Aller au contenu

Le Théâtre de l’avenir/Le Théâtre jusqu’à ce jour

La bibliothèque libre.
Schleicher (p. 12-41).

II

LE THÉATRE JUSQU’A CE JOUR

Les premiers théâtres. — La mise en scène sur les théâtres antiques. — La renaissance de l’art théâtral en Italie. — Les représentations de mystères. — Les premières salles de théâtre. — L’invention des décors peints et mobiles. — Le théâtre de Vicence. — Les salles en forme de cloche. — La salle type italienne. — Évolution du théâtre en Espagne et en Angleterre. — Le théâtre en Allemagne. — Les salles françaises de théâtre. — Victor Louis, le théâtre de Bordeaux et le Théâtre-Français. — Les spectateurs sur la scène au temps de Louis XIV. — Sur les scènes chinoises. — Théâtres détruits par la foule. — Les mésaventures d’une troupe anglaise en France. — Insuffisance des théâtres en général. — Le manque de confort est constant. — A quand le théâtre parfait ?


La passion du théâtre, nous l’avons déjà relevé, exista en tous les temps et chez tous les peuples.

De fort bonne heure, en effet, nous voyons les représentations théâtrales être chez les anciens fort à la mode, et, comme conséquence directe de ce goût pour les spectacles, nous voyons aussi de fort bonne heure réaliser des installations considérables et somptueuses en vue de leur exécution.

C’est en Grèce, semble-t-il, que pour la première fois Ton construisit des théâtres. Ceux-ci, dès l’abord, furent naturellement des édifices de fortune, en bois et assez sommaires. Mais ils s’élevaient en des emplacements admirables, choisis dételle sorte que la splendeur du site leur prêtait une noblesse majestueuse.

D’une façon générale, les architectes anciens recherchaient pour leur établissement des collines concaves, de préférence exposées au nord, et qui, par leur disposition naturelle, se prêtaient à une installation facile des gradins sur lesquels devaient s’étager les spectateurs. On réalisait ainsi une économie notable dans la construction de l’édifice, sans compter que le monument empruntait une majesté réelle au paysage qui l’encadrait : à Athènes, il regardait la mer ; à Pompéi, le Vésuve ; à Orange, la vallée du Rhône.

Bientôt, du reste, et cela pour obvier à l’inconvénient des incendies qui détruisaient fréquemment les théâtres en charpente, aussi bien que pour répondre aux nécessités imposées par la multiplication des représentations scéniques, au bois succéda la pierre.

Cependant, en devenant un établissement stable, édifié en vue d’une longue durée, le théâtre ne vit point modifier ses dispositions générales.

Il demeura à ciel ouvert ; un velarium, cependant, le recouvrait quelquefois, protégeant les spectateurs contre les rayons brûlants du soleil. En tout cas, qu’ils fussent ou non munis d’un tel abri, les théâtrès antiques, en Grèce particulièrement, comprenaient tous invariablement les parties essentielles suivantes : 1° un amphithéâtre ou cavea où prenaient place les assistants ; 2° au pied de la cavea, un espace demi-circulaire nommé orchestra ; 3° la scène, où se déroulait l’action.

L’amphithéâtre présentait une disposition semicirculaire plus ou moins allongée ; il était composé de gradins étages divisés en secteurs appelés cunei par des escaliers rayonnants et en couronnes séparées par des paliers et murs d’appui dénommés précinctions.

De ces couronnes, la plus éloignée de la scène, celle par conséquent occupant le sommet de l’amphithéâtre, était en partie abritée par un portique circulaire qui surmontait somptueusement l’édifice, procurait de l’ombre à plusieurs rangées de gradins et arrêtait par surcroît les ondes sonores, au grand bénéfice de l’auditoire qui ainsi entendait mieux les acteurs.

Sous les gradins de l’amphithéâtre étaient disposés les voies d’accès, les escaliers de dégagement et les couloirs ou vomitoires.

L’orchestre, dans les théâtres grecs, occupait une étendue considérable. On y dressait l’autel de Bacchus. A Rome, au contraire, ses dimensions furent réduites et ses places étaient réservées aux magistrats et aux dignitaires civils et militaires.

Faisant face à l’amphithéâtre, et au-dessus de l’orchestre dont elle se trouvait séparée par le pulpitum, sorte de petit mur mesurant environ un mètre soixante-dix centimètres de hauteur et s’étendant sur près des deux tiers du grand diamètre de l’édifice, s’élevait la scène.

Celle-ci, petite et reculée chez les Grecs, reçut au contraire dans les théâtres romains un développement en largeur considérable, en même temps que, par suite de la réduction de l’espace accordé à l’orchestre, elle se trouvait notablement rapprochée des spectateurs.

En arrière de la scène se trouvait le post-scenium, bâtiment aménagé pour les besoins mêmes du théâtre et des acteurs et renfermant les vestiaires, les magasins, etc.

Le fond de la scène et ses côtés latéraux étaient fermés par un grand mur richement décoré de statues et de colonnes et percé de trois ou de cinq portes servant aux communications avec le post-scenium. De ces portes, « celle du milieu, dite royale, était réservée aux dieux, aux héros, au maître ; les deux autres, aux personnages secondaires ; celles de côté étaient supposées conduire à la campagne » [1].

Sur les théâtres antiques, au reste, contrairement à ce que l’on pourrait supposer à un premier abord, l’action dramatique était accompagnée d’une certaine mise en scène qui n’était pas toujours sans grandeur.

On sait quelle importance elle avait acquise dans les cirques romains qui étaient pourvus d’une machinerie considérable, nécessaire pour la réalisation de certains spectacles, tels par exemple que ces naumachies où Ton voyait des trirèmes montées par de nombreux guerriers donner au peuple assemblé le spectacle héroïque d’une bataille navale véritable.

De façon générale, cependant, les moyens scéniques destinés à procurer l’illusion du spectateur étaient moins complexes, moins formidables, surtout, encore qu’ils présentassent un réel raffinement en dépit de leur simplicité.

Sur les scènes, fermées de trois côtés, comme nous le mentionnions tout à l’heure, par des façades d’une riche décoration architecturale, « quelques décors symboliques suivant l’action s’appliquaient sur des prismes droits à base triangulaire ; ils étaient montés sur pivots et distribués de chaque côté de la scène, à la façon de nos décors de coulisse ; on les faisait tourner, pour qu’ils présentassent au public la face sur laquelle était appliquée le genre de décoration exigé par la pièce, et lui indiquassent le lieu de la scène.

« Les décors représentaient :

« 1° Pour la tragédie, des colonnades et des statues ;

« 2° Pour la comédie, un intérieur d’habitation, comme un atrium ou une entrée ;

« 3° Pour la satire, de la verdure, des rochers, des paysages[2]. » Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/27 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/28 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/29 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/30 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/31 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/32 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/33 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/34 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/35 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/36 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/37 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/38 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/39 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/40 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/41 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/42 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/43 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/44 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/45 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/46 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/47 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/48 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/49 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/50 Page:Vitoux - Le Théâtre de l’avenir, Schleicher.djvu/51

  1. Alphonse Gosset, Traité de la construction des théâtres. Paris, Baudry et Cie, 1886, p. 3.
  2. Alphonse Gosset, Traité de la construction des théâtres, p. 3 et 4.