Le Zend-Avesta (trad. Darmesteter)/Volume II/Yashts/1

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Le Zend-Avesta
(Yasht 1)
Traduction de James Darmesteter

Édition : Musée Guimet. Publication : Ernest Leroux, Paris, 1892.
Annales du Musée Guimet, Tome 22.


YASHTS
Yasht 1
1.
Ormazd Yasht


YASHT I. - ORMAZD YASHT

Le Yasht d’Ormazd est avant tout un Yasht sur les noms d’Ormazd et leur vertu.

1-6. Les noms d’Ahura Mazda sont la partie le plus puissante de la Parole Divine.

7-8. Énumération des vingt noms d’Aliura. 9-11. Puissance de ces noms.

12-l.D. Autre liste des noms d’Ahura. 16-20. Puissance des noms d’Ahura.

21-22, 33. Formules d’invocation.

Les §§ 24-32 ne font pas partie de l’Ormazd Yasht proprement dit : ils manquent dans toute une série de manuscrits et forment une série de formules dont le lien nous échappe, et dont le texte esltrès corrompu. Le §33 est la formule finale des Yashts. Une tradition veut que les §§ 24-32 soient une partie d’un Yasht perdu, le Bahmau Yasht’. Les §§ 12-15, qui interrompent le développement sur la puissance du nom et qui contrastent avec l’énumération définie et précise des §§ 7-8, sont probablement une interpolation postérieure. Les spéculations sur la puissance du nom divin ont toujours été un sujet favori dans le Parsisme ". 1. An-quctil, Zend Avcst, au Yasl d’Ormazd. 2. Voir la liste des 101 noms d’Ormazd dans le ïasnu lid Nimng de Tahmuras et dans le Kliorda Avi’sia de Tir Andà/,. 332 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Tous les Yashts sout précédés et suivis de formules uniformes, donl le corps est le même pour tous et qui ne diffèrent que par le nom de l’Ized auquel le Yasht est consacré.

La formule initiale que nous donnons au complet pour le Yasht 1, se compose de deux parties :

I. Une introduction en pazend (0. «), comprenant trois parties : 1" Une invocation d’Ormazd ;

2° Un appel adressé cala Divinité spéciale du Yasht, afin qu’elle se rende auprès de son adorateur ;

3° Une formule de pénitence.

De ces trois formules, la seconde représente l’élément spécial et variable.

H. Une introduction en zend (0. b), comprenant cinq parties : 1" Une formule bénissant Ahura Mazda et maudissant Aiigra Mainyu ; 2" La profession de foi active du Frastuyê (Yasna XI, 17-18), terminant avec « la louange de l’Asha » (Staomî ashem, ashem vohû) ; 3" La profession de foi mazdéenne ou Fravarânê (Yasna XI, 16). 4° Le Khshnaothra de la Divinité spéciale du Yashl. 5° Le Yathà ahû vairyô, sous la forme dialoguée (vol. 1. p. 67). De ces cinq formules, la quatrième représente l’élément spécial et variable.

La formule finale que l’on trouvera au complet à la fin du Yf. III (§ !^ 17- 18) — elle est mutilée dans le Y’asht I et n’est pas assez claire dans le Yasht II, à cause du caractère composite de ce Yasht — se compose de deux parties. La première partie annonce le sacrifice offert à la Divinité spéciale du Yashl (Yt. III, 17) ; c’est le ahê raya (Yasna LVII, 3) suivi de la formule liturgique par excellence, le Yêiihê hâtâm. L’autre partie annonce les faveurs demandées en retour à la Divinité el reproduit les formules qui terminent le Yasna : elles font ainsi du Yashl un Yasna en raccourci, ce qu’il est en réalité, étant un Ynsnu spécial à tel génie. Nos secours pour traduire ce Yashl sont, pour les §§ 1-23, la traduction pehlvie el parsie publiée par M. Cari Salemann d’après un manuscrit de ZEND-AVESTA : ORMAZD YASHT. — YASUT 1 333

Saint-Pétersbourg [l’cùcr eine Parse/i/iandschrift, etc., pp. 13 sq. : le peblvi a aussi été publié à Bombay dans leKhorda A vesta de Ervad Ivavasji Kanga) et les traductions sanscrite et persane, dérivées du peblvi, que j’ai publiées dans les Éù/dcs iranien>ws,]l, 253 sq. (FondsBurnouf, V, 65 ; East India Office, XXII, 43) ; sans compter le Kborda.vesta persan de Tir Andàz. Pour le reste du Yasht, on a des traductions peblvie et persane, mais sans valeur (Cari Salemann, /. /. et Tir .

dâz).

0. a. Pa nâmi Yazdâ. .u nom de Dieu !

D’Ormazd, le Seigneur, source d’accroissement’, que la puissance’ et la gloire accroisse !

Vienne le créateur Hôrviezd, le magnifique, le glorieux, Esprit parmi les £sprifs Ezh hamd gunâfi : De tous mes péchés de trois classes je fais pénitence et repentir : de toutes les mauvaises pensées, les mauvaises paroles, les mauvaises actions, que dans le monde j’ai pensées, dites, faites ; où je suis tombé ; où je me suis enraciné ; de tous ces péchés de pensée, de parole et d’action, retombant sur le corps ou retombant sur l’ame, d’ordre spirituel ou d’ordre matériel. 0. b. Khshnaothra. Réjouissance d’Ahura Mazda ! écrasement ’ d’. gra .Mainyu 1

[Voilà] ce que souhaitent le plus vos loyaux serviteurs’. Frastuyè ’. Je loue et appelle les bonnes pensées, les bonnes paroles, les bonnes actions dans ma pensée, dans ma parole, dans mon action. Je prends toute bonne pensée, toute bonne parole, toute bonne action ; et je m’abstiens de toute mauvaise pensée, toute mauvaise parole, toute mauvaise action.

Je vous donne, ô Amesha-Speiitas, sacriûce et prière ; je vous donne ma pensée, ma parole, mon action ; je vous donne mon àme et la vie de mon corps. Staomi ashem. Je fais louange de la Sainteté ’ Aslicm vohii. « La sainteté est le bien suprême et c’est aussi le bonlieur. Le bonheur à celui qui est saint de la sainteté suprême » ! {3 fois.) Fravarânè°. Je me déclare adorateur de Mazda, disciple de Zarathushtra, ennemi des Daêvas, sectateur de lu Loi dWhura.

1. afzûn’i 3z speùta.

2. gurz = varecô.

3. mainguà maingô : voir vol. 1, p. 58, n. 7. . tarôi-diti, l’abstrait de tarc-dbà (p. 296 n. 5), litt. « mise en oppression ». 2 Imité du Vasna L, 11.

3. Formule de profession de foi active : Yasna XI, 17-19. 4. En récitant l’Ashem vobù ; fin du Frasluyè : cf. vol. I^ 1 18, note 0. n La profession de foi générale : Yasna I, 16. 334 ANNALES DU MUSEE GUIMET

Pour sacrifice, prière, réjouissance et glorification à [Hùvani’, saint, maître de sainteté...].

Réjouissance à Ahura Mazda, magnifique et glorieux, pour sacrifice, prière, réjouissance et glorification !

Yathâ ahù vairyô. Le Raspi : Le désir du Seigneur... que ce prêtre Zaotar me le dise I.

Le Zôt : C’est la règle du bien. Que l’homme de bien qui la connaît la proclame ! 1 . Zarathushlra demanda à Ahura Mazda :

Ahura Mazda, Esprit très bienfaisant, créateur du monde des corps, saint !

Qu’y a-l-il dans la Parole Divine (dans le Mâthra Spenta) de plus forf ? De plus victorieux ? De plus glorieux ? De plus efficace ? 2. Qu’y a-t-il dont les coups soient plus victorieux ? Qui guérisse mieux ? Qui écrase mieux la malice des démons et des hommes ? Qui dans tout le monde des corps conduise mieux lame à son désir* ? Qui dans tout le monde des corps efface mieux les imaginations [mauvaises]’ ? 3. Ahura Mazda répondit :

Notre nom, à nous, les Amesha-Spentas, ô Spitama Zarathushlra : voilà, ce qu’il y a dans la Parole Divine de plus fort, de plus victorieux, de plus glorieux, de plus efficace.

4. Voilà dont les coups sont le plus victorieux ; voilà qui guérit le mieux ; qui écrase le mieux la malice des démons et des hommes. Voilà qui, dans 6. .Mettre le nom du Gàh présent, avec la série des divinités correspondantes (cf. Yasna I, 3, 4, 5, 6, 7).

7. « C’est-à-dire qui rend plus grande la force de l’homme qui le récite » [gabrâ amatasli rjùfl ash sidkûh vês/i).

8. mana asti vijafj’hmisliteiu : zagi pun minishn U barà matdrlûm, « qui fait le mieux arriver ce qui est dans l’esprit » (sscr. manasas prdpakatard ; p. «x-’Lj j’^ ; T. A. « quelle est la parole qui réalise tout désir que l’on a dans ce monde ? » — mana semble être un accusatif pluriel d’un thème neutre mana. 9. anhv.àm asti vimarezisbtcm : zagi pun akhù U bard mùsliildrlàni phn l [u] mnndîuni apdrùn, « qui efface le mieux ce qui est dans l’imagination {al ;/iû = Ci^Li), la crainte de quelque chose de mal ». Tir Andàz l’entend de la pensée du mal : " qui donne plus au cœur la pureté, c’est-à-dire dont la récitation purifie le cœur, de sorte qu’il ne va pas dans la voie du péché ». La traduction persane et peut-être aussi le sanscrit semblent entendre : « ([ui cfTacc le mieux l’inquiéUide, la souffrance passée ». ZEiND-AVESTA : ORMAZD YASHT. — YASUT 1 335

tout le monde des corps, conduit le mieux l’âme à son désir ; qui, dans tout le monde des corps, elïace le mieux les imaginations [mauvaises]. 5. Et Zarathushtra dit :

Dis-moi donc ce nom de toi, ô saint Ahura Mazda ; ce nom qui est le plus grand, le meilleur, le plus beau, le plus efficace ; dont les coups sont le plus victorieux et qui guérit le mieux ; qui écrase le mieux la malice des démons et des hommes ;

6. afin que j’écrase tous les démons et les hommes ; afin que j’écrase tous les Yàtus et les Pairikas"* ; et que nul ne puisse m’écraser, démon ni homme, ni Yâtu ni Pairika.

7. Et Ahura Mazda répondit :

Mon nom est Celui qu’on interroge", ô saint Zarathushtra. Mon second nom est le Donneur de troupeaux’-. Mon troisième nom est le Puissant ’^

Mon quatrième nom est Sainteté Parfaite ’^

Mon cinquième nom est Toute chose bonne créée par Mazda, qui a son germe dans le Bien.

Mon sixième nom est que je suis l’Intelligence ’^ Mon septième nom est l’Intelligent ’^

10. Voir vol. I, p. 90, n. 53.

11. fralihslitja, pursishnlg, lilt. « l’èlre de questions » : Ahura aime à être interrogé sur la I^oi : voir Vd. XVllI, 60 sq. ; Yasna XLllI, 10, note 3,3. I^a glose, probablement tardive, prend à tort le mot à l’actif : « c’est-à-dire que je demande beaucoup sur les œuvres de religion ». Cependant, comme « demander » est en zend le verbe de la conversation, il se peut que la glose l’entende dans ce sens qu’il est « celui qui aime à s’entretenir sur les clioses de la religion ». Le sscr. et le persan traduisent, d’après la glose, prashld, eX^j. comme s’il y avait pûrsîtàr. — Le mot fraliiishtya est l’adjectif dérivé de *fral ;lisbti, question. 12. vàtliwyô^ ramik, « c’est-à-dire que de moi viennent beaucoup de troupeaux d’animaux et d’hommes » ; les gloses parsie, sanscrite et persane entendent : « je les ai tous créés ».

13. ava-taniiyô, Uù)i tuvdn-lcar, « ainsi puissant ; c’est-à-dire que je suis puissant dans les bonnes œuvres». Gloses sscr. et persane : " c’est-à-dire que je puis créer » (srashhim, ^j,j).

14. Aslia valii.shta : « c’est-à-dire que je suis sainteté incarnée {taui li fiamdi a/ildijî/i, cf. vol. I, p. 8, n. 5), bonnes o ?uvres en nombre ». 15. Vispa vobù ina/.dndbûla ashaoitlirn : il les a toutes créées. 16. Observer le cluuigemenl de conslruclioii quand le nom n’est pas iin simple Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/390 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/391 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/392 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/393 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/394 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/395 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/396 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/397 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/398 Page:Annales du Musée Guimet, tome 22.djvu/399