Le Voyageur enchanté/Chapitre 4

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Traduction par Victor Derély.
Albert Savine (p. 60-79).

IV


Du reste, le rusé tsigane ne me laissa pas le temps de me raviser.

— Je veux, dit-il, — être sûr que tu ne retourneras pas chez ton maître. Pour me donner tout apaisement à cet égard, va immédiatement prendre deux chevaux dans l’écurie du barine, et choisis les meilleurs possible : il faut que demain matin nous soyons loin d’ici.

Ces paroles m’assombrirent, j’éprouvais une répugnance extrême à commettre un vol, mais, évidemment, quand le vin est tiré, il faut le boire. L’écurie n’ayant pas de secrets pour moi, je pus facilement y aller chercher deux chevaux aussi rapides qu’infatigables. Lorsque je les eus amenés au Tsigane, il tira de sa poche deux colliers formés de dents de loup et les leur passa au cou ; puis nous enfourchâmes tous deux nos montures. Celles-ci, aiguillonnées par les dents de loup, partirent ventre à terre, et, au matin, nous nous trouvâmes à cent verstes du village, près de la ville de Koratcheff. Là, nous vendîmes nos chevaux à un gentilhomme qui nous les paya trois cents roubles les deux et, arrivés non loin d’un petit cours d’eau, nous nous mîmes en devoir de procéder au partage de cette somme ; selon l’usage du temps, elle nous avait été comptée en assignats. Le tsigane ne me donna en tout et pour tout qu’un rouble.

— Tiens, voilà ta part, me dit-il.

Le procédé me parut un peu vif.

— Comment ! répliquai-je, — c’est moi qui ai volé ces chevaux ; j’ai couru tous les risques dans cette affaire ; pourquoi donc ma part est-elle si petite ?

— Parce qu’elle n’est pas plus grande, répondit le tsigane.

— Ce sont des bêtises ! Pourquoi prends-tu tant pour toi ?

— Parce que je suis le maître et que tu es encore un apprenti.

— Comment, un apprenti ! Tu plaisantes !

La querelle s’échauffa et nous en vînmes bientôt aux injures. À la fin je lui dis :

— Je ne veux pas faire route plus longtemps avec toi, parce que tu es un coquin.

— Eh bien ! mon ami, laisse-moi, pour l’amour du Christ, me répondit-il, — car tu n’as pas de passeport, ta société est compromettante.

Là-dessus, nous nous quittâmes et je me rendis chez l’assesseur pour me dénoncer comme fugitif ; mais auparavant je racontai toute mon histoire à son secrétaire qui me dit :

— Imbécile, imbécile ! Quel besoin as-tu de faire cette déclaration ? As-tu dix roubles ?

— Non, répondis-je, — j’ai un rouble, mais je n’en ai pas dix.

— Eh bien ! tu as peut-être encore quelque chose, une croix d’argent au cou ? Tiens, ce que tu as à l’oreille, c’est une boucle ?

— Oui.

— En argent ?

— Oui, et j’ai aussi une croix de Saint-Mitrofane en argent.

— Allons, dit-il, — débarrasse-toi vite de ces objets et donne-les-moi, je te ferai un passeport, ensuite tu iras à Nikolaïeff ; le besoin de bras s’y fait sentir et c’est là que vont en foule les vagabonds de chez nous.

Je lui donnai mon rouble, ma croix et ma boucle d’oreille, après quoi il me libella un passeport sur lequel il apposa le sceau de l’assesseur.

— Vois-tu, fit-il, — pour le sceau je devrais te réclamer un supplément d’honoraires, telle est mon habitude avec tout le monde, mais j’ai pitié de ta pauvreté et je ne veux pas qu’il manque quelque chose à un passeport sorti de mes mains. Va, ajouta-t-il, — et si tu rencontres des gens qui aient besoin de mes services, envoie-les-moi.

« Voilà, pour sûr, un homme compatissant ! pensai-je : il m’a dépouillé de ma croix et il ose encore parler de sa pitié ! » Je ne lui envoyai personne et me mis en route sans un grosch vaillant.

Arrivé à Nikolaïeff, j’allai me poster sur la place où avait lieu l’embauchage. Les hommes venus là pour chercher du travail se trouvaient en fort petit nombre ; ils n’étaient pas plus de trois, et ce devaient être des individus comme moi, des espèces de vagabonds. En revanche, il y avait foule pour les louer, c’était à qui nous aurait, nous étions tiraillés de tous côtés. Vers moi s’avança en bousculant tout le monde sur son passage un barine colossal, d’une taille supérieure à la mienne ; il me saisit par les deux mains et m’entraîna à sa suite. Pendant qu’il m’emmenait, il distribuait des coups de poing à droite et à gauche pour obliger les gens à lui faire place, et vomissait toutes sortes d’imprécations, mais en même temps il avait les larmes aux yeux. Lorsqu’il m’eut conduit chez lui, dans une bicoque construite à la diable, il commença à m’interroger :

— Dis-moi la vérité : tu es un fugitif ?

Je répondis affirmativement.

— Un voleur, un assassin, ou tout simplement un vagabond ? continua-t-il.

— Pourquoi me demandez-vous cela ? lui dis-je.

— Pour mieux savoir à quel emploi tu es propre.

Je racontai pourquoi je m’étais enfui de chez le comte ; soudain il se jeta à mon cou et m’embrassa.

— Il m’en faut un pareil ! C’est ce qu’il me faut ! cria-t-il. — Si tu t’es attaché à des pigeons, tu peux, pour sûr, élever ma fille : je te prends pour bonne d’enfant.

— Comment, pour bonne d’enfant ? fis-je avec effroi. — Je ne suis nullement apte à ce métier.

— Si, ne dis pas de bêtises, reprit le barine ; — je vois que tu peux être bonne d’enfant et c’est bien heureux pour moi, car ma femme s’est enfuie avec un remonteur, me laissant une fillette à la mamelle, dont je n’ai ni le temps ni la possibilité de m’occuper : tu la nourriras et je te donnerai deux roubles par mois.

— Ce qui m’arrête, ce n’est pas la question des gages, mais comment viendrai-je à bout de cette tâche ?

— Des bêtises ! Voyons, tu es russe ? Un Russe vient à bout de tout.

— Oui, sans doute, je suis russe, mais je suis un homme et je n’ai pas ce qu’il faut pour nourrir un enfant à la mamelle.

— Ne t’inquiète pas de cela, dit-il, — j’achèterai une chèvre à un juif, tu n’auras qu’à la traire et à nourrir ma fille avec son lait.

Je répondis après un moment de réflexion :

— Sans doute, avec une chèvre il y a moyen de nourrir un enfant, mais il me semble tout de même qu’une femme conviendrait mieux pour cet office.

— Non, je t’en prie, réplique le barine, ne me parle pas des femmes : avec elles il arrive toujours des histoires ; d’ailleurs, je ne saurais où en trouver une ; mais toi, si tu ne consens pas à être la bonne de ma fille, je te fais immédiatement garrotter par des cosaques et conduire à la police qui te renverra sous bonne escorte à l’endroit d’où tu viens. Choisis maintenant ce que tu préfères : casser de nouveau des pierres dans le jardin de ton comte, ou donner tes soins à mon enfant.

Ce langage me fit réfléchir. « Non, décidai-je enfin à part moi, je ne retournerai pas là-bas ! » et je consentis à rester chez cet homme en qualité de bonne d’enfant. Le même jour, nous achetâmes à un juif une chèvre blanche qui venait de mettre bas. Je tuai son petit, mon maître et moi nous le mangeâmes accommodé aux nouilles. Quant à la mère, son lait me servit à nourrir l’enfant. Celle-ci était une petite créature si chétive, si minable ; elle piaulait toujours. Son père, mon barine, était un employé, Polonais d’origine ; jamais il ne restait au logis ; sans cesse en visite chez l’un ou l’autre de ses collègues, il passait là tout son temps à jouer aux cartes. Constamment seul avec la petite fille dont j’étais le père nourricier, je m’attachai beaucoup à elle, car je m’ennuyais au plus haut degré et, pour faire quelque chose, je m’occupais d’elle. Je la mettais dans un bassin et la lavais avec soin ; apercevais-je quelque bouton sur son petit corps, tout de suite je répandais dessus un peu de farine, je peignais sa petite tête ; je la berçais sur mes genoux. Parfois, quand je m’ennuyais trop à la maison, je prenais le baby sous mon bras et j’allais laver le linge au liman. La chèvre, devenue familière, nous accompagnait dans ces promenades. Je vécus ainsi jusqu’à la nouvelle année ; ma fillette grandissait et commençait à se tenir sur ses pieds, mais je m’aperçus qu’elle avait les jambes tournées en dedans ; je le fis remarquer à son père qui n’y attacha aucune importance : « Est-ce que j’y puis quelque chose ? se borna-t-il à me dire, fais-la examiner par un médecin. » Le docteur chez qui je me rendis avec l’enfant, me dit : « C’est une maladie anglaise ; il faut la mettre dans du sable. » Je commençai sans retard le traitement indiqué. Il y avait sur les bords du liman une petite place sablonneuse ; quand nous avions une belle journée, chaude et sereine, prenant avec moi la chèvre et le baby, je me dirigeais vers cet endroit. Je creusais avec mes mains un trou dans le sable chaud, j’y plongeais l’enfant jusqu’à la ceinture ; pour l’occuper, je lui donnais de petits bâtons et des cailloux ; puis, tandis que notre chèvre broutait l’herbe dans le voisinage, je m’asseyais, je serrais mes bras autour de mes jambes et je finissais par m’endormir.

Nous passions ainsi des journées entières seuls à trois. Je le répète, je m’ennuyais terriblement. Au printemps surtout, quand je venais d’enfouir la petite fille dans le sable, le murmure de l’eau et la brise chaude de la steppe m’invitaient au sommeil ; je faisais alors des rêves absurdes. Je voyais des steppes, des chevaux, et toujours il me semblait que quelqu’un m’appelait de la voix et du geste. J’entendais même crier mon nom : « Ivan ! Ivan ! Viens, ami Ivan ! » Je m’éveillais en sursaut et je crachais avec colère : « Peste soit de vous ! Pourquoi m’avez-vous appelé ? » Je regardais autour de moi, et mes yeux ne rencontraient que l’uniforme spectacle de la chèvre paissant à quelque distance de l’enfant plongée dans le sable, rien de plus… Oh, quel ennui ! Le soleil, le désert et le liman. Je me rendormais et de nouveau retentissait dans mon âme la même voix qui semblait apportée par le vent, elle me criait encore : « Ivan, viens, ami Ivan ! » J’éclatais en injures : « Mais, montre-toi donc, le diable t’emporte ! vociférais-je ; que je sache qui tu es et pourquoi tu m’appelles ainsi ! » Et voilà qu’un jour, après un de ces accès de colère, comme je fixais sur le liman des yeux encore à demi ensommeillés, j’en vis sortir une sorte de nuage léger, qui, volant à travers les airs, se dirigea droit vers moi. « Tprou[1] ! qu’est-ce que tu me veux encore, diable ? » fis-je mentalement. Mais tout à coup que vois-je ? Ce qui est là au-dessus de moi c’est le moine au visage de femme à qui, autrefois, quand j’étais postillon, j’avais allongé un coup de fouet. « Arrière ! Va-t’en ! » lui dis-je. Et il me répond d’un ton plein de douceur : « Allons, Ivan, mon ami, allons ! Tu auras encore beaucoup à souffrir, mais ensuite tu atteindras le port. » Je lui répliquai brutalement : « Où irai-je avec toi et quel port atteindrai-je ? » Mais soudain il redevint nuage et, à travers lui, j’aperçus je ne sais pas moi-même quoi : une steppe, des hommes à l’aspect farouche, comme les Sarrasins dont il est parlé dans les contes : coiffés de grands bonnets à longs poils, armés de flèches, montés sur des chevaux sauvages. En même temps que je voyais cela, j’entendais des cris d’oies, des hennissements, des rires étranges… Puis un tourbillon souleva brusquement des nuages de poussière et tout se déroba à mes yeux. Mais une cloche tinta doucement quelque part, et sur une hauteur apparut un grand monastère blanc qui semblait tout baigné dans une rouge lumière aurorale ; le long des murs circulaient des anges ailés, tenant en main des lances d’or, et la mer entourait le monastère. Un ange ayant frappé sur son bouclier avec sa lance, aussitôt la mer commença à s’agiter tout autour du monastère et du fond de l’abîme des voix effrayantes crièrent : « Saint ! »

« Allons, pensai-je, c’est encore une invite à entrer dans un couvent ! » et je m’éveillai en proie à une violente irritation ; mais quelle ne fut pas ma surprise en voyant agenouillé sur le sable et penché au-dessus de ma jeune maîtresse quelqu’un dont le visage très délicat ruisselait de larmes !

Je considérai longuement cette apparition, car je me demandais si ce n’était pas la continuation de mon rêve ; quand je vis qu’elle ne s’évanouissait pas, je me levai et m’avançai vers elle : c’était une dame ; elle avait retiré du sable la petite fille, l’avait prise dans ses bras et pleurait en lui prodiguant les baisers.

— Qu’est-ce qu’il te faut ? l’interrogeai-je.

Elle s’approcha vivement de moi, serra l’enfant contre sa poitrine et répondit à voix basse :

— C’est mon enfant, c’est ma fille, c’est ma fille !

— Eh bien ! après ?

— Rends-la-moi, dit-elle.

— À quel propos te la rendrais-je ?

— Est-ce que tu n’as pas pitié d’elle ? Vois comme elle se serre contre moi.

— Cela ne signifie rien chez un enfant qui n’a pas l’âge de raison ; elle se serre bien contre moi aussi, mais quant à te la céder, je ne te la céderai pas.

— Pourquoi ?

— Parce qu’elle a été placée sous ma surveillance, ainsi que la chèvre qui est là avec nous, et je dois ramener l’enfant chez son père.

La dame commença à pleurer et à se tordre les mains :

— Allons, c’est bien, reprit-elle, — puisque tu ne veux pas me rendre l’enfant, du moins, ne dis pas à mon mari, ton maître, que tu m’as vue, et reviens demain ici, à cette même place, avec le baby, pour que je puisse encore le caresser.

— Ça, c’est une autre affaire, répondis-je ; — ça, je te le promets et je tiendrai parole.

En effet, je ne parlai pas à mon barine de cette rencontre et le lendemain je retournai au liman avec la chèvre et la fillette. La dame nous y attendait déjà. Elle était restée tout le temps assise dans un endroit où le sol faisait un petit pli ; mais dès qu’elle nous eut aperçus, elle se leva d’un bond et courut au-devant de nous, pleurant et riant à la fois. Elle fourra des jouets dans les deux mains de l’enfant, passa même au cou de notre chèvre une clochette pendue à un joli cordon, et ne m’oublia pas non plus : je reçus d’elle une pipe, une blague à tabac et un peigne.

— Fume cette pipe, je te prie, me dit-elle, — moi j’aurai soin de l’enfant.

Nous eûmes comme cela de fréquentes entrevues près du liman. La dame était toujours avec la petite fille et moi je dormais. De temps à autre elle entamait le récit de son histoire, me racontait comme quoi c’était contre son gré qu’elle avait épousé mon barine… elle avait été forcée à ce mariage par une méchante belle-mère… jamais elle n’avait pu aimer son mari. Mais l’autre, le remonteur, elle l’aimait… elle s’était donnée à lui après avoir vainement essayé de résister à sa passion.

— Car, mon mari, comme tu le sais toi-même, me disait-elle, — est un homme qui n’a aucun soin de sa personne, tandis que l’autre s’habille toujours très proprement. Il est fort bon pour moi, mais malgré cela je ne puis être heureuse, parce que je suis privée de mon enfant. À présent nous sommes venus ici lui et moi, nous logeons chez un de ses camarades, mais j’ai peur que mon mari ne vienne à le savoir, aussi je vis dans des transes continuelles. Nous devons bientôt partir et j’aurai encore la douleur d’être séparée de ma fille.

— Eh bien ! que faire ? répondais-je ; — si, méprisant la loi et la religion, tu as violé la foi conjugale, il faut en subir les conséquences.

De jour en jour elle devenait plus triste, ses larmes et ses jérémiades m’assommaient ; à chaque instant aussi elle me promettait de l’argent. Une fois, enfin, elle vint nous faire ses adieux.

— Écoute, Ivan (elle savait que je m’appelais ainsi), écoute, commença-t-elle, — ce que je vais te dire. Il va venir lui-même nous trouver ici.

— Qui cela ? demandai-je.

Elle m’expliqua qu’il s’agissait du remonteur.

— Eh bien ! qu’est-ce que cela me fait ?

La dame m’apprit que la nuit précédente il avait gagné énormément d’argent au jeu et que, désirant lui faire plaisir, il avait résolu de me donner mille roubles pour que je lui rendisse sa fille.

— Je ne ferai jamais cela, déclarai-je.

— Pourquoi donc, Ivan, pourquoi ? insista-t-elle. — Se peut-il que tu n’aies aucune pitié ni d’elle ni de moi qui sommes séparées l’une de l’autre ?

— Que j’aie ou non pitié de vous, peu importe ! Jamais je ne me suis vendu ni ne me vendrai, pas plus pour une grosse somme que pour une petite ; aussi, tous les remonteurs peuvent garder leurs milliers de roubles, ta fille restera sous ma garde.

Elle fondit en larmes.

— Tu ferais mieux de ne pas pleurer, lui dis-je, — attendu que cela m’est parfaitement égal.

— Tu n’as pas de cœur, observa-t-elle, — tu es de pierre.

— Pas du tout, répliquai-je, — je ne suis pas de pierre ; je suis fait de chair et d’os comme tout le monde, mais je suis un homme consciencieux : cette enfant m’a été confiée, je ne m’en dessaisirai pas.

— Mais songe, reprit la dame, — que l’enfant elle-même sera plus heureuse auprès de moi.

— Encore une fois, ce n’est pas mon affaire.

— Est-il possible, s’écria-t-elle, — est-il possible que je doive encore être séparée de ma fille ?

— Que veux-tu ? si, méprisant la loi et la religion….

Mais avant que j’eusse achevé ce que je voulais dire, j’aperçus un uhlan qui traversait la steppe en se dirigeant de notre côté. Dans ce temps-là, les officiers avaient encore les allures crânes et martiales qui siéent à l’uniforme, ce n’était pas comme les militaires d’à présent qu’à leur dégaine on prendrait pour des greffiers. Ce uhlan s’avançait d’un air hautain, les poings sur les hanches, son manteau jeté négligemment sur ses épaules… Il n’était peut-être pas fort du tout, mais il payait vraiment de mine….. En considérant ce visiteur, l’idée me vint que ce serait une fameuse distraction pour moi d’engager avec lui une lutte à main plate et je décidai qu’au premier mot qu’il m’adresserait, je répondrais le plus grossièrement possible. «  Comme cela, pensai-je, nous pourrons, s’il plaît à Dieu, nous colleter ensemble et je m’en donnerai à cœur joie. » Enchanté de cette perspective, je ne prêtai plus aucune attention aux paroles que balbutiait en pleurant mon interlocutrice : il me tardait d’engager la partie avec le remonteur.



  1. Mot que les cochers disent pour arrêter leurs chevaux.