! c’en est trop ! interrompit Zulica en se levant, et je vais…

— « Un moment encore, s’il vous plaît, Madame ! dit Nassès, en la retenant ; on a poussé l’impudence jusqu’à me dire que, voyant que les affaires réglées ne vous réussissaient pas, haïssant l’amour, mais tenant encore aux plaisirs, vous ne vous étiez plus permis que des amusements passagers, assez agréables pour remplir vos moments, mais jamais assez vifs pour intéresser votre cœur. Sorte de philosophie qui, pour le dire en passant, n’a pas laissé de faire quelque progrès dans ce siècle-ci, et dont il serait aisé de démontrer la sagesse et l’utilité, si c’était ici le temps de le faire. »

« À la fin de ce récit, Zulica se mit à pleurer de fureur, et Nassès, feignant de ne s’en pas apercevoir, continua ainsi :

— « Vous concevez bien que je vous rends trop de justice, que je vous connais trop à présent pour croire absolument tout ce qu’on m’a dit.

— « Vous me faites trop de grâce ! répondit-elle.

— « Non, reprit-il modestement, ce que je fais pour vous est tout simple, et pour savoir l’opinion que je dois en avoir, je n’ai qu’à consulter la façon dont vous vous êtes rendue à mes désirs ; mais en ne croyant pas tout, vous sentez bien aussi qu’il est impossible que je ne croie rien.

— « Pourquoi donc ? lui demanda-t-elle ; tout ce qu’on vous dit est si probable que je ne puis concevoir que vous vouliez avoir pour moi un ménagement si déplacé.

— « Je crois donc seulement, reprit-il…

— « Ah ! croyez tout, Monsieur, interrompit-elle, croyez tout, et ne nous revoyons jamais !

— « Quand vous le mériteriez, répondit-il, c’est un effort dont je ne serais pas capable ! Jugez si, en vous croyant innocente, je pourrais prendre assez sur moi, être assez barbare pour faire ce que vous semblez me conseiller.

— « Non, non, Monsieur ! répliqua-t-elle ; vous croyez tout ce qu’on vous a dit, vous le croyez, et vous ne valez pas la peine que je vous désabuse.

— « Ainsi donc, reprit-il, nous allons être brouillés ! Une même soirée aura vu naître et finir votre ardeur ; car je ne parle pas de la mienne, ajouta-t-il en soupirant, je ne sens que trop qu’elle sera éternelle !

— « Oui, Monsieur, répondit Zulica, oui, nous serons brouillés, et pour jamais !

— « Pour jamais ! s’écria-t-il, c’est-à-dire que vous me quittez aussi promptement que vous m’avez pris ? C’est, en honneur, une chose que je ne croyais pas possible. Mais comment cette constance si prodigieuse dont vous vous piquez, cette âme si délicate sur le sentiment, peuvent-elles s’accommoder d’un procédé pareil ? Quelle cruelle violence n’allez-vous pas vous faire pour me tenir parole ? Que je vous plains ! Après tout, rien n’est plus heureux pour moi, puisque vous deviez changer, que de vous voir changer si promptement ; un plus long commerce avec vous m’aurait rendu votre inconstance trop douloureuse. Je me flatte pourtant encore que vous ferez vos réflexions, et que, s’il est vrai que votre goût pour moi soit totalement éteint, vous craindrez, du moins, que je ne puisse dire que, comblé de vos bontés les plus particulières, vous ayant tous les sujets du monde de vous louer de moi, vous n’avez pas pu gagner sur vous d’être constante seulement vingt-quatre heures. Après les petites libertés que vous m’avez permises, on trouvera votre procédé mauvais, je vous en avertis. Non, continua-t-il en s’avançant vers elle, et en la serrant tendrement dans ses bras, non, vous ne ferez pas cette injustice à l’amant du monde le plus passionné !

— « Qui ? moi ! s’écria-t-elle en se débattant dans ses bras avec violence, moi ! Je serais encore à vous ? »

« Elle ajouta à ce propos tout ce qui pouvait marquer vivement à Nassès son indignation contre lui. Ce fut en vain qu’il voulut triompher de ses efforts ; son dépit la servant mieux que n’avait fait cette sévère vertu pour laquelle elle combattait si mal à propos, il fut obligé de disputer contre elle jusques à des faveurs si peu importantes qu’il n’avait pas encore cru les lui devoir demander. Elle se défendait toujours contre lui, lorsqu’un char, qu’ils entendirent arrêter, suspendit l’attaque et la résistance.

— « Voilà sans doute mes gens, Monsieur, lui dit-elle, et je pars. Je ne vous presse pas de réfléchir sur ce qui s’est passé entre nous, cela vous serait inutile ; plus on est capable d’un mauvais procédé, moins on est fait pour le sentir ! »

« En achevant ces paroles, elle se leva, et elle allait sortir, lorsque ce que je dirai demain à Votre Majesté la força de demeurer.

— Pourquoi demain ? dit le Sultan ; pensez-vous que vous ne me le dissiez pas aujourd’hui, si j’en avais la fantaisie ? Heureusement pour vous, je n’ai sur tout ceci aucune curiosité ; et, soit demain, soit un autre jour, tout cela m’est indifférent.

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