Le bilan de Boulanger/02/04

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Collectif
La Société des Droits de l’Homme et du Citoyen (p. 6-7).
Le Parti ouvrier

D’autre part, les représentants de la Fédération des travailleurs socialistes de France, les membres du Parti ouvrier, publiaient un appel éloquent, dont l’extrait suivant dira l’énergique tendance :

M. Boulanger singe Bonaparte. Mais, quand Bonaparte fit le 18 Brumaire, ses épaulettes s’étaient au moins noircies aux fumées de la poudre dans les combats heureux pour la patrie. M. Boulanger, lui, a gagné ses épaulettes et sa croix en exerçant sa bravoure et ses talents militaires contre les blessés d’un hôpital et contre des vaincus emprisonnés.

La République a, pour fondement, la liberté ; tout pouvoir est au peuple, toute loi doit traduire sa volonté.

La constitution de l’armée repose, au contraire, sur l’autorité absolue.

Comment un général pourrait-il, dès lors, sans danger, aspirer à la direction de la politique républicaine ?

Comme Hoche, s’il était républicain, M. Boulanger laisserait au temps, l’intelligence, à la conscience, à l’énergie des citoyens le soin de fonder à jamais la République sur des institutions libres et égalitaires.

Comme Hoche, s’il était un soldat honnête et brave, il ne compromettrait pas la sécurité, l’intégralité de notre pays, en y semant la division en face des dangers extérieurs.

Des journalistes, des représentants du peuple peuvent abdiquer leurs fragiles convictions républicaines ; ils peuvent, sans pudeurs, salir leurs feuilles, déchirer leur mandat et préparer la dictature militaire. − Nous, travailleurs, nous, les mandataires du Parti ouvrier, nous sommes prêts, avec notre parti, à oublier pour un instant les seize années pendant lesquelles la bourgeoisie a trahi les espérances du peuple.

Nous sommes prêts à défendre et à conserver, par tous moyens, le chétif germe de nos institutions républicaines contre tout sabre qui voudrait à la menacer.

Vive la République sociale !

Le comité National :
J. Allemane — Aveline — Brousse — Berthaut — Chabert — Chausse — V. Dalle — Dejeante — Delacour — Dervilliers — Faillet — Graillat — Joffrin — Lamothe — Lavy − Picau — Paulard — Ribanier — Soëns — Vaidy.
Les conseillers municipaux de Paris :
Brousse — Chabert — Dumay — Faillet — Joffrin — Lavy — Paulard — Reties — Simon Soëns.