Le confessionnal des pénitents noirs/11

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L’Édition populaire (p. 60-61).

Quelques jours après les événements que nous venons de raconter, Vivaldi fut remis en liberté. Le marquis n’avait été averti que son fils avait été cité devant le tribunal secret de l’Inquisition que lorsque son innocence fut reconnue. Il s’empressa de venir à Rome. Vivaldi s’étonna de le voir en grand deuil et les yeux rougis par les larmes : il apprit que sa mère était morte. Son père lui confia aussi que lorsque la marquise s’était vue à l’extrémité, déchirée de remords et assiégée de terreur, elle avait envoyé chercher un confesseur dans l’espoir de soulager sa conscience. La première condition que le prêtre attacha au pardon qu’elle implorait fût qu’elle réparât de tout son pouvoir le mal qu’elle avait fait aux autres. Aussi, au moment d’entrer au tombeau, témoigna-t-elle autant d’empressement à favoriser le mariage de Vivaldi et d’Elena qu’elle avait montré d’ardeur à y mettre obstacle. Après avoir avoué l’infâme complot qu’elle avait trâmé contre Elena, elle fit promettre solennellement au marquis Vivaldi qu’il ne s’opposerait plus au mariage de leur fils, si celui-ci persistait dans son attachement pour la jeune fille. Cette promesse calma la marquise qui mourut en le remerciant.

Vivaldi ne voulut point quitter Rome avant que son père n’eut obtenu que Paolo ne fût remis en liberté. Ce fut un moment bien doux pour le jeune comte lorsqu’il vit le lendemain son fidèle serviteur tomber à ses pieds, en fondant en larmes. Il le releva en l’embrassant ; puis le marquis, serrant la main loyale du serviteur de son fils, y glissa une bourse de mille sequins que Paolo voulut refuser, mais que Vivaldi le contraignit d’accepter comme un premier acompte sur les émoluments de majordome de sa maison.

Le marquis et son fils repartirent pour Naples le même jour. Schedoni, avant de mourir, avait révélé la retraite de celle qu’il croyait être sa fille. Dès son arrivée à Naples, Vivaldi dévoré d’impatience, courut au couvent de Santa-Maria.

Quelques instants après, les deux fiancés étaient réunis au parloir. En se retrouvant après tant d’épreuves, leur joie alla jusqu’au délire. Le premier moment d’effusion passé, ils se racontèrent leurs aventures ; Vivaldi n’osait avouer à Elena les crimes de Schedoni qu’il croyait être le père de sa fiancée. Mais, Olivia étant entrée au parloir, la jeune fille la présenta à Vivaldi comme sa mère. Quelques mots suffirent pour mettre le jeune homme au courant de tout ce qui concernait la famille d’Elena. Dès lors rien ne s’opposait plus a leur union.

Le marquis Vivaldi se rendit au couvent de Santa-Maria pour solliciter en forme le consentement d’Olivia, qui l’accorda avec la plus grande joie. Dans cette entrevue, le marquis fut charmé du ton et des manières de la comtesse et des grâces enjouées de sa future belle-fille.

Le 20 mai, le mariage du comte Vincenzo de Vivaldi et de la comtesse Elena de Bruno fut célébré dans l’église de Santa-Maria.

FIN.