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Le Tibet/IV

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Le Tibet (1886)
Maisonneuve (1p. 53-69).

CHAPITRE QUATRIÈME
Religion. Croyances et pratiques.
§ 1er. Dualité. — Coexistence de deux cultes. — Culte de Bon. — Bouddhisme. — § 2. Croyances. — Bouddhas et Bodhisattvas. — Adi-Bouddha. — Dhyâni-Bouddhas ; Amitâbha. — Dyhâni-Bodhisattvas ; Padmapâni. — Bons et mauvais génies. — Transmigration. — Visée de la piété tibétaine. — § 3. Pratiques. — Dhâranis. — Les six syllabes. — Moulins à prière. — Mani, Dartchog et Labtse. — Tchorten. — Statues et images. — Chant religieux.
§ 1er. — DUALITÉ

Coexistence de deux cultes. — Il y a, au Tibet, deux religions, l’une ancienne, primitive appelée Bon ou Bon-pa, l’autre, plus récente, apportée de l’Inde, et qui est le Bouddhisme. On est convenu de donner au bouddhisme tibétain le nom de Lamaïsme, à cause d’une particularité extraordinaire de sa hiérarchie religieuse.

Nous parlerons plus tard de cette hiérarchie ; nous nous en tenons ici aux croyances vulgaires et aux pratiques habituelles.

Culte de Bon. — La religion de Bon, dont nous ne connaissons pas les livres, si toutefois il en existe, paraît consister dans le culte des bons et des mauvais génies, et dans les pratiques de sorcellerie auxquelles il faut recourir pour gagner la faveur des uns et se soustraire à la malveillance des autres. Ce culte n’est certainement plus ce qu’il fut à l’origine ; il a fait au bouddhisme beaucoup d’emprunts. Mais le bouddhisme lui en a fait de son côté ; car il a dû composer avec la religion du pays. Beaucoup de divinités que l’on croit bouddhiques et qui portent des noms bouddhiques, appartiennent en réalité au culte de Bon. La religion de la plupart des Tibétains n’est, au fond, sous une forme ou sous une autre, que le culte des bons et des mauvais génies.

Bouddhisme. — Le bouddhisme étant de création indienne, et s’étant répandu dans toute l’Asie centrale et orientale, nous ne dirons ici que ce qui concerne le Tibet.

La compilation des livres sacrés du Tibet, appelée Kandjour, se divise en sept sections que l’on peut ramener à quatre : 1o le Doul-va qui raconte surtout l’établissement du monachisme ; 2o le Cher-tchin qui contient la métaphysique ; 3o le Do qui renferme la doctrine fondamentale ; 4o le Guyoud (sk. Tantra) où se trouvent principalement les formules sacrées, les paroles magiques, et les enseignements que le lamaïsme préfère.

Les cent ou cent huit volumes de cette compilation ne sont guère lus. Les textes réputés les plus importants sont imprimés à part ; la connaissance des choses qu’il importe de savoir s’acquiert sans feuilleter tant de volumes. N’insistons pas davantage sur cette littérature, et tâchons de résumer ce qu’il y a de plus important dans les croyances et dans les pratiques religieuses des Tibétains.


§ 2. — CROYANCES

Bouddhas et Bodhisattvas. — Le suprême objet d’adoration des bouddhistes, c’est le Bouddha. Mais Çâkya-mouni, qui est le vrai Bouddha, n’est pas le seul. On lui a donné une infinité de prédécesseurs échelonnés dans les siècles passés et une infinité de successeurs échelonnés dans les siècles futurs.

Ces successeurs éventuels, qui portent le nom de Bodhisattvas sont honorés, dès à présent (au moins quelques-uns), comme les bouddhas de l’avenir. On se tourne vers eux comme vers le soleil levant, tandis que les bouddhas passés sont non pas oubliés, mais laissés quelque peu dans l’ombre.

Le Bodhisattva qui doit revêtir le premier la dignité de Bouddha est Maitreya. Il est naturellement fort vénéré ; mais d’autres le sont encore plus que lui. Ce sont, en particulier, Avalokiteçvara et Mandjouçrî ; Avalokiteçvara, appelé en tibétain Tchanrezi, est le patron du Tibet : c’est un disciple de Çâkya-mouni dont l’existence est fort douteuse, mais auquel, à défaut d’histoire véritable, on a forgé une histoire légendaire très fournie. Mandjouçrî (tib. Djam-pal)[1] représente la sagesse et la douceur persuasive. En prétendant que Thon-mi-Sambhota, le premier tibétain qui alla dans l’Inde chercher les livres bouddhiques, était une incarnation de ce Bodhisattva, les Tibétains montrent bien qu’ils lui attribuent un rôle important dans l’histoire de leur conversion au bouddhisme. Toutefois, sa légende n’est pas aussi riche que celle d’Avalokiteçvara, et il reste au second rang.

Adi-bouddha. — Pour remédier à l’inconvénient de la multitude des bouddhas, on a imaginé un bouddha primordial (ce que signifie le sanskrit Adi-bouddha) dont tous les autres ne sont qu’une émanation ou une manifestation. Cet Adibouddha, les Tibétains l’honorent sous le nom de Vadjradhara (sk. porte-sceptre) qui est comme le maître suprême de toutes choses, surtout le chef des bons génies : on lui donne aussi le nom de Vadjrasattva, dont on fait d’ailleurs une personnalité distincte. La conception de l’Adi-bouddha est une tentative monothéiste propre au bouddhisme tibétain ou népalais.

Dhyâni-bouddhas ; Amitâbha. — Parmi les nombreux bouddhas dont l’existence est admise, il en est cinq auxquels on accorde une attention particulière. Ce sont : le bouddha historique, Çâkyamouni, ses quatre prédécesseurs et son prochain successeur Maitreya. Mais celui-ci n’est pas encore apparu, et les quatre autres sont tombés dans le sombre et mystérieux abîme du Nirvâna. On a donc imaginé cinq bouddhas qui en sont comme le reflet et avec lesquels on peut entrer en relation par la méditation profonde appelée Dhyâna (sk.). De là, le nom de Dhyâni-bouddhas (bouddhas de la contemplation), qui leur a été donné par opposition aux « bouddhas humains » (sk. Manouchi-bouddhas) dont ils sont l’image.

Ces Dhyâni-bouddhas ont chacun leur nom : celui d’entre eux qui correspond à Çâkya-mouni s’appelle Amitâbha (tib. Od-pag-med., éclat sans mesure) et aussi Amitâyouch (tib. Tsé-dpag-med, durée de vie illimitée). Le culte d’Amitâbha a eu un immense succès au Tibet, et au dehors. Ce Dhyâni-bouddha habite la région occidentale ; sa résidence Soukhavatî est un lieu de délices où les bons ont l’espoir de parvenir. Il a presque effacé son Manouchi-bouddha ; car le paradis d’Amitâbha est bien plus séduisant que le Nirvâna de Çâkyamouni.

Amitâbha est représenté assis, les jambes croisées,

Amitabha, d’après D. Wright (History of Nepal)
Amitabha, d’après D. Wright (History of Nepal)

les pieds joints, les mains réunies sur les pieds, tenant le vase à aumônes, les chairs peintes en rose ou en rouge ; il a au pied de son trône l’oiseau sacré appelé en sanscrit Hansa (l’oie ou le cygne).

Dhyâni-bodhisattvas, Padmapâni. — Chaque Dhyâni-bouddha forme une famille ; il a une épouse (sk. Târâ, étoile) et un fils. Ce fils est un « Bodhisattva de la contemplation » (sk. Dhyâni-bodhisattva), et répond à un « Bodhisattva humain » comme le Dhyâni Bouddha répond à un Manouchi-bouddha. De même qu’il y a cinq Dhyâni-bouddhas, il y a cinq Dhyâni-bodhisattvas. Nous ne les énumérerons pas tous ; nous ne parlerons que de celui qui est le fils d’Amitâbha et de sa Târâ, Pândarâ.

Il s’appelle Padmapâni (sk. qui a un lotus à la main) ; il est ordinairement représenté debout comme les autres Dhyâni-bodhisattvas, entouré d’une auréole, tenant dans chaque main la fleur dont il a emprunté le nom. Ses chairs (visage, buste, bras, pieds) sont peintes en rouge ou en rose comme celles de son père Amitâbha et de sa mère Pândarâ.

Ce qui fait la haute importance de Padmapâni, c’est qu’il est le reflet d’Avalokiteçvara, le bodhisattva réputé le patron du Tibet. Padmapâni est à Avalokiteçvara ce que Amitâbha est à Çâkyamouni ; mais la confusion est plus grande entre Padmapâni et Avalokiteçvara qu’entre Amitâbha et Çâkya-mouni.

On raconte que Avalokiteçvara-Padmapâni, plongé dans les délices de Soukhavati, fut tellement ému des souffrances des damnés qu’il résolut de les faire cesser par la force de sa méditation compatissante, demandant que sa tête se brisât en mille morceaux s’il ne réussissait pas. Quand il vint pour constater l’effet de sa méditation, l’enfer était déjà rempli de nouveaux damnés. À ce spectacle, sa tête se brisa en mille morceaux. Amitâbha accourant, rassembla ces débris dont il fit dix têtes et lui donna l’assurance que son vœu le plus cher serait un jour exaucé. Avalokiteçvara ne cesse de poursuivre ce but glorieux. Sa mésaventure de l’enfer lui a valu d’être représenté quelquefois avec onze têtes.

Bons et mauvais génies. — Au-dessous ou à côté des bouddhas et des bodhisattvas (qui sont des hommes) il y a des génies en très grand nombre, les uns bons, les autres mauvais. Lha est, en tibétain, le nom générique des génies bienfaisants ; les malfaisants s’appellent Lha-ma-yin. Mais les uns et les autres forment des familles, portent des dénominations spéciales. Ainsi, parmi les bons génies, on cite les De-tchog (excellents), les Drag-ched (cruels), ceux-ci voués à l’extermination des mauvais génies ; les génies du feu et leur roi ; un collège de cinq rois, parmi lesquels le protecteur des monastères ; surtout Vadjrapâni (tib. Tchak-dor, « la foudre à la main ») qui n’est autre que l’Indra indien.

Vadjrapâni, d’après E. Schlagintweit.
Vadjrapâni, d’après E. Schlagintweit.

Parmi les bons génies, il y a des femelles, les Herouka, les Dakini qui se promènent dans l’air. Lha-mo (tib. la déesse) est une des grandes divinités femelles : on raconte que, mariée à un mauvais génie, roi de Ceylan, elle tua son fils plutôt que d’en laisser faire un destructeur de la religion, puis, échappant aux poursuites de son mari, vint se réfugier sur une montagne de l’Asie centrale.

Parmi les mauvais génies, nous citerons les Doud-po ou séducteurs qui entraînent au mal ; les génies qui avancent la mort ou empêchent la renaissance. Chaque génie, bon ou mauvais, s’applique incessamment à faire soit le bien, soit le mal que comporte sa nature.

Du reste, les Tibétains mettent des génies partout ; chaque localité a le sien. Non contents de cette multiplicité, ils ont divinisé certains symboles. Ainsi il y a sept attributs du roi universel assimilé au Bouddha ; parmi eux un cheval et une gemme. Ce cheval est devenu pour les Tibétains un emblème « de la vie, du corps et de la force ». Ils l’appellent Loung-ta (cheval aérien), et le représentent lancé au galop ayant la gemme sur le dos.

Transmigration. Tous les êtres animés sont rangés par les Tibétains en six classes : bons génies, — hommes, — mauvais génies, — animaux, — revenants, — damnés. On est appelé à passer dans une de ces six classes, selon ses mérites ou ses démérites, par le mouvement incessant de la transmigration des âmes, qui est le dogme fondamental des Tibétains comme des Hindous. Du rang des dieux on peut descendre à celui des damnés, et s’élever du rang des damnés à celui des dieux : mais ordinairement cela ne se fait pas sans transition. Ce qui est admis comme certain, c’est que, après la mort, on renaît toujours dans une des six classes d’êtres, à moins que la transmigration ne soit arrêtée : ce qui est le privilège acquis déjà par les bouddhas, assuré aux bodhisattvas dans l’avenir. Le commun des mortels a une ambition plus modeste.

Visée de la piété tibétaine. — Que se propose donc un Tibétain ? Deux choses principales : 1o gagner la faveur des bons génies et se soustraire à l’action des mauvais ; 2o obtenir une heureuse transmigration. — Pour atteindre ce but, il existe deux espèces de moyens : 1o une vie vertueuse, (c’est celui dont on se préoccupe le moins) ; 2o une série de pratiques, de cérémonies, d’actes matériels déterminés. Quelques-uns de ces actes méritoires ne peuvent être accomplis que par des prêtres ; mais il en est qui sont à la portée des laïques. C’est de ceux-là que nous allons parler.

§ 3. — Pratiques.

Dhâranis. — Le préservatif le plus puissant contre les influences mauvaises et le moyen le plus efficace d’obtenir le succès est la récitation des Dhâranis, sorte de formules magiques, d’invocations, presque toutes en sanscrit, par conséquent inintelligibles pour les Tibétains, généralement inintelligibles même pour ceux qui savent le sanscrit. Ces dhâranis sont très nombreuses et très variées, chacune d’elles s’adaptant à tel ou tel cas particulier. C’est le privilège des prêtres de les connaître et de savoir les employer à propos. Mais il en est de particulièrement importantes, dont l’effet s’applique à toutes choses. La plus efficace comme la plus usitée est la célèbre invocation :

Om !Om !Mani.Om !Padme.Om !Houm !

Les six syllabes. — Cette formule, inventée, dit-on, ou apportée au Tibet par Avalokiteçvara, est formée de quatre mots sanscrits dont le sens littéral est : « le joyau dans le lotus. Amen ! » Mais quel en est le sens profond ? On n’a jamais pu le dire. Si on le disait d’ailleurs, la formule perdrait presque tout son prix ; il vaut donc mieux que ce sens, s’il existe, reste caché.

Comme la formule, bien que sanscrite, se divise, selon l’usage tibétain, en six syllabes Om-ma-ni-pad-me-houm (ce qui lui a fait donner le nom de formule des six syllabes) on dit que c’est une bénédiction pour les six classes d’êtres ; d’après une autre explication ce serait un vœu pour l’acquisition de six vertus ou perfections appelées en sanscrit pâramitâ. Le plus probable est que « le joyau dans le lotus » n’est autre que Avalokiteçvara et que la fameuse formule est une invocation du nom de ce Bodhisattva. On lui associe quelquefois l’invocation : Om ! Vadjrapâni, houm ! (Ô Vadjrapâni. Amen !) Om ! mani padme houm ! doit être l’équivalent de : « Ô Avalokiteçvara ! Amen ! »

Moulins à prière. — Cette formule des six syllabes procurant toute espèce de félicités, on la répète sans cesse, on la chante souvent, on l’écrit partout. Pour mieux la répéter, on a imaginé de l’inscrire plusieurs fois sur des bandes que l’on enroule autour d’un cylindre disposé de manière à pouvoir tourner autour de son axe ; on l’écrit aussi sur de grands cylindres que l’on fait tourner au moyen d’une manivelle, ou sur d’autres que l’on place au-dessus d’une eau courante qui les met constamment en mouvement. Chaque tour du cylindre équivaut à une répétition de la formule multipliée par le nombre de fois qu’elle est écrite sur l’appareil ou sur la feuille qui y est adaptée.

Cette application mécanique et matérielle de l’expression bouddhique « tourner la roue de la loi », par laquelle on désigne la prédication fondamentale de Çâkya-mouni, est d’un usage très répandu. Les Européens ont donné à ces appareils tournants le nom de « roues ou moulins à prière ». Les Tibétains les désignent par le terme Mani-tchos-khor (roue de la loi Mani), ou par abréviation, Mani.

Mani. — Mani est aussi le nom donné à des murs hauts de deux mètres, épais de un à trois, mètres, d’une longueur indéterminée et qui peut toujours être augmentée, édifiés le long des routes, en rase campagne, à proximité des monastères. Les parois et le toit en sont revêtus de tablettes de pierre portant inscrites des dhâranis ou formules, parmi lesquelles : Om ! mani padme houm, occupe la plus grande place. Obo est le nom mongol de ces mani. Le passant les laisse à droite ou à gauche ; il est censé lire en passant les inscriptions dont le mani est couvert.

Dartchog et Labtse. — Sur les toits ou aux portes de leurs maisons, sur les routes, en plein champ, surtout aux passages des montagnes, les Tibétains fixent des drapeaux en soie ou en étoffe vulgaire, dont la hampe, plus ou moins haute, est généralement fixée à la base dans un monceau de pierres. L’étoffe porte diverses sentences entourant quelquefois le « cheval aérien » ; elle s’appelle Dartchog, et la hampe porte le nom de Lab-tse. Souvent l’étoffe est remplacée par une touffe de crins de yak. Quelquefois un simple tas de pierres suffit pour apporter la félicité au voyageur. Ceux qui passent les défilés des montagnes ne manquent jamais d’y apporter la leur. Quand on a atteint le point culminant d’un col (la), on prononce les mots gsol-lo, gsol-lo[2] ; ce qui revient à dire aux esprits : Merci pour les dangers évités ! protection pour le reste du trajet !

Tchorten. — On rencontre aussi au Tibet un grand nombre de monuments appelés tchorten, (sk. tchaitya), variant de trois à cinq mètres de hauteur, atteignant quelquefois jusqu’à dix mètres, qui sont des tombeaux renfermant les restes de quelque saint, ou de simples autels surmontés d’une niche au-dessus de laquelle s’élève une coupole. Le passant y dépose dévotement quelque offrande, le plus souvent un tsa-tsa, morceau d’argile pétri en forme de tchorten ou de Bouddha. Il s’en vend de tout faits ; mais on peut les façonner soi-même. Les tchorten correspondent aux tchaitya et aux stoupa de l’Inde.

Statues et images. — Enfin les images de divinités, dessinées et quelquefois peintes avec un certain art, les statues de toute grandeur pullulent au Tibet. On ne compte pas moins de trois cents personnages divins dont l’image est reproduite par le dessin, avec le nom au-dessous, d’une façon plus ou moins soignée, entourée de sentences et destinée à servir d’amulettes. Les personnages sont représentés, les uns assis, les jambes croisées, les autres debout. La position des mains (sk. moudrâ) est très variée : elle a une grande importance et sert à distinguer les personnages ; c’est l’objet d’une véritable science.

Les statues sont en argile, quelquefois en beurre ; elles sont généralement coloriées ou dorées. Pour les rendre plus vénérables, on y introduit des objets sacrés, cendres vénérées, grains bénits, qu’on mêle à la pâte, ou qu’on fait pénétrer par un trou ménagé à dessein. Les temples sont remplis de statues soignées. On en trouve de plus grossièrement faites dans les maisons, dans les rues des villes, sur les routes et dans la campagne. Quelques-unes sont colossales.

Chants religieux. — À cette énumération sommaire des manifestations de l’esprit religieux des Tibétains, nous ajouterons la mention du chant, notamment de celui qu’ils font entendre le soir, au déclin du jour. À Lha-sa, par exemple, ils sortent de leurs maisons, se groupent dans les rues et sur les places et commencent à chanter. Le P. Huc dit en avoir été vivement impressionné.

Nous ne pouvons énumérer toutes les superstitions des Tibétains, leur croyance aux jours heureux et malheureux, etc. Dans une foule de circonstances, ils sont obligés de recourir à l’assistance de leurs prêtres. C’est à cette classe d’hommes, si importante au Tibet, qu’il nous faut maintenant passer.




  1. Tous les noms religieux du bouddhisme ayant une forme sanscrite originale et une forme tibétaine qui en est la traduction, nous donnons tantôt l’une, tantôt l’autre, quelquefois les deux. Les abréviations sk. et tib. indiquent respectivement la forme sanscrite et la forme tibétaine.
  2. Littéralement : je prie ! je prie !