Le grand dictionnaire historique/éd. de 1759/Avertissement de l'éditeur

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AVERTISSEMENT

DE L’ÉDITEUR.



LE grand Dictionaire historique, connu sous le nom de Moréri, est parvenu à un tel point de célébrité, que nous croyons pouvoir nous dispenser d’en détailler ici les avantages. Nous nous bornons à rendre compte du plan que nous avons suivi dans cette nouvelle édition.

I. On a refondu dans le corps du Dictionaire les deux Supplémens donnés par M. l’abbé Goujet, en 1735, & en 1749. On a fait usage des corrections qui y sont indiquées, & on a placé, dans leur ordre, les différens articles qu’ils contiennent.

II. On a ajouté un très-grand nombre d’articles intéressans sur l’histoire civile ; ecclésiastique & littéraire ; La plupart ont pour objet les Hommes illustres, les Savans, les Artistes célébres, & les Littérateurs en tout genre morts depuis le dernier Supplément, ou omis dans les éditions précédentes. D’exactes recherches nous ont mis en état de donner des vies assez étendues du plus grand nombre. Il s’en trouve cependant quelques-uns sur lesquels on n’a pu avoir les détails nécessaires ; & dans ce cas on s’est contenté de les faire connoître par leurs ouvrages.

III. A l’exemple de nos prédécesseurs, nous avons cédé à l’empressement de plusieurs familles, qui ont demandé que leurs généalogies fussent comprises dans cette édition. Celles qui se trouvoient déja dans le Dictionaire & ses Supplémens, ont été continuées, suivant qu’on s’est trouvé à portée de le faire, ou que les familles ont fourni les additions convenables. Des secours plus abondans nous auroient mis en état de les compléter toutes. C’est pour nous les procurer que long-temps avant qu’on commençât l’impression, nous avons fait annoncer cette édition dans les ouvrages périodiques. Mais toutes les personnes intéressées n’y ont pas fait une égale attention.

IV. En augmentant ce Dictionaire de beaucoup, nous y avons fait aussi plusieurs retranchemens, sans néanmoins en altérer le fonds. Une multitude étonnante d’articles se trouvoient répétés sous différens noms, & quelquefois sous la même dénomination. On a pris le parti de les refondre ensemble, quand l’un contenoit ce qui n’étoit pas dans l’autre. Un simple renvoi indique le nom le plus en usage sous lequel l’article a été placé.

V. La réforme d’un assez grand nombre d’autres, qui étoient extrêmement défectueux, ou par les méprises qu’ils contenoient, ou par leur peu d’étendue qui les rendoit obscurs, forme encore un objet important dans cette nouvelle édition. On s’est vu obligé d’en refaire tout de nouveau la plus grande partie & La Géographie, objet considérable dans le Moréri, non par l’étendue, mais par le nombre des articles, en fournissoit beaucoup de défectueux. On s’étoit d’abord proposé de les retrancher ; mais, tout considéré, il a paru plus raisonnable de les laisser, en les rectifiant. Il est des personnes à qui le Moréri tient lieu de tout.

VI. Pour indiquer les corrections ou additions, on s’est servi de cette figure qu’on a placée à la tête des articles nouveaux, de ceux qu’on a refaits entierement, & de ceux qui contiennent quelque addition ou correction considérable. Il auroit fallu la multiplier à l’infini, si l’on avoit voulu indiquer en détail toutes les réformes qu’on s’est vu obligé de faire.

On trouve, par exemple, dans le Moréri des listes chronologiques des Souverains des différens états, où les époques du commencement & de la fin de leurs regnes sont indiquées. Ces époques ne s’accordent pas toujours avec celles qui on donne dans les articles particuliers de chacun d’eux. Tantôt on suit, pour les années des Consulats, la supputation de Varron ; tantôt on suit celle des Marbres Capitolins. Les années qu’on fait répondre aux Olympiades sont le plus souvent fautives. En parlant des Conciles tenus dans une ville, on leur assigne des dates souvent différentes de celles sous lesquelles on les a rangés dans la liste même des Conciles. Beaucoup de renvois sont défectueux, & n’indiquent pas les titres qu’il faut consulter. Une lecture assidue du Moréri & de ses Supplémens ; la comparaison des différens articles relatifs à un même objet ; la vérification de la plupart des époques, nous ont fourni l’occasion de remarquer tous ces défauts & de les corriger : mais on n’a pas cru devoir en avertir par la figure, que nous n’avons employée que pour des articles plus considérables.

Ceux qui ont donné les éditions précédentes, plus attentifs à augmenter ce Dictionaire, qu’à le corriger, paroissent avoir négligé ces différens objets. Effectivement, la discussion en est très-pénible ; elle fait même peu d’honneur, parce que très-peu de personnes en apperçoivent le travail. Pour en juger avec connoissance, & être en état de l’apprécier, il faudroit se donner la peine de comparer une édition avec les précédentes.

On s’est fait un devoir de citer avec exactitude les auteurs qu’on a suivis dans les additions & dans les corrections. Nous avons d’ailleurs apporté toute l’exactitude possible dans le choix des mémoires, des critiques, & des remarques manuscrites que quelques personnes ont fournies. Le soin que nous avons pris de citer leurs noms à chaque article où l’on en a fait usage, nous dispense de les nommer ici.

Tel est le plan qu’on a suivi dans la nouvelle édition qu’on présente au Public. On s’est appliqué à la rendre la plus exacte & la plus complette qu’il a été possible. Ce seroit, sans doute, trop présumer de soi-même, de prétendre qu’il ne soit échapé aucune inexactitude. La refonte des Supplémens dans le corps de l’ouvrage étoit l’unique objet que nous nous étions d’abord proposé ; ce n’est qu’en examinant l’ouvrage de plus près qu’on s’est apperçu que bien des choses demandoient à être réformées & qu’on s’est déterminé à faire les augmentations dont on a parlé. On doit donc nous savoir gré des améliorations que nous avons faites à l’ouvrage, sans nous rendre responsables des fautes qui ont pu échaper à nos prédécesseurs. La plupart étoient de très-habiles gens : cependant ils se sont corrigés successivement les uns les autres, même dans des choses importantes. Nous avons encore trouvé à corriger après eux. Nos successeurs nous corrigeront sans doute, & seront eux-mêmes corrigés dans la fuite. C’est le sort des ouvrages d’une certaine étendue. On peut appliquer à celui-ci en particulier le mot d’Horace, Optimus ille est qui minimis urgetur.



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