Le Sphinx des glaces/I/V

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Hetzel (p. 59-78).

Arthur Pym ne tarda pas à apparaître.

V

le roman d’edgar poe.

Voici, très succinctement, l’analyse du célèbre ouvrage de notre romancier américain, qui avait été publié à Richmond sous ce titre :

Aventures d’Arthur Gordon Pym.

Il est indispensable que je le résume en ce chapitre. On verra s’il y avait lieu de douter que les aventures de ce héros de roman fussent imaginaires. Et, d’ailleurs, parmi les nombreux lecteurs de cet ouvrage, en est-il un seul qui ait jamais cru à sa réalité, — si ce n’est le capitaine Len Guy ?…

Edgar Poe a mis le récit dans la bouche de son principal personnage. Dès la préface du livre, Arthur Pym raconte qu’au retour de son voyage aux mers antarctiques, il rencontra, parmi les gentlemen de la Virginie qui prenaient intérêt aux découvertes géographiques, Edgar Poe, alors éditeur du Southern Literary Messenger, à Richmond. À l’entendre, Edgar Poe aurait reçu de lui l’autorisation de publier dans son journal, « sous le manteau de la fiction », la première partie de ses aventures. Cette publication ayant été favorablement accueillie du public, un volume suivit, qui comprenait la totalité du voyage et qui fut lancé sous la signature d’Edgar Poe.

Ainsi qu’il ressortait de mon entretien avec le capitaine Len Guy, Arthur Gordon Pym naquit à Nantucket, où il fréquenta l’école de New Bedford jusqu’à l’âge de seize ans.

Ayant quitté cette école pour l’Académie de M. E. Ronald, ce fut là qu’il se lia avec le fils d’un capitaine de navire, Auguste Barnard, de deux ans plus âgé que lui. Ce jeune homme avait déjà accompagné son père sur un baleinier dans les mers du sud, et ne cessait d’enflammer l’imagination d’Arthur Pym par le narré de sa campagne maritime.

C’est donc de cette intimité des deux jeunes gens que seraient nés l’irrésistible vocation d’Arthur Pym pour les voyages aventureux, et cet instinct qui l’attirait plus spécialement vers les hautes zones de l’Antarctide.

La première équipée d’Auguste Barnard et d’Arthur Pym, ce fut une excursion à bord d’un petit sloop, l’Ariel, canot à demi ponté, qui appartenait à la famille du dernier. Un soir, tous deux très gris, par un temps assez froid du mois d’octobre, ils s’embarquèrent furtivement, hissèrent le foc, la grande voile, et, portant plein, s’élancèrent vers le large, avec une brise fraîche du sud-ouest.

Survint une violente tempête, alors qu’aidé du jusant, l’Ariel avait déjà perdu la terre de vue. Les deux imprudents étaient toujours ivres. Personne à la barre, pas un ris dans la toile. Aussi, sous le coup de furieuses rafales, la mâture du canot fut-elle emportée. Puis, un peu plus tard, apparut un grand navire qui passa sur l’Ariel, comme l’Ariel aurait passé sur une plume flottante.

À la suite de cette collision, Arthur Pym donne les plus précis détails sur le sauvetage de son compagnon et de lui, — sauvetage qui fut opéré dans des conditions très difficiles. Enfin, grâce au second du Pingouin, de New London, qui arriva sur le lieu de la catastrophe, les deux camarades furent recueillis à moitié morts et ramenés à Nantucket.

Que cette aventure ait les caractères de la véracité, que même elle soit vraie, je n’y contredis point. C’était une habile préparation aux chapitres qui allaient suivre. Également, dans ceux-ci et jusqu’au jour où Arthur Pym franchit le cercle polaire, le récit peut, à la rigueur, être tenu pour véridique. Il s’opère là une succession de faits dont l’admissibilité n’est point en désaccord avec la vraisemblance. Mais, au-delà du cercle polaire, au-dessus de banquise australe, c’est tout autre chose, et, si l’auteur n’a pas fait œuvre de pure imagination, je veux être… Continuons.

Cette première aventure n’avait point refroidi les deux jeunes gens. Arthur Pym s’enthousiasmait de plus en plus aux histoires de mer que lui racontait Auguste Barnard, bien qu’il ait soupçonné, depuis, qu’elles étaient « pleines d’exagération ».

Huit mois après l’affaire de l’Ariel — juin 1827, — le brick Grampus fut équipé, par la maison Lloyd et Vredenburg, pour la pêche de la baleine dans les mers du sud. Ce n’était qu’une vieille carcasse, mal réparée, ce brick, dont M. Barnard, le père d’Auguste, eut le commandement. Son fils, qui devait l’accompagner dans ce voyage, engagea vivement Arthur Pym à le suivre. Celui-ci n’eût pas mieux demandé ; mais sa famille, sa mère surtout, ne se fussent jamais décidées à le laisser partir.

Cela n’était pas pour arrêter un garçon entreprenant, peu soucieux de se soumettre aux volontés paternelles. Les instances d’Auguste lui brûlaient le cerveau. Aussi résolut-il d’embarquer secrètement sur le Grampus, car M. Barnard ne l’aurait point autorisé à braver la défense de sa famille. Se disant invité par un ami à passer quelques jours dans sa maison de New Bedford, il prit congé de ses parents et se mit en route. Quarante-huit heures avant le départ du brick, s’étant glissé à bord, il occupait une cachette qui lui avait été préparée par Auguste à l’insu de son père comme de tout l’équipage.

La cabine d’Auguste Barnard communiquait par une trappe avec la cale du Grampus, encombrée de barils, de balles, des mille objets d’une cargaison. C’est par cette trappe qu’Arthur Pym avait gagné sa cachette, — une simple caisse dont une des parois glissait latéralement. Cette caisse contenait un matelas, des couvertures, une cruche d’eau, et, en fait de vivres, biscuits, saucissons, quartier de mouton rôti, quelques bouteilles de cordiaux et de liqueurs, — de quoi écrire aussi. Arthur Pym, muni d’une lanterne, d’une provision de bougies et de phosphore, resta trois jours et trois nuits dans sa cachette. Auguste Barnard ne put venir le visiter qu’au moment où Grampus allait appareiller.

Une heure après, Arthur Pym commença à sentir le roulis et le tangage du brick. Mal à son aise au fond de cette caisse étroite, il en sortit, et, se guidant dans l’obscurité au moyen d’une corde tendue, à travers la cale, jusqu’à la trappe de la cabine de son camarade, il parvint à se débrouiller au milieu de ce chaos. Puis, ayant regagné sa caisse, il mangea et s’endormit.

Plusieurs jours s’écoulèrent sans qu’Auguste Barnard eût reparu. Ou il n’avait pas pu redescendre dans la cale, ou il ne l’avait pas osé, craignant de trahir la présence d’Arthur Pym, et ne pensant pas que le moment fût venu de tout avouer à M. Barnard.

Arthur Pym, cependant, en cette atmosphère chaude et viciée, commençait à souffrir. Des cauchemars intenses troublaient son cerveau. Il se sentait délirer. En vain cherchait-il, à travers l’encombrement de la cale, quelque endroit où il aurait pu respirer plus à l’aise. Ce fut dans un de ces cauchemars qu’il crut se voir entre les griffes d’un lion des Tropiques, et, au paroxysme de l’épouvante, il allait se trahir par des cris, lorsqu’il perdit connaissance.

La vérité est qu’il ne rêvait pas. Ce n’était point un lion qu’Arthur Pym sentait sur sa poitrine, c’était un jeune chien, blanc de poil, Tigre, son terre-neuve, qui avait été introduit à bord par Auguste Barnard, sans avoir été aperçu de personne, — circonstance assez invraisemblable, il faut en convenir. En ce moment, le fidèle animal, qui avait pu rejoindre son maître, lui léchait le visage et les mains avec toutes les marques d’une joie extravagante.

Le prisonnier avait donc un compagnon. Par malheur, pendant son évanouissement, ledit compagnon avait bu l’eau de la cruche, et, lorsque Arthur Pym voulut se désaltérer, elle n’en contenait plus une seule goutte. Sa lanterne éteinte — car l’évanouissement avait duré plusieurs jours, — ne trouvant plus ni le phosphore ni les bougies, il résolut de reprendre contact avec Auguste Barnard. Sorti de sa cachette, la corde le conduisit vers la trappe, bien qu’il fût d’une extrême faiblesse par suffocation et inanition. Mais, au cours de son trajet, une des caisses de la cale, déséquilibrée par le roulis, vint à tomber et lui ferma tout passage. Que d’efforts il employa à franchir cet obstacle, et, en pure perte, puisque, parvenu à la trappe, placée sous la cabine d’Auguste Barnard, il ne put la soulever. En effet, avec son couteau introduit à travers l’un des joints, il sentit qu’une pesante masse de fer reposait sur la trappe, comme si l’on avait voulu la condamner. Aussi dut-il renoncer à son projet, et, se traînant à peine, retourner vers la caisse, où il tomba épuisé, tandis que Tigre le couvrait de ses caresses.

Le maître et le chien mouraient de soif, et, lorsque Arthur Pym étendait sa main, il trouvait Tigre couché sur le dos, ses pattes en l’air, avec une légère érection du poil. Ce fut, en le tâtant de la sorte, que sa main rencontra une ficelle nouée autour du corps du chien. À cette ficelle était attachée une bande de papier, précisément sous l’épaule gauche de l’animal.

Arthur Pym se sentait au dernier degré de la faiblesse. Sa vie intellectuelle était presque anéantie. Cependant, après plusieurs tentatives infructueuses pour se procurer de la lumière, il parvint à frotter le papier d’un peu de phosphore, et, alors — on ne saurait se figurer quels minutieux détails se succèdent dans ce récit d’Edgar Poe, — ces mots effrayants apparurent… les sept derniers mots d’une phrase, qu’une légère lueur éclaira pendant un quart de seconde : … sang… restez caché… votre vie en dépend

Que l’on imagine la situation d’Arthur Pym, à fond de cale, entre les parois de cette caisse, sans lumière, sans eau, n’ayant plus que d’ardentes liqueurs pour étancher sa soif !… Et cette recommandation, qui lui arrivait, de rester caché, précédée du mot sang, — ce mot suprême, ce roi des mots, si riche de mystère, de souffrance, de terreur !… Y a-t-il donc eu lutte à bord du Grampus ?… Le brick a-t-il été attaqué par des pirates ?… Est-ce une révolte de l’équipage ?… Depuis combien de temps dure cet état de choses ?…

On pourrait croire que, dans l’effroyable de cette situation, le prodigieux poète a épuisé les ressources de ses facultés imaginatives ?… Il n’en est rien… Sa génialité débordante l’a entraîné plus loin encore !…

En effet, voici qu’Arthur Pym, étendu sur son matelas, en proie à une sorte de léthargie, entend un sifflement singulier, un souffle continu… C’est Tigre qui halète… c’est Tigre dont les yeux étincellent au milieu de l’ombre… c’est Tigre dont les dents grincent… c’est Tigre qui est enragé…

Au comble de l’épouvante, Arthur Pym reprit assez de force pour échapper aux morsures de l’animal qui s’était précipité sur lui.

Après s’être enveloppé d’une couverture que déchirèrent les crocs blancs du chien, il s’élança hors de la caisse dont la porte se referma sur Tigre, qui se débattait entre les panneaux…

Arthur Pym parvint à se glisser à travers l’arrimage de la cale. La tête lui tournant alors, il tomba contre une malle, tandis que son couteau lui échappait de la main.

Au moment où il allait peut-être exhaler son dernier soupir, il entendit prononcer son nom… Une bouteille d’eau, portée à sa bouche, se vidait entre ses lèvres… Il revenait à la vie, après avoir aspiré longuement, d’une haleine, cette boisson exquise, – volupté la plus parfaite de toutes…

Des bandes d’oiseaux gigantesques…

À quelques instants de là, en un coin de la cale, aux clartés d’une lanterne sourde, Auguste Barnard faisait à son camarade le récit de ce qui s’était passé à bord depuis le départ du brick.

Jusqu’ici, je le répète, cette histoire est admissible ; mais nous ne sommes pas encore aux événements dont « l’extraordinaireté » défie toute vraisemblance.

L’équipage du Grampus se montait à trente-six hommes, compris Barnard père et fils. Après que le brick eut mis à la voile, le 20 juin, plusieurs tentatives avaient été faites par Auguste Barnard pour rejoindre Arthur Pym dans sa cachette, — tentatives vaines. À trois ou quatre jours de là, une révolte éclatait à bord. C’était le maître coq qui la dirigeait, — un Nègre comme notre Endicott de l’Halbrane, lequel, je me hâte de le dire, n’est pas homme à jamais se rebeller.

De nombreux incidents sont rapportés dans le roman, massacres qui coûtèrent la vie à la plupart des matelots restés fidèles au capitaine Barnard, puis, par le travers des Bermudes, abandon, dans une des petites baleinières, dudit capitaine et de quatre hommes, dont on ne devait plus avoir aucune nouvelle.

Auguste Barnard n’eût point été épargné, sans l’intervention du maître-cordier du Grampus, Dirk Peters, un métis de la tribu des Upsarokas, fils d’un marchand de pelleteries et d’une Indienne des Montagnes-Noires, — celui-là même que le capitaine Len Guy avait eu la prétention de retrouver dans l’Illinois…

Le Grampus fit route au sud-ouest, sous le commandement du second, dont l’intention était de se livrer à la piraterie en courant les mers du Sud.

À la suite de ces événements, Auguste Barnard aurait bien voulu rejoindre Arthur Pym. Mais on l’avait enfermé dans la chambre de l’équipage, les fers aux pieds et aux mains, et le maître coq lui affirma qu’il n’en sortirait que « quand le brick ne serait plus un brick ». Cependant, quelques jours après, Auguste Barnard parvint à se délivrer de ses menottes, à découper la mince cloison qui le séparait de la cale, et, suivi de Tigre, il essaya d’arriver jusqu’à la cachette de son camarade. S’il ne put y réussir, le chien, par bonheur, avait « senti » Arthur Pym, ce qui donna à Auguste Barnard l’idée d’attacher au cou de Tigre un billet contenant ces mots : « Je griffonne ceci avec du sang… restez caché… votre vie en dépend… »

Ce billet, on le sait, Arthur Pym l’avait reçu. Ce fut alors que, mourant de faim et de soif, il se glissa dans la cale, où le bruit du couteau, qui lui échappa des mains, attira l’attention de son camarade, lequel put enfin arriver jusqu’à lui.

Après avoir raconté ces choses à Arthur Pym, Auguste Barnard ajouta que la division régnait parmi les révoltés. Les uns voulaient conduire le Grampus vers les îles du Cap-Vert ; les autres — et Dirk Peters se prononçait dans ce sens — étaient décidés à faire voile vers les îles du Pacifique.

Quant au chien Tigre que son maître avait cru enragé, il ne l’était pas. C’était une soif dévorante qui l’avait mis en cet état de surexcitation, et, finalement, peut-être aurait-il été atteint d’hydrophobie, si Auguste Barnard ne l’avait ramené au gaillard d’avant.

Vient alors une importante digression sur l’arrimage des marchandises dans les navires de commerce, — arrimage d’où dépend en grande partie la sécurité du bord. Or, celui du Grampus ayant été très négligemment établi, le matériel se déplaçant à chaque oscillation, Arthur Pym ne pouvait sans danger demeurer dans la cale. Heureusement, avec l’aide d’Auguste Barnard, il parvint à gagner un coin de l’entrepont, près du poste de l’équipage.

Cependant le métis ne cessait de témoigner grande amitié au fils du capitaine Barnard. Aussi ce dernier se demandait-il si l’on ne pourrait compter sur le maître-cordier pour essayer de reprendre possession du navire ?…

Treize jours s’étaient écoulés depuis le départ de Nantucket, lorsque, le 4 juillet, une violente discussion éclata entre les révoltés, à propos d’un petit brick signalé au large, que les uns voulaient poursuivre, les autres laisser échapper. Il s’ensuivit la mort d’un matelot appartenant au parti du maître coq, auquel s’était rallié Dirk Peters, — parti opposé à celui du second.

Il n’y avait plus que treize hommes à bord, en comptant Arthur Pym.

Ce fut dans ces circonstances qu’une effroyable tempête vint bouleverser ces parages. Le Grampus, horriblement secoué, faisait de l’eau par ses coutures. Il fallut constamment manœuvrer la pompe et même appliquer une voile sous l’avant de la coque pour éviter de remplir.

Cette tempête prit fin le 9 juillet, et, ce jour-là, Dirk Peters ayant manifesté l’intention de se débarrasser du second, Auguste Barnard l’assura de son concours, sans lui révéler, toutefois, la présence d’Arthur Pym à bord.

Le lendemain, un des matelots fidèles au maître coq, le nommé Rogers, mourut dans des spasmes, et l’on ne mit pas en doute que le second l’eût empoisonné. Le maître coq ne comptait plus alors que quatre hommes, — dont Dirk Peters. Le second en avait cinq, et probablement finirait par l’emporter sur l’autre parti.

Il n’y avait pas une heure à perdre. Aussi le métis ayant déclaré à Auguste Barnard que le moment était venu d’agir, celui-ci lui apprit alors tout ce qui concernait Arthur Pym.

Or, tandis que tous deux s’entretenaient des moyens à employer pour rentrer en possession du navire, une irrésistible rafale le coucha sur le flanc. Le Grampus ne se releva pas sans avoir embarqué une énorme masse d’eau ; puis il parvint à prendre la cape sous la misaine au bas ris.

L’occasion parut favorable pour commencer la lutte, bien que les révoltés eussent fait la paix entre eux. Et, pourtant, le poste ne contenait que trois hommes, Dirk Peters, Auguste Barnard et Arthur Pym, alors que la chambre en renfermait neuf. Seul, le maître-cordier possédait deux pistolets et un couteau marin. De là, nécessité d’agir avec prudence.

Arthur Pym, dont les révoltés ne pouvaient soupçonner la présence à bord, eut alors l’idée d’une supercherie qui avait quelque chance de réussir. Comme le cadavre du matelot empoisonné gisait encore sur le pont, il se dit que si, ayant revêtu ses habits, il apparaissait au milieu de ces matelots superstitieux, peut-être l’épouvante les mettrait-elle à la merci de Dirk Peters…

Il faisait nuit noire, lorsque le métis se dirigea vers l’arrière. Doué d’une force prodigieuse, il se précipita sur l’homme de barre et, d’un seul coup, l’envoya par-dessus le bastingage.

Auguste Barnard et Arthur Pym le rejoignirent aussitôt, tous deux armés d’une bringuebale de pompe. Laissant Dirk Peters à la place du timonier, Arthur Pym, déguisé de manière à avoir l’apparence du mort, et son camarade allèrent se poster près du capot d’échelle de la chambre. Le second, le maître coq, tous étaient là, les uns dormant, les autres buvant ou causant, pistolets et fusils à portée de leur main.

La tempête faisait rage et il était impossible de se tenir debout sur le pont.

À ce moment, le second donna ordre d’aller chercher Auguste Barnard et Dirk Peters, — ordre qui fut transmis à l’homme de barre, lequel n’était autre que le maître-cordier. Celui-ci et le fils Barnard descendirent dans la chambre, où Arthur Pym ne tarda pas à apparaître.

L’effet de cette apparition fut prodigieux. Épouvanté à la vue du matelot ressuscité, le second se releva, battit l’air des mains, et retomba raide mort. Alors Dirk Peters se précipita sur les autres, secondé d’Auguste Barnard, d’Arthur Pym et du chien Tigre. En quelques instants, tous furent assommés ou étranglés, — sauf le matelot Richard Parker auquel on fit grâce de la vie.

Et maintenant, au plus fort de la tourmente, ils n’étaient plus que quatre hommes pour diriger le brick, qui fatiguait horriblement avec sept pieds d’eau dans sa cale. Il fallut couper le grand mât, et, le matin venu, abattre le mât de misaine. Journée épouvantable et nuit plus épouvantable encore ! Si Dirk Peters et ses trois compagnons ne se fussent solidement attachés aux débris du guindeau, ils auraient été emportés par un coup de mer qui enfonça les écoutilles du Grampus.

Suit alors, dans le roman, la minutieuse série d’incidents que devait engendrer cette situation, depuis 14 juillet jusqu’au 7 août : pêche aux vivres dans la cale noyée d’eau ; arrivée d’un brick mystérieux, qui, chargé de cadavres, empeste l’atmosphère et passe, comme un énorme cercueil, au gré d’un vent de mort ; tortures de la faim et de la soif ; impossibilité de parvenir à la soute aux provisions ; tirage à la courte-paille où le sort décide que Richard Parker sera sacrifié pour sauver la vie trois autres ; mort de ce malheureux frappé par Peters… dévoré… Enfin, quelques aliments, un jambon, une jarre d’olives sont retirés de la cale, puis une petite tortue… Sous le déplacement de sa cargaison, le Granpus donne une gîte de plus en plus prononcée… Par l’effroyable chaleur qui embrase ces parages, les tortures de la soif arrivent au dernier degré de ce qu’un homme peut souffrir… Auguste Barnard meurt le 1er août… Le brick chavire dans la nuit du 3 au 4… Arthur Pym et le métis, réfugiés sur la carène renversée, en sont réduits à se nourrir des cyrrhopodes dont la coque est couverte, au milieu des bandes de requins qui les guettent… Finalement paraît la goélette Jane, de Liverpool, capitaine William Guy, alors que les naufragés du Grampus n’avaient pas dérivé de moins de vingt-cinq degrés vers le sud…

Évidemment, il ne répugne pas à la raison d’admettre la réalité de ces faits, bien que l’outrance des situations soit portée aux dernières limites, — ce qui ne saurait surprendre sous la plume prestigieuse du poète américain. Mais, à partir de ce moment, on va voir si la moindre vraisemblance est observée dans la succession des incidents qui suivent.

Arthur Pym et Dirk Peters, recueillis à bord de la goélette anglaise, furent bien traités. Quinze jours après, remis de leurs souffrances, ils ne s’en souvenaient plus, — « tant la puissance d’oubli est proportionnée à l’énergie du contraste ». Avec des alternatives de beau et de mauvais temps, la Jane arriva le 13 octobre en vue de l’île du Prince-Édouard, puis aux îles Crozet par une direction opposée à celle de l’Halbrane, puis aux îles Kerguelen que je venais de quitter onze jours avant.

Trois semaines furent employées à la chasse des veaux marins dont la goélette fit bonne cargaison. Ce fut pendant cette relâche que le capitaine de la Jane déposa cette bouteille dans laquelle son homonyme de l’Halbrane prétendait avoir retrouvé une lettre où William Guy annonçait son intention de visiter les mers australes.

Le 12 novembre, la goélette quitta les Kerguelen et remonta à l’ouest vers Tristan d’Acunha, ainsi que nous le faisions en ce moment. Elle atteignit l’île quinze jours plus tard, y stationna une semaine, et, à la date du 5 décembre, partit pour reconnaître les Auroras par 53° 15′ de latitude sud et 47° 58′ de longitude ouest, — îles introuvables qu’elle ne put trouver.

Le 12 décembre, pointe de la Jane vers le pôle antarctique. Le 26, relèvement des premiers ice-bergs au-delà du 73e degré, et reconnaissance de la banquise.

Du 1er au 14 janvier 1828, évolutions difficiles, passage du cercle polaire au milieu des glaces, puis doublement de la banquise, et navigation à la surface d’une mer libre, — la fameuse mer libre, découverte par 81° 21′ de latitude sud et 42° de longitude ouest, la température étant de 47° Fahrenheit (8° 33 C. sur zéro), et celle de l’eau étant à 34° (1° 11 C. sur zéro).

Edgar Poe, on en conviendra, est là en pleine fantaisie. Jamais navigateur ne s’était élevé à de telles latitudes, — pas même le capitaine James Weddell, de la marine britannique, qui ne dépassa guère le 74e parallèle en 1822.

Mais, si cette pointe de la Jane est déjà difficile à admettre, combien davantage le sont les incidents qui allaient suivre ! Et, ces incidents extraordinaires, Arthur Pym — autrement dit Edgar Poe — les raconte avec une inconsciente naïveté, à laquelle personne ne pouvait se méprendre. En vérité, il ne doutait pas de s’élever jusqu’au pôle !…

Et d’abord, on ne voit plus un seul ice-berg sur cette mer fantastique. D’innombrables bandes d’oiseaux volent à sa surface, — entre autres un pélican qui est abattu d’un coup de fusil… On rencontre sur un glaçon, — il y en avait donc encore ? — un ours de l’espèce arctique, et d’une dimension ultra-gigantesque… Enfin la terre est signalée par tribord devant… C’est un îlot d’une lieue de circonférence, auquel fut donné le nom d’îlot Bennet, en l’honneur de l’associé du capitaine dans la propriété de la Jane.

Cet îlot est situé par 82° 50′ de latitude sud et 42° 20′ de longitude ouest, dit Arthur Pym dans son journal. J’engage les hydrographes à ne point établir une carte des parages antarctiques sur de si fantaisistes données !

Naturellement, à mesure que la goélette gagnait au sud, la variation de la boussole diminuait, tandis que la température de l’air et de l’eau s’adoucissait, avec un ciel toujours clair et une brise constante de quelques points du nord.

Par malheur, des symptômes de scorbut s’étaient déclarés parmi l’équipage, et peut-être, sans l’insistance d’Arthur Pym, le capitaine William Guy eût-il viré cap pour cap.

Il va de soi que, sous cette latitude et au mois de janvier, on jouissait d’un jour perpétuel, et, en somme, la Jane fit bien de continuer son aventureuse campagne, puisque, le 18 janvier, par 83° 20′ de latitude et 43° 5′ de longitude, une terre fut aperçue.

C’était une île appartenant à un groupe nombreux, éparpillé dans l’ouest.

La goélette s’en étant rapprochée, mouilla par six brasses. Les embarcations furent armées. Arthur Pym et Dirk Peters descendirent dans l’une d’elles, et elle ne s’arrêta que devant quatre canots, chargés d’hommes armés, — des « hommes nouveaux », dit le récit.

Nouveaux, en effet, ces indigènes d’un noir de jais, vêtus de la peau d’un animal noir, ayant une instinctive horreur de la « couleur blanche ». Je me demande à quel point devait être portée cette horreur pendant l’hiver ?… La neige, s’il en tombait, était-elle donc noire, et les glaçons aussi, — s’il s’en formait ?… Tout cela, pure imagination !…

Bref, ces insulaires, sans manifester de dispositions hostiles, ne cessaient de crier anamoo-moo et lama-lama. Lorsque leurs canots eurent accosté la goélette, le chef Too-Wit obtint de monter à bord avec une vingtaine de ses compagnons. De leur part, ce fut un prodigieux étonnement, car ils prenaient le navire pour une créature vivante dont ils caressaient les agrès, la mâture et les bastingages. Dirigée par eux, entre les récifs, à travers une baie dont le fond était de sable noir, elle jeta l’ancre à un mille de la grève, et le capitaine William Guy, ayant eu soin de retenir des otages à bord, débarqua sur les roches du littoral.

Quelle île, à en croire Arthur Pym, cette île Tsalal ! Les arbres n’y ressemblaient à aucune des espèces des diverses zones de notre globe. Les roches présentaient, dans leur composition, une stratification inconnue des minéralogistes modernes. Sur le lit des rios coulait une substance liquide sans apparence de limpidité, striée de veines distinctes, lesquelles ne se réunissaient point par une cohésion immédiate, quand on les séparait avec la lame d’un couteau !…

Il y eut trois milles à faire pour atteindre Klock-Klock, principale bourgade de l’île. Là, rien que des habitations misérables, uniquement formées de peaux noires ; des animaux domestiques ressemblant au cochon vulgaire, une sorte de mouton à toison noire, des volailles de vingt espèces, des albatros apprivoisés, des canards, des tortues galapagos en grand nombre.

En arrivant à Klock-Klock, le capitaine William Guy et ses compagnons trouvèrent une population qu’Arthur Pym évalue à dix mille âmes, hommes, femmes, enfants, sinon à craindre, du moins à tenir à l’écart, tant ils étaient bruyants et démonstratifs. Enfin, après une assez longue halte à la maison de Too-Wit, on revint au rivage, où la biche de mer — ce mollusque si recherché des Chinois, — plus abondante qu’en aucune autre portion de ces régions australes, devait fournir d’énormes cargaisons.

Ce fut à ce propos qu’on essaya de s’entendre avec Too-Wit. Le capitaine William Guy lui demanda d’autoriser la construction de hangars, où quelques-uns des hommes de la Jane prépareraient la biche de mer, tandis que la goélette continuerait sa route vers le pôle. Too-Wit accepta volontiers cette proposition, et conclut un marché d’après lequel les indigènes prêteraient leur concours pour la récolte du précieux mollusque.

Au bout d’un mois, les aménagements étant achevés, trois hommes furent désignés pour séjourner à Tsalal. Il n’y avait jamais eu lieu de concevoir le plus léger soupçon à l’égard des naturels. Avant de prendre congé, le capitaine William Guy voulut retourner une dernière fois au village de Klock-Klock, après avoir, par prudence, laissé six hommes à bord, les canons chargés, les filets de bastingages en place, l’ancre à pic. Ils devaient s’opposer à toute approche des indigènes.

Too-Wit, escorté d’une centaine de guerriers, se porta au-devant des visiteurs. On remonta l’étroite gorge d’un ravin, entre des collines formées de pierre savonneuse, une sorte de stéatite, comme Arthur Pym n’en avait vu nulle part. Il fallut suivre mille sinuosités, le long de talus hauts de soixante à quatre-vingts pieds sur une largeur de quarante.

Le capitaine William Guy et les siens, sans trop de crainte, bien que l’endroit fût propice à une embuscade, marchaient serrés les uns contre les autres.

À droite, un peu en avant, se tenaient Arthur Pym, Dirk Peters et un matelot nommé Allen.

Arrivé devant une fissure qui s’ouvrait dans le flanc de la colline, Arthur Pym eut l’idée d’y pénétrer, afin de cueillir quelques noisettes qui pendaient en grappes à des coudriers rabougris. Cela fait, il allait revenir sur ses pas, quand il s’aperçut que le métis et Allen l’avaient accompagné. Tous trois se disposaient à regagner l’entrée de la fissure, lorsqu’une soudaine et violente secousse les renversa. Au même moment, les masses savonneuses de la colline s’effondrèrent, et la pensée leur vint qu’ils allaient être enterrés vivants…

Vivants… tous trois ?… Non ! Allen avait été si profondément enseveli sous les décombres qu’il ne respirait plus.

En se traînant sur les genoux, en s’ouvrant un chemin au couteau, en maniant leur bowie-knife, Arthur Pym et Dirk Peters parvinrent à atteindre certaines saillies d’argile schisteuse un peu plus résistante, puis une plate-forme naturelle à l’extrémité d’une ravine boisée, au-dessus de laquelle plafonnait une tranche de ciel bleu.

De là, leurs regards purent embrasser toute la contrée environnante.

Un éboulement venait de se produire, — éboulement artificiel, oui ! artificiel, qui avait été provoqué par ces indigènes. Le capitaine William Guy et ses vingt-huit compagnons, écrasés sous plus d’un million de tonnes de terre et de pierre, avaient disparu.

Le pays fourmillait d’insulaires, venus des îles voisines, sans doute, et attirés par le désir de piller la Jane. Soixante-dix bateaux à balanciers se dirigeaient alors vers la goélette. Les six hommes restés à bord leur envoyèrent une première bordée mal ajustée, puis une seconde bordée de mitraille et de boulets ramés, dont l’effet fut terrible.

Néanmoins, la Jane ayant été envahie, puis livrée aux flammes, ses défenseurs furent massacrés. Enfin se produisit une formidable explosion, lorsque les poudres prirent feu, – explosion qui détruisit un millier d’indigènes et en mutila autant, tandis que les autres s’enfuyaient, poussant le cri de tékéli-li !… tékéli-li !

Pendant la semaine suivante, Arthur Pym et Dirk Peters, vivant de noisettes, de chair de butors, de cochléarias, échappèrent aux naturels qui ne soupçonnaient pas leur présence. Ils se trouvaient au fond d’une sorte d’abîme noir, sans issue, creusé dans la stéatite et une sorte de marne à grains métalliques. En le parcourant, ils descendirent à travers une succession de gouffres. Edgar Poe en donne le croquis suivant leur plan géométral, dont l’ensemble reproduisait un mot de racine arabe, qui signifie « être blanc », et le mot égyptien ΠΦΥΓΡΗϹ, qui signifie « région du sud ».

On le voit, l’auteur américain est ici dans l’invraisemblable poussé jusqu’aux dernières limites. Du reste, non seulement j’avais lu et relu ce roman d’Arthur Gordon Pym, mais je connaissais aussi les autres ouvrages d’Edgar Poe. Je savais ce qu’il fallait penser de ce génie plus sensitif qu’intellectuel. Un de ses critiques n’a-t-il pas dit et eu raison de dire : « L’imagination, chez lui, est la reine des facultés… une faculté quasi divine, qui perçoit les rapports intimes et secrets des choses, les correspondances et les analogies… »

Ce qui est certain, c’est que jamais personne n’avait vu dans ces livres autre chose que des œuvres d’imagination !… Comment donc, à moins d’être fou, un homme tel que le capitaine Len Guy avait-il admis la réalité de faits purement irréels ?…

Je continue :

Arthur Pym et Dirk Peters ne pouvaient demeurer au milieu de ces abîmes, et, après nombre de tentatives, ils parvinrent à se laisser glisser sur une des pentes de la colline. Aussitôt cinq sauvages s’élancèrent sur eux. Mais, grâce à leurs pistolets, grâce à la vigueur extraordinaire du métis, quatre des insulaires furent tués. Le cinquième fut entraîné par les fugitifs, qui gagnèrent une embarcation amarrée au rivage et chargée de trois grosses tortues. Une vingtaine d’insulaires, lancés à leur poursuite, essayèrent vainement de les arrêter. Ils furent repoussés, et le canot, muni de ses pagaies, prit la mer en se dirigeant vers le sud.

Arthur Pym naviguait alors au-delà du quatre-vingt-troisième degré de latitude australe. On était au début de mars, c’est-à-dire à l’approche de l’hiver antarctique. Cinq ou six îles se montraient vers l’ouest, qu’il importait d’éviter par prudence. L’opinion d’Arthur Pym était que la température s’adoucirait graduellement aux approches du pôle. À l’extrémité de deux pagaies, dressées en abord de l’embarcation, fut installée une voile faite avec les chemises liées ensemble de Dirk Peters et de son compagnon, — chemises blanches dont la couleur affecta d’épouvante l’indigène prisonnier, qui répondait au nom de Nu-Nu. Durant huit jours, se continua cette étrange navigation favorisée par une brise douce du nord, avec un jour permanent, sur une mer sans un morceau de glace, et, d’ailleurs, grâce à la température unie, élevée de l’eau, on n’en avait pas aperçu un seul depuis le parallèle de l’îlot Bennet.

C’est alors qu’Arthur Pym et Dirk Peters entrèrent dans une région de nouveauté et d’étonnement. À l’horizon se dressait une large barrière de vapeur grise et légère ; empanachée de longues raies lumineuses, telles qu’en projettent les aurores polaires. Un courant de grande force venait en aide à la brise. L’embarcation filait sur une surface liquide excessivement chaude et d’apparence laiteuse, qui semblait être agitée par en dessous. Une cendre blanchâtre vint à tomber, — ce qui redoubla les terreurs de Nu-Nu, dont les lèvres se relevaient sur une denture noire…

Le 9 mars, il y eut redoublement de cette pluie et accroissement de la température de l’eau, que la main ne pouvait même plus supporter. L’immense rideau de vapeur, tendu sur le lointain périmètre de l’horizon méridional, ressemblait à une cataracte sans limites, roulant en silence du haut de quelque immense rempart perdu dans les hauteurs du ciel…

Douze jours après, ce sont les ténèbres qui planent sur ces parages, ténèbres sillonnées par les effluves lumineux s’échappant des profondeurs laiteuses de l’océan Antarctique, où venait se fondre l’incessante averse cendreuse…

L’embarcation s’approchait de la cataracte avec une impétueuse vélocité, dont la raison n’est point indiquée dans le récit d’Arthur Pym. Parfois la nappe se fendait, laissant apercevoir en arrière un chaos d’images flottantes et indistinctes, secouées par de puissants courants d’air…

Au milieu de cet enténèbrement effroyable passaient des bandes d’oiseaux gigantesques, d’une blancheur livide, poussant leur éternel tékéli-li, et c’est alors que le sauvage, aux suprêmes affres de l’épouvante, exhala son dernier soupir.

Et soudain, pris d’une folie de vitesse, le canot se précipite dans les étreintes de la cataracte, où un gouffre s’entrouvre comme pour l’y aspirer… Mais voici qu’en travers se dresse une figure humaine voilée, de proportion beaucoup plus vaste que celle d’aucun habitant de la terre… Et la couleur de la peau de l’homme était la blancheur parfaite de la neige…

Tel est ce bizarre roman, enfanté par le génie ultra-humain du plus grand poète du Nouveau Monde. C’est ainsi qu’il se termine… ou plutôt qu’il ne se termine pas. À mon avis, dans l’impuissance d’imaginer un dénouement à de si extraordinaires aventures, on comprend qu’Edgar Poe ait interrompu leur récit par la mort « soudaine et déplorable de son héros », tout en laissant espérer que si l’on retrouve jamais les deux ou trois chapitres qui manquent, ils seront livrés au public.