Le dernier des Trencavels, Tome 4/Livre vingt-neuvième

La bibliothèque libre.
Traduction par Henri Reboul.
Tenon (Tome 4p. 116-149).


LIVRE VINGT-NEUVIÈME.

La Réunion.


Trencavel et Cécile ne pouvaient se lasser d’entendre le récit de Macaire. Ils l’accablaient de questions, et se faisaient redire ce qu’ils avaient déjà appris. Ils s’étonnaient de cette variété d’accidens et de tant de contrastes rassemblés dans la vie d’un seul homme.

« La vie humaine, » leur dit Macaire « est sans cesse mélangée d’élémens contraires. On représente le dieu des payens comme distribuant à son gré les biens et les maux qu’il puise alternativement dans deux tonneaux placés au pied de son trône. La prudence et la sagesse de l’homme ne vont point jusqu’à changer les arrêts de la destinée. Les évènemens se succèdent au gré de cette puissance invincible et inexplicable. Il a fallu que Valid abusât de la crédulité des chrétiens d’Orient, pour que le monastère et les hospices d’Aran, aient pu être établis par mes soins, et je n’ai conquis le cœur d’une musulmane qu’afin d’augmenter le nombre des pénitentes du mont Carmel. » — Est-il possible, » dit Cécile, « que vous ayez perdu tout espoir de recouvrer votre Zaïde, et Dieu, qui vous la donna, peut-il vouloir qu’elle vous soit ravie pour toujours ? » — Macaire répondit : « Je ne me suis pas bercé d’une vaine espérance. La puissance de l’homme est si faible, que sa plus grande sagesse est dans la résignation. Le souvenir de Zaïde me sera toujours cher, mais je ne me fais point un supplice de ce qui est devenu l’élément nécessaire de sa vie. Le besoin d’aimer s’est exalté chez elle jusqu’au delà des limites de ce monde. Cette épreuve, en me privant des délices trop souvent dangereuses de l’amour et de la paternité, me laisse tout entier à celles de l’amitié, de la bienfaisance et de l’étude.

« La captivité que j’ai subie presque en sortant de l’enfance, avait déjà rompu violemment les liens et les espérances d’un premier amour. Je dois considérer ces évènemens comme autant de leçons de la Providence, qui réserve mon âge mûr à une vie paisible, exempte de passions. Si quelques regrets occupent encore ma pensée, du moins je n’ai plus de projets à former depuis que je me vois réuni à mon frère, à ma sœur et à son époux. »

Raimbaud de Montaillou et son Aliénor avaient annoncé leur prochaine venue à Viella. Ils arrivèrent en traversant les montagnes qui séparent le comté de Foix de celui de Paillas. Avec eux voyageait le véritable Philibert, que les ordres du légat de Rome exilaient d’une contrée où les passions des ministres du culte étaient plus honorées que leurs vertus. Quant à Raimbaud, il était sous le poids d’une excommunication solennelle ; une bière avait été déposée devant la porte de sa maison d’Arnave, et des jeunes gens apostés avaient jeté quelques pierres contre les murs, sans que leur exemple pût émouvoir les habitans du hameau(1). La présence de ces trois hôtes nouveaux comblait de joie Trencavel et Cécile et le baron lui-même, dont le palais solitaire semblait converti en un temple consacré à l’amitié.

Trencavel, en embrassant Aliénor comme la plus tendre des mères, n’oubliait pas cependant qu’il en avait une autre. Raimbaud lui confirma ce qu’avait déjà raconté le chevalier Gisbert ; il ajouta que le vieux Marveil, ce voluptueux ami d’Agnès, avait terminé sa carrière par une mort douce et imprévue(2), qu’Agnès lui avait érigé un monument, que depuis ce temps on avait cru observer que les chants du langoureux Isarn avaient pris un caractère moins lamentable.

La paix profonde dont jouissait la contrée d’Aran et le trouble des royaumes environnans étaient l’inépuisable sujet des entretiens journaliers du château. Cet asile était pour eux comme un rocher assis au bord de la mer, d’où le voyageur contemple en sûreté le tumulte des flots et les désastres des naufrages.

« C’est maintenant, » dit Raimbaud à Trencavel, « que l’espoir de recouvrer vos possessions est perdu pour long-temps, peut-être pour toujours. Le comte de Toulouse a fléchi sous le joug de la force ; celui de Foix s’est vu contraint de suivre son exemple. Raimond a consenti à céder les deux tiers de ses domaines que le pape et le roi des Français se sont partagés inégalement. Il a conservé, ou plutôt racheté l’autre tiers par des tributs exorbitans(3). À la suite de ces concessions, il a obtenu l’honneur réservé aux princes de sa race de recevoir publiquement l’absolution pieds nus, et n’ayant sur son corps que la chemise et le haut de chausses(4). Depuis ce temps, les villes qu’il s’est réservées, celles du comte de Foix, celles que possède maintenant le roi Louis, sont livrées aux recherches des inquisiteurs de la foi, qui fouillent les maisons, salarient les délateurs, et condamnent à leur gré les chevaliers et les bourgeois à la prison perpétuelle, ou au supplice du feu. »

« J’atteste Dieu, » dit Trencavel, « que les regrets de l’ambition ont peu d’accès dans mon esprit, mais je pleure sur le sort de mes peuples. Je n’ai appris à les connaitre un moment que pour mieux sentir le poids des tourmens qui leur sont imposés(5). Quant à moi, les charmes de la souveraineté ne m’ont pas séduit, et je préfère ma liberté à cette chaîne dorée du pouvoir. De toutes les conditions de la vie humaine, celle qui est réservée aux princes me paraît la plus triste, la plus sottement laborieuse. Je ne l’envie à personne, ayant le cœur de ma Cécile et l’amitié du frère qui me l’a rendue, celui-là seul est roi, qui se sent maître de lui-même non des autres(6). » — « N’est-il pas à craindre, » dit Aliénor, que les poursuites des inquisiteurs ne s’étendent jusques dans ces paisibles retraites, et les croyez-vous suffisamment protégées par la puissance du roi d’Aragon ? »

« J’y ai songé » répondit Macaire, « rassurez-vous ; il n’y a rien ici qui puisse tenter la cupidité des légats, ni exciter leurs soupçons inquiets. Nous n’avons auprès de nous aucun des élémens qui, exaltant les passions populaires, font naître des hérétiques. Les religieux de la vallée ne sont ni pauvres, ni opulens ; ils n’ont donc point les vices qui sont suscités par le besoin, ou alimentés par le luxe. Leur vie est exemplaire et toute consacrée à la prière et à l’étude. La religion est toujours chère aux peuples, lorsqu’elle est exercée légitimement(7).

« Je ne sais à quoi songent, » dit Raimbaud, « les princes et les seigneurs du second ordre : bien que leurs forces réunies excèdent de beaucoup celles des rois, leurs suzerains, je les vois se laisser détruire un à un, et leur puissance se perdre dans l’abîme des souverainetés royale, ou pontificale. »

« Le pouvoir politique des papes, » reprit Macaire, « tout excessif qu’il est, pèche par le fondement. C’est un arbre dont le branchage s’étend au loin, mais qui manque de racines. Les papes n’ont que des vassaux, et point de sujets immédiats, si ce n’est leur milice de pénitens et de prêcheurs. Ils ressemblent à des rois ou à ces empereurs de parade, qui, se voyant réduits à solder des étrangers, ont continué de régner quelque temps en opposant les uns aux autres, avant de demeurer tout-à-fait à la merci de ces mercenaires.

« Tout pouvoir politique repose définitivement sur la force militaire, et il semble impossible qu’une telle force puisse être organisée d’une manière durable au profit des pontifes de Rome.

« Cette force était, il y a deux cent ans, presque entièrement à la disposition des seigneurs ; elle passe maintenant dans les mains d’un petit nombre de rois ; ce résultat ne pouvait s’éviter.

« Car, le pouvoir des guerriers, qui ont eu à se partager les dépouilles du monde romain, ayant atteint son plus haut degré de dilatation et d’éparpillement sous les descendans de Charlemagne, il a dû céder depuis lors à un mouvement de concentration.

« D’ailleurs, la noblesse armée n’est pas plutôt devenue maîtresse de toutes choses, qu’elle s’est trouvée indisciplinable et hors d’état de pourvoir à sa conservation par une bonne police ; ce sont ses divisions, ses guerres, ses désordres qui ont porté si haut le crédit du clergé mieux discipliné, et qui ont créé ce colosse du pouvoir pontifical.

« Mais celui-ci, ne pouvant maintenir l’équilibre entre ces petites seigneuries, ni les préserver de l’usurpation royale, doit finir par s’éclipser avec elles devant l’adolescence envahissante des nouvelles monarchies. »

« C’en est donc fait ? » s’écria Raimbaud, les beaux jours de l’Occitanie ne doivent plus reparaître. Ces barbares que commande le roi des Français vont s’établir les maîtres du pays ; ils occuperont nos châteaux, nos abbayes, nos évêchés ; ils dévoreront les trésors de nos campagnes et de nos villes.

« Une nouvelle servitude va succéder à celle dont une civilisation peut-être un peu précoce nous avait délivrés.

« Notre belle langue romane, devenue humble et suppliante, sera dominée par les accens rauques et les sifflemens des hommes du nord. Nos trouveurs ne feront plus entendre que des chants de détresse qu’il faudra tenir secrets, ou achèveront de perdre leur génie, en le prostituant à de lâches adulations.

« Mais, quelle sera donc la destinée des peuples, si l’autorité des rois conquérans ne rencontre plus d’obstacles ni de la part des seigneurs, ni de la part des clercs ?

« Nos descendans sont-ils destinés à vivre sous le régime despotique, et verront ils leurs maîtres se succéder tumultueusement comme les empereurs de Rome et de Constantinople, ou comme les califes des musulmans, victimes de leurs fautes et de leur puissance illimitée ? »

Macaire, après avoir réfléchi quelque temps, lui répondit en ces termes : « Le despotisme est endémique en Orient ; en Europe, il ne peut s’établir qu’accidentellement et pour un temps. Nos peuples n’ont pas comme ceux de l’Asie, ce besoin ignoble de ramper sous un maître absolu. S’ils courent maintenant au-devant du joug royal ; c’est pour se délivrer de celui des seigneurs, bien plus pesant pour eux, parce qu’il en est plus rapproché. — Avec le pouvoir royal, s’accroissent de toutes parts les libertés publiques autour des rois. On ne voit plus de serfs que dans quelques campagnes, et les villes se peuplent de citoyens. C’est l’industrie qui les a affranchis. C’est elle qui devient de jour en jour le mobile des nations ; c’est en elle que doit résider désormais leur force, et par conséquent celle des rois. — Quand le pouvoir intermédiaire des seigneurs se sera évanoui, et que les peuples se trouveront seuls en présence avec leurs souverains, des luttes s’établiront sans doute entre les passions du pouvoir et celles de la liberté. Le triomphe ne sera pas partout du même côté. On peut prévoir que plusieurs combinaisons politiques résulteront des différences inhérentes aux caractères des princes et des peuples, aux talens, aux fautes des premiers, à la molesse ou à l’activité des autres. Mais ce qui semble hors de doute, c’est que la prééminence demeurera aux nations les plus libres ; car celles-ci seront aussi les plus industrieuses et les plus riches. Sous l’empire de la civilisation dont rien ne peut désormais retenir l’accroissement, la force politique doit se trouver nécessairement où seront la richesse et l’industrie, lesquelles ne peuvent se passer de liberté. Car les peuples riches et industrieux qui perdent leur liberté perdent aussi leur industrie et leur richesse. D’autre part, la tyrannie est toujours faible. Un temps doit donc advenir ou la liberté des nations sera la meilleure garantie de leur puissance politique. »

J’écoutais d’une oreille avide ces conversations d’hommes expérimentés qui interrogeaient l’avenir ; et, sentant que mon esprit ne pouvait suivre leur marche spéculative dans cette carrière mystérieuse, je songeais aux moyens d’y pénétrer par cette voie de la révélation que l’indulgence divine consent à tenir quelquefois ouverte aux âmes simples, avides de la vérité et l’aimant pour elle-même.

Ma pensée se dirigeait involontairement sur cet oracle de N.-D. de Lin, qui semblait préparé pour satisfaire les désirs d’une curiosité pieuse et désintéressée. Les projets de consulter cet oracle étaient tour à tour dans mon esprit conçus et abandonnés.

Le pieux Anselme venait quelquefois se mêler à nos entretiens, pendant les momens qu’il pouvait dérober aux devoirs de sa profession. Un jour il y parut avec un vieillard revêtu comme lui de l’habit de Citeaux. C’était, le croirait-on ? c’était l’évêque Foulques. Trencavel et Cécile tombèrent à ses pieds, Macaire se jeta dans ses bras. L’évêque fut saisi d’attendrissement. Cette âme depuis long-temps sans pitié se sentit amollir, et des larmes s’échappèrent de ses yeux qui avaient oublié de pleurer.

« Dieu, » dit-il, « a sans doute voulu me récompenser de ce que j’ai abandonné cette carrière d’honneurs et de troubles, où j’étais engagé depuis vingt ans. Je viens de quitter le siège de Toulouse dans le dessein de passer auprès de mon fils Anselme mes dernières années, et d’implorer dans le repos du cloître la miséricorde divine pour mes fautes passées. Au lieu d’un fils, tous mes enfans me sont rendus à la fois, et j’aurai la douceur de mourir en père de famille, moi qui ai méconnu les charmes de la vie domestique !…… » — Les sanglots interrompirent ce discours ; le vieillard fut obligé de s’asseoir, et ses enfans s’empressèrent autour de lui. Raimbaud le contemplait avec une surprise compatissante, et Aliénor, levant les yeux au ciel, songeait à sa sœur Béatrix.

L’émotion du prélat se calma peu à peu ; il lui fut permis de se livrer aux embrassemens de ses enfans, et de leur faire mille interrogations, dont-il n’attendait pas les réponses. Il reconnut alors que ce qui l’avait tenu si long-temps étranger aux affections de famille venait bien moins du zèle religieux, que de ces passions ambitieuses, maintenant amorties par l’âge et les épreuves de la vie.

Déjà Foulques n’était plus le même homme, depuis que la victoire du clergé avait été sanctionnée par les concessions du comte Raimond, et par les décrets du concile de Toulouse. Cette grande activité politique qui l’avait animé pendant tant d’années, n’ayant plus d’aliment, avait fait place à d’autres pensées. Ce zèle, si ardent tant qu’il y eut des princes et des seigneurs à combattre, s’était éteint dans les puissances de la victoire, lorsqu’il ne restait plus que des dépouilles à partager, ou des malheureux à poursuivre.

L’évêché de Toulouse, que Foulques avait trouvé pauvre et obéré, était devenu par ses soins, riche en domaines et en trésors dont il livrait la possession à ses sucesseurs(8).

La conversation de ses enfans acheva bientôt de le désabuser des fausses jouissances d’une vie agitée, dont la condition est de n’atteindre jamais le but qu’on y poursuit. Ce qui causait à ce vieillard encore plus de surprise que de joie, c’est qu’en revenant aux affections douces et naturelles, il se sentait chaque jour meilleur chrétien. Il en faisait l’aveu au bon Philibert, qui lui dit naïvement : « Ce qu’éprouve maintenant votre révérence est le véritable esprit de l’Évangile. Cet esprit diffère beaucoup de celui des décrétales qui ont eu pour objet de créer un royaume pour le clergé. Or, ce royaume ne peut être celui de J.-C. ; les maximes de la charité universelle, et celles de la politique mondaine ne sauraient découler de la même source ; et quand les passions ambitieuses ont cédé au besoin de jeter un voile sur la charité, elles vont bien plus loin dans leurs excès que celles des hommes du monde ».

« Ce que vous dites-là, » répondit Foulques, « a une certaine odeur, d’hérésie et se ressent un peu de vos pratiques avec les bons hommes. »

« Les bons hommes, » dit Philibert « n’ont que trop mérité le reproche d’hérésie, en adoptant des doctrines damnables, aussi contraires à la parole de J.-C. qu’aux saints canons de l’Église, et aux décrets des papes. Mais dans l’origine c’était aux décrétales seules qu’ils en voulaient, et alors ils puisaient leurs argumens dans l’Évangile.

« Vous le dirai-je ? les bons hommes ont été évangéliques tant qu’ils ont vécu en simples chrétiens ; mais dès qu’ils ont eu des ministres et des docteurs, ceux-ci ont voulu à leur tour dogmatiser, et ce sont les décrétales de ces ministres qui les ont dits hérétiques.

« Toute décrétale est dans son essence ouvrage du prêtre ou du prince. L’Évangile seul est la loi de Dieu.

« J’en appelle à votre bonne foi, maintenant que votre seigneurie a quitté l’atmosphère des orages politiques, Est-ce bien l’évangile qui a constitué la hiérarchie actuelle, et ne nous vient-elle pas des décrétales ?

« S’il est vrai, » répondit Foulques, « que nous n’ayons combattu que pour la hiérarchie, la victoire n’est guères propre à modérer et réformer les abus parmi les vainqueurs.

« La lutte qui semble maintenant terminée doit donc se renouveler tôt ou tard, et, je le prévois avec douleur, chaque fois qu’elle se renouvellera, le pontificat éprouvera plus de résistance de la part des peuples, moins de sympathie et de soutien de la part des princes.

« Mais, » dit Philibert, « ce qui doit consoler les âmes pieuses, et les vrais disciples de J.-C., c’est que les dangers de l’avenir ne menacent point ce que lui-même a établi, et qu’ils peuvent atteindre seulement les édifice fragiles élevés pendant le cours des siècles, sur cette base impérissable. L’Évangile survivra aux décrétales, et plus sa sainte doctrine sera réduite à elle-même, plus elle triomphera des altérations du temps et des contradictions des hommes.

Les commensaux du château de Viella prenaient part aux entretiens de Foulques de Philibert, sur le sujet de la religion. « Il se forme actuellement en Italie, » dit Macaire, « une association secrète, composée principalement d’hommes d’état et de médecins, qui, expliquant Aristote à la manière des Arabes, sappent toutes les religions dans leur base, et se flattent d’en désabuser les peuples. »

« Ceux-là, » dit Philibert, « connaissent trop mal les peuples, pour se connaître eux-mêmes. Ils ignorent que le premier soin des hommes est non-seulement d’espérer et de craindre, mais aussi d’espérer et de craindre en commun ; et ce qui rend inévitable le triomphe du christianisme indépendamment de son origine céleste, c’est qu’aucune autre doctrine n’est mieux assortie que celle de l’Évangile à ces besoins de l’humanité. »

« Il me semble hors de doute, » dit Raimbaud, « que toutes les religions nées de la barbarie doivent, comme le paganisme, s’évanouir devant la lumière du St.-Évangile ; mais le monopole de cette lumière que s’arroge le pontificat romain doit lui échapper tôt ou tard, parce qu’il en a fait un instrument de domination en échangeant le royaume du ciel contre celui de ce monde.

« Les doctrines de charité, de liberté, de désintéressement, prêchées par Jésus et ses disciples, ne peuvent demeurer constamment subordonnées aux interprétations d’une chancellerie politique. »

« Eh bien ! » répondit Philibert, « si de pareils motifs amènent une scission, là où règnera l’Évangile, là se trouvera l’Église chrétienne. »

À ces doux entretiens se mêlaient quelquefois les chants de Raimbaud et de Trencavel, qui se plaisaient à exprimer comme ils les sentaient, les délices de l’amour vertueux et les méditations de la pensée humaine. Les images riantes qui frappaient sans cesse les regards de Foulques, et le charme de la solitude, ranimèrent sa verve. Lui, qui, jeune encore, avait dit dans ses vers harmonieux, qu’il ne savait d’où, ni de quoi chanter, depuis que l’amour ne le tentait plus(9), retrouva, sous ses cheveux blancs, de nouveaux transports, et des accens mélodieux pour célébrer la grandeur de Dieu, et les merveilles de la nature. — À ces passe-temps se joignaient les instructions que Macaire transmettait à ses hôtes sur les découvertes faites par les Arabes, et sur les connaissances qu’Ebn-Rosch avait puisées dans les écrits d’Aristote. Pendant les mois d’été, il les conduisait sur les hautes montagnes qui bordent la vallée d’Aran, et leur faisait conserver dans les roches qui les composent, les différences relatives à leur nature et à leur forme, ainsi que les indices du mode de leur formation, de leur disposition originaire, et de leur déplacement. Arrivés au sommet, ils se plaisaient à contempler, par-delà l’entassement des monts, les plaines de France et d’Espagne ouvertes d’un réseau brumeux, et parcourues par des hommes péniblement affairés, dont ils déploraient, sans les partager, les erreurs, les agitations et les misères.

Un jour, tandis que le baron était occupé à visiter les environs de l’hermitage de Lartigue-de-Lin, une cavalcade brillante remontant le cours de la Garonne passa sous les murs du couvent, et vint s’arrêter dans la cour du château. Trencavel et Raimbaud ne tardèrent pas à reconnaître le jeune roi Jacques d’Aragon. Auprès de lui était une femme vêtue à la manière des bourgeoises de Montpellier, belle encore, quoique dans l’âge mur. Le roi lui offrit la main pour descendre de cheval, et la présenta au vicomte et aux chevaliers, en l’appelant sa mère. Raimbaud était dans une surprise extrême, et cherchait en vain le nœud de cette énigme.

Quand Jacques fut entré dans le château, et eut acquitté les devoirs de la civilité envers Cécile et Aliénor : « Je veux, » dit-il à Trencavel et à Raimbaud, en attendant le retour du baron, « vous informer, ainsi que ces dames, du motif de mon voyage. Je viens de Montpellier où j’étais allé prendre possession du domaine maternel et recevoir l’hommage de mes vassaux. Ma mère, la reine Marie n’est plus ; elle est passée à une vie meilleure, et m’a légué, en mourant, le soin de pourvoir au bonheur de sa meilleure amie, de cette bonne Catherine, toujours belle, toujours sage, sans laquelle je n’aurais jamais vu le jour, et qui seule a su rendre féconde l’union de Marie avec Pierre d’Aragon. »

Trencavel pria le roi de lui expliquer ce mystère qui lui semblait incompréhensible. Une vive rougeur colora aussitôt les joues de Catherine. Raimbaud, à qui sa mémoire rappela les bruits vagues qui avaient couru vingt ans auparavant, fit un signe à Aliénor, qui saisit aussitôt quelque prétexte pour emmener dans le jardin Cécile et Catherine. Jacques, se trouvant seul avec le vicomte et les chevaliers, leur fit ce récit :

« Personne n’ignore que mon père était d’humeur volage autant que voluptueuse ; il ne tarda pas à éprouver beaucoup d’indifférence envers son épouse. La rencontre qu’il fit de la belle Catherine enflamma et fixa tous ses désirs. Catherine était dans la première fleur de l’âge. Quoique sa fortune fût médiocre, elle ne céda point aux séductions de l’orgueil, ni des richesses ; d’ailleurs, elle aimait un jeune homme plein de courage et de vertu. Son amant fut ému par les vœux que faisaient les habitans du pays, et par les prières qu’ils adressaient au ciel pour demander la réconciliation du roi avec la reine. Tout le peuple soupirait après la naissance d’un enfant qui pût succéder au droit de leurs prince. Le jeune homme conçut un projet aussi hardi qu’ingénieux, et, après l’avoir concerté avec Catherine qui avait sa confiance comme son amour, il en fit part aux consuls de la ville, qui l’approuvèrent. Lui-même alla trouver le roi, et lui dit, avec une douleur feinte, qu’ayant pénétré les véritables sentimens de Catherine, il avait prit la résolution de ne plus disputer le terrain à un rival aussi puissant, mais plutôt de s’éloigner à jamais du pays, pour ôter tout prétexte au soupçon. Mon père, enflammé par cette confidence, renouvela aussitôt toutes ses instances auprès de Catherine, et en obtint facilement un rendez-vous nocturne, toutes les précautions furent prises pour ouvrir cette entrevue de ténèbres impénétrables, et ces précautions ajoutèrent encore à la violence des désirs dont le prince était embrasé. Enfin, à l’heure indiquée il entra dans le lit de Catherine ; l’ardeur de ses transports ne lui permit pas de reconnaître qu’il était dans les bras de Marie. C’est à cette heureuse nuit, et cette pieuse supercherie que je dois ma naissance.

« Le lendemain matin, le roi ne fut pas peu surpris de voir entrer dans la chambre les douze consuls, avec plusieurs des principaux, et des dames de la ville, ayant en main des cierges allumés, récitant des prières et remerciant Dieu de la réconciliation des deux époux. Le premier mouvement de ce prince fut de prendre son épée ; mais, ayant reconnu la reine, il s’apaisa, et dit aux consuls : — « Puisqu’il en est ainsi, je prie Dieu que vos souhait soient accomplis(10). »

« Dès que la grossesse de la reine fut connue, la joie du peuple se manifesta par des fêtes publiques. Le roi, pénétré d’estime et de reconnaissance pour Catherine, voulut entrer dans la ville en la tenant en croupe sur une haquenée blanche dont il fit présent aux habitans(11). Mais Catherine ne pouvait prendre part que faiblement à la joie commune ; son amant s’était embarqué à Maguelonne, croyant ne faire qu’une courte absence, et depuis on n’en avait plus reçu aucune nouvelle. Elle n’a pas été plus heureuse pendant les vingt ans qui se sont écoulés jusqu’à présent. La vie obscure et mystérieuse qu’elle s’est imposée avait fait répandre jusqu’en Aragon le bruit de sa mort ; mais je l’ai trouvée dans sa solitude, vivant de regrets, rejetant les hommages des hommes, et fidèle à la mémoire de celui qu’elle a aimé au sortir de l’enfance.

« J’avais tenté en vain de la déterminer à me suivre en Aragon, en l’appelant de ce beau nom de mère, dont je me plais à récompenser sa vertu. Une vision qu’elle a eue dans son sommeil lui a fait prendre subitement la résolution de faire un pèlerinage à N.-D. de Lin, et j’ai saisi avec plaisir cette occasion de l’accompagner dans ces montagnes, et de revoir non cher baron de Viella. »

Après ce récit, le roi, le vicomte et les chevaliers allèrent rejoindre les dames dans le jardin. Ils trouvèrent Catherine dans un état de rêverie profonde. La conversation entre elle et Aliénor s’était établie sur divers évènemens passés à Montpellier, depuis bien des années. Les attestions de Cécile avaient fait connaître à Catherine, que l’épouse de Trencavel était fille du trouveur Foulques et de la sensible Béatrix. Au moment où le roi arriva auprès d’elle, le baron accourait en toute hâte pour offrir au prince son hommage et mettait un genou en terre. Dès que Catherine l’aperçut, ses joues devinrent pâles, ses jambes fléchirent, et elle resta sans mouvement dans les bras d’Aliénor : « Au nom de Dieu, » s’écria le roi ; « qu’on secoure ma mère, portons-la au château. » — Le baron se détourne, voit une femme mourante et s’empresse avec les autres assistans de la secourir. Dans le trouble qu’il éprouve, il ne songe ni à remarquer ses traits, ni à réfléchir sur le nom de mère dont le roi l’a désigné.

Raimbaud, qui avait deviné le nœud de cette rencontre inattendue, prit le baron à part, et chercha à ménager la surprise qui lui était réservée. Il l’entretint de Catherine, lui raconta quelques circonstances du récit fait par le roi. Dès qu’il vit sa curiosité excitée et son âme émue, il acheva de lui tout révéler ; « Quoi ! » s’écria le baron, « Catherine est vivante, et je suis vaincu par une femme en vertu et en fidélité ! »

Les soins de l’art médical eurent bientôt rendu le mouvement et la vie à l’amante de Macaire. Le premier objet qu’elle vit, en ouvrant les yeux, fut celui qu’elle avait aimé et qu’elle aimait encore.

L’un et l’autre se crurent à Montpellier, et vingt ans de regrets, de privations, de troubles aventureux, s’effacèrent en un moment de leur souvenir, comme un songe laborieux.

Le roi d’Aragon se plaisait à trouver, dans ce qui faisait le bonheur de Catherine, un motif de plus pour chérir le baron de Viella.

Il voulut les accompagner à N.-D. de Lin, prit avec eux l’habit de pèlerin, se joignit à leurs prières, à leurs exercices de dévotion, et ajouta de riches offrandes à celles du baron. Enfin, il se chargea d’obtenir promptement de la cour romaine les dispenses dont Macaire avait besoin pour se marier, à raison des liens qui l’attachaient à Zaïde, devenue religieuse au mont Carmel. Macaire éprouva bientôt que tous les charmes de la philosophie et de l’étude ne sont qu’une ombre, en comparaison des plaisirs d’une union formée par la sympathie, et cimentée par les épreuves du temps.

Il s’était cru heureux dans son isolement, et n’avait été que sage. « Le bonheur, » disait-il à Catherine, « ne peut naître dans la solitude. Dieu a fait l’homme et la femme, sous la condition qu’ils ne seront jamais heureux l’un sans l’autre(12).

Anselme et son père continuèrent d’habiter le monastère d’Aran. Philibert fut appelé à l’administration spirituelle de la paroisse de Viella. Les vertus de ce ministre servaient d’exemple aux habitans de la vallée. La bienfaisance éclairée de Macaire y entretenait l’aisance et l’industrie. Au château de Viella, toutes les heures étaient consacrées aux exercices pieux, au culte des muses, à celui de l’amour et de l’amitié.

Les pèlerins y étaient admis avec empressement ; mais on avait soin de tenir éloignés ces flatteurs vagabonds, ces jongleurs impudens, qui hantent les châteaux pour vendre leurs louanges et prostituer, par un commerce ignoble, les muses et l’hospitalité. Tel était le trouveur Perdigon, qui avait été l’un des complaisans de l’évêque de Toulouse, dans le temps de son ambition ; et qui, comblé de bienfaits par le roi d’Aragon et le comte de Toulouse, avait eu l’impudence de chanter la mort cruelle de Pierre, et la défaite de Raymond.

Ce chanteur ingrat vint dans la vallée d’Aran, et se présenta à Foulques, qui le reçut froidement et le tint éloigné du château, prévoyant le dégoût qu’y inspirerait sa présence.

Perdigon humilié, et déjà tourmenté par les remords, se sentit tout d’un coup dégoûté de sa vie ambulante et de ses travaux d’adulation. Il supplia Foulques de le faire recevoir dans le monastère dirigé par son fils, et y prit l’habit de religieux(13).

Il acheva ses jours dans cet asile de paix, que la religion ouvre aux âmes déchirées par le regret ou désabusées de la jouissance.

Les solitaires du château d’Aran avaient adopté ces maximes : « Que la véritable vertu se compose de l’amour de la justice, et de celui de la vertu, que les hommes de lettres qui vouent leurs talens au mensonge et à la tyrannie sont les plus méprisables des êtres vivans, et que leur hypocrisie est la plus infâme de toutes les bassesses. »

Macaire redisait souvent ces belles paroles, qu’il avait apprises de son maître Ebn-Rosch : « Les vrais élus de Dieu, les meilleurs et les plus utiles de ses serviteurs, sont ceux qui travaillent aux progrès de la raison humaine. Que les Chinois se vantent de l’industrie de leurs mains ; les Persans, de leurs voluptés continuelles ; les Tartares, de leur ardeur guerrière ; les uns et les autres se trouvèrent surpassés par des animaux vulgaires. L’habileté mécanique d’aucun peuple n’a égalé celle des abeilles ; la férocité des lions et des tigres est au-dessus de celle de tous les hommes, et ceux-ci n’ont jamais pu atteindre à la lasciveté des quadrupèdes ou des oiseaux.

« Mais les hommes éclairés n’ont sur la terre d’autres rivaux qu’eux-mêmes. Ce sont les législateurs du monde, et c’est à eux que l’espèce humaine est redevable de sa dignité(14). »


NOTES
DU LIVRE VINGT-NEUVIÈME.
Séparateur


(1) Dans certains diocèses et en particulier dans celui de Maguelonne, on mettait une bière devant la porte de celui que l’évêque avait frappé d’excommunication, et on jetait des pierres contre sa maison. L’objet de cette manœuvre était d’inspirer plus de terreur au peuple.

Vaissette, Hist. de Langued., t. 3, p. 354.

On faisait jurer aux étudians qui poursuivaient la licence et le doctorat, d’être fidèles à l’évêque, et de seconder ses efforts contre les excommuniés, per projectionem lapidum et portcitionem feretri seu berœ ante domos ipsorum excommunicatorum. En 1230, St.-Louis autorisa ce privilège de l’évêque par une charte spéciale.

Preuves de l’Hist. de Langued. t. 3, pag. 350.

(2) On peut soupçonner que Marveil, quoique bon chrétien, avait assez de penchant vers l’épicuréisme pour s’être laissé entraîner à former quelquefois le même vœu que César, celui d’une mort la moins prévue et la plus courte.

(3) Le traité fait avec Raimond VII, en 1229, réunit à la couronne de France le domaine médiat ou immédiat de plus des deux tiers du pays appelé alors province narbonnaise et ensuite Languedoc. L’administration en fut divisée en deux sénéchaussées, celle de Beaucaire, et celle de Carcassonne. La division administrative en sénéchaussées a duré jusqu’à la révolution de 1789. Le Languedoc en comptait trois. La troisième, celle de Toulouse, fut annexée à la couronne, après la mort d’Alphonse frère de St.-Louis, qui avait épousé la fille unique de Raimond VII, et qui mourut sans enfans. L’acquisition des plus beaux domaines de la France méridionale, refusée par Philippe-Auguste, prince ambitieux, fut ainsi dévolue au pieux et désintéressé Louis IX. La force des choses et la tendance naturelle des évènemens avait bien servi la politique du premier en lui aidant à recouvrer la Normandie. Les mêmes élémens livrèrent le Languedoc à la modération de son petit fils, sans combats et presque sans efforts.

(4) Le légat du pape donna l’absolution à Raimond dans l’église de N.-D. de Paris, le jour du jeudi-saint 1229.

Eratque pietas, dit Guill. de Puylaurent, virum tantum videre duci nudum in camisia et bracis, et nudis pedibus, ad altare.

Guill. de Puylaur., ch. 39.

(5) On peut se figurer quel fut l’état de la société dans la province après la soumission de Raimond VII, en lisant les décrets du concile de Toulouse, où fut consommé l’établissement de l’inquisition. En voici quelques-uns : « Les évêques choisiront dans chaque paroisse un prêtre et deux ou trois laïques qui feront serment de rechercher les hérétiques dans les maisons, caves et autres lieux. Les seigneurs sont tenus de faire les mêmes recherches dans les villages, les maisons et les bois. Celui qui aura permis à un hérétique de demeurer dans sa terre la perdra. Le baillif qui aura été négligent dans la recherche des hérétiques, perdra ses biens et la faculté d’être baillif. La maison où on aura trouvé un hérétique sera abattue et la place confisquée. Tous ceux qui ne se confesseront pas et ne communieront pas trois fois l’an seront suspects d’hérésie. On ne permettra à aucun laïque d’avoir les livres de l’ancien et du nouveau testament ; on leur accordera un pseautier, un bréviaire et les heures de la Vierge, pourvu qu’ils ne soient pas traduits en langue vulgaire. Tout homme diffamé ou suspect d’hérésie ne pourra exercer la médecine. Tout malade qui aura reçu la communion sera gardé à vue pour le préserver de l’approche de quelque hérétique. Les testamens se feront en présence du curé, ou à son défaut d’un autre ecclésiastique sous peine de nullité.

Voy. Fleuri, Hist. ecclés., 1. 79, §. 58.

Ce régime dont aucune institution révolutionnaire n’a pu atteindre la rigueur, ne dura pas seulement quelques mois et quelques années. Il devint habituel et se modifia lentement par la puissance du temps. Les habitans de l’Occitanie pouvaient dire alors comme Tacite : « Sicut vetus ætas vidit quid ultimum in libertate esset, ita nos quid in servitute, adempto per inquisitiones et loquendi et audiendi commercio.»

Vita Agricolæ §. 2.
(6)

Rex est qui posuit metus
Et diri mala pectoris ;
Quem non ambitio impotens,
Et numquam stabilis favor
Vulgi præcipitis movet ;

. . . . . . . . . .

Rex est qui metuit nihil,

Rex est quique cupit nihil,
Hoc regnum sibi quisque dat.

Seneca, Thyestis act. 2, chorus.

(7) Nos scimus quia lex bona est, modo quis ea utatur legitime.

Épist. St.-Paul et Bacon, de officiis judicis.

(8) Foulques avait demandé en 1217, après la mort d’Innocent III, la permission de se retirer dans le cloître ; mais le pape Honorius rejeta sa demande.

Voy. Hist. de Langued., t. 3, p. 297.

(9) E pois d’amour mais no me cal, Nou sai d’ou ni de que chan.

Gramm. des troubadours, pag. 301.

C’était sans doute dans un accès de cette mélancolie amoureuse que Foulques avait fait le serment de ne plus rimer, ce qui lui valut le reproche de parjure de la part de son confrère le moine de Montaudon.

· · · · · · · · · · · · Folquet
De Marseilla uns mercaders,
Que a faits un fol sagramen,
Quant juret que chansos no fets,
Et ans disou que fo pervers ;
Quel parjuret à son escien.

Voy. Hist. de Langued., t. 3, p. 143.

(10) Tel est le récit de Raimond de Muntaner, qui écrivait en 1325, et qui disait avoir appris ces choses du roi Jacques lui-même.

Voy. Hist. de Langued., t. 3, p. 557.

(11) Telle est, selon Moreri, l’origine du chevalet de Montpellier ; la jeune fille est appelée par ce biographe Catherine Rebuffe ; la haquenée blanche fut nourrie pendant vingt ans, et fit son apparition aux fêtes annuelles qui furent instituées pour célébrer la naissance du roi Jacques. Après sa mort la bête fut empaillée, et parut dans cet état aux mêmes cérémonies. « C’est, » dit Moreri, « de cette peau empaillée que la fête du chevalet a pris naissance et s’est continuée jusqu’à présent. »

Dict. Moreri, art. chevalet, édit. de 1732.

(12) Quel contraste entre cette exclamation de Macaire, et la sécheresse du censeur Metellus Numidicus qui exhortait les Romains au mariage comme à un mal nécessaire, cherchant à les consoler de ce qu’on ne pouvait vivre sans femmes quoiqu’il fût difficile de vivre heureux avec elles.

Aulugelle, l. 1, ch. 6.

(13) Perdigon prit l’habit de Citeaux dans l’abbaye d’Aiguebelle, où il mourut.

Histoire de Languedoc, t. 3, p. 148.

(14) Abulpharage, Dynast. pag. 160, et Hist. de Gibbon, ch. 52.


Séparateur