Le désespoir est un Roi furieux

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Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 225).


SONNET.

 
Le deſeſpoir eſt un Roi furieux
Traiſnant touſiours un gros camp de miſeres,
Nul n’eſt exempt de ſes fieres choleres,
Car en naiſſant on lui creua les yeux
 Il priſe autant l’Enfer comme les cieux ;
Soudain qu’il a vaincu ſes aduerſaires,
Il ſe défaict de cent poinctes contraires,
Et en mourant ſe prend meſmes aux Dieux.
 Chaſſez ce Roi qui enuahit mon ame,
Par le ſupport de voz rigueurs, Madame,
Vous le pouvez d’vne ſeule faueur ;
 S’il prend mon ſein, vous en maudirez l’heure,
Et pleurerez ſur la longue demeure
Que fait voſtre œil à ſecourir mon cœur.


A. D. V.